Revue Romane, Bind 29 (1994) 1En dans son interprétation partitive: problèmes de délimitation syntaxique*par Véronique Lagae 0. Lorsque en reçoit une interprétation partitive, dans des cas comme j'en ai lu deux, de ces livres, il est généralement considéré comme un en «de postlexicalisation» ,1 identique à celui qui apparaît dans j'en ai lu la préface, de ces livres. Milner (1978), notamment, a proposé une analyse dans ce sens. Après un aperçu des principaux emplois de en (1.), nous présentons (2.) et discutons (3.) un à un les arguments de Milner (1978) en les confrontant avec des exemples réels. A partir des propriétés syntaxiques que nous pouvons attribuer au en à interprétation partitive, nous proposons de l'analyser comme un en quantitatif, c'est-à-dire celui que l'on trouve dans j'en ai lu deux, de livres (4.). 1. Les différents types de enPour mieux situer le problème, nous présentons un classement sommaire des emplois de en en quatre types, fondé sur les possibilités de lexicalisation et la distribution de en.2 Dans le premier type, il appartient à la rection verbale et peut être lexicalisé à l'aide de de ça, de lui, de là ou de + infinitif. Les exemples (le, g) montrent qu'il est compatible avec les pronoms objets le/la/les, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il appartient à un des deux types suivants. (1) a. leur
comportement euh ils nous en parlent pas hein c'est
uniquement euh les Side 4
d. afin de ne pas
faire de lui un martyr Un second emploi où en est régi par le verbe est le en que nous appellerons quantitatif. Il est généralement objet direct (2a, b), mais il peut aussi se trouver auprès de // impersonnel (2c) et il est souvent accompagné d'un quantifieur postverbal (2b, c): (2) a. merci
monsieur des blondes oui \'en prends mais des Gauloises
non je fume Le en dit «de
postlexicalisation» ne dépend pas directement du verbe,
mais (3) a. oui alors
il y a une disposition (..) Jean vous en connaissez
mieux les détails Le choix du terme de en postlexical s'explique par le fait que le groupe nominal dont dépend en doit nécessairement être lexicalisé. En effet, lorsqu'il apparaît sous la forme d'un clitique, l'utilisation de en postlexical est exclue: (3) c. *vous les
en connaissez mieux que moi Les clitiques les et il doivent d'abord être lexicalisés sous la forme d'un groupe nominal du type NI de N2 avant que en postlexical puisse pronominaliser N2. On observe un fonctionnement analogue lorsque en accompagne un adjectif attribut: Side 5
(3) e. en France
c'est hélas ce sont les deux dernières traductions et
j'en suis j'en Finalement, on
trouve beaucoup de cas où en n'est en aucune façon
lexicalisabl (4) a. cette chose
c'est qu'au bout de huit jours les élèves sont venus en
délégation 2. Le cas du en partitif : l'analyse de Milner (1978)Les cas qui nous intéressent ici sont ceux où en reçoit une interprétation partitive, car il est à première vue difficile de les classer dans un des quatre types. Nous désignerons ce en par le terme de «en partitif». En voici quelques (5) a. il y en a
beaucoup de mes compatriotes qui vivent dans des
conditions L'interprétation
partitive est liée à la présence d'un associé7 de forme
de (5) c. il y a
beaucoup de mes compatriotes qui vivent dans des
conditions désastreuses A cette série d'exemples s'en oppose une autre, qui reçoit une interprétation quantitative. On obtient cette interprétation lorsque l'on remplace l'associé de mes/ces N en (sa, b) par de N. Les formes lexicales sont de forme Quantifieur (de) N et non pas de forme Quantifieur de mes/ces N: (6) a. il y en a
beaucoup, de compatriotes, qui vivent dans des
conditions désastreuses Side 6
Dans (6a, b) nous avons affaire à deux cas typiques de en quantitatif. La question qui se pose est de savoir comment classer le en partitif de (sa, b). La position de Milner (1978: 62-85)8 est qu'il s'agit de en postlexical et, par conséquent, que de est une véritable préposition dans les formes lexicalisées (sc, d). On aurait donc une structure où de introduit un groupe nominal et dépend à son tour d'un autre groupe nominal dont le nom tête aurait été effacé par identité. Ainsi un seul de ces noms dans (sd) proviendrait-il de un seul nom de ces noms après effacement de nom. Par contre, les formes quantitatives ne comporteraient qu'un seul groupe nominal. Milner appuie son hypothèse sur quatre arguments. En premier lieu, l'auteur constate que la plupart, contrairement aux autres quantifieurs comme beaucoup, ne connaît pas d'emploi quantitatif (7b). Il peut néanmoins apparaître avec en (7c). Ce en ne peut donc pas être en quantitatif. (7) a. j'ai vu la
plupart des films de Greenaway Ensuite, en
quantitatif ne peut reprendre qu'un indéfini (Ba, b),
alors que en (8) a. des livres,
j'en ai lu deux Comme il est
impossible pour la plupart de reprendre un indéfini, en
est (8) d. *des
livres, j'en ai lu la plupart9 Le troisième argument est que contrairement à en postlexical, en quantitatif ne peut pas apparaître avec un élément postverbal défini (9b). Or, la plupart est formellement un défini. Le en qui l'accompagne en (9c) ne peut donc pas être quantitatif: (9) a. j'en ai lu
deux Enfin, contrairement à en quantitatif, en postlexical peut se rapporter à un sujet préverbal. Les exemples sous (10b) qui reçoivent l'interprétation partitive seraient plus acceptables que (10a), ce qui indiquerait que en est postlexical dans (10b): ( 10) a. *des
pommes, beaucoup/deux en sont gâtées Side 7
3. Examen critique des arguments de Milner (1978)Le premier argument de Milner (1978) est basé sur le cas de la plupart, auquel nous pouvons ajouter les fractions (la moitié, un tiers, etc.), qui ne permettent pas non plus l'emploi quantitatif.10 Tous ces éléments expriment une portion et on ne peut prélever une portion que d'un ensemble précis, déterminé. Or, dans une forme quantitative comme beaucoup de N, on considère un sous-ensemble d'un ensemble indéterminé, ce qui expliquerait que cet emploi quantitatif est exclu avec la plupart et les fractions. Nous verrons en outre que la plupart des N et les fractions n'ont pas les mêmes propriétés que les partitifs en général. Par ailleurs, il existe d'autres cas où seules les formes partitives sont possibles et où en est quand même exclu: (11) a. au musée,
j'ai vu quatre peintures de celles qui avaient été
volées11 II n'y a
apparemment aucune raison pour laquelle en postlexical
ne pourrait (11) c. au musée,
j'ai vu quatre peintures de celles qui poussent en
Amazonie Si les exemples (7) avec la plupart montrent que en partitif n'apparaît pas toujours dans les mêmes conditions que en quantitatif, les exemples (11) indiquent qu'il n'apparaît pas toujours non plus dans les mêmes conditions que en postlexical. Il convient donc d'examiner de quel type de en il se rapproche le plus. Le deuxième argument - en quantitatif reprend toujours un indéfini et avec la plupart, en reprend un défini - pose deux problèmes. D'une part, il ne diffère guère du premier argument. En effet, il vaut uniquement pour la plupart, puisque avec les autres quantifieurs les formes définies et indéfinies sont toutes deux possibles, en général avec une interprétation différente: (12) a. des
livres, j'en ai lu deux/beaucoup (interprétation
quantitative) Nous avons vu ci-dessus que, lorsqu'il s'accompagne de la plupart, en ne peut recevoir que l'interprétation partitive. L'inacceptabilité de (8d) où en reprend un indéfini est donc une conséquence directe de l'exclusion de l'interprétation quantitative avec la plupart. D'autre part, en quantitatif peut parfaitement reprendre un défini, sans que cela ne provoque nécessairement une interprétation partitive: ( 13) a. le
chlorure de sodium ûyena dans de très nombreux milieux
Side 8
b. Les grandes
causes, il n'en connaît que de trois sortes : la prison
spirituelle Le troisième argument se base sur le fait que la plupart est formellement un défini. On constate pourtant que l'article défini dans la plupart est complètement figé. Il ne peut être remplacé par aucun autre prédéterminant : *les pluparts, *cette plupart, *une plupart et aucune insertion n'est possible entre la et plupart (*la grande plupart). De plus, la plupart semble constituer plutôt une exception parmi les éléments «formellement définis». Il est en effet le seul, avec les fractions comme la moitié, le tiers, le quart (où l'article défini peut d'ailleurs alterner avec l'indéfini), à permettre en. Avec les autres formes définies, cela est exclu: ( 14) a. j'ai
interrogé le plus intelligent de mes étudiants Le dernier argument de Milner concerne la possibilité d'avoir en auprès d'un quantifieur préverbal dans le cas d'une lecture partitive, comme le montrent les exemples sous (10). Il ne nous semble pas que (10b) soit nettement meilleur que (10a). Même dans un contexte où l'utilisation de en postlexical est tout à fait naturelle, il est quasiment impossible d'introduire un quantifieur accompagné de en en position de sujet préverbal sans que la phrase ne devienne très problématique. Le fait d'avoir une interprétation partitive ou quantitative ne paraît pas influencer l'acceptabilité de façon déterminante. Ainsi, si (15b) où en est postlexical est parfaitement acceptable, la forme à interprétation partitive (15d) n'est pas moins problématique que celle à interprétation quantitative (15f): (15) a. plusieurs
exemples de ces phénomènes ont été mentionnés dans ce
livre En outre, (15d) ne
devient pas plus naturel lorsque le quantifieur est la
Side 9
(15) g. *la
plupart en ont été mentionnés dans ce livre, de ces
phénomènes Ce dernier
argument semble donc au contraire indiquer qu'on a
affaire à en Remarquons finalement que les trois premiers arguments concernent uniquement la plupart, ou éventuellement les fractions. Seul le quatrième est applicable à d'autres quantifieurs. Il n'est pas évident que l'on puisse baser sur ces quelques formes des arguments qui concernent l'ensemble des partitifs. En effet, la plupart des N et les fractions ne partagent pas toutes les propriétés des partitifs en général. La différence la plus importante est la suivante : Milner (1978: 71) lui-même a fait remarquer que l'extraction d'un groupe prépositionnel dépendant d'un partitif est impossible, alors que cela ne pose pas de problèmes pour les structures quantitatives.12 De même, l'emploi de dont est exclu avec les partitifs: (16) a. j'ai lu
deux livres/beaucoup/une dizaine de livres de Zola
Ces contraintes sont identiques à celles qui pèsent sur les groupes prépositionnels dépendant d'un autre groupe prépositionnel. Elles constituent d'ailleurs pour Milner un argument pour l'analyse du second élément du partitif comme un groupe prépositionnel. (16) c. je me suis
servie d'un livre de Zola Or, il apparaît
que la plupart des N partage sur ce point les
caractéristiques (16) d. j'ai lu la
plupart des livres de Zola Par ailleurs, il
existe une autre forme la plupart de ces/mes N qui se
comporte ( 16) e. j'ai lu
la plupart de tes livres de Zola La plupart des
N ne peut donc pas être assimilé sans plus aux formes
partitives. Side 10
4. Pour une analyse de en partitif comme un en quantitatifComme l'analyse de en partitif comme un en postlexical ne s'est pas révélée très convaincante, nous tenterons de montrer que en partitif doit être rapproché plutôt de en quantitatif. Cette idée se voit confirmée lorsque l'on examine d'autres propriétés qui opposent en quantitatif et en postlexical. Il s'agit des deux propriétés suivantes. D'une part, en postlexical ne réfère qu'exceptionnellement à des noms humains et il a dans ce cas un effet désindividualisant qui se remarque très bien quand on compare (17a) et (17b).15 (17) a. donc
châtier les Français en faire des satires c'est prouver
que l'on a de Dans (17a),
l'utilisation de en postlexical référant à un nom humain
les Français ( 17) c. les
Français, ça rouspète tout le temps Comme le pronom tonique eux réfère normalement à un nom humain, il n'y a pas de conflit entre le choix du pronom et le réfèrent dans (17b). On a alors l'interprétation individualisante. Par contre, en quantitatif s'emploie indifféremment avec un réfèrent humain ou non humain sans que l'on n'ait d'effet de sens particulier: (17) e. Rn 1980, à
Anvers, il a lancé une grenade sur un groupe d'enfants
juifs qui D'autre part, en
postlexical peut être remplacé sans problème par une
proforme (18) a. elle en a
lu deux extraits, de ces livres Dans le cas de en quantitatif, cette possibilité dépend du type de quantification .17 Les déterminants quantifieurs, comme un, deux, certains, plusieurs ou beaucoup, ne permettent pas la substitution: la présence de en est indispensable. Side 11
(18) c. elle en a
acheté deux, de livres Par contre, la
proforme et en postlexical sont incompatibles: (18) f. *elle en a
lu deux extraits de quoi? /de ça/de ceux-là/de chaque
Lorsque nous comparons ces propriétés avec le comportement de en partitif, nous ne remarquons pas d'effet désindividualisant dans les exemples suivants où en a un réfèrent humain. Ceci les rapproche donc de en quantitatif. La même chose vaut pour les exemples (21b, c) ci-dessous. Ce type d'exemples est d'ailleurs assez fréquent puisqu'il constitue 54, 5% des formes de notre corpus avec en partitif, contre 1, 9% pour en postlexical et 16, 6% pour en quantitatif. ( 19) a. et il y
en a quand même peu de ces gens En outre, en
partitif ne peut pas être remplacé par la série de
proformes (20) a. elle en a
acheté deux, de ces livres Les exemples
suivants illustrent également cette propriété. Ils
contiennent un (21) a. Robinson
ne m'avait laissé derrière lui que du «Cassoulet à la
Bordelaise». Comparez avec:
(21) c. il y en a
beaucoup de mes compatriotes qui vivent dans des
conditions Side 12
Dans (21b),
beaucoup est suivi d'une proforme, alors que dans (21c)
on a une Ajoutons
finalement qu'il existe des formes partitives qui ne
permettent (22) a. elle a
essayé chacune de mes robes Or, il s'agit
précisément de structures où en quantitatif est exclu.
(23) a. *elle en a
essayé chacune, de robe 5. Conclusion et prolongementsTous ces éléments viennent confirmer l'idée que dans une forme comme elle en a acheté deux, qui permet deux lectures, une quantitative (elle en a acheté deux, de robes) et une partitive (elle en a acheté deux, de ces robes), on a toujours affaire à en quantitatif et que la lecture partitive est fonction du contexte. En effet, les seuls cas univoques sont ceux où un associé à gauche ou à droite détermine l'interprétation. Hulk (1982, 1983) ainsi que Godard (1988) défendent une position analogue à la nôtre pour des raisons différentes, puisqu'elles sont spécifiques au cadre théorique dans lequel se situe chacune des deux analyses. Ces deux auteurs estiment que la tête d'un groupe nominal partitif comme deux de ces robes est vide, ce qui empêche la cliticisation du groupe prépositionnel en en postlexical.19 Pour Godard, cela implique qu'avec les noms de nombre et de mesure comme une dizaine et trois kilos, en postlexical est possible. D'après cet auteur ces éléments permettent, à côté d'une analyse comme déterminant, également une analyse comme groupe nominal. Dans ce second cas, la structurene contient donc pas de catégorie vide qui bloquerait l'apparition de en postlexical. Nous n'avons toutefois pas remarqué de différences de comportementselon que en dans une interprétation partitive est accompagné d'un nom de nombre ou de mesure, ou d'un autre quantifieur. Ainsi nous avons vu sous (15) que en quantitatif ne peut pas apparaître avec un quantifieur en position de sujet préverbal. S'il était possible d'avoir en postlexical avec les Side 13
noms de nombre
ou de mesure, les exemples (24c, d) devraient être
meilleurs (24) a. *trois en sont ratés, de ces tableaux b. *beaucoup en ont été jetés, de ces abricots c. *une dizaine en sont ratés, de ces tableaux d. *trois kilos en ont été jetés, de ces abricots Notre analyse de en partitif comme un en quantitatif plutôt que comme un en postlexical implique que de ces/mes N ne peut pas être un groupe prépositionnel ordinaire. Cela se confirme effectivement lorsqu'on compare la distribution de de ces/mes N (25) et celle des groupes prépositionnels (26). Ainsi, le premier peut apparaître seul, c'est-à-dire sans en, en position d'objet direct, alors que les groupes prépositionnels exigent la présence de en. De ces/mes N se trouve également en position sujet ou après une préposition, deux cas où les groupes prépositionnels sont normalement exclus.20 (25) a. j'ai vu de
ces appareils pour cuire le riz (26) a. il me dit
que les cafards il n'en a jamais vu de cette taille
Ces faits suscitent une nouvelle question que nous ne pouvons pas approfondir dans le cadre restreint de cet article, à savoir : quel est le statut de de ces livres si ce n'est pas un groupe prépositionnel ordinaire et, plus précisément, quel est le statut de de ? Nous ne ferons que suggérer ici une piste de recherche pour tenter de résoudre ce problème épineux.21 Il conviendrait à notre avis d'établir une typologie des divers emplois de de (préposition pleine, déterminant et sans doute plusieurs cas intermédiaires), ce qui devrait permettre ensuite de préciser dans quelle catégorie se situe le de des formes partitives. Ceci nous paraît être un sujet intéressant, quoique fort complexe, pour des recherches futures. Véronique
Lagae Université
catholique de Louvain Notes * Ce texte est basé sur une communication faite à la Réunion de travail Proton I-IL L'approche pronominale : du verbal au nominal, Leuven, 21-22 sept. 1992. Je remercie L. Melis et M. Goyens pour leurs commentaires. Side 14
1. Ce terme de l'approche pronominale correspond à ceux de en génitif ou en adnominal. Voir Blanche-Benveniste e.a. (1984: 76-78) et Blanche-Benveniste e.a. (1990:209). 2. Gaatone (1980) a montré quels problèmes pose un traitement unitaire des différents emplois de en. 3. La provenance des exemples tirés de corpus est notée de la façon suivante: AUV: Voix d'Auvergne - Tables rondes, corpus oral. ORL: Etude sociolinguistique sur Orléans, corpus oral. LS: Le Soir, journal du 13 avril 1990, corpus écrit. Abréviations diverses : Corpus du Groupe Aixois de Recherche en Syntaxe, corpus Les exemples oraux sont donnés sans ponctuation. 4. Ce type de en nommé généralement en génitif ou en adnominal a fait l'objet de nombreuses publications comme Ruwet (1972), Morin (1974), Couquaux (1981) ouPollock(1986). 5. Cette forme est acceptable, mais il s'agit alors d'une forme impersonnelle quineine correspond plus du tout à l'exemple d'origine. Elle correspond plutôt à : 'il a été donné des exemples'. 6. Pour un inventaire de ces cas, voir Pogacnik (1976). 7. Nous préférons le terme neutre d'associé à la construction verbale qui indique un élément non régi par le verbe, à celui d'élément disloqué, parce que le premier n'implique aucune idée de mouvement. 8. D'autres analyses comme celle de Haflc (1982) vont dans le même sens. 9. Les exemples (Bd, e), (9) et (10) sont repris à Milner (1978: 69-70). 10. Nous ne faisons que mentionner l'existence d'un emploi quantitatif particulier des fractions, où elles fonctionnent comme des unités de mesure {kilo, litre, etc.): pour la marinade, mettez dans une casserole deux tiers de bouillon et un tiers de vin rouge Cutilisation d'un nom de fraction n'indique pas ici que l'on divise le bouillon ou le vin blanc en tiers, mais bien que la quantité de vin rouge constitue un tiers du contenu total du récipient. Voir à ce sujet Lagae & Rouget (1992: 106). 11. Lexemple s'inspire d'un exemple de Milner (1978: 84). 12. En réalité, les choses sont plus complexes, car bien des groupes prépositionnels adnominaux ne peuvent jamais être extraits: quand vous avez des problèmes de langue française vous regardez le Larousse *c'estde langue française que vous avez des problèmes si lui il prend un bifteck de 200 francs moi j'en prends un de 200 francs 0RL:315-ZB-5. *c'est de 200 francs qu'il prend un bifteck Les compléments prépositionnels qui permettent l'extraction constituent plutôt une exception: je pense qu'il faut d'abord queje te donne quelques explications sur les bactéries HOPWOO: 1,4. c'est sur les bactéries qu'il faut queje te donne quelques explications des milieux riches (..) qui conviennent à des bactéries qui ont des exigences plus importantes pour leur nutrition HOPWOO: 30, 13. c'est pour leur nutrition que ces bactéries ont des exigences plus importantes II apparaît de ces quelques remarques que les groupes prépositionnels adnominaux ne forment pas un ensemble homogène (cf. également la note 14) et qu'il faut donc se garder de généraliser trop vite. Side 15
12. En réalité, les choses sont plus complexes, car bien des groupes prépositionnels adnominaux ne peuvent jamais être extraits: quand vous avez des problèmes de langue française vous regardez le Larousse *c'estde langue française que vous avez des problèmes si lui il prend un bifteck de 200 francs moi j'en prends un de 200 francs 0RL:315-ZB-5. *c'est de 200 francs qu'il prend un bifteck Les compléments prépositionnels qui permettent l'extraction constituent plutôt une exception: je pense qu'il faut d'abord queje te donne quelques explications sur les bactéries HOPWOO: 1,4. c'est sur les bactéries qu'il faut queje te donne quelques explications des milieux riches (..) qui conviennent à des bactéries qui ont des exigences plus importantes pour leur nutrition HOPWOO: 30, 13. c'est pour leur nutrition que ces bactéries ont des exigences plus importantes II apparaît de ces quelques remarques que les groupes prépositionnels adnominaux ne forment pas un ensemble homogène (cf. également la note 14) et qu'il faut donc se garder de généraliser trop vite. 13. Cela vaut également pour les fractions (une partie, la moitié, un tiers, ...). Les choses sont un peu moins claires, car quelques informateurs sont plutôt réticents à accepter des exemples comme: c'est de Zola que j'ai lu la moitié des livres c'est de Zola que j'ai lu un tiers des livres II est toutefois frappant qu'ils ne montrent aucune hésitation quand il s'agit de refuser les exemples sous (16b). 14. Il convient de remarquer que tous les groupes prépositionnels ne permettent pas l'extraction dans le cas de la plupart: *c'est sur Zola que j'ai lu la plupart des livres c'est sur Zola que j'ai lu deux livres/beaucoup/une dizaine de livres 15. Pour d'autres exemples de en de postlexicalisation référant à un nom humain, voir Pinchón (1972: 155). 16. A propos de l'effet de sens désindividualisant dans ces deux exemples, voir Blanche-Benveniste e. a. (1984: 47-50). 17. Voir à ce sujet Lagae & Rouget (1992). 18. Voir également les exemples (14). 19. La raison pour laquelle la catégorie vide bloque la cliticisation en en postlexical n'est pas la même chez les deux auteurs. D'après Hulk (1982: 111), en postlexical nécessite l'application d'une règle de réanalyse qui détache le GP du GN. Or, cette réanalyse est impossible lorsque la tête du GN est vide. En partitif ne peut donc pas être un en postlexical. Godard (1988: 179) part du principe qu'une catégorie vide n'est pas un gouverneur propre. Par conséquent, le GP vide qui subsiste après la cliticisation de de mes/ces N en en n'est pas proprement gouverné. En postlexical est donc exclu et le en qui se trouve avec les formes partitives doit être quantitatif. 20. Dans ces deux cas, de mes Ices N n'est acceptable qu'avec une lecture non spécifique : de ces livres doit nécessairement être interprété comme «des livres de ce genre» dans l'exemple (25b). 21. Le sujet a déjà été abordé de façon fragmentaire, notamment dans les articles de Wilmet (1974), Kupferman (1979) et plus récemment Battye (1991). Side 16
RésuméDans le présent article, l'hypothèse formulée entre autres par Milner (1978) que en dans son interprétation partitive (p. Ex. j'en ai lu deux, de ces livres) doit être analysé comme un en de postlexicalisation (p. Ex. j'en ai lu la préface, de ces livres) est soumise à un examen critique, basé sur des exemples réels. Il apparaît que les propriétés syntaxiques que l'on peut attribuer au en partitif le rapprochent au contraire du en quantitatif (p. ex. j'en ai lu deux, de livres). RéférencesBattye, Adrian,
1991: «Partitive and pseudo-partitive revisited:
Reflections on the Blanche-Benveniste, Claire, José
Deulofeu, Jean Stéfanini et Karel van den Eynde,
Blanche-Benveniste, Claire,
Mireille Bilger, Piet Mertens, Christine Rouget et Karel
Couquaux, Daniel,
1981: «Frenen prédication and linguistic theory» in R.
May et J. Gaatone, David,
1980: «La syntaxe de en et l'obsession de la solution
unitaire». Godard, Daniele,
1988: La syntaxe des relatives en français. Editions du
C.N.R.S, Haïk, Isabelle,
1982: «On clitic en in French». Journal of Linguistic
Research 2. p. Hulk, Aafke, 1982:
Het clitisch pronomen en. Een dwarsdoorsnede van de
Franse Hulk, Aafke, 1983:
«La syntaxe du pronom en dans la construction
quantitative». Kupferman, Lucien,
1979: «Larticle partitif existe-t-il?». Le Français
moderne 47. p. Lagae, Véronique
et Christine Rouget, 1992: «Quantification et
Partition». /. T. L., Milner,
Jean-Claude, 1978: De la syntaxe à l'interprétation.
Seuil, Paris. Morin, Jean-Yves,
1974: «En-avant, en-arrière». Papers frotn the tenth
régional meeting Pinchón,
Jacqueline, 1972: Les pronoms adverbiaux 'en' et y.
Droz, Genève. Pogacnik,
Vladimir, 1976: «Les unités sémantiques de Panaphorique
français en dans Pollock,
Jean-Yves, 1986: «Sur la syntaxe de en et le paramètre
du sujet nul» in M. Ruwet, Nicolas,
1972: «La syntaxe du pronom en et la transformation de
'montée du Wilmet, Marc,
1974: «Sur «de» inverseur». Travaux de Linguistique et
de Littérature |