Revue Romane, Bind 26 (1991) 1Précis de littérature française du XIXe siècle, sous la direction de Madeleine Ambrière. Presses Universitaires de France, Paris, 1990. 639 p.Hans Peter Lund
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Cette histoire littéraire est principalement l'œuvre d'une équipe de la Sorbonne (Madeleine Ambrière, Nathalie Basset, Patrick Berthier, Loëc Chotard, Michel Lichtlé, Ariette Michel, Dominique Millet-Gérard), avec la collaboration de Colette Becker de l'Université de Picardie, et de Lise Queffélec de l'Université Stendhal de Grenoble. Faisant partie de la collection «Précis de...», cet ouvrage est dépourvu d'illustrations, une gageure de nos jours; en revanche, elle remplit toutes les conditions posées par la collection, par son envergure, la richesse de ses détails, ses références à la critique universitaire moderne et répond aux nécessités de l'heure actuelle, couvrant le domaine littéraire de a à z. A l'instar de la collection Littérature française, dirigée par Claude Pichois aux éditions Arthaud (éd. illustrée, t. 1-16, 1968-1979; nouv. éd. en poche, t. 1-9, 1984-1986), Ambrière et son équipe traitent du mouvement des idées, de la science, des attitudes religieuses et spirituelles, en réservant une place importante à la critique et à l'histoire. Il est à noter, également, que le contexte de la littérature est soigneusement présenté sous toutes ses facettes, depuis le rôle de la politique jusqu'aux questions plus juridiques, le tout constituant la «vie littéraire», avec sa presse, ses revues, sa littérature de consommation, etc. - Voici donc la littérature ancrée dans son milieu vivant, avec d'innombrables informations précieuses, à quoi s'ajoutent des chapitres sur quelques genres moins souvent considérés, tels que la biographie, la caricature, les physiologies. Faisant ainsi le tour de toutes les manifestations littéraires du XIXe siècle, ce «Précis», comme le souhaite Madeleine Ambrière dans son introduction, est une vraie «biographie» de ce siècle. Divisé en trois parties (1800-1830), 1830-1848, 1848-1900),dont deux dernières utilisent un classement par genres, l'ouvrage insiste sur la continuité du romantisme plutôt que sur sa fin: ce grand élan du XIXe siècle, mouvement essentiellement contestataire (cf. p. 87), ne serait pas mort avec la révolutionde 1848, mais aurait subi seulement des «métamorphoses» (pp. 317, 319), depuis les «soléis levants du romantisme» jusqu'aux «soleils couchants» vers la fin du siècle. En effet, l'héritage d'un penseur-philosophe tel qu'Auguste Comte (p. 255-257; présentationde I ise Queffélec) et celui des poètes romantiques tels que Musset et
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Gautier sont considérables (cf. pp. 481, 495-498), pour ne pas parler de la longévité Il n'est pas possible, dans l'espace dont nous disposons, de relever tous les passages qui frappent par leur concision, mais il faut, en tout cas, louer les auteurs de s'être laissé diriger par un sens pédagogique sûr en rédigeant les 'vignettes', passages d'introduction ou de conclusion, qui accompagnent tous les chapitres du livre. De même, signalons l'excellente présentation détaillée du romantisme militant des années vingt (Madeleine Ambrière et Michel Lichtlé), où s'affirme la méthode adoptée d'un bout à l'autre du livre: celle de donner un aperçu de la vie et de la production de l'écrivain en question, avant d'en venir à l'analyse des œuvres. Bien des auteurs sont revalorisés: Pétrus Borei et Charles Lassailly, Proudhon («un des premiers écrivains du siècle», p. 346) et Quinet (dont YAhasvérus est le «sommet» de l'épopée romantique, «une œuvre considérable», p. 200). Mais c'est en écrivant sur les grands écrivains que brillent les auteurs du «Précis»: Stendhal (Michel Lichtlé), Balzac et Flaubert (Madeleine Ambrière), Sand et Baudelaire (Ariette Michel), Zola (Colette Becker), Hugo (Patrick Berthier), et j'en passe. En plus, on a souvent la joie de voir cités et utilisés beaucoup de grands noms parmi les dix-neuviémistes: Paul Bénichou, Michel Crouzet, Pierre-Georges Castex. - II est sans doute injuste de mettre en question la place accordée à tel sujet ou à tel écrivain. Voici, cependant, quelques regrets: le récit de voyage n'est pas envisagé spécialement (sauf un paragraphe, p. 240) dans ce livre sur le siècle de Chateaubriand et de Flaubert et de tant d'autres grands voyageurs littéraires. De même, les quelques lignes sur le théâtre de Hugo, ne semblent pas rendre justice à celui qui, en bien comme en mal, a réformé le drame, surtout comparées aux pages sur le théâtre de Musset. En concluant, en dépit de ces menues réserves, j'insiste sur la tout évidente nécessité de ce livre, sur l'extrême soin avec lequel il a été rédigé, et sur l'impressionnante vue d'ensemble qu'il représente. Des tableaux chronologiques, une bibliographie succincte, et les index indispensables contribuent à sa valeur. Université de Copenhague |