Revue Romane, Bind 33 (1998) 1C'est juste unefille comme toi et moi1: un exemple de relatives en comme. De la comparaison au prototypepar Estelle Moline Les pages qui suivent sont consacrées à la description d'un emploi spécifique de comme, dans lequel comme X2X2 constitue l'expansion d'un N. L'ensemble constitue donc un SN complexe, composé d'un déterminant le plus souvent indéfini, et d'un N spécifié par une épithète en comme X. Ces constructions doivent être rapprochées, tant sur le plan syntaxique que sur le plan sémantique, des corrélations relatives classiques du type le N qui/que... (cf. un professeur comme lui vs le professeur qu 'il était). Les expansions nominales en comme X présentent en outre une particularité sémantique : elles permettent d'établir une relation entre un (ou plusieurs) élément(s) et un ensemble plus vaste d'éléments ayant des propriétés analogues. Deux sous-catégories peuvent être distinguées, en fonction de la relation qu'entretiennent les éléments situés de part et d'autre de comme : soit l'élément nominal situé à gauche de comme appartient à un ensemble défini par l'expansion en comme X (Voilà un roman comme tu les aimes), soit l'élément nominal situé à droite de comme appartient à un (sous-)ensemble défini par P matrice (Un homme comme Pierre influence ses collègues). Le présent article a pour objet la description de cette seconde catégorie. 1. Point de départNous nous
intéresserons tout d'abord à des constructions de forme
un N, Side 68
tions,unepartition peut être
établie en fonction de la façon dont s'effectuf
-en (1), en (l1)
et (1"), SN2 est un désignateur rigide (un syntagme
autodéterminé (1) Un homme comme
Pierre influence ses collegues. -en (2) et (2')
l'attribution d'une reference a SN2 s'effectue de
maniere deictique, (2) Une voiture
comme la tienne est tres rapide. (2') Un homme
comme ton frere a beaucoup d'ennemis. (2'") Un homme
comme lui est un veritable ami. (2"") Un homme
comme ça n'a peur de rien. - en (3) et en
(3'), SN2, de forme Det^N, a un emploi générique :
(3) Un poisson
comme la lotte est très recherché. (3' ) Un animal
comme le sanglier est très dangereux. Quelle que soit
la manière dont s'effectue la référence de SN2, (S)N,
peut (4) Un imbécile
comme Pierre a toujours raison. (4') Un imbécile
comme (lui + ton frère) a toujours raison. Dans certaines
conditions, comme X peut apparaître sous une forme
(5) Un president
comme le fut John Kennedy a fortement marque les annees
(6) Un attentat comme
l'a été celui de Beyrouth a bouleversé le monde.6
En regard des précédentes, ces constructions se caractérisent par la réalisationà droite de comme d'une prédication attributive en être et la présence d'un élément anaphorique le en (5), Z'en (6). Ce dernier anaphorise non pas l'ensemble de SN1( mais bien le seul élément lexical N,. En effet, les constructionsen Un N¡ comme X constituent des SN complexes, caractérisés par l'association du Detind^singulier un(e) et d'un N complexe, le N lui-même et une expansion de type épithétique en comme X qui le qualifie et contribue de Side 69
ce fait à son
interprétation référentielle. L'élément anaphorique {le)
étant Certains paramètres, comme le temps grammatical utilisé dans P enchâssé ou encore le prédicat de P matrice, conditionnent la bonne acceptabilité de ces énoncés. En effet, si l'acceptabilité de SN comme (7) et (8) paraît pour le moins douteuse : (7) ?* Une ville
comme l'est Rabat. (8) ?* Un homme
comme l'est Pierre. elle s'améliore
avec l'emploi d'un temps autre que le présent, notamment
(9) Une (? ville
+ capitale) comme le (fut + était +a été) Rabat ( 10) Un
enseignant comme le (fut + sera probablement) Pierre
De même, le
prédicat verbal de P matrice exerce une influence sur
l'acceptabilité. (11) * Une ville
comme l'est Rabat est construite au bord de la mer.
(13) *Un (militant +
linguiste) comme l'est Pierre a été invité à cette
réunion. paraissent peu
acceptables, l'acceptabilité s'améliore nettement
lorsque le (14) Un (militant
+ linguiste) comme (? Test +le fut) Pierre est un
exemple (15) Un homme
comme (l'e'tait +le fut) Pierre avait (un courage
exceptionnel L'inacceptabilité des énoncés de forme un N¡ comme l'est SN2 semble liée à un certain degré de généralité, celui du temps grammatical utilisé dans P enchâssé (cf. le caractère non marqué du présent), ou encore celui du prédicat de P matrice. Inversement, l'acceptabilité est corrélée à un aspect remarquable de la forme utilisée.8 La réalisation en surface d'une prédication attributive en être assortie de la présence d'un élément anaphorique (le) est soumise à des contraintes que nous venons d'esquisser et qui demanderaient à être décrites avec minutie. Il n'est donc pas possible que tous les SN complexes de type un N¡ comme SN2 envisagés jusqu'ici apparaissent sous cette forme. Il ne nous paraît pas pour autant nécessaire de considérer qu'il s'agit là de deux structures syntaxiques distinctes, et nous proposerons d'interpréter l'ensemble de ces SN comme Side 70
étant issus
d'une structure sous-jacente de forme un N, comme l'est
SN2, i. e. Enfin, les
constructions de forme un N, comme SN¡ peuvent faire
l'objet (16) Une belle
fille comme toi ! (17) Un grand
garçon comme toi (18) Un homme
comme Pierre ! Faire une chose pareille ! Malgré l'existence d'une occurrence exclamative de comme (Comme tu es une belle fille ! ; Comme il fait beau ! ; etc.)> la valeur exclamative des énoncés (16) à (18) résulte de la construction elle-même, et non pas du morphème comme, qui doit, selon nous, recevoir une même interprétation, sémantique comme syntaxique, indépendamment de la valeur exclamative ou non de l'énoncé qu'il constitue ou dont il fait partie.9 2. L'hypothèse relativeD'un point de vue
syntaxique, comme d'un point de vue sémantique,
D'un point de vue sémantique, les différentes définitions proposées pour décrire la spécificité d'une relative determinative en regard d'une relative appositive10 sont parfaitement utilisables pour rendre compte de la relation entre (S)N] et comme SN2 : comme SN2«modifie» un élément nominal et contribue ainsi à son interprétation référentielle.11 D'un point de vue syntaxique, ces constructions peuvent être analysées comme constituant une sous-classe de relative (determinative), résultant de l'enchâssement dans P matrice (de forme un N¡ SV) du résultat de la relativation effectuée à partir de la prédication attributive en être sous-jacente, qui peut être représentée par une formule générale comme SN2 est un Nx, et dans laquelle x représente la variable relative. Cette variable relative remplit au sein de P enchâssé le rôle syntaxique d'épithète d'un N attribut de SN2, et elle peut être glosée par un élément adjectival qualifiant à valeur très générale comme tel (SN2 est un N tel). En regard des relatives classiques, les relatives déterminatives en comme se caractérisent par la forme nécessairement pronominale du N attribut de SN2 {un N¡ comme l'est SN2) ou par l'effacement de la prédication attributive ( un N, comme SN2). L'hypothèse
d'une dérivation relative12 semble corroborée par
différents Side 71
construire un énoncé dans lequel SN, correspond à un «nom de qualité». De plus, de nombreux emplois de comme se laissent décrire comme ressortissant àla catégorie des relatifs.13 Enfin, cette hypothèse permet de corréler la relation sémantique, de type hyperonymique, qu'entretiennent (S)N, et SN2 à la structuresyntaxique de la construction : résultant de l'enchâssement par relativation d'une prédication sous-jacente de forme SN2 est unNx,û n'est guère surprenantqu'une structure en un N¡ comme SN2 (un homme comme Pierre), dans laquelle (S)!^ est «modifié» par une épithète en comme SN? soit glosable par un N¡ (du type de + tel que) SN2 {un homme (du type de + tel que) Pierre).14 Ces relatives présentent une propriété remarquable : il existe un certain parallélisme entre la fonction remplie par le relatif dans P enchâssé (épithète du (S)N attribut de la prédication sous-jacente en être un N (x + tel)) et la fonction de la relative par rapport à l'élément qu'elle affecte (épithète de (S)N,). Cette propriété n'est pas spécifique à ce type de construction : elle est également à l'œuvre dans certaines relatives libres, comme Qui m'aime me suive ou Je viendrai quand j'en aurai envie,15 ainsi que dans les constructions comparatives classiques (Pierre chante comme un canard, II ment comme il respire), qui peuvent éventuellement être analysées comme des relatives libres.16 Enfin, la possibilité (voire la nécessité) d'effacer le prédicat verbal de P enchâssé qui caractérise ce type de relatives permet de les mettre en relation avec les constructions comparatives, également caractérisées par l'effacement, dans certaines conditions, du prédicat verbal de P enchâssé (cf. Pierre chante comme un canard, Pierre travaille autant que Paul, etc.). Ces constructions semblent donc relever à la fois de la comparaison et de la relativation. Elles seront interprétées comme constituant une sous-classe de relatives présentant la particularité de permettre l'élision.17 3. Comparaison et prototypeDélabre (1984)
indique que les SN de forme un N, comme SN2 sont
susceptibles (19) Un roman comme
Voyage au bout de la nuit a été publié avant-guerre,
peut en effet recevoir deux lectures, que Délabre (1984) caractérise par la présence d'«un seul réfèrent» dans le premier cas, de «deux référents distincts córreles par comme» dans le second (ibid. p. 27). Délabre (1984) propose de paraphraser la première interprétation par (19a) : (19a) Voyage au bout
de la nuit (en tant que roman) a été publié
avant-guerre, et la seconde par
(19b) : Side 72
(19b) Un roman
qui est comme (= qui ressemble a) Voyage au boutde la
nuita et de distinguer
deux occurrences de comme, «opérateur d'inclusion
référentielle» Délabre (1984) signale également qu'il existe, dans certains cas, des indices sémantiques facilitant l'une ou l'autre de ces interprétations : la nature du prédicat verbal est susceptible d'exercer une influence sur l'interprétation (cf. Une voiture comme la tienne est démodée vs J'ai acheté une voiture comme la tienne, exemples repris de Délabre (1984) p. 30), et la présence dans P matrice d'un déictique temporel (cf. Parler à un homme comme vous est un honneur vs Hier j'ai parlé à un homme comme vous, exemples repris de Délabre (1984) p. 30) induirait plutôt une lecture «comparative».18 Il semble également que la réalisation effective de la prédication attributive en (V) être induise le premier type d'interprétation (cf. Un pianiste comme le fut Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique).19 La question se
pose alors de savoir de quel niveau relève cette
différence : L'existence de
constructions comme (20) et (21) : (20) Des pianistes
comme Erroll Garner ont eu une place à part dans le
jazz. caractérisées par la présence d'un Det pluriel, indéfini en (20), défini en (21), nous incite à considérer que l'emploi «comparatif» de un N, comme SN2 est obtenu à partir d'une dérivation différente de celle proposée ci-dessus pour décrire les constructions dans lesquelles un N¡ comme Sty, est utilisé pour désigner SN2. En raison de la présence d'un Det pluriel, les constructions exemplifiées en (20) et en (21 )ne peuvent pas être utilisées pour désigner SN2, et, de ce fait, elles ne peuvent recevoir que l'interprétation qualifiée de «comparative» par Délabre (1984). Ces constructions présentent par ailleurs la particularité de ne pas admettre la réalisation d'une prédication attributive en (le) être à droite de comme : (22) * Des
pianistes comme (l'est +le sont) Erroll Garner ont eu
une place à (23) * Les
pianistes comme (l'est +le sont) Erroll Garner ont eu
une place à Lorsqu'il ya
compatibility en nombre entre (S)N, et SN2, seule la
construction Side 73
(24) Des
pianistes comme le (sont + furent) Erroll Garner (et +
ou) Thelonious (25) * Les
pianistes comme le (sont + furent) Erroll Garner (et +
ou) Thelonious ce qui nous incite à interpréter (24) comme pouvant correspondre aussi bien à l'emploi «non comparatif» décrit ci-dessus qu'à l'emploi «comparatif», et à considérer que la présence d'un Detdef pluriel (cf. *Le pianiste comme Thélonious Monk (a eu + aura) une place à part dans l'histoire du jazz) induit nécessairement une lecture «comparative». Nous proposerons d'interpréter ces différentes constructions comme résultant de la relativation d'une variable x dans une structure sous-jacente du type SN2 est un des N x, où x peut, comme ci-dessus, être glosé par un élément adjectival qualifiant à valeur générale comme tel (SN2 est un des N tels), et où des équivaut à de + les, i. e. marque l'extraction d'un (ou plusieurs) élément(s) au sein d'un ensemble défini d'éléments analogues. Les énoncés comme (26) et (27) : (26) Des hommes
comme Pierre influencent leurs collègues. (27) Les hommes
comme Pierre influencent leurs collègues. mettent en évidence l'existence d'un (sous-)ensemble d'éléments, celui des N¡ possédant les mêmes propriétés que SN2, en l'occurrence celui des hommes ayant les mêmes propriétés que Pierre. La différence entre (20) ou (26) d'une part et (21) ou (27) d'autre part peut être décrite par le biais de la valeur propre à chacun des déterminants, emploi indéfini en (20) et en (26), générique en (21) et en (27) :le Detjnde f pluriel indique l'existence d'une partition au sein d'un ensemble plus important d'éléments analogues, tandis qu'avec l'emploi d'un Det^ pluriel cet ensemble est évoqué dans sa totalité. Enfin, l'emploi d'un Detind^ singulier (cf. dans une voiture comme la tienne par exemple) permet de désigner un élément quelconque de cet ensemble, lequel peut être utilisé pour désigner SN2 (cf. Une voiture comme la tienne est démodée) ou un élément autre que SN2 (cf. J'ai acheté une voiture comme la tienne). L'hypothèse d'une dérivation relative établie à partir d'une structure sous-jacente de forme SN2 est un des N tels permet de rendre compte de la possibilité pour un SN de forme un N¡ comme SN2 de désigner un élément autre que SN2. D'un point de vue sémantique, il est possible de décrire l'emploi de comme en tant qu'«opérateur d'inclusion référentielle» comme étant issu de l'emploi «comparatif». En effet, l'interprétation «comparative» de un N¡ comme SN2 est paraphrasable par une formule générale comme SN¡ possède les (qualités +propriétés) de SN2, ou encore comme SN présente les mêmes caractéristiques que SN2, et s'il existe un SN(2) qui par définition possède de manière exemplaireles Side 74
plairelespropriétés (ou les
qualités) de SN(2)> c'est bien SN(2) lui-même.22 De
(28) Une voiture
comme la tienne peut être utilisé pour désigner aussi bien ta voiture (dans une voiture comme la tienne est démodée par exemple) qu'une voiture du type de la tienne, i. e. une voiture qui a les mêmes propriétés (ou qualités) que la tienne (dans J'ai acheté une voiture comme la tienne). De façon plus générale, un SN complexe de forme un N¡ comme Sty permet de construire un ensemble référentiel, celui des N ayant les mêmes propriétés que SN? dans lequel SN2 est nécessairement inclus, et son utilisation fait systématiquement référence à cet ensemble. De ce point de vue, il n'y a pas de différence entre (29) et (30) : (29) Une voiture
comme la tienne est démodée. La différence
entre ces deux énoncés réside dans le fait qu'en (29)
SN2 est Les propriétés attribuables à SN2 permettant de définir un ensemble d'éléments analogues sont données par P matrice. Il semble bien en effet que si la construction est utilisée pour désigner SN2, c'est en tant que prototype des N ayant la qualité (ou la propriété) décrite dans P matrice et si un énoncé comme (1) : (1) Un homme
comme Pierre influence ses collègues. désigne Pierre, c'est que Pierre est le prototype idéal (aux yeux du locuteur tout au moins) des hommes qui influencent leurs collègues, et il n'est pas nécessairement le seul représentant de cette catégorie.23 Cette particularité sémantique est peut-être à l'origine de l'emploi d'un déterminant indéfini dans la plupart des constructions du type SN¡ comme SN¡ (cf. un roman comme «Voyage au bout de la nuit»vs le roman «Voyage au bout de la nuit» ; un linguiste comme Chomsky vs le linguiste Chomsky ; un pianiste comme Thélonious Monk vs le pianiste Thélonious Monk). De ce fait, les constructions de forme un N¡ comme SN2 doivent être mises en relation avec les «constructions en miroir». Il semble bien en effet que SN2, sujet de P enchâssé, ne peut pas être défini indépendamment du contenu de P matrice, et que, inversement, SN,, sujet de P matrice, n'est pas définissable indépendamment de la relative qui l'affecte. Dans cette optique, (31') constitue une des meilleures paraphrases de (31) : (31) Un exemple comme
(10) illustre de manière exemplaire notre propos.
Side 75
(31') (10) est un
des exemples qui illustrent de maniere exemplaire notre
propos. et la forme
(31"): (31") (10) est
l'exemple qui illustre de manière exemplaire notre
propos, résulte de l'utilisation d'un des éléments d'un ensemble (en l'occurrence, 10) en représentant prototypique de la totalité des éléments qui constituent cet ensemble (celui des exemples illustrant de manière exemplaire notre propos). De même, le passage de l'interprétation «comparative» de (1) : (1) Un homme
comme Pierre influence ses collègues. où le SN un N,
comme SN2 ne désigne pas SN2> à l'interprétation où
l'ensemble (l1) Pierre est
un des hommes qui influencent leurs collègues. où Pierre
constitue un des éléments de l'ensemble des hommes qui
influencent (1") Pierre est
l'homme qui influence ses collègues. (I"1) Pierre
represente par excellence le type d'hommes qui
influencent leurs où Pierre est
utilisé comme représentant prototypique de la totalité
des éléments L'emploi de comme
en tant qu'«opérateur d'inclusion référentielle» {SN2
est Nous interpréterons l'ensemble des constructions en Det N¡ comme X décrites ci-dessus comme des structures corrélatives, comparables, de ce point de vue, aux corrélations relatives classiques de forme le N qui/queTei P.24 Les constructions en un N comme X et en le N que^ P présentent en effet certaines parentés : - comme tout correlateur superieur, le determinant, defini dans I'homme (qu 'il est + que tu vois) deteste le mensonge, indefini dans un homme comme Pierre influence ses collegues, a un role cataphorique : il annonce P enchasse, et ne peut pas etre interprete independamment de P enchasse. Ce r6le cataphorique du Defind^peut etre mis en evidence par le biais d'une paraphrase comme un homme influence ses collegues: c'est Pierre, - dans les
deux cas, le morpheme en tete de P enchasse se laisse
decrire Side 76
-un segment de
forme un N, comme SN2, de même qu'un segment en (Adj
- enfin, dans certains cas, les constructions du type le N querel P admettent une paraphrase analogue à celle qui a été proposée pour décrire les segments de forme un N¡ comme SN2 : un énoncé comme Marie détestait le professeur qu'il était peut en effet être mis en relation avec II était ce professeur que Marie détestait, ou avec II (était + appartenait à) ce type de professeurs) que Marie détestait. Outre l'effacement du prédicat verbal quasi-obligatoire avec l'emploi de comme-, impossible avec celui de que-, la spécificité des corrélations relatives de forme un N¡ comme SN2, en regard de celles de forme le N que^ P résulte vraisemblablement de l'emploi prototypique de SN2. La différence entre deux SN comme l'homme qu'il (est + fut + était) d'une part et un homme comme lui d'autre part réside essentiellement dans la façon dont le SN en question permet d'établir un sous-ensemble référentiel : dans le premier cas {l'homme qu'il était), l'association de N, et de la relative aboutit à la constitution d'un sous-ensemble (celui des X, tel que il estX) réduit à un seul élément, dans le second (un homme comme lui) l'association de N, et de la relative permet la construction d'un sous-ensemble référentiel auquel SN2 appartient et qui n'est pas nécessairement réduit à un seul élément. Cette spécificité sémantique semble corrélée à la notion de comparaison à la source de nombreux emplois de comme, et à laquelle les constructions décrites dans cette section s'apparentent sur le plan sémantique (mise en relation d'éléments ayant des propriétés analogues) comme sur le plan syntaxique (effacement possible du prédicat verbal). 4. Une version appositiveDélabre (1984) distingue deux constructions différentes, qu'il considère comme étant irréductibles l'une à l'autre (ibid. p. 21-23). Le premier cas regroupe les emplois décrits ci-dessus ((Un + Des) homme(s) comme Chomsky s'oppose(nt) au structuralisme), le second des énoncés comme (32) ou encore(33): (32) D'autres
catégories, comme les professions libérales, sont
inquiètes. (33) Le
gouvernement pense avoir obtenu plusieurs r^sultats non
negligeables, Il semble
cependant possible de rendre compte de cette différence
par le biais Side 77
pies(32)et (33), comme SNpeut être décrit comme une relative appositive, tandis que dans les exemples considérés ci-dessus, comme X correspond à une relative determinative. Les différents arguments sur lesquels s'appuie Délabre (1984) pour établir l'existence de deux groupes distincts reprennent d'ailleurs ceux traditionnellement utilisés pour décrire l'opposition entre relative determinative et relative appositive :1o/ «dans le groupe 11, la séquenceen comme est séparée du syntagme situé à gauche, dont elle dépend, par un signe de ponctuation, alors qu'elle ne l'est jamais dans le groupe I» ; 2°/ «la séquence SN comme SN du groupe I forme une structure indissociable(...) dans laquelle la réalisation du second SN est syntaxiquement27 nécessaire (...). Dans le groupe 11, la séquence avec comme ne contraint pas le premier SN, qui peut être réalisé seul» ; 3°/ DétNl, dans le groupe I, ne peut être interprété indépendamment de (Dét) N2 (...) dans le groupe 11, Dét NI n'a nul besoin du syntagme avec comme pour être interprété ; 4°/ les déterminants du syntagme de tête DétNl sont différents dans le groupe I et dans le groupe II (un, des vs d'autres, plusieurs), et sont exclusifs les uns des autres.» ; s°/ «Les séquences du groupe II peuvent être paraphrasées parpar exemple, ce qui est (...) impossible pour le groupe I» ; 6°/ «Les séquences du groupe II (...) peuvent, sous certaines conditions, être réalisées sans comme»; 7°/ la contiguïté de comme SN2 et de SNp «imperative dans le groupe I, n'est nullement nécessaire aux séquences du groupe 11, qui peuvent être séparées de DétNl par un adverbe de phrase (...), une incise (...), par un syntagme verbal tout entier...» (ibid. pp. 22 et 23). Les points 1, 2, 3 et 7 n'appellent pas de commentaires : ils correspondent très exactement à l'opposition traditionnellement définie entre relatives appositives et relatives déterminatives, et plus généralement entre l'appositionet la relation épithétique. Les points 4, 5, et 6 reflètent également cette opposition. Ils méritent cependant un peu plus d'attention. Il semble bien que «sous certaines conditions» (par exemple que la relative ait la forme qui être + attribut du sujet), le relatif et la copule puissent, dans le cas des relatives appositives, ne pas être réalisés (cf. Les enfants, qui pour une fois sont calmes, jouent dans leur chambre et Les enfants, calmes pour une fois, jouent dans leur chambre). La paraphrase de comme dans une relative appositive par par exemple ne paraît guère surprenante si on la met en relation avec la paraphrasepossible de comme dans une relative determinative par du type de : cette occurrence de par exemple entretient en effet des rapports de quasisynonymieavec du type de. Enfin, s'il est possible de construire une relative determinative et une relative appositive en utilisant un déterminant ayant la «même» forme (cf. Les enfants qui dormaient n 'ont rien entendu et Les enfants, qui dormaient, n 'ont rien entendu), il n'en demeure pas moins que ce déterminantn'a pas la même valeur dans les deux cas : dans le cas d'une relative Side 78
determinative, il a, entre autres, un rôle cataphorique, tandis que dans le cas d'une relative appositive, son interprétation est le plus souvent anaphorique. Les différents déterminants indiqués par Délabre (1984) (un, des, d'autres, plusieurs, certains) présentent un point commun : ils ressortissent à la catégoriedes indéfinis.28 Par ailleurs, dans les exemples donnés par Délabre (1984), (S)N, est spécifié par une épithète adjectivale (autres (que celles dont nous venons de parler) en (32), non négligeables en (33)). Dans les mêmes conditions (i. e. si (S)N, est spécifié par une épithète adjectivale), il est possiblede construire un énoncé dans lequel Nj est précédé d'un Det^f singulier: (34) Un homme
celebre, comme Victor Hugo ou Jean-S£bastien Bach, ne
(35) Une phrase
complexe, comme (9) ou (10), permet d'illustrer ce
point. Dans ces exemples, SN2 est explicitement présenté comme appartenant à un ensemble plus important d'éléments ayant des propriétés analogues, et dont l'énoncé ne donne pas une liste exhaustive, ce qu'indique notamment la paraphrase possible de comme par par exemple. De ce fait, nous considérerons ces différents énoncés comme étant dérivés d'une structure sousjacente en SN2 est un des N tels (ou en SN2 sont des des (= de + les) N tels), la forme SN2 sont des N tels résultant de l'haplologie), i. e. comme constituant le pendant appositif de l'emploi «comparatif» de comme SN2. Comme cidessus, la relation sémantique entre SN, et SN2 se laisse décrire comme une conséquence de la relation syntaxique entre SN, et le groupe détaché en comme SN2. 5. Constructions apparentéesAvant de conclure, il nous faut encore accorder quelque attention à des tournures du type quelque chose comme Num N, qui présentent des parentés tant sémantiques que syntaxiques avec les SN complexes décrits ci-dessus. Ces constructions présentent deux caractéristiques majeures : d'une part l'élément à droite de comme apparaît sous la forme Num N, d'autre part la construction en comme Num N dépend, d'un point de vue syntaxique, du SN indéfini quelque chose : (36) II est
quelque chose comme huit heures. (37) Pierre gagne
quelque chose comme dix mille francs par mois. Side 79
Cette dépendance
syntaxique est mise en évidence par l'inacceptabilité
(36') *II est
(comme + autant que) huit heures. (37') * Pierre
gagne (comme + autant que) dix mille francs par mois.
En revanche, des
énoncés comme (36"), (37"), (38"), et (39"), qui
correspondent (36") II est huit
heures. (37") Pierre
gagne dix mille francs par mois. Les énoncés (36) à (39) illustrent de manière remarquable la notion de comparaison telle qu'elle est définie par Rothstein (1977),30 notamment la nécessaire différence que suppose une relation comparative. Il est vraisemblable en effet que les énoncés (36') à (39') sont exclus en raison même de cette absence de différence : l'emploi d'un quantificateur numéral confère au SN une forme d'objectivité (cf. Pierre gagne dix mille francs par mois vs Pierre gagne (peu d' + beaucoupd' + del') argent) incompatible avec une identité partielle. De ce fait, une relation comparative d'égalité, corrélative ou non, est exclue, et seules une comparative d'inégalité (Pierre gagne (plus + moins) (de + que) dix mille francs par mois) ou une simple prédication (cf. (36") à (39")) peuvent être utilisées. Les constructions en comme Num N illustrées de (36) à (39) seront égalementinterprétées comme des relatives déterminatives : d'un point de vue sémantique, elles permettent l'interprétation référentielle de l'élément indéfiniqu'elles affectent (quelque chose) ; d'un point de vue syntaxique, elles peuvent, comme les précédentes, être décrites comme le résultat de la relativation d'une prédication sous-jacente de forme Num N est quelque chose de tel. L'inacceptabilité d'énoncés contenant une prédication de ce type (cf. * // est quelque chose comme l'est huit heures) ne nous paraît pas constituer un argument permettant d'invalider l'hypothèse d'une dérivation relative. Dans le cas des SN complexes de forme un N comme X, la réalisation effective d'une telle prédication n'est pas toujours possible (cf. ?* Un homme comme l'est Pierre), et l'inacceptabilité semble corrélée au degré de généralité du N affecté par la complémentation en comme X, du prédicat verbal de P matrice ou encore du temps utilisé dans P enchâssé. L'inacceptabilité de * quelque chose comme l'est Num N peut être mise en relation avec le degré de généralitédu Side 80
litédusyntagme indéfini quelque chose. Par ailleurs, bien que quelque chose, pendant inanimé de quelqu'un, fonctionne globalement comme un syntagmefigé, ce syntagme n'en est pas moins composé d'un indéfini (quelque) et d'un N (chose), ce qui permet d'effectuer un rapprochement formel entre ces constructions et les précédentes. Dans les deux cas, comme est analysé comme un morphème relatif, remplissant au sein de P enchâssé le rôle syntaxique de modifieur d'un élément nominal lui-même attribut du sujet de P enchâssé (SN2 est un N tel ; Num N est quelque chose de tel). Enfin, bien que
les paraphrases de comme par du type de ou qui a des
propriétés (36'") * II est
quelque chose (du type de + qui a des propriétés
analogues à) huit (37"') * Pierre
gagne quelque chose (du type de + qui a des propriétés
analogues (38"') * Pierre
mesure quelque chose (du type de + qui a des propriétés
analogues (39'") * Pierre a
quelque chose (du type de + qui a des propriétés
analogues à) Cette occurrence
de comme semble sémantiquement apparentée à celle
(36"") II est
environ huit heures. (37"") Pierre
gagne environ dix mille francs par mois. reflète également
cette parenté sémantique. 6. ConclusionII semble bien qu'en sus des emplois de comme traditionnellement conçus comme des morphèmes liés (interrogatif31 dans Je ne sais plus comme il me soigna, Duhamel, cit. Grevisse (1986) § 940 ; exclamatif dans Comme il fait beau ! et Tu vois comme la vie est belle) et de ceux pour lesquels une telle analysea été proposée plus récemment32 (comparatif au sens strict dans II ment comme il respire, au sens large dans Pierre est arrivé comme Marie partait, dans Comme il pleut, j'irai au cinéma ou encore dans Comme vous le savez, Pierre a le mal du pays), il existe également une forme de corrélation relative en DetiaUfN comme X. En regard des corrélations relatives classiques (du type Side 81
DetjjNqui/que....), les structures corrélatives en DetindtfNcommeXprésententdes caractéristiques sémantiques (mise en relation d'un terme avec un ensemble plus important d'éléments ayant des propriétés analogues) et syntaxiques (effacement possible ou nécessaire de la prédication attributive contenue dans P enchâssé) spécifiques, qui peuvent être corrélées à la notion de comparaison à l'origine de très nombreuses occurrences de comme. Estelle
Moline ERSS,
Toulouse-II Notes 1. «Enfin plutôt comme toijecrois» (Félix-Hubert Thiéfaine). 2. X désigne les éléments situés à droite de comme sans préjuger de la catégorie syntaxique à laquelle ils sont susceptibles d'appartenir. 3. Plutôt qu'accordés. 4. Délabre (1984), qui qualifie cette occurrence de comme d'«opérateur d'inclusion référentielle», y adjoint également des constructions comme (a) et (b) : (a) Des pianistes comme Erroll Garner ont eu une place à part dans le jazz. (b) Les pianistes comme Erroll Garner ont eu une place à part dans le jazz, caractérisées par le fait que Nl est précédé d'un déterminant pluriel, indéfini en (a), défini en (b) (ibid. p. 25). Nous ne le suivrons pas sur ce point : à l'occurrence d'«opérateur d'inclusion référentielle» de comme Délabre (1984) oppose une occurrence «comparative» (ibid. p. 26), à laquelle, nous semble-t-il, les constructions (a) et (b) doivent être rattachées (cf. infra). Les exemples (l1), (1"), (2), (2"), (2"')> (3), (3') sont repris de Délabre (1984). 5. L'emploi ironique possible d'énoncés comme Une femmelette comme Pierre s'effraie d'un rien ou encore Un homme comme Marie n'a peur de rien s'apparente aux cas dans lesquels (SJN, est un nom de qualité. 6. Exemples repris de Délabre ( 1984) pp. 32 et 33. 7. Les exemples (11) et (12) sont repris de Délabre (1984) p. 34. 8. L'emploi d'un temps du passé présuppose que ce qui était vrai àTo-n n'est plus vrai à To. N'étant plus vraie à To, la propriété décrite devient ipso facto remarquable. 9. Cf. les énoncés exdamatifs avec que relatif comme Malheureux queje suis !ouLa tête qu'il fait ! 10. Cette relation (sémantique) peut être définie : -en termes d'extension de concept : les relatives déterminatives (RD) restreignent l'extension du concept exprimé par l'antécédent, tandis que les relatives appositives (RA) laissent cette extension inchangée, - en termes de classe/sous-classe : les RDRD sélectionnent une sous-classe dans l'ensemble dénoté par l'antécédent, les RARA n'affectent pas cet ensemble, -en termes d'identification du réfèrent : les RDRD permettent d'identifier le réfèrent dénoté par l'antécédent, les RARA ne contribuent pas à cette identification, le réfèrent en question devant être interprété par d'autres moyens. (cf.Kleiber(l9B7)p. 12-32). Side 82
10. Cette relation (sémantique) peut être définie : -en termes d'extension de concept : les relatives déterminatives (RD) restreignent l'extension du concept exprimé par l'antécédent, tandis que les relatives appositives (RA) laissent cette extension inchangée, - en termes de classe/sous-classe : les RDRD sélectionnent une sous-classe dans l'ensemble dénoté par l'antécédent, les RARA n'affectent pas cet ensemble, -en termes d'identification du réfèrent : les RDRD permettent d'identifier le réfèrent dénoté par l'antécédent, les RARA ne contribuent pas à cette identification, le réfèrent en question devant être interprété par d'autres moyens. (cf.Kleiber(l9B7)p. 12-32). 11. Délabre (1984) semble proche de ce type d'interprétation lorsqu'il écrit «(Dét) NI (...) inclut DétN2 dans sa référence. Mais (...) Dét NI ne peut avoir en luimême une référence spécifique indépendante de celle de (Dét) N2» (ibid. p. 23). Délabre (1984) met cette caractéristique en relation avec le fait que (S)N¡ est interprété comme étant un trait définitoire de SN2 (cf. ibid. p. 22-23 : «Plus généralement, on définira ainsi les conditions de la relation qui prévaut entre Dét NI et (Dét) N2 : Dét NI est nécessairement la réalisation d'un sème générique de (Dét) N2, et, de ce fait, inclut (Dét) N2 dans sa référence»). Il n'est pas, selon nous, nécessaire d'établir une telle relation de cause à effet, et il nous semble au contraire que la relation entre les éléments situés de part et d'autre de comme peut être décrite comme une conséquence de la structure syntaxique de ces énoncés. 12. Cette analyse diffère de l'interprétation proposée par Délabre (1984), qui décrit les relations entre SN, et SN2 de la manière suivante : «Dét NI (...) se présente comme l'un des constituants de la définition [en extension] de N2 (...) et ne peut être choisi qu'à l'intérieur de celle-ci. L'originalité de ce type de structure réside en ce qu'un N quelconque, doté d'une référence «actuelle» est présenté (et de ce fait mis en valeur) par le biais de l'un quelconque de ses sèmes génériques» (ibid. p. 24). Délabre (1984) appréhende ces constructions sous un angle essentiellement sémantique, et il considère que les SN de type SN¡ comme SN2 résultent d'une dérivation établie à partir de SN2 (cf. ibid. p. 23 : «c'est N2 qui impose sa sous-catégorisation à NI, et non l'inverse» ainsi que p. 24 : «C'est bien à partir de (Det)N2, terme principal sur lequel porte l'assertion, qu'est formé ce type de séquence avec comme»). Une telle interprétation appelle quelques remarques. Tout d'abord, il semble que la sous-catégorisation «imposée» à SN! par SN2 ne soit en rien caractéristique de ces constructions, et qu'elle relève de la seule relation épithétique : qu'il s'agisse d'une épithète relative ou d'une épithète adjectivale, une certaine compatibilité sémantique est nécessaire entre l'épithète et le N qu'elle modifie, et, y compris dans le cadre de la métaphore, toutes les relations ne semblent pas également possibles, dans l'usage habituel du langage tout au moins (cf. La pomme queje mange a bon goût vs ?* L'ordinateur queje mange a bon goût ; L'homme qui me parle a toujours raison vs ?* Le crayon qui me parle a toujours raison ou encore Je déteste le chocolat fondu vs ?* Je déteste les maisons fondues). Par ailleurs, cette notion de sous-catégorisation imposée à SN, par SN2, de même que la conception qui fait de SNj un sème générique de SN2> paraît difficilement utilisable lorsque (S)N, correspond àun «nom de qualité» (cf. un imbécile comme Pierre croit avoir toujours raison). Dans les énoncés de ce type, SN, ne peut pas être décrit comme un trait de la définition en exten- sion de SN2, et l'attribution à SN2 de la propriété donnée par SN[ résulte du seul acte d'énonciation. Enfin, il semble bien que l'assertion porte non pas sur SN2, sujet de P enchâssé, mais sur l'ensemble du SN sujet de P matrice, de forme un N, comme SN2 (cf. Un pianiste comme Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique vs Le pianiste Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique et Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique). Side 83
12. Cette analyse diffère de l'interprétation proposée par Délabre (1984), qui décrit les relations entre SN, et SN2 de la manière suivante : «Dét NI (...) se présente comme l'un des constituants de la définition [en extension] de N2 (...) et ne peut être choisi qu'à l'intérieur de celle-ci. L'originalité de ce type de structure réside en ce qu'un N quelconque, doté d'une référence «actuelle» est présenté (et de ce fait mis en valeur) par le biais de l'un quelconque de ses sèmes génériques» (ibid. p. 24). Délabre (1984) appréhende ces constructions sous un angle essentiellement sémantique, et il considère que les SN de type SN¡ comme SN2 résultent d'une dérivation établie à partir de SN2 (cf. ibid. p. 23 : «c'est N2 qui impose sa sous-catégorisation à NI, et non l'inverse» ainsi que p. 24 : «C'est bien à partir de (Det)N2, terme principal sur lequel porte l'assertion, qu'est formé ce type de séquence avec comme»). Une telle interprétation appelle quelques remarques. Tout d'abord, il semble que la sous-catégorisation «imposée» à SN! par SN2 ne soit en rien caractéristique de ces constructions, et qu'elle relève de la seule relation épithétique : qu'il s'agisse d'une épithète relative ou d'une épithète adjectivale, une certaine compatibilité sémantique est nécessaire entre l'épithète et le N qu'elle modifie, et, y compris dans le cadre de la métaphore, toutes les relations ne semblent pas également possibles, dans l'usage habituel du langage tout au moins (cf. La pomme queje mange a bon goût vs ?* L'ordinateur queje mange a bon goût ; L'homme qui me parle a toujours raison vs ?* Le crayon qui me parle a toujours raison ou encore Je déteste le chocolat fondu vs ?* Je déteste les maisons fondues). Par ailleurs, cette notion de sous-catégorisation imposée à SN, par SN2, de même que la conception qui fait de SNj un sème générique de SN2> paraît difficilement utilisable lorsque (S)N, correspond àun «nom de qualité» (cf. un imbécile comme Pierre croit avoir toujours raison). Dans les énoncés de ce type, SN, ne peut pas être décrit comme un trait de la définition en exten- sion de SN2, et l'attribution à SN2 de la propriété donnée par SN[ résulte du seul acte d'énonciation. Enfin, il semble bien que l'assertion porte non pas sur SN2, sujet de P enchâssé, mais sur l'ensemble du SN sujet de P matrice, de forme un N, comme SN2 (cf. Un pianiste comme Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique vs Le pianiste Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique et Thélonious Monk a marqué l'histoire de la musique). 13. Sur ce point, cf. Le Goffic (1991). 14. Le critère de l'impossibilité d'insérer dans P enchâssé un élément ayant le même rôle syntaxique que le relatif n'est pas utilisable ici :leN attribut de SN2, lorsqu'il est réalisé, apparaît sous une forme nécessairement pronominale, et il est de ce fait impossible d'opposer une construction en un N¡ comme SN2 (l'est + est un N) ayant une bonne acceptabilité à une tournure inacceptable de forme Un N¡ comme SN2 (l'est + est un N) Adj. 15. Pour l'analyse de quand comme un morphème relatif (quand remplit dans P enchâssé le rôle d'un adverbe temporel, J'en aurai envie à (un moment) x', de même que P enchâssé remplit dans P matrice le rôle d'un adverbe temporel Je viendrai à (un moment) x, avec x - quand j'en aurai envié), cf. Maurel (1992) p. 76 et sq., ainsi que Moline (1994) pp. 60 et 61. 16. Pierre chante à 'une manière x, Un canard chante à 'une manière x',etx= comme (chante) un canard. 17. Selon Allaire (1989), citée par Junjaud (1995) p. 47, malgré d'importantes parentés fonctionnelles entre les relatives et les comparatives, «l'étude des modes d'effacement tant du côté de la comparative que de la relative montre que loin de s'identifier, ces deux constructions s'opposent et que l'une des frontières structurales de la syntaxe passe par là» (Allaire (1989), p. 84-85, note 3). 18. D'où un rapprochement établi par Délabre (1984) (p. 31) entre ces constructions et les relatives spécifiantes ou non spécifiantes décrites par Kleiber (1981). La différence majeure réside dans le fait que, dans le cas des relatives décrites par Kleiber (1981), l'élément déictique est situé dans P enchâssé, tandis que dans celui des relatives en comme décrites ici, l'élément déictique ne peut être situé que dans P matrice. 19. Délabre (1984) distingue également une lecture intensive {Un pianiste comme Thélonious Monk est un génie), pour laquelle il est possible d'effectuer une paraphrase de comme par aussi Adj que (cf. Un pianiste aussi doué que Thélonious Monk est un génie), et une lecture neutre ( Une ville comme Rabat est construite au bord de la mer), pour laquelle une telle paraphrase n'est pas possible. Nous ne le suivrons pas sur ce point. 20. Comme ci-dessus, N, peut correspondre à un «nom de qualité» : (a) Des imbéciles comme (Pierre + ton frère) ont toujours raison. (b) Les imbéciles comme (Pierre + ton frère) sont nombreux. Side 84
20. Comme ci-dessus, N, peut correspondre à un «nom de qualité» : (a) Des imbéciles comme (Pierre + ton frère) ont toujours raison. (b) Les imbéciles comme (Pierre + ton frère) sont nombreux. 21. Vs Les pianistes comme Erroll Gamer (et + ou) Thélonious Monk ont eu une place à part dans le jazz. 22. Cf. Damourette et Pichón (1911-1943) : ««un homme comme Jules» en arrive très facilement et très usuellement à désigner Jules lui-même, car il n'y a rien de plus semblable à Jules que Jules lui-même, mais rien non plus qui qualifie plus fortement Jules que de le voir comme homme porteur de toutes les qualités dont sa personne s'étoffe» (t. VII, p. 386). Pour une synthèse de l'analyse de comme effectuée par Damourette et Pichón, cf. Portine (1996). 23. Les comparatives d'identité (cf. Pierre veut épouser une femme telle que Marié) présentent certaines analogies avec les constructions en un Nt comme SN? décrites ici. Le même type de paraphrase (qui a les propriétés de ou qui a les mêmes propriétés que) peut être utilisé, et, dans certains cas, l'ensemble du SN, du type un Nt tel que SN2, peut être utilisé pour désigner SN2 lui-même : (a) Pour cette raison, je m'adresse àun homme tel que vous. Dans cet exemple, vous semble également être employé en tant que prototype des hommes ayant les qualités que possède «vous». 24. Quere¡ P désigne une relative en que. 25. Pour des raisons corrélées à la définition même de l'exclamation, «arrachée», selon Ducrot (1984), au locuteur par la situation, seul l'emploi non comparatif de un Nj comme SN2, dans lequel le SN est utilisé pour désigner SN2, est susceptible de faire l'objet d'une énonciation exclamative. Notons également que, comme dans le cas des tournures non exdamatives, les constructions exclamatives en comme et celles en que se différencient par l'ellipse du prédicat verbal obligatoire dans le premier cas (cf. * Une belle fille comme tu es !), impossible dans le second (cf. * Malheureux que moi !). 26. Exemples repris de Délabre (1984) p. 21. 27. En fait, comme dans le cas des relatives déterminatives traditionnelles, la réalisation du second SN semble sémantiquement (plutôt que syntaxiquement) nécessaire : cf. Un homme comme Chomsky s'oppose au structuralisme et Un homme s'oppose au structuralisme. 28. A l'exception de les dont nous avons déjà parlé ci-dessus. 29. Les énoncés de ce type ne sont pas susceptibles de recevoir une lecture métalinguistique, analogue à celle de // entendit comme un bruit. L'acceptabilité des énoncés contenant l'occurrence métalinguistique de comme est corrélée à une certaine subjectivité du locuteur (cf. // entendit comme un bruit vs ?* Il mangea comme un gâteau ; II grimpait comme magiquement, V. Hugo, Les Misérables vs *? Il grimpait comme lentement), laquelle est absente des énoncés qui, contenant un quantificateur numéral, se présentent comme étant objectifs. Sur l'occurrence métalinguistique de comme, cf. Moline (1996). Side 85
30. «La comparaison repose sur une relation d'identité implicite, qu'il s'agit de reconstruire, mais elle modifie nécessairement cette relation d'identité, même, bien sûr, dans le cas de l'égalité car ce n'est jamais qu'une égalité relative. Une égalité totale aboutit en fait à la négation de l'opération de comparaison (...)» (Rothstein (1977) p. 69, cf. également Cohen (1968) p. 44 : «Deux objets de pensée sont comparés s'ils sont posés à la fois comme identiques et différents.»). Ces quelques remarques, effectuées à propos de la comparaison d'égalité, peuvent être étendues à la comparaison d'identité : l'inacceptabilité d'une phrase comme * Pierre veut épouser une telle; femme que Marie¡ (vs Pierre veut épouser Marie) peut également être mise en relation avec la «négation» de la comparaison qu'implique, selon Rothstein (1977), une identité totale. Cette notion d'identité partielle et de différence est également à l'œuvre dans l'emploi métalinguistique de comme (II entendit comme un bruit). 31. L'emploi de comme en tête d'une interrogative directe (Comme est-il mort ? Corneille cit. Grevisse (1986) § 940 p. 1429) perdure, selon Grevisse (1986) jusqu'au milieu du XVIIe et semble avoir aujourd'hui disparu. Concernant l'interrogation indirecte, plus longtemps usitée, {Je ne sais point encor comme on manque de foi, Voltaire, ibid. p. 1430), et assez rare aujourd'hui, les données permettant d'établir si son emploi est réservé à la langue littéraire, comme l'écrit Grevisse (1986), ou non (cf. Jungaud (1995), qui cite un énoncé relevé à la télévision -.Vous voyez bien comme les gens vous répondent) paraissent insuffisantes. 32. Cf. notamment Le Goffic (1991). Side 86
RésuméCet article a pour objet la description d'une catégorie d'expansions nominales en comme, dans des SN complexes du type un N comme X (Un homme comme lui). D'un point de vue syntaxique, ces constructions constituent des structures corrélatives spécifiques, et comme y est analysable comme un morphème relatif. D'un point de vue sémantique, les corrélations en un N comme... se distinguent de celles en le N que... dans la mesure où l'identification que permet la relative s'effectue en mettant en relation un N avec un ensemble plus important d'éléments ayant des propriétés analogues. Références bibliographiquesAllaire, Suzanne
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