Revue Romane, Bind 32 (1997) 1Michel Francard et Daniele Latin (éd.) : Le régionalisme lexical. Duculot, Louvain-la-Neuve, 1995. 244 p.Palle Spore Side 168
Ce recueil d'articles est le fruit d'un colloque organisé par I'aupelf-UREF à Louvainla-Neuve, du 25 au 27 janvier 1994, ayant pour thème le français tel qu'on le parle en dehors de la France. Le terme de «régionalisme» a donc une acception différente de celle couramment utilisée (lotharingisme, etc.), puisqu'il s'agit ici de langues nationales ou para-nationales. Mais le terme ne se rencontre guère que dans le titre; presque partout ailleurs, il est remplacé par topolecte, un heureux néologisme inconnu du TLLF (1994). C'est Claude
Poirier qui l'a lancé dans son exposé inaugural (p.
13-56), «Les Side 169
M. Poirier, Québécois, expose ses idées sur la façon de présenter les topolectes en prenant comme exemple et point de départ son propre topolecte. C'est ainsi qu'il établit un schéma qu'il appelle «grille de classement», qui doit cependant «être complétée par un traitement nuancé de chaque emploi si l'on veut en donner une description complète» (p. 15). Cette grille est valable aussi bien pour le français langue maternelle (France, Suisse, Belgique, Canada, Louisiane) que pour le français langue seconde (par exemple en Afrique). - Sur l'abscisse (l'axe différentiel ou horizontal) sont placées les particularités synchroniques par rapport au français standard, appelé ici français de référence : lexématique, sémantique, grammaticale, phraséologique et de statut (j'aurais préféré : stylistique). L'axe des ordonnées (l'axe historique ou vertical) marque l'origine des particularités : archaïsmes, dialectalismes, innovations et - puisque la grille est appliquée au québécois - amérindianismes et anglicismes, considérés comme des adstrats plutôt que des substrats (mais traversier 'ferry-boat' ne serait-il pas plutôt un «anti-anglicisme»???). Cette présentation n'a rien de bien nouveau, et M. Poirier le souligne lui-même (p. 31), mais elle est commode bien qu'invitant souvent à contradiction. C'est ainsi que je fronce les sourcils quand je vois traités de québécismes des mots comme arachide (quel Français aurait l'idée d'acheter de l'huile de cacahuète?), patate, sacoche et tant d'autres, que je considère comme courants en français de France, peut-être d'un niveau de style différent, mais là, le classement risque de tomber dans l'arbitraire. Parmi les quinze communications qui suivent, deux sont exclusivement théoriques. Daniel Baggioni (p. 67-77) discute le terme de français régional et plaide pour une plus large place à accorder à la sociolinguistique. Tel est également l'avis de Didier de Robillard qui, dans un long exposé (p. 185-202) difficilement abordable, tant à cause des idées que du vocabulaire, propose d'appliquer la «théorie des chaos» des sciences naturelles à la linguistique. Les autres communications discutent presque exclusivement de l'application de la grille de Poirier sur un territoire limité : Wallonie (p. 57-66), Afrique Noire (huit articles), Maroc (p. 149-157), Madagascar (p. 171-183), Nouvelle-Calédonie (p. 203-211), Maurice (p. 213-226). Dans l'énumération manquent la Suisse Romande et le Grand-Duché de Luxembourg. Les descriptions, parfois discutables dans le détail, ont le grand mérite d'être claires et suivies d'une bibliographie étoffée. Comme on le voit,
c'est un livre très inégal (comme c'est souvent le cas
des recueils Université
d'Odense |