Revue Romane, Bind 28 (1993) 2

Michèle Simonsen: Perrault Contes. La Collection Etudes littéraires. Presses Universitaires de France, 1992, 126 p.

John Pedersen

série des Etudes littéraires publiée par les PUF vient de s'enrichir d'un titre que l'auteur fait tout pour contester dès le début. Michèle Simonsen (MS) ouvre, en effet, son étude par l'affirmation suivante: «Cette oeuvre célèbre est à bien des égards une oeuvre sans titre, sans auteur, et même sans texte». Le moins que l'on puisse dire est qu'il en reste peu pour l'analyse, en l'occurrence.

Naturellement, on suit sans problèmes l'auteur, qui, loin des boutades, ne fait que préciser, par sa formule péremptoire, l'état des choses dans le champ de recherche qu'elle aborde en spécialiste. Son point de départ est, en effet, l'analyse structurale du conte populaire, et les références comptent à la fois des spécialistes de ce domaine comme Bengt Holbek et des chercheurs qui, comme Marc Soriano, ont contribué à déblayer le terrain pour ce qui est de Perrault et de sa position face à la matière difficile que constituent le conte populaire et le conte oral.

Comment MS procède-t-elle? Très succinctement, elle présente au lecteur les problèmes que posent respectivement l'état des textes, le conte de fées littéraire et la tradition orale. La partie de loin la plus importante (p. 28-119) embrasse les analyses très précises que nous offre MS des onze textes: une nouvelle en vers, Grisélidis, deux contes en vers, Les Souhaits ridicules et Peau d'âne et les huit contes en prose, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-Bleue, Le Chat botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet à la houppe et Le Petit Poucet. Les analyses s'ouvrent par un regard fort utile sur les sources et se prolongent par des constatations brèves et compétentes concernant structure, thématique, stylistique et ce que MS appelle «le jeu du récit». Cet angle supplémentaire permet, en effet, à l'auteur d'évaluer, dans chaque cas, l'apport présumé du père Charles (à moins que ce ne fût Pierre, son fils!). Ces réflexions sur la «distanciation ludique» des textes constituent un des aspects originaux de ce petit livre solide, utile et agréable à lire.

Université de Copenhague