Revue Romane, Bind 32 (1997) 1

Horst Geckeler et Wolf Dietrich : Einfuhrung in die franzôsische Sprachwissenschaft. Erich Schmidt Verlag, Berlin, 1995.246 p.

John Pedersen

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Il serait mal à propos de présenter longuement les deux auteurs de cette Introduction à la linguistique française. On connaît, en effet, leurs ouvrages se rappportant à l'espagnol et à l'italien. Une fois de plus, donc, ils ont réuni leurs compétences et leurs expériences pédagogiques pour continuer ce travail impressionnant, qui concernetout

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cernetoutromaniste soucieux des instruments de travail mis à la disposition des
étudiants et des jeunes chercheurs.

Le plan général de l'ouvrage comporte quatre parties : Realtà, Linguistique générale, Synchronie et diachronie de la langue française et, finalement, Histoire du français dans ses phases les plus importantes, étudiées depuis les monuments les plus anciens jusqu'à nos jours. Tout un programme à parcourir en moins de 250 pages!

La première partie situe le français parmi les langues romanes, présente son extension dans le monde et, en dernier lieu, évoque les langues et dialectes qui fonctionnent, encore aujourd'hui, à l'intérieur de l'Hexagone. Les auteurs s'en tiennent à des constatations précises, sobrement présentées sans entrer dans des considérations sur différents aspects de la politique linguistique de la France depuis le Jacobinisme jusqu'à la politique d'un Jacques Toubon, ancien ministre de la Francophonie.

En ce qui concerne la partie consacrée à la linguistique générale, il est évident que des limitations sévères se sont imposées. Les auteurs ont en effet opté pour une présentation du structuralisme (notamment le signe) en y ajoutant surtout les discussions menées par Coseriu à ce propos. Cette section se termine par un bref aperçu historique de la linguistique générale, qui, grâce notamment à des renvois bibliographiques fort bien choisis, parviennent à mener à bien une telle gageure.

La section intitulée Synchronie et diachronie de la langue française est en fait encore plus ambitieuse dans sa conception. En moins de cent pages, les auteurs cherchent en effet à traiter tous les éléments indispensables pour leur projet : phonétique et phonologie, graphie et orthographie, morphologie et syntaxe, formation des mots et sémantique...

On est impressionné par la concentration d'une telle présentation. L'aspect historique aussi bien que le côté systématique des différents champs de recherche sont admirablement présentés; mais il est évident que cette Einfiihrung a besoin de suppléments sous forme de manuels de phonétique et de grammaire pour que l'étudiant puisse perfectionner sa pratique de la langue. Rien de plus normal, et pour y remédier, le professeur n'aura que l'embarras du choix. Pour les problèmes d'ordre sémantique, la section est plus que satisfaisante.

Pour combler le lecteur, la dernière partie de l'ouvrage est consacrée à une histoire du français. Il est sans doute significatif que cette partie dépasse les cent pages. On y trouve le reflet de structures d'études dont on a presque perdu le souvenir par exemple en Scandinavie. Ce qui nous amène à une constatation inéluctable : Un ouvrage de ce caractère doit être évalué en fonction des systèmes universitaires que les auteurs envisagent de servir. Pour un universitaire scandinave, il y a cependant bien de l'inspiration à puiser dans un tel travail. On admire la prudence des grandes lignes aussi bien que la précision dans le détail. En somme, une excellente introduction, qui rendra service aux futures générations de romanistes allemands, et que leurs collègues Scandinaves auraient le plus grand intérêt à pratiquer également.

Université de Copenhague