Revue Romane, Bind 27 (1992) 1

Harald Weinrich: Grammaire textuelle du français, traduction Gilbert Dalgalian et Daniel Malbert. Paris Didier/Hatier, 1989. 672 p.

Jørgen Schmitt Jensen

Side 147

Une grande grammaire de la langue française contemporaine, écrite d'abord en alleman d1, puis traduite en français (avec quelques modifications). C'est, en premier lieu, une grammaire du français langue étrangère, et, vu son origine, elle insiste beaucoup sur les difficultés que pose le français aux personnes de langue allemande et, par là, dans une grande mesure, de langue germanique, y compris les Scandinaves.

Mais il y a plus: Cette grammaire présente une pensée linguistique qui, pour le moins, se veut différente des traditions: C'est la réalisation d'une grande grammaire d'une langue «dans la perspective de la linguistique textuelle et de l'anthropologie de la communication», une grammaire «de conception tout à fait neuve», «une solution nouvelle par rapport aux descriptions grammaticales non-textuelles connues à ce jour» ... et, en outre, elle «s'adresse à des lecteurs friands de réflexion linguistique».

En effet, il s'agit d'un chef-d'œuvre créé sur les bases théoriques du même auteur, dont on connaît le livre sur le Tempus. Besprochene und erzàhlte Welt, Stuttgart (1964) 1971 ¡Le temps. Le récit et le commentaire, Paris 1973, et son Sprache in Texten, Stuttgart, 1976. Parfait connaisseur des secrets de la langue française, l'humaniste Harald Weinrich, pour qui la grammaire textuelle est une science humaine au même titre que les autres, a élaboré, pendant de longues années consacrées à des réflexions et à des remaniements, cette œuvre comme une sorte de somme, sur le plan scientifiqueet pédagogique, de ses riches expériences linguistiques et littéraires du français. Le livre témoigne d'une longue et profonde intimité avec la langue et la culture

Side 148

françaises, et il est le résultat de méditations prolongées - on dirait presque de luttes acharnées - pour aboutir à cette conclusion harmonieuse et équilibrée. Un livre qui contient beaucoup de littérature, pas mal de philosophie, et qui pourtant, dans sa discipline et son acribie, est souvent proche de l'œuvre d'art.

Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de lire ce livre, dans l'édition allemande, avec un groupe d'étudiants de français, et, récemment, avec un autre groupe, dans l'édition française, et il faut dire qu'on a passé de très riches heures en compagnie de notre savant collègue qui nous a souvent ouvert des perspectives nouvelles sur le français et sur les langues en général. Cet énorme essai sur la langue française de nos jours est si plein d'observations et de réflexions que la figure usée sur l'impossibilité de lui rendre justice dans un bref compte rendu est - plus que jamais - tout à fait de mise ici. Nous devons nous borner à signaler et discuter quelques principes qui nous paraissent essentiels, à essayer d'en dégager les points de vue les plus caractéristiques et à examiner quelques résultats obtenus par les méthodes de travail de H. W, par rapport à ce qu'il appelle la tradition.

Signalons d'abord que nous avons regretté, dans l'édition française, le petit condensé initial de l'histoire de la langue française, allant de Jules César jusqu'au XXième siècle, avec ses innovations sur l'argot et sur le franglais. Ces quelques pages se terminent par une des plus belles déclarations d'amour faites à la langue et à la culture françaises par un étranger que je connaisse: Après l'énumération des francophones proprement dits, l'auteur ajoute les nombreux millions de personnes qui, partout dans le monde, apprennent le français «parce que cette langue donne accès à une culture nationale et supranationale qui compte parmi les créations les plus intéressantes et les plus attirantes de la terre». (La traduction est de moi).

Après de tels encouragements, les lecteurs de l'édition allemande se jettent sur les chapitres suivants de la grammaire française, dont le premier s'intitule Fondements de la grammaire. Il est conseillé aux lecteurs de l'édition française d'en faire de même : ils ne seront pas déçus, en y allant directement.

Ce chapitre contient un discours de la méthode suivi d'un discours sur les concepts. (La conception générale de HW est illustrée par une citation de Rivarol: La grammaire étant l'art de lever les difficultés d'une langue, il ne faut pas que le levier soit plus lourd que le fardeau). Citons rapidement les dix Fondements méthodologiques (le Décalogue de HW): 7. le texte (grammaire textuelle). 2. le dialogue (l'échange entre [au moins] deux interlocuteurs, interaction langagière), 3. l'anthropologie (le corps est le premier système du langage), 4. instruction (sens large) («l'impact 'pragmatique' de l'interaction langagière»... selon le modèle: «Cher auditeur, si tu veux que ce texte ait un sens pour toi, alors voici comment tu dois te comporter»), 5. les (30) traits pertinentssémantiques élémentaires, organisés en opposition binaire. Ils sont répertoriés à la fin du livre, «assortis d'une explication anthropologique complète de leur signification».P. ex. : 8. <focalisation> vs. <topicalisation>. Instruction: Mettez le sens de ce signe au premier plan de l'attention (focus). Contre-instruction: Mettez le sens de ce signe en arrière-plan de l'attention (horizon). - Trait sémantique neutre: <rhi.ihf>. (pg. 637). 6. description («une grammaire descriptive et non pas une grammaire normative»), 7. progression (de nombreux renvois sont prévus pour permettre une lecture ou une consultation «dans l'ordre des chapitres qu'on jugera préférable»), 8. synchronie (souple), 9. langue étrangère («usage relativement discipliné, tel qu'on le rencontre chez le Français cultivé lorsqu'il est en présence d'interlocuteurs étrangers.

Side 149

Certains exemples d'écarts «vers le haut... ou vers le bas» signalés comme tels. Code écrit/code oral indiqués en tant que variantes), 10. intelligibilité (L'auteur veut éviter certaines inconséquences de la terminologie dite traditionnelle, en redéfinissant certainsconcepts et en en introduisant de nouveaux qu'il définit selon leurs traits sémantiques,ce qui lui permet d'éviter «un grand nombre de concepts anciens dépourvus d'une définition précise [par exemple:phrase, cas, datif, aspect... ]». Suivent sept pages de Concepts linguistiques fondamentaux, dont nous citerons quelques motsclefs:Linguistique dialogique («Situation actantielle concrète de la vie»... «Cet effet combiné de parole et d'action, nous l'appelons (d'après le Sprachspiel de Wittgenstein)I'échange ou 'jeu dialogal'»). - Code de la langue. - Texte et textualité («... le texte-en-situation est pour la linguistique textuelle la donnée première»). Le sens et les signes (... «Les signes sont stockés, avec leurs signifiants et leurs signifiés, dans la mémoire linguistique des usagers de la langue...»). - Grammaire d'instructions («...nous aurons à traiter presque exclusivement d'instructions destinées à aider le récepteur à mieux s'orienter dans la situation de communication, c'est-à-dire dans la compréhension d'un texte»). -Contexte et détermination (... le contexte environne chaque signe et la signification de celui-ci est influencée dans le sens d'une détermination,.. d'une délimitation sémantique plus ou moins nette»). - Les oppositions et les classes de signes (On regroupe les signes selon leurs conditions d'emplois en classes de signes ou parties du discours. «Tous les signes qui appartiennent à une même classe... ont un lien sémantique entre eux, puisqu'ils ont au moins un trait pertinent sémantique [ou «sème»] commun»). -Morphèmes etlexèmes. Ici aussi la terminologie et une partie des concepts sont proches de Martinet. C'est aussi le cas de la fin de ce chapitre: La matière phonique.

Cette énumération des méthodes et quelques-uns des concepts qui caractérisent l'univers que s'est construit HW et où il vit, s'impose pour qu'on puisse l'examiner et le discuter de façon critique . On y a reconnu des influences comme celle de Roman Jakobson, de Wittgenstein, de Martinet, et de bien d'autres, - quoique cet univers soit bien personnel, unique, pour ainsi dire. Ce qui caractérise, depuis toujours, les activitésde HW est son effort pour unir la linguistique - la grammmaire - et les sciences littéraires - la littérature 2. Ces deux sciences humaines se sont mutuellement inspiréesà travers les âges, nous le savons tous, sans pour autant se confondre. La grammairetextuelle, de laquelle HW se réclame déjà dans sa 2ième éd. de tempus (1971) (comme une «Weiterentwicklung der strukturaien Sprachwissenschaft»), veut une syntaxe transphrastique, basée sur des textes, pour rendre compte du discours. Dans notre tradition (scandinave 3), cela ne choque personne, je crois. Il va de soi que, pour certains sujets, il est plus pratique, ou nécessaire, de les décrire (aussi) dans une perspective transphrastique, comme c'est le cas, p. ex., de la syntaxe verbale, surtout en ce qui concerne les temps du passé. Et c'est ce que nous faisons (aussi) depuis très longtemps. (Nous y reviendrons tout à l'heure). Par contre, il y a d'autres domaines dans la syntaxe où tout se règle très bien à l'intérieur de la phrase, comme p. ex. - grosso modo - la syntaxe du subjonctif. Tout ceci, à condition de rendre compte de certains phénomènes généraux de type transphrastique dans des chapitres correspondants.Là, il s'agit de simple économie, et, à moins de vouloir écrire un véritable manuel, ce qui n'est pas le cas ici, on perd du temps et de l'espace en voulant expliquer/décrire tous les secteurs de la grammaire par des textes «poly-phrastiques». (HW faii aubsi des remarques un peu dans ce sens dans son introduction à la Grammaire).De

Side 150

maire).Detoute façon, ce serait même contre le principe de Rivarol! Cela n'enlève évidemment rien au charme, à l'utilité, et à la perspicacité des analyses linguistiques d'un grand nombre de textes dans ce livre. Ils illustrent très bien et souvent d'une manière très pédagogique, à l'aide de l'outillage intéressant construit par HW, tel ou tel phénomène linguistique. Mais, personnellement, je ne suis pas convaincu de la nécessité d'employer partout, systématiquement, la linguistique textuelle, c'est-à-dire: d'écrire toute une grammaire textuelle. (Ceci ne dément pas ma joie d'avoir celle-ci!).

I.a conception de HW est largement basée sur la sémantique. Cf. les 30 traits pertinents sémantiques élémentaires qui sont utilisés pour construire les concepts syntaxiques. Pour moi, c'est un point de départ très risqué, voire aléatoire, pour trouver ce qui est vraiment pertinent dans le système individuel d'une langue. Pourtant, ce qui est dit sous Les oppositions et les signes (vide supra), me convainc du fait que la différence entre nos points de vue n'est pas insurmontable, étant donné le rôle (solide et rassurant) des critères formels/fonctionnels.

Dans ce contexte, je m'étonne toujours un peu de l'attitude, bien connue, de HW vis-à-vis de certains «concepts anciens dépourvus d'une définition précise». Pour moi, cas (en français) correspond à la différence (morphologique) entre je, me, etc., datif à lui-leur, aspect (aversion préférée de HW) à la différence entre il parlait et il parla, etc.

A propos des remarques citées sur la qualité de cette grammaire comme étant une grammaire fondamentalement descriptive, je me permets de signaler qu'une grammaire d'une langue étrangère doit forcément être normative («pour les étrangers»). C'est ce dont nous avons besoin pour mieux connaître et mieux apprendre la langue étrangère - et, aussi, pour mieux avoir accès aux analyses stylistiques de cette langue!

Ce qui m'inquiète le plus, vu ma formation dans une conception immanente de la langue et des sciences, c'est le fait qu'il s'agit apparemment d'un transfert de concepts et de méthodes anthropologiques à la description linguistique. Mais, là aussi, HW connaît si bien les traditions linguistiques que le danger est mineur. Toutefois, j'aurais bien peur en voyant d'autres chercheurs, sans une telle formation, utiliser et développer ces méthodes, ces points de vue, dans un sens anthropologique, quoi qu'on puisse dire du corps et de son rôle premier dans le système du langage. Même cette grammaire, écrite dans une perspective de la linguistique textuelle et de l'anthropologie de la communication, n'a pas suffi pour me rassurer tout à fait là-dessus.

Notre grammaire est organisée en neuf chapitres + un appendice (consultables séparément). Après les Fondements de la grammaire, nous trouvons: 2. Syntaxe de l'accord, 3. Entre nom et verbe: les rôles textuels, 4. Syntaxe du verbe, 5. Syntaxe de l'article, 6. Syntaxe de l'adjectif, 7. Syntaxe de l'adverbe, 8. Syntaxe de la jonction, 9. Lu syntaxe du dialogue, et finalement 10. Appendice (Tableaux de conjugaison, Inventaire des traits pertinents sémantiques et Index des expressions grammaticales).

Les rôles textuels représentent les communicants (locuteur-scnpteur, auditeur-lecteur, et réfèrent) et les actants (sujet-objet-partenaire) et leurs réalisations verbales et (pro)nominales. Comme toujours dans ce livre, on découvre des phénomènes et des nuances plus ou moins inaperçus - dans cette perspective-ci.

On apprécie les analyses de textes qui montrent bien le phénomène de «pronominalisation»et, surtout, l'introduction du phénomène de «renominalisation», la «restitutiondu nom», quand la relation référentielle avec le nom en question est menacée ou en danger de se rompre. (La pronominalisation et la renominalisation ne sont pas

Side 151

prises ici dans un sens transformationaliste!). Ici sont aussi traités Le morphème-horizonil, (il pleut, il s'agit de, etc.). Il me paraît très difficile de voir comment ces instructions peuvent mener à un usage sûr de ce que nous appelons simplement (certains emplois des) pronoms neutres, surtout par rapport aux différences stylistiques,etc. : il/c'est bon de faire des économies. Après ces horizons (naturel, situationnel,social [il faut], et textuel [il existe], nous trouvons les valences des verbes. HW nous propose ici (aussi) une classification sémantique et étudie longuement les valencespour arriver au passif et aux constructions réflexives et aux verbes réfléchis. Ici aussi, il me semble qu'une approche purement formelle aurait simplifié les choses, - mais je dois reconnaître mes tares «éducatives»: pour une grammaire allemande, je l'aurais peut-être mieux accepté.

Ce point de vue est aussi valable pour l'excellent chapitre sur la Syntaxe du verbe. Pour la description du subjonctif, notre auteur - extrêmement engagé lui-même - décrit, pour les déclencheurs du subjonctif, le trait sémantique <engagements, y compris un rapport d'intérêt. La double intervention de l'engagement, une fois lexicale: regretter, p. ex., une fois morpho-syntaxique, le subjonctif dans la subordonnée, «influencée» par regretter. (Cf. Le subjonctif corrélatif , de Nordahl). - II faut pourtant reconnaître les «contraintes grammaticales»: espérer+l'indicatif, (pg. 177). Et encore: l'explication «sémantique» àeje suppose + l'ind. vs. supposons + le subj. («Certitude vs. incertitude», selon HW, pg. 179: «Mais si au contraire, avec ces mêmes verbes, mais dans une autre situation de communication, on suppose un fait ouvert ou incertain, alors la situation passe pour être modifiable, ne serait-ce qu'en prenant en considération des informations supplémentaires. Dans ce cas «intéressant» on recourt au subjonctif:...»). Ceci ne me convainc absolument pas. C'est un cercle vicieux. Sur ce point, je préfère carrément l'enregistrement sec et formel de Gerhard Boysen dans Subjonctif et Hiérarchie, Odense, 1971), ou la «traduction» plus nuancée de John Pedersen et alii dans Fransk Grammatik (Kobenhavn 1980), pg. 326. Là, on sait à quoi s'en tenir!

J'aurais aimé aussi que le grand problème (pour les étrangers) de savoir quelle préposition choisir devant certaines constructions infinitives, eût été approfondi aux dépens des verbes modaux+infinitif, qui, pratiquement, ne posent pas de problèmes. Je pense aux types j'apprends à conduire, il m'est impossible de réunir l'argent nécessaire, etc. Ils sont traités sommairement dans le chapitre sur les prépositions, la préposition verbale de, la prép. verbale à.

Certes, une nouvelle étude poussée sur la sémantique des prépositions s'imposerait, - mais il faut bien reconnaître les limites de telles analyses. Une analyse formelle sur les fonctions des prépositions ou sur la concurrence entre elles aurait été d'un grand intérêt, même «traduite» en termes sémantiques. Néanmoins, l'étude présente sur un domaine hautement «anthropologique» est d'une importance extrême et ouvre de nouveaux horizons vers la domination d'un des chapitres les plus difficiles de nos langues. C'est une lecture passionnante.

Dans la partie sur la syntaxe du verbe, nous trouvons aussi le système temporel, cher à HW. Nous reconnaissons ses trois dimensions sémantiques: La perspective temporelle: rétrospective: passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur; prospective:futur, conditionnel, et Arewire.présent, imparfait, passé simple. Le registre temporel : commentaire : présent, passé composé, futur; récit: impar fait/passé simple, plus-queparfait,passé antérieur, conditionne!. Le relief iempnrpi- arrière-pian-impf /plus-quepf.;premier

Side 152

pf.;premierplan: passé simple, passé ant. On connaît ce paysage du livre de HW sur Le temps, et on peut hésiter devant son applicabilité pratique. Pourtant, il paraît que cela fonctionne assez bien en Allemagne, où les apprenants du français doivent avoir les mêmes difficultés que les Scandinaves sur l'éternel problème de la distribution des temps du passé (impf. vs. p. s.). Néanmoins, la perplexité devant le fait que le passé composé, dans ce système, se trouve toujours séparé du passé simple disparaît un peu quand on voit l'usage que HW (comme dans la 2ième éd. du Te m pus) fait des adverbesqui, dans un texte (parlé) au passé composé font progresser l'action de la même façon que les formes verbales du passé simple (dans le code écrit). Là, je crois, il y a une clef importante pour mieux comprendre le jeu aspectuel (que HW me passe cette expression!). Selon ma façon de voir, cette syntaxe textuelle, que j'appellerais «macro-syntaxe», devrait se combiner avec la «micro-syntaxe», et on devrait essayer d'établir une hiérarchie entre les divers facteurs à l'intérieur de la phrase (adverbes et conjonctions) et les facteurs qui jouent dans un texte suivi, le mécanisme des deux plans. Létude des conflits et des coopérations entre les deux types d'influences avanceraitbien, je crois, nos connaissances sur ces problèmes. - On peut bien admirer l'emploi de tel ou tel temps fait par tel ou tel écrivain, - mais souvent il faut constater qu'en mettant tel ou tel adverbe - il n'avait plus le choix!

En dehors de ce chapitre fascinant, il y en a bien d'autres qui suscitent un vif intérêt, aussi sur le plan directement «utilisable», tel celui qui traite de la syntaxe du dialogue, en donnant beaucoup de renseignements très utiles, comme p. ex. les formules de salutations, les apostrophes, etc. - et des analyses intéressantes de la syntaxe du dialogue (la prolongation spéciale et naturelle de la linguistique proprement dite).

Tout ceci nous mène à la préoccupation du professeur de langue: Est-ce que tous ces systèmes fonctionnent? Est-ce qu'ils améliorent directement l'apprentissage du français? En tout cas, tout cela approfondit considérablement nos connaissances de la langue et nos réflexions sur elle et sur ses subtilités.

Combien pourrons-nous encore avancer sur le chemin tracé par la première grammaire
textuelle et anthropologique du français?

Il est vrai que, à bien des égards, je suis un peu sceptique, mais la lecture, l'étude
approfondie de cette grammaire m'a beaucoup enrichi, - et c'est aussi le cas de mes
étudiants.

Parfois je doute - mais j'admire!

Université d'Aarhus



Notes

1. Harald Weinrich: Textgrammatik der franzôsischen Sprache. Ernst Klett Verlag, Stuttgart 1982.

2. Cf. le titre d'un de ses derniers livres: Conscience linguistique et lectures littéraires. Ed. de la Maison des sciences de l'homme, Pans 1989.

3. Notre tradition scandinave est d'ailleurs très bien connue de HW. Dans sa bibliographie sélective, il cite Blinkenberg, Klum, Spang-Hanssen, Sten, "lògeby, et d'autres.