Revue Romane, Bind 28 (1993) 2

Quelques remarques sur le groupe OL en français*

par

Chantal Lyche

Le groupe OL (obstruante-liquide) a une place privilégiée dans la phonologie du français. Les deux consonnes ne peuvent pas être séparées par une coupe syllabique et plusieurs règles phonologiques (chute de schwa, semi-vocalisation) voient leur application bloquée après ce groupe consonantique. Delattre avait d'ailleurs rendu compte de ce lien étroit qui unit les deux consonnes en invoquant leur différence de degré d'aperture. Il distingue 6 degrés d'aperture:1

degré 1: occlusives p t k b d g

degré 2: nasales m n

degré 3: fricatives f s J v z g

degré 4: liquides et mouillées 1 r ji

degré 5: semi-voyelles j w q

degré 6: voyelles

et observe la tendance suivante:

Dans la mesure où l'aperture du premier son d'une séquence est plus petite
que celle du second, la coupe syllabique tend à porter vers le début du
premier, et l'impression d'union augmente.

Remarquons que Delattre donne à [1] et [r] le même degré d'aperture et qu'il ne fait aucune différence entre les groupes Ol et Or. Delattre cite d'ailleurs une dizaine d'ouvrages qui traitent les groupes OL comme inséparables.2 D'un point de vue historique, le groupe OL du français moderne a plusieurs origines. On trouve en latin les groupes suivants: [pr] prehendere, [tr] tremor, [kr] creare, [br] brevis, [dr] draco, [gr] grandis , [îr]frigere, mais on ne trouve ni *[vr] ni *[sr] . Pour ce qui est de la liquide [1] , on trouve [pi] piacere, [kl]

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clams, [bl] blandus, [$] gloria, [ñ]flamine, mais pas *[tl], *[dl], *[vl], *[sl]. On sait aussi que le groupe OL provient soit d'un groupe latin correspondant, soit de la chute d'une voyelle inaccentuée: nimpere > rompre, tabula > table, soit de l'apparition d'une consonne homorganique: geneni > gendre, tremulare> trembler. Le développement des deux groupes depuis le latin n'est pas parallèle. Le groupe Or est stable, et même si l'obstruante peut être modifiée,la liquide ne disparaît pas,3 mais le groupe Ol évolue différemment dans les diverses langues romanes. Ce groupe entraîne bien des palatalisations, de très radicales en français:

lat. oculus , franc, œil. Il faut pourtant remarquer qu'à l'initiale de mot, le
français est plus conservateur puisqu'avec le roumain il garde le groupe 01,
alors que ce groupe est palatisé dans les autres langues romanes:4

ht.plenum, franc.plein, ital.pieno, esp. lleno, port, cheio

lat. davem, franc, clé, ital. chiave, esp. llave, port, chave

Nous nous proposons, à travers un ensemble de données, d'étudier si le
groupe OL constitue vraiment un groupe uniforme en français, ou s'il y a lieu
de différencier entre les deux liquides.

Nous considérerons l'ensemble des groupes consonantiques qui peuvent apparaître à l'intérieur de la syllabe. Nous prenons le mot lexical comme point de départ et non pas le mot phonologique puisque nous n'envisageons pas les groupes consonantiques qui peuvent faire surface à la suite d'une chute de schwa.

Nous partons donc de la structure suivante:5


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II existe en français peu de restrictions sur la forme de la syllabe et l'on trouve toutes les combinaisons possibles compte tenu du fait que le noyau (N) est toujours obligatoire et que l'attaque (A) et la coda (C) sont facultatives.

Ce qui nous donne:

AN

N

NC

ANC

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Nous étudierons les restrictions au niveau de l'attaque et de la coda afin de donner à notre gabarit syllabique une structure plus détaillée. Puisque nous sommes particulièrement intéressée par les groupes consonantiques, nous concentrerons nos efforts sur les syllabes possibles du groupe ANC. Les constituants A et C peuvent être simples ou brancher (2 ou 3 éléments), le constituant N peut être simple ou brancher (2 éléments dans le cas d'une vraie diphtongue6). De ce fait, nous avons 18 combinaisons possibles:


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II faut ajouter à cela la structure CVCCCC qui apparaît dans le seul mot
dextre.

Il n'existe pas dans le lexique d'exemples de syllabes avec la structure de 6, 12, 16, 17, 18. De ce fait, la première remarque qui s'impose est qu'une syllabe ne peut pas contenir plus de 6 éléments. Il faut noter aussi que la coda est plus facilement complexe que l'attaque (comparez 6 à 10).

Nous allons maintenant examiner toutes les combinaisons où au moins
deux consonnes apparaissent soit dans l'attaque soit dans la coda et étudier
les différentes restrictions.

1. Attaque branchante

1.1 CCVC truc et CCV trou.

Le groupe de l'attaque est le plus souvent constitué d'une suite obstruante +
liquide. On trouve tout de même à l'initiale de mot d'autres combinaisons
possibles, il s'agit surtout de la fricative [s] suivie d'une autre consonne.

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Liste des groupes possibles dans l'attaque de CCVC:


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Comme on pourrait s'y attendre une syllabe de type CCVC est plus marquée qu'une syllabe de type CCV où l'on peut rencontrer quelques groupes supplémentaires, par exemple: [pn, pt, ft, mn, d^J, mais aucun d'entre eux n'est vraiment productif.

Parmi tous ces groupes, les plus courants sont soit les groupes OL, soit les groupes [sp] et [st]. [1] et [r] ont à peu près la même distribution à l'intérieur du groupe OL à l'exception de l'absence bien connue des groupes *[dl, tl]. Les fricatives palates sont absentes de ces groupes: *[jr, gl], *[fr, Jl]. Nous éliminons aussi le groupe [fl] bien qu'il soit attesté car il n'apparaît que dans quelques mots empruntés à l'allemand: schlass... Pour ce qui est des autres fricatives, seule l'association avec [f] est productive, il n'existe que quelques exemples isolés avec [v]. On notera aussi l'absence de [sr] alors que [si] est attesté dans quelques mots: slave, slalom, slogan. Ainsi lorsque l'on parle du groupe OL, il s'agit en fait des occlusives suivies de [r], des occlusives non coronales suivies de [1] et de la fricative [f].

Les exemples avec OLV(C) sont nombreux et de ce fait il pourrait être intéressant d'étudier s'il y a des contraintes au niveau de la voyelle. Nous éliminons les groupes [vl, Jl, vr] qui sont marginaux mais nous considérerons tous les autres, soit:

[bl, kl, fl, gl, pl] et [pr, tr, kr, br, dr, gr, fr]

Toutes les voyelles du français peuvent se combiner avec tous les groupes obstruante + liquide à une exception7 près: on ne trouve pas de schwa (/s/) après un groupe 01. La distribution de schwa, on le sait, est soumise à un ensemble de restrictions: schwa n'apparaît pas comme premier élément d'une syllabe, schwa n'apparaît pas en syllabe fermée {étiquette vs étiqueter). Même si l'on peut arguer que schwa après le groupe Or est en fait restructuré,c'est à dire que la graphie e représente le phonème /W, il est intéressant de noter cette différence. Nous donnons ci-dessous tous les exemples de

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mots commençant par un groupe OL suivi d'un schwa ou des phonèmes /0,
œ/:

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Tous ces exemples montrent que l'on ne trouve aucun cas de suite obstruante
1 + schwa], alors qu'il n'est pas possible de différencier entre les
deux liquides pour ce qui est des autres voyelles.

Restriction 1

La syllabe [obstruante + 1 + schwa] ne se trouve qu'en finale de mot
en français.

Il faut remarquer toutefois que l'on trouve quelques mots comme amplement et Angleterre avec des syllabes [occlusive + 1 + schwa] à l'intérieur du mot. Mais dans tous les cas il s'agit en fait de dérivations: ample + ment, Angle + terre.

Par contre à l'initiale de mot, la suite [obstruante + schwa + 1] est
largement attestée qu'il s'agisse d'un vrai schwa ou d'un schwa restructuré
alors que l'on ne trouve aucun exemple de [obstruante + schwa + r].


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Laissons maintenant de côté les voyelles pour ne considérer que les consonnes de la syllabe du type CCVC. Si l'on examine les initiales de mots, on peut essayer de déterminer les combinaisons manquantes : pour chaque groupe initial, quelles sont les consonnes qui n'apparaissent pas dans la coda? Nous ne considérerons que les groupes obstruante + liquide car les autres groupes sont trop peu productifs. Pour les mêmes raisons, nous éliminerons les groupes [vl] et [vr].

Dans le tableau ci-dessous, CIC2 indiquent les groupes de l'attaque d'une syllabe initiale de mot alors que C représente la consonne de la coda de la même syllabe. L'absence d'une consonne particulière dans la coda est indiquée à l'intérieur du tableau.

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Combinaisons manquantes à l'initiale de mot #CIC2VC (#)


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La première ligne indique donc que l'on ne trouve pas en français de mot avec la structure #plVp#, #plVg#, #plVl#. La seule consonne qui apparaisse comme coda de tous les groupes de consonnes, est la consonne [k] {tracteur) . Les autres commentaires que nous puissions faire sont d'ordre négatif: il n'y a pas à première vue de relation entre le groupe de consonnes initiales de syllabe et la coda de la même syllabe. Les groupes qui présentent le moins de restrictions sont les suites [prVC] (prude, preuve) et [grVC] {grâce, grec ). Dans tous les autres groupes, il manque au moins une consonne de la même série (par exemple, une occlusive sourde si dans CIC2, Cl est une occlusive sourde).

D'après Juilland les consonnes les plus fréquentes en fin de mot sont dans un ordre décroissant: [r, t, 1, s, n, k, z, g, m, d, f, v, J, p, g, b]. Les résultats que nous avons ici s'opposent à ceux de Juilland pour [1, g]. Il faut rappeler que nous avons envisagé les syllabes initiales de mot c.-à-d. les monosyllabes ou les premières syllabes de polysyllabes (la minorité des cas). Nous devons donc maintenant considérer toutes les syllabes finales.

Nous considérons donc maintenant les syllabes finales de mot où CIC2
représentent le groupe d'attaque de cette syllabe et C la consonne de la coda.

Combinaisons manquantes à la finale d'un mot (#)CIC2VC#

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On n'observe pas de différence au niveau de la première ligne, car la dernière
syllabe d'un mot ne peut pas non plus être de la forme plVp#, plVg#,
plVl#.

Ce tableau nous permet tout de même de constater qu'à la finale absolue d'un mot il existe plus de possibilités de combinaisons qu'à l'initiale d'un mot. En effet nous voyons tout de suite que les combinaisons manquantes sont moins nombreuses puisque nous avons éliminé 4 consonnes:[t, z, 3, r]. A l'initiale de mots, les groupes suivants n'apparaissent pas: [klVt, drVt, trVz, drVz, prVr, drVr], et presque tous les groupes se terminant par [g]. Or, à la finale de mot on trouve les exemples suivants: raclette, poudrette, treize, diaprure, cadreur, timbrage etc. Nous constatons ici que la fréquence des consonnes donnée par Juilland se trouve confirmée. Un coup d'œil rapide à nos résultats montre bien que nous avons éliminé les consonnes les plus fréquentes (en fait les huit premières [r, t, 1, s, n, k, z, 3]), sauf le [I|, et un cas de [s].

En effet le [1] ne semble pas apparaître dans une syllabe dont l'attaque est le groupe 01. De ce fait, il semble donc que l'on puisse formuler au moins une restriction pour ce qui est de la syllabe CIC2VC (dans n'importe quelle position du mot):

Dans une syllabe CIC2VC, si C2 est la consonne [I], alors C ne peut pas
être [1]:

Restriction 2

*CIVI n'est pas une syllabe possible du français

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Notons par la même occasion qu'on ne trouve en finale de mot que très peu
d'exemples de syllabe du type [IVI]. Il s'agit seulement des quelques mots
suivants: xylol, libellule, cellule, pilule, ombellule.

Nous avons vu plus haut que le groupe obstruante + r était plus productif que le groupe obstruante + 1. Ceci est aussi confirmé par les résultats sur les codas. En effet les combinaisons manquantes avec OIVC sont beaucoup plus nombreuses qu'avec OrVC (25 vs. 20 à l'initiale de mot, 16 vs. 9 en finale).

Enfin, nous pouvons remarquer une autre restriction: les groupes [pi, fl,
dr, fr] ont un point commun, ils interdisent au moins la suite OLVC où la
consonne de la coda est identique à celle de l'attaque.

1.2. CCCVC scribe.

Ce type de syllabe est très peu productif: la première consonne de l'attaque doit obligatoirement être un [s] qui est toujours suivi du groupe OL où O est toujours une occlusive sourde. Si la liquide est [I], alors seule la suite [spl] est permise : splanchnologie, spleen. Si on étudie aussi la syllabe CCCV, on retrouve les mêmes suites: splendide, splendeur, mais on trouve aussi un exemple avec une autre structure, il s'agit de sclérose.

Si la liquide est [r] on peut alors trouver les suites: [skr, spr, str]. comme dans: scribe, scrute, sprat, sprint, strictement, strophe, structure. Comme ces exemples sont à peu près exhaustifs, on constate vite que ce type de syllabe est d'un intérêt restreint.

Il n'en reste pas moins que cette syllabe illustre à nouveau la fréquence
plus réduite du groupe 01.

1.3. CCWC druide et CCW proie

Cette structure syllabique est intéressante car il est bien connu qu'il existe en français une contrainte interdisant la suite *OLj,10 alors que l'on doit autoriser les séquences OLqi, OLwa. On peut donc s'attendre à ce que la restriction sur les suites OLW fasse de ce type de syllabe un cas marginal. On ne trouve en effet que peu d'exemples: skier, squale, squame, mais, et cela sans aucune raison apparente, aucun des autres groupes consonantiques normalement possibles à l'attaque n'est représenté: *stué, *stié, *spwé.n ...

Nous reprenons ci-dessous les groupes OL possibles à l'attaque (fleuve,
blanc, apprendre, frémir...) et nous marquons d'un *, les groupes consonantiques
que l'on ne trouve pas devant ui, oi.


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Les groupes consonantiques éliminés sont les groupes peu courants (vlan,
vrai), mais aussi *kl, un groupe tout à fait courant à l'attaque: éclore, cliver,
éclabousser...

Dans la liste ci-dessous, nous donnons tous les mots avec diphtongue
précédée d'un groupe OL.12


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II est intéressant de constater que les suites occlusive 4- liquide + semivoyellen'apparaissent que dans très peu de mots. Pourtant à la liste donnée ci-dessus, il faut ajouter un ensemble d'exemples1 * avec OLj, seules exceptionsà la contrainte donnée plus haut. Rappelons que la règle de synérèse en français s'applique lorsqu'un radical se termine par une voyelle haute et que

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le morphème de la désinence commence par une voyelle. Dans ce cas la
voyelle haute peut se transformer en semi-voyelle:

La règle ne s'applique pas après un groupe OI:


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II est ainsi possible d'expliquer des formes comme fruit, car dans ce cas la semi-voyelle appartient au même morphème que la voyelle suivante. On peut aussi invoquer le manque d'union morphologique pour expliquer que la prononciation avec diérèse soit préférée dans le cas de fluide, incongruité, altruisme. On observe cependant que dans les formes verbales de l'imparfait: sembliez, trembliez, racliez, étrangliez, ronfliez... une prononciation avec synérèse est possible chez certains locuteurs {sembliez [sâblje]). Cette prononciation n'est possible qu'après 01 car si le radical du verbe se termine par Or, la prononciation avec synérèse est toujours exclue: sombriez ([sobrije]), timbriez, émigriez, coffriez.

2. Coda branchante

La structure de la coda est essentiellement différente de celle de l'attaque. En effet un groupe consonantique à l'attaque ne peut pas être simplifié alors que c'est chose courante pour une coda. Cette simplification peut avoir lieu soit dans une dérivation morphologique soit au niveau de la chaîne parlée. Un psychiatre par exemple ne peut jamais être syllabifié Un psychiatre alors que frustre change de syllabification dans frus-tration et triste dans tris-tesse et tris-te amie. De ce fait il est possible de dire que le français comme l'anglais a une coda de base toujours simple et jamais branchée. La syllabation de base laisse donc les autres consonnes à l'extérieur de la syllabe et ce n'est qu'à la fin de la dérivation que le point d'ancrage sera déterminé: soit dans la syllabe qui précède comme dans le mot isolé, soit dans la syllabe suivante comme dans frus-tration, triste-amie. Mais à la surface, les données sont plus complexes.

2.1. CVCC force.

La coda d'une syllabe de ce type est très riche, et l'on ne trouve pas moins de
60 combinaisons possibles.

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La consonne finale peut être n'importe quelle consonne: une occlusive,
une fricative, une nasale, ou une liquide.

Le groupe de consonnes que l'on trouve en finale de mots peut être soit un groupe que l'on trouve à l'attaque d'une syllabe (groupe OL, ou un autre groupe), soit un groupe qu'il est impossible de trouver à l'attaque d'une syllabe (groupe LO ou autre). Si l'on prend en considération l'échelle de force des consonnes,17 on ne devrait pas trouver dans la coda d'une syllabe de groupes 01, car ce ne sont pas les consonnes avec la plus grande force qui se trouvent près du noyau: pantoufle [patufl]: [u] force 5, [f] force 2, [1] force 4, pourtant le groupe OL est le plus fréquent en position CIC2


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Le tableau ci-dessus reprend les combinaisons que l'on trouve à l'attaque et nous avons indiqué en italiques les groupes de consonnes présents à l'attaque mais pas à la finale de syllabe (pour ce faire, nous avons aussi vérifié les syllabes du type VCC). Le seul groupe que l'on trouve dans la coda, mais pas à l'attaque, est le groupe [tl], mais cela dans un seul mot: axototl (qui signifie 'larve' et qui est emprunté à l'espagnol du Mexique). On peut donc dire que l'on retrouve dans la coda les mêmes restrictions que dans l'attaque.

Les groupes de consonnes qui peuvent exister à l'attaque mais pas à la
finale ne sont pas des groupes courants {vlan, sbire, gnome). On remarquera
par contre l'absence de [sr] dans l'attaque et dans la coda d'une syllabe.

A ces groupes de consonnes viennent s'ajouter toute une série de
consonnes du type LO et même LC. Nous distinguerons deux cas: L = [1] et
L = [r]:

L = [1]:

Dans ce cas, la consonne finale peut être n'importe quelle obstruante à
l'exception de [z], et on ne trouve pas le groupe ClV[lb], mais seulement V
[lb] (Elbe).

La consonne finale peut aussi être la nasale [m] (calme, film), mais le
groupe [lr] n'est pas attesté.

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L = [r]:

II n'y a aucune restriction avec [r], et la consonne finale peut être une obstruante
ou n'importe quelle nasale ou même [I]. En d'autres termes:

Si une coda est branchée double, le premier élément peut toujours être [r].

On rencontre aussi quelques autres groupes comme [ks] (fixe) et [kt]
(infect) auxquels il faut ajouter d'autres groupes sans grand intérêt puisqu'ils
apparaissent seulement dans des mots étrangers comme naphte, rams, binse.

Il ne semble pas qu'il y ait de relation autre que fortuite entre la consonne
de l'attaque et le groupe consonantique de la coda.

Nous avons vu qu'une coda branchée ne peut apparaître en français qu'à
la finale absolue.18 Dans tous les autres cas il ya resyllabation ou insertion de
schwa:

- insertion de schwa après le groupe OL


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- resyllabation et insertion de schwa dans les autres cas (groupe LO et
autres)


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Au-delà du simple phénomène de distribution déjà mentionné (absence de [lr]), il est possible de constater encore une fois une différence de comportement entre les deux liquides. L'insertion de schwa semble beaucoup plus naturelle après un groupe IC alors qu'après un groupe rC l'insertion est moins commune dans le français familier. En effet si l'attaque suivant rC est une fricative, l'insertion n'a pas toujours lieu:19

Le calme total
Un calme fictif
Un calme bidon

Une arme totale
Une arm'fictive
Une arme bidon

Un solde total
Un solde fictif
Un solde bidon

Une garde totale
Une gard'fictive
Une garde bidon

2.2. CVCCC couvercle.

On trouve peu d'exemples avec ce type de syllabe et deux des consonnes sont généralement [s] ou [r] et une liquide. Dans cette suite de trois consonnes CIC2C3, on trouve surtout des groupes CIOL, et dans ce cas Cl peut être [s] ou [r].

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On trouve les groupes OL suivants: [pr, br, tr, dr, kr], [pi, kl]. - [tr] offre la
plus grande variété pour la consonne initiale:

[tr]: [rtr, ltr, str, ptr, Jtr, ktr] meurtre, filtre, sceptre, désastre fies formes en [str]
sont de loin les plus nombreuses), fichtre, spectre.

[pr, kl] peuvent tous deux être précédés de [r] ou de [s] (pourpre, muscle).
[br, dr] sont précédés de [r] (marbre, perdre), alors que [kr] est avec [pi] le
seul cas où Cl n'est pas [r]: sépulcre, asple (qui d'ailleurs est de la forme
VCCC).

Même si ces exemples sont peu nombreux, nous pouvons relever une
différence supplémentaire entre les deux liquides: dans une coda branchée
triple, [1] ne peut être le segment initial et le segment final:

Restriction 3.

*ICI n'est pas une coda possible du français

Enfin, on trouve quelques exemples isolés où C2C3 ne sont pas une suite
obstruante-liquide: il s'agit de [s] + occlusive, et dans ce cas Cl est une
liquide (sauf texte...)


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2.3. CWCC cuivre.

On ne trouve que peu d'exemples de ce type de syllabe, et comme nous l'avons fait pour 2.1., nous pouvons étudier le groupe de la coda en le comparant à celui que l'on trouve dans l'attaque de cette syllabe renversée c.-à-d. ccvc.

Parmi les groupes possibles, on rencontre d'autres combinaisons que dans
l'attaque de la syllabe du type CCVVC. Il s'agit de [st, tj, vr] : linguiste,
quetsche, mièvre.

Encore une fois, il faut distinguer entre les groupes OL et les autres:

groupe OL:


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autres groupes:


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Si l'on considère tous les exemples avec OL, en les comparant avec ceux de
l'attaque, l'on obtient les résultats suivants:


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On observe une diminution du nombre de groupes possibles, mais aussi
l'adjonction de [vr].

De même que dans 2. 1. on rencontre aussi des groupes LO et quelques
groupes se terminant par une nasale:


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2.4. CWCCC cuistre

piastre et cuistre sont les deux seuls mots appartenant à cette catégorie.

2.5. CCVCC brusque

Dans ce type de syllabe, le groupe consonantique de l'attaque comporte presque exclusivement la suite OL. Dans tous les autres cas, il s'agit de [s] suivi d'une obstruante (il existe un exemple de la suite [sm] smalt): obstacle, sparte, sperme.

Le groupe consonantique de la coda comporte soit un groupe d'attaque,
soit un autre groupe.

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Parmi les groupes d'attaque, on retrouve le groupe OL:


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Les autres groupes comprennent surtout la suite L():


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mais aussi quelques exemples avec une nasale en finale {cataplasme, diaphragtne,
sperme), ou une finale en .9 : éclipse.

On trouve enfin deux groupes d'obstruantes: [kt] tract, [ft| clephte.

Ces exemples nous permettent tout de même de préciser notre restriction 2, puisque nous venons de mettre en évidence l'absence de la structure syllabique C + l + V + C + 1. Il est bien entendu qu'une telle restriction est inexistante pour [r]: prêtre, traître.

Restriction 2':

*CIVI (C) n'est pas une syllabe possible du français

2.6. CCVCCC spectre.

Cette catégorie ne comprend que quelques mots: plectre, spectre, (il) frustre.

2.7. CCWCC cloître.

cloître et croître sont les deux seuls exemples de cette catégorie.

2.8. CCCVCC strict

Les quelques exemples que l'on trouve sont un calque de strict, c.-à-d. qu'ils
sont constitués d'un y suivi d'une suite OL: sprint, strix, strongle.

Ces trois dernières catégories foni au moins apparaître que dans lous ces mots la consonne [r] fait toujours partie des groupes consonantiques. Christensen 1966 dans son étude sur les groupes consonantiques dans la coda en français montre d'ailleurs que le [r] se combine plus largement que le [1] avec les autres consonnes. Les données que nous avons rapportées ici vont largement dans cette direction.

3. Conclusion

L'étude ci-dessus montre clairement que le groupe OL a une place privilégiéeen français. Mais ce groupe n'a pas l'uniformité que l'on lui attribue généralement, ce que l'on constate déjà au niveau de sa structure interne. O représente surtout une occlusive et exclusivement une occlusive sourde si la

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première consonne d'un groupe COL est [s]. A l'initiale de mot, sOL est d'ailleurs le seul groupe possible de trois consonnes alors que les finales de mots sont plus riches {texte, arbre, spectre) II est donc important que le schémaillustrant la syllabe de base du français rende compte de ces faits. Nous proposons pour le français un gabarit syllabique et un gabarit auxiliaire.

Nous illustrons tout d'abord le gabarit syllabique du français:20


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Dans ce gabarit, seule la voyelle du noyau est obligatoire. Nous présupposons un maximum de deux consonnes dans l'attaque et une seule consonne dans la coda. Nous savons en effet qu'une syllabe non-finale de mot ne peut contenir en français qu'une seule consonne et que les règles de syllabation s'appliquent à chaque niveau de la dérivation phonologique réduisant ainsi les groupes consonantiques susceptibles d'apparaître. Dans un mot comme dextre [dekstr], les trois consonnes qui suivent la consonne de la coda (soit [str]) sont extra-syllabiques21 et viendront rejoindre la coda (dextre) si elles ne s'ancrent pas dans la syllabe suivante (dextrogyre).

Nous proposons pour l'attaque le gabarit auxiliaire suivant:


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Ce gabarit permet de souligner le fait que si C2 branche, ses éléments sont indissociables. A cet effet, nous pouvons aussi citer l'italien où la règle d'allongement des voyelles s'applique en syllabe accentuée ouverte: Istria istrja],sû/fl patria ['pa:trja].

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A l'inverse de Selkirk 1982, ce gabarit auxiliaire ne donne pas de statut spécial à la suite [sC]. Ce groupe peut en effet être dissocié par la règle de syllabation: spirituel, esprit. Dans esprit, la voyelle initiale est ouverte ce qui indique la présence d'une syllabe fermée. De même, dans Le jargon des bouchers,22 les groupes OL sont stables et ne sont pas scindés lors de l'application des diverses règles, alors que quelques variations existent pour le groupe [sC] :


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Les gabarits syllabiques que nous proposons doivent être accompagnés d'un ensemble de restrictions pour assurer la description de toutes les syllabes possibles et de celles-là seulement. Parmi ces restrictions il faudra tout d'abord noter que si C2 branche, Cl doit être [s] excluant ainsi les suites OL-semi-voyelles de l'attaque.

Les différences de comportement que nous avons notées entre Ol et Or seront explicitées au niveau du gabarit auxiliaire. Ainsi il faudra exclure des groupes OL *[tl, dl]. Nous avons constaté l'absence à l'initiale et à la finale des groupes *[tl, dl] et il n'existe aucun argument pour que ces groupes soient autorisés à l'initiale de syllabe à l'intérieur d'un mot. En excluant ces groupes, nous maintenons une règle bien connue qui veut que les groupes de consonnes à l'initiale de syllabe soient aussi des groupes possibles à l'initiale de mot. On sait d'ailleurs que la situation est similaire en anglais: [tl, dl] sont les seuls groupes où l'occlusive n'est pas aspirée. Or, comme les occlusives ne sont jamais aspirées en finale, on peut conclure à la syllabation: at-las}y Dans tous les autres cas de suites OL, les éléments sont indissociables et ne peuvent pas être séparés par une coupe syllabique. C'est aussi au niveau des contraintes sur la syllabe qu'il faudra noter l'absence de [gr, gl] ainsi que celle des autres groupes consonantiques que nous avons relevés. Ces contraintes phonotactiques devront aussi faire mention du fait que le groupe Ol est plus limité et est soumis à plus de restrictions que Or.

Il faut aussi ajouter d'autres restrictions qui opèrent au niveau du mot.
Nous reprenons les plus importantes:

1) un mot ne peut contenir une suite occlusive + 1 + schwa qu'en
finale,

2) CIVI (C), n'est pas une syllabe possible du français,

3) ICI n'est pas une coda possible,

4) un schwa est plus facilement inséré après une suite Ol qu'après
une suite Or.

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On constate donc en français moderne une continuation du développement historique, le groupe OL n'est pas un groupe uniforme, et la cause de cette différenciation est probablement à chercher dans les caractéristiques articulatoires des deux consonnes. On sait d'une part que [r] est en français la consonne ouvrante et allongeante par excellence mais c'est dans les groupes de trois consonnes que se dégage nettement son caractère original, [r] est en effet la seule consonne de la langue qui puisse apparaître deux fois dans le même groupe: arbre, perdre, tertre. On serait alors tenté de suivre Kahn 1980 et d'attribuer à la consonne [r] le trait [- consonantiquej et de la rapprocher ainsi des semi-voyelles. Rappelons d'ailleurs que Delattre^ commente ainsi la différence de force d'articulation entre [r] (force = 0) et [1] (force = 70):

«Mais comme consonnes simples et finales, leurs articulations sont très différentes. [... ] [Les vibrations de r ] sont presques des vibrations vocaliques, ce qui met en évidence sa grande douceur. Les tracés de / ont au contraire des caractéristiques très consonantiques.»

Chantai Lyche

Université d'Oslo



Notes

* Ce travail a bénéficié de remarques pertinentes de la part de Michael Herslund que je tiens à remercier.

1. Voir Delattre 1944, reproduit dans Delattre 1966, p. 164. Cette échelle de degré d'aperture n'est pas sans rappeler l'échelle de force de Jespersen reprise par bien des phonologues: voir Basboll 1977, Kiparsky 1981, Lowenstamm 1981...

2. Voir Delattre 1966, p. 159 -162.

3. On observe pourtant en espagnol un changement Or Ol (lat. tenébras esp. tinieblas), ou 01. Or à la suite d'une métathèse (lat. miráculu esp. milano).

4. Les groupes Ol où l'obstruante est non vélaire sont aussi conservés en rhéto-roman : lat. pilcare, rhéto-roman plajei

5. Nous adoptons ici une structure qui n'inclut pas la distinction attaque-rime (ellemême divisée en noyau et coda). Cette distiction a d'ailleurs été remise en question par Nespor et Vogel 1986 qui montrent qu'aucune règle phonologique doit obligatoirement être exprimée en termes d'attaque et de rime.

6. Seules les semi-voyelles qui fonctionnent comme des consonnes ne trouvent pas leur place dans le noyau: il s'agit de semi-voyelles initales comme dans whisky... ou finales comme dans soleil. Dans les suites W que nous donnons, le premier élément est toujours une semi-voyelle à la surface.

7. La voyelle [œ] a une distribution restreinte de même que lorsqu'elle est suivie du groupe OL. Voir à ce sujet Christensen 1966.

8. Les autres groupes Or possibles ne sont pas attestés.

9. On trouve pourtant en Normandie le mot clever (qui signifie fermer et qui est donc formé sur clef).

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10. Cette contrainte est reformulée par Kaye et Lowenstamm 1984 en contrainte sur les attaques possibles: •A + son. +son Cette contrainte interdit les suites consonne + sonante + sonante. Ceci présuppose que dans fruit, la semi-voyelle appartient toujours au noyau, formant le premier élément d'une vraie diphtongue, alors que sablier est composé de trois syllabes: sa - bli - e. Ceci impliquerait qu'il n'existe pas de suffixe [ je] en français, et la forme sous-jacente de fermier serait alors fer - mi - e. /fermie/

11. Le verbe conspuer n'est pas un contrexemple car la syllabation n'est pas sans problèmes dans la mesure où l'on peut arguer pour conspuer ou cons-puer ou peut-être même cons-spuer.

12. Pour établir cette liste, nous avons considéré toutes les initiales de mots et toutes les finales de mot. Si l'on tient aussi compte des dérivés, on peut dire que cette liste est à peu près exhaustive.

13. Il n'est pas clair que fluide appartienne vraiment à cette liste, car la prononciation la plus courante est en deux syllabes. Dans leur dictionnaire, Martinet et Walter relèvent quatre sujets qui font la synérèse et treize quineine la font pas.

14. La prononciation avec synérèse n'apparaît que chez un sujet dans le dictionnaire de Martinet et Walter.

15. La même remarque que celle des notes précédentes s'impose ici, et il n'est pas évident que la prononciation avec synérèse soit la plus courante. Martinet et Walter donnent un cas avec synérèse et 16 cas sans.

16. A ce sujet, voir Dell 1972.

17. Voir la note 2.

18. Il n'est pourtant pas question de nier ia réalité phonologique du mot: parmi quelques facteurs nous pouvons citer l'absence de désaeeentuaiion ioiaie du mot dans le groupe (voir aussi Uelattre 1966) et la nécessité de prendre le mot comme base lorsque l'on applique la loi de position. Nous avons relevé les exemples avec ajustement de la voyelle devant un groupe OL, donnés par Juilland. Nous avons aussi vérifié dans le dictionnaire de prononciation de Martinet et Walter comment sont prononcées les mêmes voyelles lorsqu'elles se trouvent en syllabe ouverte après dérivation. Avec Ol: Avec Or: sinople lèpre peuple peuplade vêpres faible affaiblir propre nèble guèbre noble célèbre célébrité ignoble ténèbres ténébreux vignoble funèbre Avec 01: Avec Or: meuble vertèbre vertébré siècle algèbre monocle opprobre socle sobre sobriété règle régulier octobre seigle être aveugle aveugler hêtre girofle guêtre nèfle piètre trèfle lettre mètre mettre naître fenêtre connaître paître paraître prêtre prêtresse traître traîtrise ancêtre votre notre cèdre exèdre ocre médiocre médiocrité allègre allégresse maigre maigreur nègre négresse vinaigre vinaigrer pègre intègre intégrité ogre offre coffre orfèvre fièvre fiévreux lièvre mièvre genièvre lèvre plèvre chèvre œuvre œuvrer couleuvre pieuvre Les dérivés indiqués ont tous été prononcés avec une voyelle fermée. On trouve quelques exemples de dérivés prononcés avec une voyelle ouverte il s'agit de sobriété offrir. Dans les deux cas, la voyelle est [o], voyelle qui reste généralement ouverte.

18. Il n'est pourtant pas question de nier ia réalité phonologique du mot: parmi quelques facteurs nous pouvons citer l'absence de désaeeentuaiion ioiaie du mot dans le groupe (voir aussi Uelattre 1966) et la nécessité de prendre le mot comme base lorsque l'on applique la loi de position. Nous avons relevé les exemples avec ajustement de la voyelle devant un groupe OL, donnés par Juilland. Nous avons aussi vérifié dans le dictionnaire de prononciation de Martinet et Walter comment sont prononcées les mêmes voyelles lorsqu'elles se trouvent en syllabe ouverte après dérivation. Avec Ol: Avec Or: sinople lèpre peuple peuplade vêpres faible affaiblir propre nèble guèbre noble célèbre célébrité ignoble ténèbres ténébreux vignoble funèbre Avec 01: Avec Or: meuble vertèbre vertébré siècle algèbre monocle opprobre socle sobre sobriété règle régulier octobre seigle être aveugle aveugler hêtre girofle guêtre nèfle piètre trèfle lettre mètre mettre naître fenêtre connaître paître paraître prêtre prêtresse traître traîtrise ancêtre votre notre cèdre exèdre ocre médiocre médiocrité allègre allégresse maigre maigreur nègre négresse vinaigre vinaigrer pègre intègre intégrité ogre offre coffre orfèvre fièvre fiévreux lièvre mièvre genièvre lèvre plèvre chèvre œuvre œuvrer couleuvre pieuvre Les dérivés indiqués ont tous été prononcés avec une voyelle fermée. On trouve quelques exemples de dérivés prononcés avec une voyelle ouverte il s'agit de sobriété offrir. Dans les deux cas, la voyelle est [o], voyelle qui reste généralement ouverte.

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18. Il n'est pourtant pas question de nier ia réalité phonologique du mot: parmi quelques facteurs nous pouvons citer l'absence de désaeeentuaiion ioiaie du mot dans le groupe (voir aussi Uelattre 1966) et la nécessité de prendre le mot comme base lorsque l'on applique la loi de position. Nous avons relevé les exemples avec ajustement de la voyelle devant un groupe OL, donnés par Juilland. Nous avons aussi vérifié dans le dictionnaire de prononciation de Martinet et Walter comment sont prononcées les mêmes voyelles lorsqu'elles se trouvent en syllabe ouverte après dérivation. Avec Ol: Avec Or: sinople lèpre peuple peuplade vêpres faible affaiblir propre nèble guèbre noble célèbre célébrité ignoble ténèbres ténébreux vignoble funèbre Avec 01: Avec Or: meuble vertèbre vertébré siècle algèbre monocle opprobre socle sobre sobriété règle régulier octobre seigle être aveugle aveugler hêtre girofle guêtre nèfle piètre trèfle lettre mètre mettre naître fenêtre connaître paître paraître prêtre prêtresse traître traîtrise ancêtre votre notre cèdre exèdre ocre médiocre médiocrité allègre allégresse maigre maigreur nègre négresse vinaigre vinaigrer pègre intègre intégrité ogre offre coffre orfèvre fièvre fiévreux lièvre mièvre genièvre lèvre plèvre chèvre œuvre œuvrer couleuvre pieuvre Les dérivés indiqués ont tous été prononcés avec une voyelle fermée. On trouve quelques exemples de dérivés prononcés avec une voyelle ouverte il s'agit de sobriété offrir. Dans les deux cas, la voyelle est [o], voyelle qui reste généralement ouverte.

19. Le mode d'articulation de C va tout de même influer sur l'insertion de schwa. Un schwa sera par exemple pratiquement obligatoire après [rs] et devant une fricative: une source chaude

20. Voir aussi Selkirk 1982 et Noske 1988. Selkirk et Noske n'autorisent pas de consonnes extra-syllabiques dans leur gabarit syllabique, ils posent aussi un gabarit auxiliaire valable aussi bien à l'attaque qu'à la coda. Où la suite [sCJ est envisagée comme une seule consonne..

21. Sur la représentation des consonnes finales en français, voir Tranel 1992.

22. Voir Plénat 1985.

23. Le norvégien aussi fait une distinction entre les groupes [ti, di] et les autres groupes 01. Dans [tl, dl] la latérale est une laminale alors que c'est une apicale dans les autres cas.

24. Voir Delattre 1941, reproduit dans Delattre 1966 p. 117.

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Résumé:

Nous considérons ici les syllabes à groupes consonantiques complexes et plus particulièrement le groupe OL (obstruante-liquide). Les deux éléments du groupe OL sont indissociables et ce groupe bloque l'application de certaines règles phonologiques. Nous étudions la syllabe ANC (Attaque-Noyau-Coda) dans toutes ses variations possibles et relevons un ensemble de contraintes phonotactiques. Nous affirmons qu'une étude plus détaillée du groupe OL montre qu'il faut distinguer entre Ol et Or. Nous attribuons ces différences entre les deux liquides à des considérations articulatoires. Nous proposons pour le français un gabarit syllabique auquel est associé un gabarit auxiliaire où la suite OL fonctionne comme une seule unité. Les différences de comportement entre Ol et Or sont alors exprimées sous forme de restrictions sur ces gabarits syllabiques.

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