Revue Romane, Bind 32 (1997) 1La transposition des actants dans le syntagme nominal Etude sur la nominalisation nucléaire et l'emploi des prépositions1par Lilian Stage 1. IntroductionL'examen rapide d'un texte appartenant à un des domaines de ce qu'il est convenu d'appeler les langues de spécialité suffira pour nous convaincre que les syntagmes nominaux, notamment ceux dont le noyau est un nom déverbal, y sont particulièrement fréquents. C'est, en effet, un des traits qui distinguent la langue de spécialité à la fois de la langue littéraire et de la langue parlée. Dans les syntagmes nominaux des langues de spécialité (la langue juridique, économique et technique), le complément du noyau, d'un nom d'action, par exemple, est souvent exprimé par un syntagme prépositionnel dont le régime est une deuxième nominalisation dont le complément est un autre syntagme prépositionnel dont le régime est une nouvelle nominalisation et ainsi de suite. Les syntagmes nominaux s'emboîtent les uns dans les autres : (1) II s'agit de conventions entre les communes et les entreprises, par lesquelles ces dernières s'engagent à attribuer sur leur parc un quota pour des cas d'urgence déterminés ou des gens à problèmes, quota proportionnel à leur part dans l'ensemble du parc locatif social; en retour, les communes s'engagent à prendre des mesures de traitement social des «locataires à problèmes», ainsi qu'à garantir la couverture des risques de cessation de paiement du loyer et des frais supplémentaires de remise en état. {Problèmes politiques et sociaux 751, p. 55) Side 52
(2) La
disparition des contrôles des personnes aux frontières
de la communauté (3) En même
temps, les responsables soulignent qu'il n'est pas
question pour (4) Lors de l'adoption de la révision de la loi Falloux, le ministre de l'éducation avait rappelé que 8 milliards de francs avaient été débloqués en juillet, sous formes de prêts bonifiés pour couvrir des dépenses de sécurité dans les collèges et les lycées. (Le Monde 06-01-94) Pourrait-on
continuer à l'infini? En théorie oui, dans la pratique
sinon (5) Undersogelse
af undersogelsen af undersogelsen af skudepisoden pâ
Norrebro (sa) «L'enquête
sur l'enquête sur l'enquête sur les incidents de
Norrebro va C'est ce côté «russe» des nominalisations qui fait que les phrases qui contiennent beaucoup de nominalisations emboîtées sont parfois difficiles à comprendre ou à retenir. Raison pour laquelle l'on ne trouve pas beaucoup de nominalisations emboîtées dans la langue parlée. Pour bien construire les syntagmes nominaux ou pour bien les décoder, il est important de savoir quelle préposition utiliser dans une fonction déterminée, c'est-à-dire pour un actant déterminé. Il est également important de bien comprendre la structure sous-jacente des syntagmes nominaux, surtout ceux qui contiennent des séquences en de puisque la préposition de est la plus «incolore» de toutes les prépositions, trait qui la rend apte à exprimer toutes sortes de relations entre le noyau nominal et ses expansions. A titre d'illustration, nous nous contenterons de citer les nombreux génitifs. Notre analyse s'inscrit dans le cadre de la théorie valentielle, développée à Copenhague par Herslund et Sorensen.2 Nous allons utiliser la distinction établie par Ulland (1993) entre nominalisations nucléaires et nominalisationsextra-nucléaires. Les nominalisations nucléaires indiquent l'action verbale et les nominalisations extra-nucléaires désignent un actant (S ou O) ou bien un circonstant (nominalisations instrumentales par exemple). Nous nous occuperons ici avant tout des nominalisations nucléaires, c'est-à-dire les noms déverbaux que la tradition appelle noms d'action et des nominalisationsobjectives Side 53
tionsobjectives(une des
nominalisations extra-nucléaires) qui expriment le
(6) Elle a
précédé de quelques heures l'audition - dans un autre
dossier -de (7) II répond des
dégradations et des pertes qui arrivent pendant sa
jouissance. (8) Après avoir adopté un amendement qui vise à interdire l'aide financière des Etats-Unis à toute organisation réalisant des avortements à l'étranger, la Chambre des représentants a néanmoins brutalement décidé mercredi de repousser ses discussions sur l'ensemble du texte à la semaine prochaine, après le long week-end de Mémorial Day (Les Echos 26-05-95). Pour les
nominalisations agentive et instrumentale, nous
renvoyons à Ulland (9) Au cinéma,
quand le film était bon, Jacques faisait la chasse aux
voisins (10) une
imprimante, un ouvre-boîtes, une essoreuse, un
démarreur. (Ulland Les nominalisations nucléaires sont susceptibles d'avoir plusieurs expansions actantielles dont le constituant est justement un syntagme prépositionnel. Dans un chapitre consacré aux syntagmes nominaux, Prandi affirme qu' «Avecles compléments nominaux, un contrôle de la part du nom principal se manifeste certainement, mais dans des conditions dont le caractère formel est pour le moins douteux. Pour pouvoir être qualifié de formel, le contrôle exercé par le nom sur ses compléments devrait se manifester - comme c'était le cas, en principe, pour les compléments du verbe - à travers une restriction imposée au choix des prépositions introduisant les compléments. (...) Si l'on observe le comportement du nom vis-à-vis de ses compléments nominaux, on constate que le nombre de prépositions qu'il admet dans son entourage est de fait limité; mais on voit aussi que les restrictions en question se laissent difficilement réduire à une légalité formelle, contrôlable en termes formels» (Prandi, 1987, p. 129). Contrairement à Prandi, nous pensons qu'il est possiblede donner des règles qui expliquent l'occurrence de telle ou telle préposition introduisant le complément d'un nom, à condition toutefois de ne pas mettre tous les noms dans «le même sac». Nous allons donc concentrernotre analyse sur les nominalisations nucléaires dans le but de donner des règles précises et claires au sujet de l'emploi des prépositions à l'intérieur du syntagme nominal dont la tête est un nom d'action, quoi qu'il soit parfois Side 54
difficile. Dans le présent article, nos recherches ne porteront que sur les actants que l'on retrouve auprès du nom. Il est bien connu que l'une des difficultés, la pierre d'achoppement en quelque sorte, de la théorie valentielle,est de tracer une limite nette entre actants et circonstants. Dans le syntagme nominal, la limite semble encore plus floue et elle semble, en plus, susceptible de se déplacer (Stage 1994, p. 106). Nous compterons parmi les actants :S(le sujet intransitif S¡ et le sujet transitif St), O (l'objet), A (l'adjet : Aattr. Aoc, Aieu, Akt)- Au début, l'adjet était appelé objet indirect, mais dans leurs recherches actuelles, Herslund et Sorensen ont opté pour le terme adjet. Le terme adjet est ainsi associé au terme adjectif, le trait commun étant leur nature predicative (Sorensen 1988 et Herslund 1994). Les syntagmes prépositionnels qui fonctionnent comme des circonstants sont les mêmes que ceux que l'on trouve auprès du verbe : Ctem (circonstant de temps), Ccau (circonstant de cause), Ccond (cironstant de condition), Cconc (circonstant de concession), Ccons (circonstant de conséquence). Pour que les circonstants puissent être transposés dans le syntagme nominal, il est souvent nécessaire d'avoir recours à un participe passé. Comme il ne sera pas question des circonstants ici, nous nous contenterons de renvoyer à d'autres articles.3 Pour les besoins de notre analyse, nous distinguerons deux sortes de nominalisations : nominalisations directes et nominalisations indirectes. Par nominalisations directes, nous entendrons les noms nucléaires dérivés directement du verbe. (11) Le retour de
la lire dans le Système monétaire européen avant la fin
de (12) Mercredi,
après la passation des pouvoirs à Jacques Chirac,
François (13) Après l'audition de Françoise Sampermans, le magistrat instructeur poursuit son travail de fourmi sur les différentes pistes des affaires Alcatel : les abus de bien sociaux, les surfacturations, les financements de partis. (EVJ 15-03-95) Par
nominalisations indirectes, nous entendrons, par contre,
les syntagmes (14) L'aide européenne aux Palestiniens, elle, est la plus substantielle promise à ces derniers par la communauté internationale depuis la Déclaration de principes, signée entre I'OLP et Israël, le 13 septembre 1993, à Washington... (Le Monde 11-01-95) Side 55
(15) Conformément à la seule déàsion prise une semaine plus tôt au sommet quadripartite du Caire, le premier ministre israélien, Itzhak Rabin, et le chef de l'Autorité palestinienne venaient de se rencontrer à Erez, sans résultat. (Le Monde 11-02-95) (16) Toute
personne arrêtée doit être informée, dans le plus court
délai et dans 2. Nominalisation directe : généralitésUne différence essentielle entre le verbe et le nom, c'est que le verbe admet des syntagmes nominaux liés directement à lui :S-O- Aattr. En général, la fonction d'adjet (Aneu, A^, Aloc),Aloc), s'effectue par contre par l'intermédiaire de syntagmes prépositionnels, et le choix de la préposition est contrôlé par le verbe. Pour les noms, la situation n'est pas la même. Le noyau nominal permet uniquement des syntagmes prépositionnels quand il faut signaler une relation actantielle entre le noyau et un autre membre du syntagme nominal.4 Certains circonstants (les circonstants de temps, par exemple) peuvent faire partie du syntagme nominal avec ou sans préposition de liaison, c'est-à dire que l'on retrouve les mêmes constituants qu'auprès du verbe : syntagme nominal (l'année dernière) ou syntagme prépositionnel {avant la fin de l'année). Il semble pourtant que, souvent, un circonstant de temps exige un participe passé pour pouvoir trouver sa place dans un syntagme (17) La mise en
place, l'année dernière, d'une nouvelle commission a
soulevé pas (18) La présence
(des dirigeants) ... elle illustre ouvertement
l'inquiétude du (19) Des responsables chiraquiens, dont Jacques Toubon, ministre de la culture, ainsi que Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, ont critiqué la décision d'Edouard Balladur, annoncée vendredi 10 février à Nantes, de suspendre la circulaire sur les instituts universitaires de technologie (lUT) contestée par les étudiants dans plusieurs villes de France. (Le Monde 13-02-95) (20) Quatre jours
après la découverte du corps, à Marignane, de Cédric,
quatre A l'intérieur du groupe nominal dont la tête est un nom d'action, on peut donc distinguer deux catégories d'actants : ceux qui doivent «choisir» une préposition (S -O- Aattr) et ceux qui amènent, en principe, leur préposition dans le microcosme qu'est un syntagme nominal (A^, A,,eu et Â^, ), c'est-à Side 56
dire que la
préposition est, normalement, la même que celle que l'on
emploie (21) Si la
modification du mode de désignation des membres du
collège semble (22) Mercredi,
après la passation des pouvoirs à Jacques Chirac,
François Nous avons déjà (Stage, 1994) établi une classification des noms en noms monovalents, bivalents ou trivalents en nous basant sur la classification établie pour les verbes (Herslund et Sorensen 1987). Dans le présent article, nous nous concentrerons sur la transposition des actants et l'emploi des prépositions. Dans les nominalisations nucléaires, il serait utile de distinguer, comme pour les verbes, entre un S¡ et un St (Herslund 1995). Comme nous l'avons déjà constaté, le sujet d'un verbe intransitif, le S¡ est toujours introduit dans le syntagme nominal par la préposition de (Stage 1994). Survenance,
avènement, apparition, disparition, émergence, éruption,
jaillissement, (23) Un groupe de
travail s'est plus spécialement penché sur les problèmes
posés (24) Si
Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers s'appuient sur
des noyaux arrivée,
départ, entrée... (25) Des mesures
restrictives ont été posées depuis quelques années à
l'entrée des Renonciation,
intervention, adhésion, participation... (26) II (le juge)
essaie, en premier lieu, d'obtenir l'adhésion de la
famille à la Side 57
(27) Chaque époux
a l'administration et la jouissance de ses propres et
peut en (28) Les témoins
appelés pour être présents aux testaments devront être
Français (29) Le principe
même de cette protection en fixe les limites. Elle
suppose en Obéissance,
désobéissance, appartenance... (30) Le
patron-pêcheur avait été inculpé de pêche illégale, de
refus d'obtempérer, Nous discuterons,
par la suite, du «statut» du sujet transitif (St) et de
l'emploi 2.1 Discussion2.1.1 Ejection ou élargissement?Dans la plupart des grammaires, on trouve, dans les chapitres consacrés aux génitifs subjectif et objectif, des règles qui se basent implicitement sur une hypothèse que l'on pourrait appeler l'hypothèse de l'éjection. L'idée qui est exprimée est la suivante : dans les nominalisations nucléaires, le sujet et l'objet s'expriment les deux à l'aide de la préposition de. S'il faut exprimer les deux simultanément, c'est l'objet qui reste et le sujet qui est éjecté du centre pour céder la place à l'objet. Le sujet est exprimé dans la périphérie à l'aide d'un syntagme introduit par la préposition par, donc en tant que circonstant, selon cette hypothèse. Ainsi, comme S et O s'expriment les deux - c'est du moins ce que l'on a toujours présupposé - par la même préposition, on se trouve, pour employer les mots de Blinkenberg (1960, p. 287), «placé devant la gêne d'avoir à recourir au même outil grammatical pour les deux fonctions différentes». Citons, également, la thèse de Spang-Hanssen, p. 34 : «La rencontrede deux compléments, dont l'un exprime l'appartenance et l'autre un génitif objectif, soulève certaines difficultés (.. ) mais si le régime du de objectif est un substantif, on évite la répétition de la même préposition avec deux valeurs différentes (à moins que l'objet de l'action ne soit marqué par un nom indéterminé fortement uni au terme régissant : la volonté de paix de toutes les nations (36)). Suivant le cas, le de «subjectif» ou le de «objectif» sera remplacé par une autre préposition..» Dans Fransk Grammatik (PSV 1980), les auteurs constatent d'abord que le génitif subjectif peut être introduit soit Side 58
par de soit par la préposition par, que le génitif objectif peut également être exprimé par de, que l'on ne peut pas exprimer les deux génitifs en même temps et finalement que c'est le génitif objectif qui est exprimé par de et le génitif subjectif par la préposition par, s'il est nécessaire d'exprimer les deux simultanément (§ 211.1 et 211.2). La même hypothèse sous-tend les descriptionsque l'on trouve dans d'autres grammaires (Grevisse, Rasmussen et Stage, Boysen, par exemple) Cette hypothèse est-elle justifiée? Certaines grammaires nous donnent même l'impression que l'on a le choix (voir par exemple Boysen, 1994, § 102.2.3 qui dit qu'on «peut (c'est nous qui soulignons)éviter une ambiguïté en utilisant par»). A notre avis, il n'est ni questionde libre choix, ni d'éjection, et s'il est question d'ambiguïté, c'est parce que certains noms se prêtent à deux lectures : une lecture «nucléaire» et une lecture «objective». Pour mieux expliquer notre pensée, il nous faut examiner le domaine du génitif subjectif et du génitif objectif à partir d'une autre hypothèse. Selon celle-ci, que l'on pourrait appeler l'hypothèse de l'élargissement, un syntagme nominal peut être élargi par le rajout d'un S,. Nous allons tout d'abord essayer de démontrer qu'avec les noms d'action (nominalisations nucléaires), il n'est pas toujours possible d'exprimer le sujet à l'aide de la préposition de, contrairement à ce que l'on a souvent affirmé. Notre hypothèse implique que c'est toujours l'objet (l'actant fondamental) qui est exprimé à l'aide de la préposition de, alors que le sujet d'un nom transitif (St) est exprimé moyennant la préposition par. (31) Cette chaleur se communique au public, puis gagne le candidat lui-même. Elle se manifeste par des signes inattendus, comme une patiente et détendue tournée des tables et entraîne, même une modification étonnante du comportement, comme l'escalade d'une chaise par M. Balladur, pour mieux saluer ses invités. (Le Monde 24-03-95) A notre avis, il règne depuis longtemps une certaine confusion dans ce domaine, et ce pour deux raisons. Premièrement, on explique souvent le génitif subjectif et le génitif objectif à partir de l'exemple suivant : l'amour de Dieu.5 Or, il faudrait distinguer entre noms de sentiment et nom d'action. Les noms de sentiments ne s'organisent pas de la même manière que les noms d'activité. Avec les noms de sentiment, on peut parler d'ambiguïté puisque le syntagme prépositionnel en de peut s'interpréter, d'après le contexte,soit comme un génitif subjectif soit comme un génitif objectif. S'il faut exprimer les deux dans le même syntagme, c'est le sujet qui est exprimé par de, l'objet, lui, est introduit par pour.0 Deuxièmement, on a confondu, nous semble-t-il, les nominalisations nucléaires et les nominalisations objectives. Un nom d'action {réduction, revalorisation, élargissement, etc.) dénote l'activitéverbale, Side 59
vitéverbale,sans toutefois ancrer cette activité dans le temps, et exige normalement, pour que le récepteur perçoive son sens dynamique, des actants, notamment les actants fondamentaux : pour les noms intransitifs un S¡ et pour les noms transitifs un O : (32) Si
Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers s'appuient sur
des noyaux (33)
L'utilisation du disque vert sera généralisée à tousles
postes de frontières Comme c'est le
cas pour les verbes, même un actant fondamental - le
sujet (34) Oui, le
charme du style ajoute au bonheur du récit. (Daniel
Pennac, Comme (35) La loi du 8 janvier 1993 relative à l'état civil, à la famille et aux droits de l'enfant permet désormais au mineur «capable de discernement» de donner son avis en cas de séparation de ses parents ou sur la gestion de son héritage si ces derniers viennent à décéder. Il (le mineur) a également son mot à dire sur sa nouvelle adresse en cas d'expulsion du domicile pour loyer impayé, par exemple. (Elle, septembre 1994) (36) L'entrée dans le post-mitterrandisme. Paradoxalement, la réélection triomphale de François Mitterrand en mai 1988 n'a pas fait du parti socialiste un «parti du président» aussi fidèle qu'il l'avait été sous le premier septennat. (Bilan 1994, p. 96) Si la nominalisation nucléaire dénote l'action, la nominalisation objective dénote, en revanche, le résultat de l'action et son sens est statique. Dans une nominalisation nucléaire, on ne trouve jamais de génitif subjectif introduit par de. Un génitif en de est, par contre, possible avec une nominalisation objective. Fait qui n'est guère surprenant, puisque ce nom se comporte comme les noms courants (livre, idée, voiture...) qui admettent tous un génitif introduit par de. Le génitif que permet n'importe quel nom (autre donc que les nominalisations nucléaires) est normalement considéré comme un génitif possessif (au sens large de «rapport quelconque entre le nom et le réfèrent du syntagme prépositionnel»). Le génitif que l'on trouve auprès d'une nominalisation objective (production, conquête, invasion, information et autres) est plutôt à considérer comme un tel génitif possessif.7 Pour illustrer notre pensée, nous aurons d'abord recours aux dérivés du verbe produire Side 60
production :
nominalisation nucléaire production :
nominalisation objective produit :
nominalisation objective producteur :
nominalisation subjective Comme on le voit, le nom déverbal production est un nom à double interprétation, il dénote soit l'activité verbale (sens dynamique) soit le résultat de l'activité verbale (sens statique). Dans le dernier sens, il semble légitime d'affirmer qu'il contient ou dénote l'objet de l'activité verbale. Ceci vaut pour toutes les nominalisations objectives. Le verbe produire est un des rares verbes à donner deux nominalisations objectives. La production dénote le résultat global de l'activité verbale (l'ensemble), et le produit une partie ou un résultat «partiel». Les noms à double interprétation ont donc deux structures ou deux schémas valentiels. a. nominalisation
nucléaire (sens dynamique) : (37) La conquête
de la Gaule [par César] (38) Pour respecter l'objectif des nouveaux textes - qui est de sauvegarder la rémunération de l'expert - l'idéal serait que, dans l'hypothèse de défaut de consignation de l'une des parties débitrices de la provision, l'autre ou les autres parties débitrices fassent l'avance de la provision non consignée par la partie défaillante. (Sem. jur. n° 48) (39) Le rachat de
Baltica par Tryg Forsikring donne naissance au leader
danois. (40) L'information des femmes Le service information femmes de la Commission européenne (direction générale de l'information) organise des colloques, séminaires, études et campagnes d'information en vue d'informer les femmes sur les actions communautaires et de recueillir leur soutien. (Le Guide de l'Europe des 12, p. 131) b. nominalisation
objective (sens statique) (41) La conquête
de César (42) Le salaire féminin étant inférieur à celui des hommes, le manque à gagner que représente le chômage des femmes est plus supportable que celui des hommes. Mais à cet effet du revenu s'ajoute celui des représentations sociales. La rémunération de l'épouse est conçue par le couple comme un complément de ressources, celle de l'homme comme une preuve de ses capacités de chef de famille. (Problèmes politiques et sociaux n° 748, p. 67) Side 61
(43) Apprendre à
rechercher une information dans une base de données.
(Revue Cette distinction entre nominalisation nucléaire et objective est-elle bien nécessaire pour pouvoir rendre compte de l'emploi des prépositions de et pari Pour tenter de démontrer le bien-fondé de notre hypothèse, ou pour l'infirmer, nous avons construit des exemples avec des noms déverbaux qui ne permettent pas une double lecture, mais qui expriment uniquement l'activité verbale (nom nucléaire, sens dynamique) et nous avons fabriqué des exemples avec des séquences prépositionnelles en de qui devraient ici uniquement pouvoir s'interpréter comme des génitifs subjectifs. Il s'avère que ces exemples sont inacceptables ou très difficilement acceptables : (44) * la
prolongation du ministre II ne semble pas
possible de construire des phrases adéquates à partir de
ces (45) En raison de
son état critique, le transport du chauffeur à l'hôpital
a été Dans les autres exemples, une interprétation «objective» semble exclue, ce qui fait que les exemples ne sont pas interprétables du tout. A notre avis, l'inacceptabilité de ces syntagmes s'explique par le fait qu'avec les nominalisations nucléaires, le S, s'exprime toujours à l'aide de la préposition par et jamais par la préposition de. Pour étayer notre postulat à propos de l'interprétation de ces syntagmes, nous avons remplacé le déterminant défini par un déterminant possessif qui s'interprète, selon le cas, comme S, ou O pour voir si les syntagmes seraient, de ce fait, plus acceptables : (46) * sa
prolongation du ministre Side 62
Dans ces syntagmes à déterminant possessif, les séquences prépositionnelles en de ne se laissent ni interpréter comme des génitifs objectifs (O) ni comme des génitifs subjectifs (St) et les syntagmes restent inacceptables. Pour que le déterminant possessif puisse s'interpréter comme O, il faudrait que le St soit exprimé par la préposition par : (47) sa
perforation par le médecin = Dans l'exemple cité ci-dessus : * son transport du chauffeur, le déterminant possessif son ne peut s'interpréter que comme sujet et du chauffeur comme objet. Autrement, le syntagme n'est pas interprétable! Il est tout à fait impossible d'interpréter le syntagme prépositionnel comme un Sr Nous nous permettrons donc d'affirmer que le St s'exprime toujours par un syntagme prépositionnel introduit par la préposition par (Stage 1994, p. 112 et Herslund 1995, p. 57). (48) Beaucoup de
leurs projets ont été couronnés de succès. Mais de
l'intérieur, Comme le syntagme prépositionnel introduit par de exprime toujours l'objet après les noms d'action transitifs (après les nominalisations nucléaires), il serait plus logique, à notre avis, de parler d'élargissement du syntagme nominal, quand on trouve exprimés simultanément le S, et l'O. Pour expliquer la
différenciation entre le sujet et l'objet exprimés
2.1.2 L'interdit stylistique.Comment expliquer que malgré la norme qui nous dicte d'éviter deux séquencesprépositionnels en de en fonction de sujet et d'objet, on puisse les trouver, par exemple, si le deuxième syntagme est un syntagme prépositionnelavec de + l'infinitif dans la fonction d'objet? L'occurrence simultanée de de + sujet et de de + l'infinitif a, déjà, été discutée par Blinkenberg (1960, p. 287) que nous nous permettrons de citer in extenso à ce propos : «Celui qui cherche à donner une forme plus explicite à la détermination du substantifverbal, dans laquelle les deux notions de sujet et d'objet s'expriment tous les deux par des substantifs, se trouve placé devant la gêne d'avoir à recourir au même outil grammatical de pour les deux fonctions différentes. En effet, on constate qu'une telle construction se réalise assez facilement dans les cas où l'objet du substantif verbal est un infinitif; pour cette répartitiondes termes, aucun souci de style ne semble intervenir pour empêcher la Side 63
répétition : le refus de certains pays de respecter les décisions du Conseil de sécurité». Ainsi, d'après Blinkenberg, ce serait uniquement pour une question de style qu'on éviterait d'employer deux syntagmes introduits par de en fonction de sujet et d'objet. Nous avons nous-même essayé d'expliquer ce phénomène en renvoyant au fait que de + l'infinitif ne peut pas s'interpréter comme sujet du nom d'action, ce qui fait qu'il n'est pas nécessaire d'avoir recours à la préposition par pour différencier l'objet du sujet (Stage 1994, p. 120). Selon Michèle Prandi (1987, p. 137), «la norme (qui déconseille l'itération de la séquence prépositionnelle en de ) ne serait pas «impositive, en revanche, lorsque la différence ontologique entre les actants élimine toute indétermination fonctionnelle : l'amour de la liberté des anciens Grecs; la retraite de Russie de Napoléon», et il poursuit son idée en constatant qu' «il faut cependant remarquer l'ordre presque figé des deux compléments, qui semble suggérer une différence de rang des deux compléments : (l'amour de la liberté) des anciens Grecs». Ici, Prandi exprime la même idée que Blinkenberg (1960, p. 287) à propos d'une plus forte cohésion, au moins pour le premier exemple. Nous pensons qu'il faudrait également tenir compte de la remarque de Blinkenberg à propos d'exemples comme la volonté de paix de toutes les nations. Il dit en effet : «Par le déséquilibre dans la cohésion des termes engagés, ces constructions sont sur le point de sortir du domaine de la transitivité en tant que syntaxe libre» (p. 287). En d'autres mots, il est plutôt question de mots composés, dans ces exemples. Le deuxième exemple cité par Prandi ne se construit pas avec un objet et un sujet, mais avec un sujet et un adjetloc. L'examen d'un bon nombre d'exemples contenant un nom qui présente une certaine similitude avec le nom cité par Prandi, à savoir le nom retrait, montre que le S, est introduit par la préposition par, l'objet par la préposition de et I'adjet,^ également par la préposition de. (49) Au cours
d'une récente enquête diligentée après le retrait par sa
famille des (50) Les dirigeants des trois Etats baltes avaient lancé, samedi, un appel à M. Eltsine, demandant que le retrait total des troupes russes de la région s'achève d'ici à la fin de l'année comme promis par Mouscou. (Le Monde 05-01-94) Quand on se trouve en présence de deux syntagmes prépositionnels introduitspar de après le nom retrait, on peut être sûr qu'il s'agit toujours d'un objet et d'un adjet)oc, jamais d'un génitif subjectif. Le fait que, dans certains cas bien précis, l'on trouve sans difficulté deux séquences prépositionnelles introduites par de nous oblige à constater que ce n'est pas pour une question Side 64
de style que
l'on évite d'employer la préposition de deux fois de
suite. L'era 2.1.3 Le risque d'ambiguïté.Le risque d'ambiguïté constituerait-il une explication satisfaisante à 1 différenciation entre le sujet et l'objet dans le cas d'une occurrence simulta née? Comme un syntagme prépositionnel dont le régime est un nom anim peut s'interpréter soit comme sujet soit comme objet, on dit qu'il est le pli souvent nécessaire de différencier le sujet de l'objet en utilisant la prépositio par (ou bien, naturellement, un adjectif relationnel : américain, israëliei présidentiel ou bien le déterminant possessif)- Comme nous venons de 1 voir, il est tout à fait normal de trouver deux séquences prépositionnelle introduites par de quand il s'agit d'exprimer, simultanément, l'objet < l'adjetio,.. Là, toute ambiguïté est impossible. Dans les cas où l'objet est u syntagme infinitival, il n'y a pas non plus d'ambiguïté possible et le sujet < l'objet sont introduits, les deux, par la préposition de. (51) Mme Thatcher
propose la levée des sanctions contre l'Afrique du Sud,
pu (52) Les comités de lutte contre la répression au Maroc viennent de protesti contre la décision du gouvernement français de supprimer les aides qu' avait consenties aux trois frères de nationalité marocaine et française, d( puis leur libération du bagne marocain de Tazmamart, le 30 décembj 1991. (Le Monde 04-01-94) (53) La décision de M. Chirac de reprendre les expérimentations est défendue p< de nombreuses personnalités de la majorité, dont François Léotard, ancie ministre de la défense, ainsi que par le ministre des DOM-TOM, Jear Jacques de Peretti, qui va entamer une visite dans les territoires français d Pacifique sud. (Le Monde 25-08-1995) Mais quand un nom
comme refus contrôle un autre nom d'action en tar
(54) Dans la
majorité des cas, le refus de prise en charge par les
ASSEDIC résul Ainsi, l'emploi
de par ne semble pas non plus s'expliquer par le besoin
d'év Side 65
(31) Cette chaleur se communique au public, puis gagne le candidat lui-même. Elle se manifeste par des signes inattendus, comme une patiente et détendue tournée des tables et entraîne même une modification étonnante du comportement, comme l'escalade périlleuse d'une chaise par M. Balladur, pour mieux saluer ses invités. (Monde 24-03-95) Là non plus, il n'y a pas de risque d'ambiguïté. A notre avis, le locuteur n'a jamais le choix entre les prépositions de et par pour éviter l'écueil de l'ambiguïté. Le St s'exprime toujours à l'aide de la préposition par, sauf dans le cas d'un infinitif objet (le cas de refus, reproche, décision., voir les exemples 51-53). exception à la règle n'a pas encore trouvé d'explication. 2.1.4 Les noms d'action sont-ils diathétiquement neutres?On pourrait supposer que les noms d'action soient neutres quant à la diathèse puisqu'ils n'ont pas de marque passive. Selon Blinkenberg (1960, p. 283), les noms sont bel et bien diathétiquement neutres : «Le problème de la diathèse se pose d'une façon très différente dans les «nomina actionis». Pour ceux-là, on peut poser en principe qu'ils sont de par leur nature même diathétiquement neutres. Le substantif verbal indique la notion abstraite de l'action et reste en dehors des oppositions actif-médium-passif. Notons tout particulièrement que le médium (réfléchi), par la disparition forcée du pronom, perd toute marque caractéristique; abaissement correspond donc à : abaisser - s'abaisser - être abaissé». Blinkenberg précise sa conception à la page 284 : «L'indétermination diathétique du substantif verbal a pour conséquence que dans les cas où le substantif verbal reçoit une détermination axée sur les notions de sujet ou d'objet, l'indétermination foncière se reflète dans une indétermination «transitive» correspondante. A la neutralité du substantif verbal quant à l'opposition actif-passif correspond une neutralité quant à l'opposition objet-sujet.» Selon Herslund (1995), la détermination sujet - objet d'un nom serait plutôt une question d'organisation ergative, et il ne serait pas nécessaire d'avoir recours à une interprétation passive. C'est ce qui explique que les actants fondamentaux, S¡ et O, soient exprimés de la même façon, à savoir à l'aide d'un syntagme prépositionnel introduit par de. Nous serions plutôt d'accord pour penser que les noms sont diathétiquement neutres, s'il n'y avait pas l'exception des noms tels que refus, décision, reproche qui sont suivis par des séquences prépositionnelles en de lorsque l'objet est un syntagme infinitival. L'interdit grammatical qui pèse sur la suite de deux séquences prépositionnelles introduites par de en fonction de sujet et d'objet ne vaut pas pour les cas où le régime du syntagme prépositionnel en fonction d'objet est un syntagme infinitival. Comment expliquer - sans faire appel à une «explication passive» - que ce soit justement les noms qui permettent un Side 66
infinitif-objet qui soient «frappés d'exception», donc qui permettent la séquenceinterdite? Avec ces mêmes noms, on trouve également le S, exprimé à l'aide de la préposition par à condition que l'objet ne soit pas un syntagme infinitival, mais un autre nom d'action (voir ex. 54 à propos du mot refus). Il est impossible de se tromper : le syntagme prépositionnel dont le régime est un infinitif peut seulement avoir la fonction d'objet, car dans les phrases passives, le sujet n'est jamais un syntagme infinitival. Si le désir d'éviter une ambiguïté éventuelle était un facteur décisif quant à la différenciation entre le sujet et l'objet, on devrait logiquement pouvoir trouver deux séquences prépositionnelles introduites par de même dans le cas où l'objet n'est pas un syntagme infinitival. Car souvent, aucune erreur n'est possible : (31) Cette chaleur se communique au public, puis gagne le candidat lui-même. Elle se manifeste par des signes inattendus, comme une patiente et détendue tournée des tables et entraîne, même une modification étonnante du comportement, comme Xescalade d'une chaise par M. Balladur, pour mieux saluer ses invités. ( Le Monde 24-03-95) (55) Outre l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution qui fixera les enjeux diplomatiques d'un nouveau mandat, ce double engagement suppose, sur le plan militaire, une négociation sur le nombre des «casques bleus» qui seront maintenus en Croatie, leur implantation, la définition de leurs moyens et sur l'organisation du commandement. (Le Monde 24-03-95) Comme on le voit,
dans ces deux exemples, la distribution des fonctions de
(31a) ?
l'escalade d'une chaise de Balladur (55a) ?
l'adoption du Conseil de sécurité d'une résolution
Or, il se trouve que c'est une séquence que l'on ne relève pas (que nous n'avons pas relevée en tout cas). Si ce qui était en jeu était uniquement une éventuelle ambiguïté, il nous semble que l'on devrait pouvoir relever de tels exemples ou construire éventuellement des exemples acceptables. Il ne semble pas que ce soit le cas. Le S, (l'agent) est toujours introduit par la préposition par. C'est ce que Blinkenberg 1960, p. 287-8) appelle une orientationpassive : «Normalement, la double détermination du substantif verbal explicitant les deux notions de sujet et d'objet, s'obtient en différenciant la préposition de liaison, ce qui est possible en introduisant le sujet agissant à l'aide de par, donc en donnant une orientation passive au substantif verbal.» Si nous penchons en faveur d'une orientation passive plutôt générale et pas seulement dans le cas d'une double détermination c'est que nous avons trois bonnes raisons pour le faire. Premièrement, l'hypothèse d'une orientation Side 67
passive des noms d'action nous permettra d'expliquer la seule exception à l'interdit qui pèse sur la suite de deux syntagmes en de en fonction de sujet et d'objet. Si la suite est permise dans le cas d'un régime-syntagme infinitival, c'est, en effet, parce que le syntagme infinitival ne peut jamais s'interpréter comme sujet d'une phrase passive. Dans ce cas-là - et seulement dans ce caslà-, on pourrait parler d'orientation active. Deuxièmement, les noms d'action(les nominalisations nucléaires) ne permettent jamais un génitif subjectifen de, même si l'objet n'est pas exprimé ou autrement dit, même dans les syntagmes où il n'y a pas de double détermination (sujet - objet). C'est ce que nous avons tenté de prouver plus haut où nous avons discuté l'acceptabilitéou plutôt l'inacceptablité de certains syntagmes nominaux {^l'ouverture du directeur, par exemple). Auprès des noms d'action, un syntagme prépositionnelen de peut seulement introduire les actants fondamentaux (à part, évidemment, les A^ et les A,eu ende). Troisièmement le parallélisme que l'on peut relever entre les phrases passives et les noms d'action quant à l'emploi de la préposition par pour exprimer le S, (ou l'agent) et le fait que la nominalisation permet - comme la voix passive - l'omission de l'agent de «l'activité verbale» nous font également pencher en faveur d'une orientation «plutôt passiviste» pour les noms d'action. Si le nom d'action est un nom «réfléchi», le S, et le O se confondent, c'està-dire que le syntagme prépositionnel en de exprime à la fois le sujet et l'objet. Ici, on pourrait vraiment parler de «neutralité quant à l'opposition objet - sujet». (56) Les autres problèmes de la société française, ceux qui dérivent de h propagation du sida, par exemple, ou encore ceux qui touchent à la justice, sont souvent traités intelligemment avec une prime à l'imagination pour Dominique Voynet et Lionel Jospin ou Jacques Chirac pour le sérieux. {Nouvel Observateur 26 avril 1995) Dans l'exemple cité, il est évident que «le sida» exprime à la fois le sujet et l'objet. Pour le vérifier, il suffit simplement d'introduire un S, différent à l'aide de par pour voir qu'une telle lecture du nom est inacceptable dans le contexte : (57) ?la
propagation du sida par les hétérosexuels.... (58) La dégradation des rapports avec la France s'est manifestée, de façon aiguë ces dernières heures en Australie; d'où l'ambassadeur a été rappelé mardi ler1er août, «ce pour une période indéterminée», a précisé le Quai d'Orsay. (Le Monde 03-08-95) Side 68
(59) La faiblesse du revenu initial accroît les risques de dissolution du ménage. Mais plus encore qu'au niveau initial du revenu, la dissolution du couple est fortement liée à la façon dont ce revenu va évoluer dans la période. (Problèmes politiques et sociaux n° 748, p. 66) (60) Le véritable défi est à chercher dans la solution aux problèmes d'intégration des exclus, de réinsertion des populations et des zones en difficulté, menacées par la formation de véritables ghettos ou la désertification. (Le Monde 15-01-94) Les exemples
58-60 montrent aussi l'importance du contexte pour
l'interprétation 2.2 La transposition du sujet et de l'objet : résumé.Pour résumer, nous pouvons donc constater que les deux actants fondamentaux auprès des verbes d'activité : S¡ et O sont à considérer comme les actants fondamentaux du syntagme nominal également. Ces deux actants sont introduits dans le syntagme par la préposition de, qui est la préposition la plus grammaticalisée. S'il est nécessaire d'élargir le syntagme, c'est-à-dire d'exprimer également le St pour les besoins du texte et ce à l'aide d'un syntagme prépositionnel, il faut toujours utiliser la préposition par sauf dans les cas où le «régime-objet» est un syntagme infinitival. Information,
invitation, annulation, suppression, augmentation,
présentation, (61) La
profanation du cimetière juif de Carpentras, découverte
le 10 mai, semble (62) Ces derniers jours, deux propositions sont venues, l'une du groupe de travail du Plan, dirigé par Alain Mine, préconisant d'accélérer le passage à la monnaie unique; l'autre de Jacques Chirac, disant : on ne pourra pas le faire avant 1999 et, en tous cas, pas sans une nouvelle consultation des Français. (Le Monde 16-11-1994) (63) La seule
exclusion qui intéresse Chirac, c'est celle d'Edouard
Balladur. (EVJ (64) Dans cet ordre d'idées, il (Robert Badinter) est intervenu à TFI, le 23 avril, à la veille de l'ouverture du débat parlementaire, en marquant son désaccord, notamment, à Xélection du président du Conseil constitutionnel par ses pairs. [Bilan politique de la France 1994, p. 38) Side 69
Dépôt, envoi,
enlèvement, introduction (65) L'envoi, par
l'huissier de justice, au dernier domicile connu du
destinataire, (66) Le dépôt
d'une demande à la mairie du lieu de résidence du
postulant (67) POLICE :le dépôt à'une liste «Front national de la police» (FNP), vendredi 10 novembre, par un syndicat spécialement créé pour briguer les voix des gardiens de la paix et des gradés aux élections professionnelles de la midécembre, a provoqué les critiques des principales organisations policières. (Le Monde 20-11-95) Accusation,
inculpation, dispense (68) Alain Gauzi,
arrêté en juin 1992 et toujours sous le coup d'une
inculpation (69) En août dernier, les trois principales organisations extrémistes musulmanes égyptiennes avaient menacé de s'en prendre aux intérêts américains si les Etats-Unis maintenaient l'inculpation du Cheikh Oman Abdel Rahman (Le Monde 4-02-94) Théoriquement, le
S, doit pouvoir figurer auprès des noms accusation,
inculpation Side 70
2.3 La transposition de l'Aattr dans le syntagme nominal.Pour exprimer la fonction d'Aattr (attribut de l'objet) auprès du verbe, la langue dispose de deux constructions : un syntagme nominal ou un syntagme prépositionnel introduit par la préposition à dont le régime est une localisation abstraite (au conseil de, à la tête de, etc) : nommer q. directeur, nommer q. au poste de directeur (70) Daniel
Libard, qui vient d'être nommé à la direction de Félix
Potin, a soumis Dans un syntagme
nominal, on trouve les trois constructions suivantes :
la (71) Cette analyse intervient après d'autres propos analogues tenus par les dirigeants communistes qui ont souligné, depuis Y élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, que sa politique n'était pas comparable à celle de la droite libérale. (Le Monde 25-08-95) (72) La
nomination de Michel Albert au Conseil de politique
monétaire de la (73) II s'agit de
la neuvième baisse du taux des banques depuis la
nomination (74) II a enfin demandé aux actionnaires de ratifier la nomination, en tant qu'administrateurs, de la BNP, d'une part, représentée par son PDG, Michel Pébereau, et d'Antoine Riboud, PDG du groupe Danone, d'autre part. (Les Echos 26-5-95) (75) La tutelle
ne passe point aux héritiers du tuteur. Ceux-ci seront
seulement (76) A défaut,
tout associé peut demander au président du tribunal,
statuant sur II est significatif qu'avec ces noms, on trouve soit un nom propre soit une «fonction» comme objet (tuteur, directeur etc.). Dans certains textes juridiques (lois, arrêtés..), l'Aattr n'est jamais exprimé, pour la simple raison qu'il ne s'agit pas, dans ces types de textes, de situations «actualisées», mais de situations «modèles». Dans ces cas, c'est, bien sûr, la «fonction» (au sens nonlinguistique), qui prend la place de l'objet (voir les exemples 75-76). Side 71
2.4 La transposition de l'Aloc dans le syntagme nominal.Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, l'adjet (que ce soit l'Aloc, rA,,eu ou l'A^,) amène, en principe, sa préposition dans le syntagme nominal. Dans la plupart des cas, on retrouve donc la même préposition qu'auprès du verbe. C'est toujours le cas de l'Aloc. Nous n'avons pas trouvé d'exception à cette règle. (77) Depuis Y
installation de Balladur à Matignon, il avait assisté,
aussi tétanisé (78) Depuis 1988 : le programme «jeunesse pour l'Europe». Pour bénéficier du programme il faut préparer son séjour de telle façon qu'il permette une véritable immersion du jeune dans la réalité économique, sociale et culturelle du pays visité. (Le Guide de l'Europe des 12, p. 82) (79) La presse américaine avait spéculé récemment sur la possibilité pour M. Clinton d'annoncer à Genève, le 16 janvier, un retraitée la Syrie de cette liste, pour encourager Damas à normaliser ses relations avec Israël. {Le Monde, 07-01-94) (80) Le gouvernement israélien affirme être parvenu, mercredi dernier, dans la capitale égyptienne, à un compromis avec la délégation palestinienne sur les points essentiels en litige au sujet d'un retrait israélien de la bande de Gaza et de Jéricho. (Le Monde 04-01-94) (81) Dejouany n'a
pas été soumis à un contrôle judiciaire et peut
envisager de L'Aloc est partout
introduit par la même préposition qu'auprès du verbe.
2.5 La transposition de l'Aneu dans le syntagme nominal.L'An™ peut, comme
auprès du verbe, être introduit par un grand nombre de
(82) En tout état
de cause, M. Clarke a rappelé que Xadhésion d'un pays à
I'UEM Side 72
(83) La lutte
contre le terrorisme. (Le Guide de l'Europe des 12, p.
18) (84) En
contrepartie de la renonciation à ses armes nucléaires,
Kiev devrait recevoir (85) Troisième
objectif donc : légaliser le pouvoir militaire. Khin
Nyunt lorgne, Seule la préposition de semble poser problème lors de la nominalisation d'un verbe régissant un Aneu en de. Il semblerait que cette préposition ne soit pas toujours «bien vue» dans le syntagme nominal en fonction d'Aneu. Ou bien le verbe qui exprime son A,,^ par la préposition de n'a pas de nominalisation nucléaire (c'est le cas de certains verbes de communication tels que convaincre, prévenir), ou bien l'Ancu n'est pas exprimé, ou bien on utilise une autre préposition. Parmi les noms
qui régissent un A,,^ introduit par de, il faudrait
distinguer IoIo Noms de
«profit» [jouissance, bénéfice, profit...) (86) Le débiteur
ne peut, avant l'entier acquittement de la dette
réclamer la (87) L'héritier
exclu de la succession pour cause d'indignité est tenu
de rendre (88) Le débiteur
ne peut plus réclamer le bénéfice du terme lorsque par
son fait il (89) Toutefois,
si le locataire demande le bénéfice du paiement mensuel
du loyer, (90) L'obligation est solidaire entre plusieurs créanciers lorsque le titre donne expressément à chacun d'eux le droit de demander le paiement du total de la créance, et que le paiement fait à l'un d'eux libère le débiteur, encore que le bénéfice de l'obligation soit partageable et divisible entre les divers créanciers. (CC 1197) Le nom profit ne s'emploie pas comme une nominalisation nucléaire et ne prend jamais d'Aneu. Il s'emploie soit dans une construction à verbe support tirer profit de qc soit dans des locutions figées telles que au profit de, pour le profit de où le syntagme en de doit s'interpréter comme un génitif possessif. (91) Mais, si
l'acquéreur a tiré profit des dégradations par lui
faites, le vendeur a Side 73
(92) Le contrat
de mariage doit déterminer les biens sur lesquels
portera la Seuls les noms
bénéfice et jouissance semblent pouvoir s'interpréter
comme 2° Noms de
communication objective ou subjective : avertissement,
information, Parmi les noms cités, seuls les noms information et persuasion peuvent s'interpréter comme des nominalisations nucléaires avec un sens dynamique. Quand l'A^ est exprimé après information, par exemple, c'est toujours la préposition sur qui est employée pour l'introduire. (93) Des normes maximales de radioactivité dans les aliments ont été définies, de même que les procédures d'assistance mutuelle entre les Etats-membres et d'information des populations sur les mesures de protection à prendre en cas d'urgence radiologique. (Le Guide de l'Europe des 12, p. 69) (94) Information des associés. Les associés ont le droit d'obtenir, au moins une fois par an, communication des livres et des documents sociaux et de poser par écrit des questions sur la gestion sociale auxquelles il devra être répondu par écrit dans le délai d'un mois. (Code ci vil 1855) (95) La parution
extrêmement tardive du décret n'a guère permis de
diffuser une (96) «N'ajoutons pas à leurs contraintes : ce serait perçu comme un obstacle supplémentaire à la création d'entreprises» a-t-il ajouté, en faisant en vain une ultime tentative de persuasion : «Au moins pour les SARL, conservons le seuil actuel.» (Le Monde 09-04-94) (97) II ne s'agit pas pour nous de demander à l'Eglise d'être complaisante vis-àvis du relativisme moral qui imprègne trop souvent notre société, mais de rappeler qu'on ne peut agir en profondeur sur les consciences que par la persuasion et l'appel à la liberté. (Le Monde 21-01-94) Comme on l'aura remarqué, il n'y a pas d'objet ni d'A,,^ après le nom persuasion, mais nous pensons quand même que le nom a gardé son sens dynamique dans ces syntagmes. Le seul nom qui puisse aisément s'interpréter des deux manières n'admet apparemment pas un A,,eu introduit par de. (98) ?
l'informations des femmes de leurs droits (99) ? la persuasion
des Européens du bien-fondé de l'attitude française.
Tous les autres
noms de communication cités ci-dessus sont des
nominalisations Side 74
3° Noms d'accusation : accusation, blâme, incrimination, inculpation. Le mot blâme s'entend uniquement au sens statique d'une nominalisation objective. Le nom accusation pourrait s'interpréter d'après les deux structures, mais en réalité on ne trouve jamais des exemples comme : (100) ?
l'accusation du banquier de banqueroute frauduleuse
Avec ce nom, on a
toujours recours à la nominalisation indirecte dérivée
de (101)
L'accusation ou les accusations portées contre le
banquier pour banqueroute Comme on ne peut
pas avoir deux Aneu, il faudrait interpréter le syntagme
L'inculpation
s'interprète des deux manières (nominalisation nucléaire
et (102) Le
magistrat a demandé, mardi 15 février, àla justice
française de notifier (103) Après
l'inculpation de l'ancien directeur pour attentats à la
pudeur Mgr. (104) Par commission rogatoire, il vient d'ailleurs de demander à la justice française de signifier à Jean-Yves Haberer, ancien président, et à François Gille, actuel directeur général, leur inculpation pour banqueroute, le droit suisse ne permettant pas d'accuser des personnes morales. (Le Monde 24-09-94) Dans le langage
juridique actuel, le mot inculpation a été remplacé par
le (105) Après une courte parenthèse correspondant à l'élection présidentielle, les «affaires» reprennent. Sur le front politique, avec la mise en examen de Georges Pérol, proche de Jacques Chirac, et la condamnation à cinq ans de prison du sénateur socialiste du Gard, Claude Pradille (voir en dernière page). Mais aussi dans le monde des entreprises, avec la mise en examen d'un des grands patrons français : Guy Dejournay, PDG de la Compagnie Générale des Eaux. Ce dernier s'est vu notifier, la veille de l'Ascension, par la gendarmerie nationale, sa mise en examen «pour corruption active», dans le cadre de la passation de contrats de distribution d'eau de Saint- Denis de la Réunion. {Les Echos 27-05-95) Side 75
On peut donc conclure que si l'An(.u en de que l'on trouve auprès du verbe, n'est pas tout à fait exclu dans le syntagme nominal, il est rarement exprimé par cette préposition. On évite les séquences problématiques soit en laissant un des actants inexprimé (s'il ressort du contexte immédiat) soit en employant l'article possessif pour exprimer le S¡ et le syntagme prépositionnel en de pour exprimer \'hnea. Avec certains noms {inculpation, incrimination) la préposition que l'on emploie auprès du verbe est échangé contre pour. L'A,,eu des noms d1 «accusation» présente une certaine ressemblance avec des C^ comme c'est aussi le cas pour le complément du verbe d'ailleurs. (106) C'est la
première fois qu'un ancien membre du gouvernement
portugais Voir également un
exemple dans lequel on trouve un C^,, exprimé par un
(107) La loi du 8 janvier 1993 relative à l'état civil, à la famille et aux droits de l'enfant permet désormais au mineur «capable de discernement» de donner son avis en cas de séparation de ses parents ou sur la gestion de son héritage si ces derniers viennent à décéder. Il (le mineur) a également son mot à dire sur sa nouvelle adresse en cas d'expulsion du domicile pour loyer impayé, par exemple. (Elle, septembre 1994) 2.6 La transposition de l'adjet dat.Si l'adjetdat semble un peu «récalcitrant» puisqu'il n'apparaît pas souvent dans le syntagme nominal, c'est en partie parce que parmi les verbes qui se construisent avec un datif, il y en a beaucoup qui n'ont pas de nominalisation nucléaire. Quand il faut transposer l'Ada, dans un syntagme nominal, c'est le plus souvent la préposition à qu'on emploie. Obéissance,
désobéissance, appartenance (108) Le
patron-pêcheur avait été inculpé de pêche illégale, de
refus d'obtempérer, (109) Lorsque la propriété riveraine n'est pas bâtie, ni clôturée de murs, la publication du plan d'alignement entraîne l'attribution immédiate à la collectivité de la propriété des parties de terrains comprises dans le plan d'alignement. (Leparticulier, Septembre 1995) Side 76
(110) L'objet de la perquisition est tout ce qu'il y a de plus simple : le magistrat cherche à découvrir le motif du versement à Michel Reyt d'une commission de 2,8 millions de francs en octobre par la société GEC-Alsthom. (Le Monde 16-03-95) (111) Le
médiateur, Paul Legatte, a saisi l'occasion que lui
donnait la remise de (112) II s'agit
d'une commission qui lui a été versée par GEC-Alsthom «à
l'occasion (113) - la
constitution d'un dossier par les soins du bureau d'aide
sociale qui II faut noter qu'avec les noms transitifs, le datif se trouve uniquement dans des syntagmes nominaux où l'objet est également exprimé. Avec certains noms dont le sens exige un datif, on trouve, contre toute attente, le datif introduit par la préposition pour. Et il ne semble pas que, dans les exemples cités, on puisse toujours remplacer la préposition pour par la préposition à. Auprès des verbes, il est également possible de trouver des datifs exprimés par des syntagmes prépositionnels en pour. Ces datifs sont appelés des datifs libres et ne comptent pas parmi les actants, mais parmi les circonstants, puisque leur présence n'est jamais exigée par le sens lexical du verbe (Herslund 1988). Dans le syntagme nominal, nous n'avons pas trouvé l'équivalent d'un datif libre. Les exemples d'un datif introduit par pour que nous avons relevés apparaissent tous avec des noms dont le sens exigent un datif: octroi, interdiction.. Avec le nom octroi, il y a apparemment deux manières d'exprimer le datif: à et pour. Une analyse approfondie des exemples montre pourtant qu'il y a une différence de subordination. Dans l'exemple 116, le syntagme prépositionnel en pour est étroitement lié au nom bourse et peut être substitué par un syntagme participial tel que destinées à des élèves de 15 à 25 ans, alors que dans les exemples 114 et 115, les syntagmes prépositionnels se trouvent au même niveau par rapport au noyau nominal (des visas = O et aux juifs = Adat). Par ailleurs, l'A dat reste souvent inexprimé, parce que le récepteur apparaît ailleurs dans le contexte immédiat (voir exemple 117). (114) En décembre
1993, le président Hafez El Assad avait promis au
secrétaire Side 77
(115) Ce scrutin
s'inscrivait dans le cadre de l'octroi, en 1992 par
Kiev, d'une plus (116) A cette
fin, le programme Lingua permet Y octroi de bourses pour
des (117) Même s'il attend de ce «petit tour d'horizon bilatéral» avec le ministre de l'éducation nationale, puis de la réunion du 27 janvier à Matignon, «une vraie réflexion sur le qualitatif», le patron de la FEN, Guy le Néouannic, manifeste également son intention de ne pas céder sur Xoctroi de moyens supplémentaires. (Le Monde 19-01-94) (118) Affectée à l'Office de protection des réfugiés, dont elle devint en 1956 secrétaire générale, elle suivit «le petit homme» sans hésitation lorsque Xoctroi de l'autodétermination à l'Algérie l'amena à rompre avec de Gaulle, à s'exiler et à prendre la tête, contre lui, de ce qu'il n'hésitait pas à appeler une nouvelle Résistance. (Le Monde 15-11-95) Dans les exemples
que nous avons relevés avec le mot interdiction, la
préposition (119) De plus, «la proposition de directive», en autorisant des dérogations à Xinterdiction du travail de nuit pour les enfants de moins de quinze ans, est en contradiction avec la convention 6 sur le travail de nuit des enfants. (Le Monde 01-10-1994) (120) II
[l'objectif politique] entraîne deux conséquences : le
refus de la partition Au fait, nous n'avons trouvé le datif exprimé par la préposition à avec le mot interdiction que dans des nominalisations dérivées de constructions à verbe support. Ces expressions s'emploient surtout dans le langage juridique. Il s'agit d'expressions avec la nominalisation + le participe passé de faire (voir plus bas). (121) Ainsi
Xinterdiction faite à certains administrateurs des biens
d'autrui Ainsi, avec le nom interdiction, il y a deux types de syntagmes nominaux, une nominalisation directe interdire qc. à q. qui devient interdiction pour q. de faire qc. et une nominalisation indirecte dérivée d'une construction à verbe support faire interdiction à q. défaire qc. qui donne : interdiction faite à q. de.... Side 78
2.7 Schéma récapitulatif.3. Nominalisation indirecteOn peut distinguer deux types de nominalisations indirectes : des nominalisations avec le participe passé d'un verbe support et les nominalisations avec le participe passé du verbe faire, employé lui aussi comme verbe support. Dans le but de montrer la pertinence de la distinction que nous avons établie entre nominalisations directes et nominalisations indirectes et son importance pour l'emploi des prépositions, nous allons étudier quelques cas de nominalisations indirectes particulièrement intéressantes. Beaucoup de constructions à verbe support correspondent à un verbe transitif. Citons, à titre d'exemple, les verbes et constructions suivantes : Les verbes simples ne donnent pas toujours de nominalisation nucléaire. C'est le cas par exemple des noms aide et soutien. Ces deux noms sont à considérer comme des nominalisations objectives (donc statiques) puisqu'ils n'acceptent pas de génitif objectif.8 Side 79
Le syntagme nominal L'aide du malade, par exemple, ne peut jamais prendre le sens de : Quelqu'un aide le malade. La situation semble être la même avec le nom soutien : le soutien du malade ne peut pas être compris comme Quelqu 'un soutient le malade. Les nominalisations des noms aide et soutien sont toujours des nominalisations indirectes, dérivées d'une construction à verbe support. ( 122) Le
gouvernement japonais admet sa responsabilité dans la
lenteur de Y aide (123) L'aide européenne aux Palestiniens, elle, est la plus substantielle promise à ces derniers par la communauté internationale depuis la Déclaration de principes, signée entre I'OLP et Israël, le 13 septembre 1993, à Washington... (Le Monde 11-01-95) ( 124)
L'archevêque de Cantorbéry va ainsi apporter son soutien
aux centaines de (125) Le ministre belge des affaires étrangères, Willy Claes, a reçu, lundi 3 janvier, une délégation de manifestants kurdes, partis le 23 décembre de Bonn pour une «marche de soutien à la lutte du peuple kurde» (Le Monde 05-01-94) Dans certains
cas, le verbe simple et la construction à verbe support
contrôlent Les deux
constructions bénéficier de et tirer bénéfice de
permettent des (126) Le débiteur
ne peut plus réclamer le bénéfice du terme lorsque par
son fait (127) II peut
opposer le bénéfice de la discussion aux créanciers de
son vendeur. (128) L'idée d'un
bénéfice national tiré de l'appartenance à l'Union est
aussi en La situation n'est pas la même avec le nom profit qui ne s'emploie apparemment qu'avec le participe passé quand il faut transposer également l'Aneu. Le nom s'emploie surtout dans des expressions toutes faites telles que : au profit de. Side 80
( 129) Chaque région, chaque ville, souhaite en effet honorer par un timbre «so homme célèbre ou «son site touristique». Derrière la plupart de ces i quêtes, appuyées par les notables locaux, se profilent les clubs philatéliqt qui espèrent en retirer la consacration... et renflouer leurs caisses grâce profit tiré de la vente de souvenirs. (Le Monde 08-06-94) (130) Le contrat
de mariage doit déterminer les biens sur lesquels
portera Souvent, pourtant, le verbe simple et la construction à verbe support ne? gent pas les mêmes actants. Tel est le cas du verbe résoudre et de la constru tion à verbe support apporter une solution à qc. Le nom solution entre p conséquent dans deux structures : a) un syntagme
dérivé du verbe simple la solution de qc. (O) : ( 130) En revanche, une nouvelle offre sera ouverte quand la justice aura rendu décision sur le fond «afin de permettre aux actionnaires minoritaii d'exercer leur choix en connaissance de la solution du litige». (Le Mon 06-01-94) (131) Plateforme
pour une solution politique et pacifique de la crise
algérienr b) un syntagme
dérivé d'une construction à verbe support :la solution
à<; (132) ...les
premiers ministres, John Major et Albert Reynolds ont
signé i La dernière
nominalisation (structure b) est souvent employée dans d
(133) ...et ceux,
majoritaires, qui estiment qu'il n'y a pas de solution
politique < ( 134) La lutte
armée n'est pas la solution aux graves injustices
sociales vécues p (135) Le
président Pascal Lissouba a préconisé la formation d'un
gouverneme: Ce qui
différencie les deux nominalisations, c'est la nature
des actan a) solution est
une nominalisation nucléaire qui permet un objet et,
s'il e Side 81
b) solution est
une nominalisation objective qui permet un adjet^,.9
S'il faut Comment savoir laquelle dès deux nominalisations il faut employer? Peut-on les utiliser indifféremment? Il nous semble que ce n'est pas le cas, sans que nous soyons en mesure de bien préciser notre conception pour le moment. Le choix semble dépendre étroitement du contexte, notamment du verbe de la proposition dans laquelle se trouve la nominalisation. ( 136) Dans ses premières déclarations publiques sur ces événements, le président Carlos Salinas de Cortari a estimé que la violence retardait «la solution des problèmes sociaux» du Chiapas et que les différends devaient «être résolus dans le cadre de la loi» et «d'un dialogue pacifique». (Le Monde 05-01-94) = les problèmes sociaux ne seraient pas résolus assez vite à cause de la violence. (136a) ? Dans ses premières déclarations publiques sur ces événements, le président Carlos Salinas de Cortari a estimé que la violence retardait «la solution aux problèmes sociaux» du Chiapas et que les différends devaient «être résolus dans le cadre de la loi» et «d'un dialogue pacifique». = que la violence retardait l'apport d'une solution aux problèmes sociaux? (137) Battant la
campagne sous la bannière de l'aménagement du territoire
et ( 137a) ? Battant
la campagne sous la bannière de l'aménagement du
territoire Les nominalisations indirectes avec le participe passé de faire sont particulièrement fréquentes dans le langage juridique. Dans ces constructions, on trouve soit des nominalisations nucléaires soit des nominalisations objectives. a. nominalisations
nucléaires dans lesquelles l'O est également exprimé :
Side 82
( 138) Le séquestre conventionnel est le dépôt fait par une ou plusieurs personnes, d'une chose contentieuse, entre les mains d'un tiers qui s'oblige de la rendre après la contestation terminée, à la personne qui sera jugée devoir l'obtenir. (CC 1956) (139) Le
cessionnaire n'est saisi à l'égard des tiers que par la
signification du (140)
L'acceptation du transport faite par le débiteur dans un
acte Offre (141) La simple
indication faite, par le débiteur, d'une personne qui
doit payer à Il en est de même
de la simple indication faite, par le créancier, d'une
personne b.
nominalisations objectives : (142) Toute
donation faite en faveur du mariage sera caduque si le
mariage ne (143) Toute
signification faite au majeur en curatelle doit l'être
aussi à son curateur, Dans le langage
juridique surtout, on voit un grand nombre de
collocations (144) Ainsi Y
interdiction faite à certains administrateurs des biens
d'autrui (145) La France
constate «avec regret l'interdiction faite à certains
journaux d'être (146) ...ce texte se contente de refuser tout effet à la clause, souvent insérée dans les contrats, par laquelle le mineur affirme qu'il est capable. C'est l'article 1310 qui limite aux cas de faute dolosive ou lourde Y interdiction faite au mineur de plaider la nullité, (frajur 5.059 5 :5) (147) ...l'avocat de la partie civile brossa un portrait sur mesure de René Bosquet. Un portrait en pied où l'on découvrit un grand administrateur prompt à «dissoudre la police antijuive dès son arrivée» à Vichy, exempt de toute implication dans Y obligation faite au juifs de porter une étoile au revers de leurs vêtements, opposé aux tribunaux d'exception. (Le Monde 15-11-95) Side 83
Une partie de ces
collocations existe seulement sous forme de syntagme
(148) M. Amaoui a jugé que l'annonce faite par le pouvoir de rouvrir le dialogue social, le 15 mars prochain, était un «leurre» et «qu'il n'était jamais rien sorti des commissions de travail mises sur pied par le gouvernement». (Le Monde 24-02-94) (149) Prudents, presque empruntés, ils ont spontanément adopté la recommandation faite par Philippe Douste-Blazy, ministre délégué à la santé de «légiférer les mains tremblantes» [sur le dossier de l'éthique biomédicale]. {LeMonde 15-01-94) 4. ConclusionLes actants fondamentaux du verbe (Sj et O), ont un comportement identique dans le syntagme nominal. Nous voulons dire par là qu'ils régissent la même préposition. Comme pour les verbes, la distinction entre S¡ et S, s'avère d'une importance cruciale pour la nominalisation nucléaire, puisqu'elle permet de mieux rendre compte de l'emploi des prépositions. L'interdit qui pèse sur la suite de deux syntagmes en de ne frappe pas uniquement la structure [S, et O], mais également les structures suivantes : [Sj et Aneu] - [St, Oet A^J. Par contre, les séquences qui contiennent àla fois un S¡ et un Aloc sont jamais touchées par cet interdit. Dans le dernier cas, la préposition de a gardé son sens plein, autrement dit son sens locatif. Nous avons choisi de décrire l'emploi des prépositions à partir de la fonction grammaticale du syntagme prépositionnel. L'idéal serait évidemment de décrire le schéma valentiel de chaque nom, donnant en même temps toutes les informations nécessaires sur l'emploi des actants et des circonstants et sur l'emploi des prépositions, mais une telle description dépasserait le cadre d'un simple article. L'interprétation des syntagmes prépositionnels en de a déjà fait couler beaucoup d'encre. Nous espérons avoir réussi à démontrer que dans les nominalisations nucléaires, le syntagme en de est toujours un génitif objectif et que le S, s'exprime toujours à l'aide de la préposition par. Nous avons vu qu'il y a lieu de distinguer deux types de nominalisations pour pouvoir rendre compte de l'emploi des prépositions. Quand a-t-on affaire à une nominalisation directe dont les actants peuvent se comparer aux actants que l'on trouve auprès du verbe simple? Quand s'agit-il d'une nominalisation indirecte, dérivée d'une construction à verbe support? C'est un problème que nous avons essayé d'illustrer en commentant le schéma valentiel de certains noms {aide, soutien, solution, interdiction). Autant de difficultés à surmonter pour un apprenant de la langue française, notamment des langues de spécialité. Side 84
Parfois, on est en présence de trous syntactico-sémantiques, c'est-à-dire que la nominalisation d'un verbe ne donne pas de nominalisation nucléaire. C'est le cas des verbes aider et soutenir, par exemple. Parfois, on trouve, au contraire, tant une nominalisation nucléaire directe que la nominalisation indirecte, c'est le cas du nom solution, par exemple. Dans le syntagme nominal dont il a surtout été question dans cet article (la nominalisation nucléaire), l'emploi du participe (passé ou présent) pose également problème. Quand faut-il employer un participe? Pour ouvrir des places que l'on ne trouverait pas sans ça, la place du datif ou du S, par exemple? Pour introduire des circonstants dans le syntagme? Ou tout simplement pour des raisons sémantiques ou textuelles? Toutes ces questions resteront sans réponses pour le moment. L'ordre des actants et des circonstants dans le syntagme nominal est un terrain qui reste encore à défricher. Pour finir, nous voudrions attirer l'attention sur une sorte de nominalisation dont nous n'avons pas tenu compte dans notre article, c'est la nominalisation qui se fait à l'aide de l'expression le fait de {le fait d'avoir trouvé..) ou le fait que (le fait qu'il a trouvé...). Cette pseudo-nominalisation permet au locuteur d'exprimer tous les actants (pratiquement) puisque le verbe reste intact sous forme d'un infinitif ou bien, dans la complétive, employé dans une forme finie. Dans les langues de spécialité, cette nominalisation n'est pas très courante, elle appartient surtout au style journalistique. Il serait intéressant d'étudier la distribution des différentes sortes de nominalisations dans les différents types de textes. Lilian Stage
Ecole des Hautes
Etudes Commerciales de Copenhague Notes 1. Une pluie de remerciements à Hanne Korzen pour ses commentaires, conseils et encouragements. 2. VoirTesnière L. (1959), Herslund et Sorensen (1985 et 1987), Lilian Stage (1986 et 1994), Irène Baron (1992 et 1994). 3. Voir Herslund et Sorensen (1985 et 1987,) Lilian Stage (1986 et 1994) et Irène Baron (1992 et 1994). 4. Il est également possible d'exprimer les relations actantielles à l'aide d'un adjectif relationnel {le voyage présidentiel) ou à l'aide de l'article possessif {sa restitution à la Syrie). 5. Dernièrement dans Grammaire méthodique du français, p. 188 : «D'où l'ambiguïté des constructions comme l'amour de Dieu dont le complément du nom peut être interprété comme le sujet actif ou passif du verbe nominalisé (Dieu aime N/No aime Dieu)». Side 85
6. Pour plus de détails voir Spang-Hanssen (1963), p. 36. 7. Dans un premier travail sur les syntagmes nominaux, nous avions adopté le point de vue opposé, incluant tous les génitifs possessifs dans le groupe des génitifs subjectifs. Mais cette idée s'est avérée infructueuse. Il faudrait restreindre la définition du génitif subjectif de sorte qu'elle n'inclue que le sujet logique du nom déverbal qui dénote une activité verbale. 8. La même restriction frappe les deux noms équivalents en danois. 9. En danois, on a deux possibilités également avec les mêmes noms : lese et problem I bsningen afetproblem et bringe en bsningpâ en konfliktllasningen pâ en konflikt. Side 86
RésuméLe syntagme nominal dont le noyau est une nominalisation nucléaire n'admet pas d'actants sous forme d'autres syntagmes nominaux. Pour transposer les actants du verbe dans le syntagme nominal, la langue a recours au syntagme prépositionnel. Dans cet article la discussion portera sur l'emploi des prépositions et sur l'interprétation du syntagme prépositionnel introduit par de, la préposition la plus «vide» de sens, autrement dit la préposition la plus «ambiguë» de toutes. BibliographieBaron I. (1992):
Les syntagmes nominaux complexes dans les textes
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Language Tesnière L.
(1959): Eléments de syntaxe structurale. Klincksieck,
Paris. Textes cités
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Paris. Dyrberg G. et J.
Tournay (1991): Fransk juridisk tekstkorpus - aftaleret.
Ark 60, Ecole Guide
pratique de la justice. Ministère de la justice,
Gallimard, 1984. Pennac, D.
(1992): Comme un roman. Gallimard, Paris. b.
Périodiques Les Echos
L'Evénement
du jeudi Le Nouvel
Observateur Problèmes
politiques et sociaux
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