Revue Romane, Bind 26 (1991) 1

Nerval, Houssaye et La Bohême galante

par

Michel Brix

La Bohême galante de Nerval parut, sans interruption, du ler1er juillet au 15 décembre 1852 dans les livraisons bimensuelles de L'Artiste. L'œuvre n'est pas la moins attachante de Nerval : l'auteur y livre ses souvenirs de poète et ses conceptions en matière d'«art poétique», dans des pages qui mêlent récits en prose et textes en vers. La critique n'ignore pas qu'Arsène Houssaye, le directeur de L'Artiste (il acheta la revue en 1843), ne se trouve point étranger au sujet, ni sans doute à la rédaction de La Bohême galante. L'œuvre est en effet dédiée «à Arsène Houssaye» et commence en ces termes:

Mon ami, vous me demandez si je pourrais retrouver quelques-uns de mes
anciens vers, et vous vous inquiétez même d'apprendre comment j'ai été
poëte, longtemps avant de devenir un humble prosateur.1

De plus, un manuscrit des premières pages de La Bohême galante, conservé dans le fonds Spoelberch de Lovenjoul de l'lnstitut2, porte des additions et des modifications de la main de Houssaye. A celui-ci paraissent revenir, au moins, le titre du récit3 ainsi que la fin de la dédicace, où le directeur de L'Artiste a inséré huit vers de ses Poésies*. Lesquelles Poésies se trouvent d'ailleurs largement représentées dans un texte qui, à l'origine, devait permettreà Nerval de conter ses propres souvenirs de poète : La Bohême galante ne renferme pas moins de vingt-quatre vers de Houssaye. On peut penser que ces interventions ne furent guère appréciées de Gérard. Reprise en volume à la fin de 1852, La Bohême galante change de titre et devient Petits châteaux de Bohême5; on note aussi, entre autres modifications, que disparaissent les huit vers insérés par Houssaye dans la dédicace de L'Artiste. Pareils changements, dans Petits châteaux, ont sans doute contribué à la tradition editoriale qui, dès la mort de Gérard, fait prévaloir le texte de L'Artiste sur l'ouvrage en volume En 1855. Gautier et Houssaye publient

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chez Michel Lévy un recueil de textes nervaliens, sous le titre La Bohème galante6, - recueil où se trouve reproduite, aux pages 5à 105, celle des deux œuvres qui fait la part la plus belle à Houssaye. Le petit volume paru chez Didier était ainsi laissé dans l'ombre et il attend toujours, semble-t-il, une réhabilitation définitive7.

Ces (mauvais) procédés de Houssaye vis-à-vis de Nerval ne surprennent guère. Le directeur de L'Artiste utilisait en effet ses rédacteurs comme des thuriféraires, et n'hésitait pas non plus à célébrer sans vergogne sa gloire de poète sous des pseudonymes à peine voilés. Au cours des années 1840-1850, de nombreux collaborateurs de L'Artiste - par exemple les poètes Auguste Desplaces, Henry Vermot, Paul Mantz, Charles Calemard de La Fayette et Alfred Asseline - travaillaient à la consécration littéraire de leur directeur et maître. Pendant la même période, Nerval s'était vu aussi contraint de manier l'encensoir, même si, comme le remarque un témoin de l'époque, les éloges de Gérard n'étaient pas toujours exempts d'ironie :

(...) M. Gérard de Nerval, cet homme d'esprit, de finesse, de goût et de bon sens, dont tant de gens, Th. Gautier et M. Houssaye surtout (,) ont exploité le talent tout à fait distingué. Gérard a eu encore le malheur de se mettre au service de l'Artiste, quineine lui rend ni en renommée, ni en argent la valeur de ses travaux. On peut le dire, sans que l'amour-propre des jeunes vicaires de M. Houssaye doive en être blessé, Gérard est l'écrivain le plus spirituel de toute la rédaction, il trouve moyen de donner même aux éloges qu'il fait parfois de son directeur un certain ton légèrement ironique.8

Mais, en 1852 moins encore qu'auparavant, Gérard ne pouvait guère se dérober aux pressions indiscrètes de son directeur, devenu, depuis 1849, administrateur du Théâtre-Français. Ainsi, Houssaye avait notamment chargé Nerval de traduire, pour Rachel, la pièce de Kotzebue Misanthropie et Repentir5., par ailleurs, il laissait espérer ia reprise d'une pièce de Scarron au Théâtre-Français, dans une adaptation de Gérard10. Enfin, celui-ci avait, au moment d'écrire La Bohême galante, les mains d'autant moins libres qu'il pourrait avoir été, en 1852, l'hôte des Houssaye, dans leur propriété de Beaujon11.

L'histoire littéraire a trop ménagé le directeur de L'Artiste. Plusieurs de ses contemporains - et non des moindres - ne se sont pourtant pas privés de dénoncer l'imposture d'un écrivain dont la réputation était le seul produit de la réclame et du savoir-faire, et l'œuvre un monument de médiocrité et de bavardage12. Houssaye mérite d'autant moins l'indulgence qu'il n'achetait pas que les éloges ; ainsi on lit dans le Journal des Goncourt, à la date du 16 janvier 1857:

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Houssaye, un ami à la petite semaine; exploiteur grand modèle; un nom fait de vols, un succès fait d'emprunts, un journal [L'Artiste] fait de pillages, une réputation qui n'a qu'une signature, une habileté qui n'a qu'une barbe. A fait faire par Philoxène Boyer, pressé d'argent, son Quarante et unième fauteuil [Histoire du 41e fauteuil de l'Académie française, Paris, Victor Lecou, 1855]. Fera signer à Banville la préface, écrite par lui-même, de ses Poésies complètes [Œuvres poétiques d'Arsène Houssaye, Paris, Hachette, 1857].13

Haut personnage du second Empire, enrichi par la spéculation immobilière,
Houssaye a construit, sinon sa carrière, au moins ses succès littéraires et
mondains, sur l'exploitation du talent d'autrui.

Lorsqu'il prie Nerval, en 1852, de parler dans L'Artiste de son expérience de poète, Houssaye compte bien être associé aux débuts de Gérard, asseoir ainsi son image de poète arrivé pauvre de la province et surtout voir évoquer la déjà fameuse bohème du Doyenné, - laquelle aurait réuni, en 1835, Gautier,Nerval, Houssaye et plusieurs jeunes peintres dans un logement commun, proche de l'arc de triomphe du Carrousel. Houssaye s'attachait depuis de longues années à construire sa légende autour de cet épisode de la jeunesse. En 1839, il inséra dans le recueil des Belles Femmes de Paris et de la province une longue pièce en vers, intitulée Les Belles Amoureuses, et qui évoquait «(...) ces blanches saisons/ Qui se passaient si vite en ces vieilles maisons/ Dont le front s'abritait sous une aile du Louvre(...)»14. Le 7 mars 1841, peu après l'internement de Gérard, Houssaye republie dans L'Artiste de larges extraits de son poème, sous le titre Le Beau Temps des poètes : il fait ainsi écho à l'article paru dans le Journal des Débats du ler1er mars précédent,dans lequel Jules Janin, annonçant au tout-Paris la «folie» de Gérard de Nerval, avait cité, sans les nommer, deux amis du poète qui avaient longtempsvécu «(...) sous le même toit [que Gérard], dans la même mansarde changée en palais». Houssaye ne laissa point passer l'occasion de se faire connaître pour l'un de ces «amis»15. Les Belles Amoureuses figurèrent ensuite dans les éditions collectives des poésies de Houssaye, en juin 1841, en juillet 1849 et en décembre 185116. Par ailleurs, le ler1er juillet 1848, Théophile Gautier avait à son tour longuement parlé de la bohème du Doyenné dans un article nécrologique de la Revue des Deux Mondes consacré au peintre Marilhat17. Houssaye réagit àce texte le ler1er janvier 1849, dans un autre article nécrologique,consacré cette fois à Edouard Ourliac et publié par L'Artiste. Décédé depuis plus de cinq mois, le pauvre Ourliac ne sert ici que de prétexte à une nouvelle évocation de la bohème : à preuve telle longue citation, par Houssaye,de l'article de Gautier, dans laquelle Ourliac ne se trouve même pas nommé, ... à la différence d'Arsène Houssaye! (Celui-ci précise seulement à la suite de ladite citation que «Edouard Ourliac venait tous les matins nous

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voir dans ce royaume de la fantaisie».) Quelques mois plus tard, on retrouve Edouard Ourliac, sans la citation de Gautier, dans la postface (intitulée L'Art et la poésie) de l'édition Charpentier des Poésies complètes de Arsène Houssay e18. Il était donc naturel, ensuite, que le directeur de L'Artiste proposât à Nerval, autre membre de la fameuse bohème, de livrer ses propres souvenirs, - lesquels ne manqueraient pas de faire honneur à Houssaye. En apparence, Nerval exécuta parfaitement son travail : il confirme, dans La Bohême galante,les témoignages antérieurs de son directeur et de Gautier, et laisse au premier nommé la liberté d'intervenir dans le texte.

Ne faut-il donc voir, dans La Bohême galante, qu'une œuvre de commande, le travail d'un obligé, et Houssaye doit-il seul en recueillir le mérite? Voire. Ce serait oublier que le directeur de L'Artiste avait affaire à beaucoup plus fin que lui, et que Nerval, soucieux de son œuvre et de son nom, devait répugner à servir de faire-valoir à qui que ce soit. Ce serait oublier, aussi, que Houssaye est responsable de certains on-dit malveillants qui couraient sur le compte de Gérard. Très attentif à tout ce qui touchait sa propre image, Houssaye était en effet notoirement moins délicat à l'égard de ses confrères. En septembre 1839, le poème des Belles Amoureuses, précisément, faisait de notre auteur un portrait peu flatté et s'amusait de ses relations avec une actrice de POpéra-Comique, dans laquelle on peut reconnaître Jenny Colon :

Et Gérard survenant s'asseyait près de nous,
Et le chat en gaîté sautait sur ses genoux.
- D'où vous vient, ô Gérard, cet air académique?
Est-ce que les beaux yeux de l'Opéra-Comique
S'allumeraient ailleurs? la Reine de Saba,
Qui depuis deux hivers dans vos bras se débat,
Vous échapperait-elle ainsi qu'une chimère?
Et Gérard répondait : - Que la femme est amère!»19

Republiés à maintes reprises, nous l'avons dit, les vers de Houssaye ont suffi à créer une légende dont Nerval ne se débarrassera jamais. En 1840, Les Belles Femmes de Paris, encore, évoquent Gérard «poursuivant sa chimère en Allemagne»20. Dans Le Corsaire-Satan du 24 novembre 1845, Baudelaire, s'exprimant pour la première fois sur Nerval, parle de notre auteur comme d'«un nom bien connu dans la Bohème (...) pour ses amours de matous et d'Opéra-Comique»21, soit en des termes où reviennent les vers des Belles Amoureuses. Et, en 1855, les articles nécrologiques renchériront sur le thème de l'actrice.

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II convient donc d'être attentif à la reproduction par Gérard, dans La Bohême galante, de six vers des Belles Amoureuses le concernant (le poème s'intitule en 1852 Vingt ans), - vers que Nerval s'offre à «expliquer encore, en pâle prose», au directeur de L'Artiste. Or, comme par l'effet d'une raillerie supplémentaire, la leçon «de Saba» était devenue «du Sabbat» dans l'édition de 1852 des Poésies de Houssaye22. Écoutons Nerval:

Mais vous me demanderez d'expliquer encore, en pâle prose, ces quatre (sic)
vers de votre pièce intitulée: Vingt ans.

D'où vous vient, ô Gérard, cet air académique?
Est-ce que les beaux yeux de POpéra-Comique
S'allumeraient ailleurs? La reine du Sabbat,
Qui, depuis deux hivers, dans vos bras se débat,
Vous échapperait-elle ainsi qu'une chimère?
Et Gérard répondait : «Que la femme est amère!»

Pourquoi du Sabbat... mon cher ami? et pourquoi jeter maintenant de l'absinthe
dans cette coupe d'or, moulée sur un beau sein?

Ne vous souvenez-vous plus des vers de ce Cantique des cantiques, où PEcclésiaste
nouveau s'adresse à cette même reine du matin : C..).23

Suivent quatre vers du Cantique des cantiques de Houssaye : tel est en effet le titre de la première section des Poésies complètes du directeur de L'Artiste, dans l'édition collective de 185224. Houssaye mérite donc bien son titre d'«Ecclésiaste nouveau».

Ce n'est pas tout. Nerval explique ensuite qu'à l'époque de la bohème du Doyenné, «la reine de Saba» ne désignait point seulement une actrice, mais aussi un livret d'opéra qu'il aurait écrit pour Dumas et Meyerbeer. Le lecteur de La Bohême galante ne saura pas si un tel projet a abouti. C'est dans le volume des Petits châteaux de Bohême que se trouve exposé «le reste de l'aventure» : la rupture d'un contrat passé entre Dumas et Meyerbeer aurait déterminé l'abandon du projet de «Reine de Saba» avec Gérard. Et celui-ci d'ajouter, dans les mêmes Petits châteaux:

La pauvre Reine de Saba, abandonnée de tous, est devenue depuis un simple
conte oriental qui fait partie des Nuits du Rhamazan.25

Reportons-nous, comme l'auteur semble nous le suggérer, à VHistoire de la reine du matin et de Soliman, prince des génies26. On y retrouve le personnage de la reine de Saba, mais aussi celui de Salomón. De Salomón, VHistoire dénonce la vanité, le goût pour les flatteries (déversées à loisir par un entouragecourtisan) et pour l'argent, ainsi que le genre faux, et maniéré jusqu'au ridicule, des œuvres poétiques. Semblable portrait évoque fort le jugement

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qu'une histoire littéraire sans indulgence pourrait émettre sur Houssaye. Certes, on dira que de telles ressemblances peuvent être le fruit du hasard, mais l'assimilation est, dans le cas qui nous occupe, proposée par l'auteur lui-même. La critique a-t-elle le droit d'ignorer que c'est Nerval qui, dans La Bohême galante et dans Petits châteaux de Bohême, a renvoyé son lecteur au conte oriental des Nuits du Ramazan, après avoir invité à regarder Houssaye comme «l'Ecclésiaste nouveau»? Mais ce n'est pas tout. Face à Salomón se dresse, dans Y Histoire de la reine du matin, l'artiste Adoniram, représentation idéalisée et tragique du génie créateur. Rejeton d'une lignée maudite, tout occupé de projets que ses contemporains jugent impossibles, ou insensés, Adoniram est solitaire, incompris. Salomón, auteur de poésies affectées, avide seulement de gloire et de pouvoir, n'est en tout cas guère en mesure de comprendre un créateur fidèle jusqu'au bout à lui-même, malgré l'isolement, les critiques, voire les sarcasmes. L'abîme séparant Salomón et Adoniram semble bien figurer un autre abîme, celui que devait ressentir Gérard entre la personne de Houssaye et la sienne.

Curieuse et combien instructive passe d'armes que La Bohême galante. Obéissant en apparence aux pressions de Houssaye qui voulait voir associer, dans L'Artiste, leurs débuts en poésie, Nerval ne renonce pas pour autant à sa fierté de créateur. De brèves allusions donnent au lecteur de Gérard la clé d'une œuvre antérieure où se trouve exprimé le caractère inconciliable des deux destinées poétiques, celle de Houssaye et la sienne. La réplique nervalienne était subtile, et pénétrante. Elle donne aussi à réfléchir sur les deux grandes œuvres de la fin dédiées à des «amis» dont les bavardages n'étaient guère plus délicats que ceux d'Houssaye. Les préfaces de Lorely et des Filles du Feu reprennent, sans acrimonie apparente, des propos antérieurs de Janin et de Dumas sur la «folie» de notre auteur27; et celui-ci propose également d'«expliquer» à ses dédicataires les bizarreries de son comportement, comme il expliquait à Houssaye, on a vu dans quel sens, les vers des Belles Amoureuses sur la reine de Saba. Or, qu'insinuent ces préfaces, sinon que la «folie» dont s'amusaient Janin et Dumas s'apparentait à celle du Tasse et de Dante28, soit à celle qui permet et que provoque la création littéraire? Le comportement de Gérard ne pouvait dès lors être taxé de «fou» que par des écrivains de convention, lesquels, à l'exemple de Dumas - manipulateur de chroniques et de mémoires, étranger au vertige de la création - ignorent la poésie véritable. - S'il avait compris les premières pages de La Bohême galante, Houssaye aurait pu conseiller à Janin et à Dumas de se défier de la gentillesse et de la docilité de Gérard de Nerval.

Michel Brix

Facultés universitaires N.-D. de la Paix, Namur

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Notes

1. L'Artiste, 1er juillet 1852.

2. Sous la cote D 741, folios 36-43. Les observations qui suivent ont été formulées par Jean Guillaume en 1982 dans^ux origines de «Pandora» et ¿'«Aurelia», Namur, Presses Universitaires, 1982, p. 42-44 («Études nervaliennes et romantiques», V). Nous tenons également à remercier ici le Révérend Père Jean Guillaume de nous avoir permis de consulter la documentation réunie par lui à Namur au cours de longues années de recherches nervaliennes. - A noter qu'en 1972, un bref article de Mario Maurin (« Houssaye et Nerval : chimères ? », RHLF, 1972, p. 477-481) insistait déjà sur l'importance de la relation Nerval- Houssaye ; mais les rapprochements proposés alors par M. Maurin entre La Pécheresse, roman de Houssaye, et certains sonnets des Chimères, ne convainquent

3. A noter cependant que Houssaye a écrit sur le manuscrit «Bohème», et que L'Artiste a imprimé (sur la demande de Nerval?) «Bohême».

4. Ces vers appartiennent à la pièce intitulée Vingt ans, et figuraient en 1852 dans la récente édition des Poésies complètes d'Arsène Houssaye (Paris, Victor Lecou, 1852, p. 84-85; volume enregistré dans la Bibliographie de la France du 6 décembre

5. Paris, Didier, 1853 (l'enregistrement dans la Bibliographie de la France est du ler1er janvier 1853; Genève, Slatkine Reprints, 1973).

6. Sur «Bohême»-«Bohème», voir ci-dessus la note 3. Le recueil paru chez Lévy est enregistré le 24 novembre 1855 dans la Bibliographie de la France.

7. Le texte de Petits châteaux de Bohême ne fut en effet que très rarement publié dans son intégralité, beaucoup moins souvent en tout cas que celui de La Bohême galante. Ajoutons aussi que de nombreux éditeurs ont composé eux-mêmes un récit mélangeant les Petits châteaux avec des passages de La Bohême galante non retenus pour le volume Didier.

8. Voir le journal La Silhouette du 20 septembre 1846. Larticle (anonyme) s'intitule: Tableaux d'intérieur. Les boutiques de journaux. «L'Artiste» se disant «Revue de Paris».(L'Artiste avait absorbé, en juillet 1845, la défunte Revue de Paris.) Sur M. Arsène Houssaye et son cénacle, voir aussi, dans la même Silhouette, le numéro du 11 mai 1845.

9. Voir la lettre de Nerval à Houssaye du [8 ou 9 novembre 1851] et les notes s'y rapportant, dans Gérard de Nerval, Œuvres complètes, éd. dirigée par Jean Guillaume et Claude Pichois, Paris, Gallimard, t. II [1984], p. 1294 et 1811.

10. Voir Jean Guillaume et Claude Pichois, Gérard de Nerval. Chronologie de sa vie et son œuvre. Août 1850-juin 1852, Namur, Presses Universitaires, 1984, p. 27-28 [«Études nervaliennes et romantiques», Vl].)

11. Voir, de Jean Guillaume, «Nerval et Les Confessions de Houssaye» (Les Études classiques, 1973, p. 62-67), «Sources (Les Études classiques, 1986, p. 169-173) et Nerval. Masques et visage (Namur, Presses Universitaires, 1988, p. 106-107, «Études nervaliennes et romantiques», IX). A noter qu'un tel séjour - si séjour il y eut - a pu se placer en 1853.

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12. Voir les mentions ironiques de «l'illustre M. Houssaye» dans les lettres de Flaubert à Louise Colet, ainsi que les allusions sans complaisance à Houssaye dans le Journal des Goncourt ou dans celui de Xavier Marmier.

13. Journal Mémoires de la vie littéraire, éd. Robert Ricatte, Imprimerie Nationale de Monaco, 1956, 22 vol. ; le témoignage des Goncourt relatif à Philoxène Boyer est confirmé par Maxime Du Camp (voir Sylvain-Christian David, Philoxène Boyer. Un sale ami de Baudelaire, Paris, Ramsay, 1987, p. 211-214).

14. Signalé par Jean Guillaume, Aux origines de «Pandora» et d'xAurélia», 1982, p. 40. Les Belles Amoureuses parurent dans la livraison du recueil publiée le 21 septembre

15. Eautre ami est évidemment Gautier.

16. Poésies d'Arsène Houssaye. Les Sentiers perdus, Paris, Paul Masgana, 1841 (vol. enregistré par la BF du 19 juin 1841); Le Beau Temps des poètes figure aux p. 78-83 des Poésies. La même pièce s'intitule Vingt ans dans l'édition collective de 1850 (Poésies complètes d'Arsène Houssaye, Paris, Charpentier, 1850, p. 41-45; volume enregistré le 14 juillet 1849 dans la BF), ainsi que dans celle de 1852 {Poésies complètes d'Arsène Houssaye, Paris, Victor Lecou, 1852, p. 84-88; volume enregistré par la BF du 6 décembre 1851). A noter enfin que peu avant la publication du volume Charpentier, la Revue pittoresque (périodique acheté en 1848 ... par Houssaye et Sartorius) publia en juillet 1849 divers fragments du recueil à paraître, parmi lesquels Vingt ans.

17. D'après Charles de Spoelberch de Lovenjoul, il fut fait un tirage à part de cet article, non signalé dans la BF (Histoire des œuvres de Théophile Gautier, Paris, Charpentier et Cie, 1.1 [1887], p. 395).

18. Poésies complètes d'Arsène Houssaye, 1850, p. 183-188.

19. Les Belles Femmes de Paris et de la province, p. 76-77. Voir la note 16 ci-dessus, ainsi que Michel Brix, «Nerval et Jenny Colon. Mise au point historique et critique», Les Lettres romanes, 1988, p. 201-210.

20. «Gérard poursuit sa chimère en Allemagne» (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province, p. 155 [livraison du 8 février 1840]). A pareille date, Nerval est, pour quelques semaines encore, à Vienne.

21. Voir Baudelaire, Œuvres complètes, texte établi, présenté et annoté par Claude Pichois, Paris, Gailimard, 1976, t. lï, p. 6-8 et notes, p. 1080-1083. Earticic de Baudelaire parut anonymement dans Le Corsaire-Satan, puis, signé «Baudelaire - Dufays», dans L'Echo. Littérature, Beaux-Arts, Théâtre, Musique et Modes du 23 août 1846.

22. L'édition de 1852 innovait, puisque en 1839, en 1841 et en 1849 (voir la note 18 ci-dessus), le texte est : «la reine de Saba».

23. L'Artiste, 1er juillet 1852.

24. Le Cantique des cantiques se trouve aux pages 9-35 de l'édition de 1852 des Poésies de Houssaye. Ce texte n'appartenait pas au recueil de 1841 ni à celui de 1849. Les quatre vers cités par Nerval figurent à la p. 15 : «La grenade qui s'ouvre aux soleils d'ltalie/ N'est pas si gaie encore à mes yeux enchantés/ Que ta lèvre entr'ouverte, ô ma belle folie!/ Où je bois à longs flots le vin des voluptés.»

25. Petits châteaux de Bohême, p. 44.

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Résumé

Gérard de Nerval a écrit La Bohême galante à la demande d'Arsène Houssaye, lequel est intervenu dans la rédaction du texte et comptait bien voir associer son nom à l'évocation de la «bohème du Doyenné» des années 1835-1836. Nerval, qui est en 1852 l'obligé de Houssaye, a selon toute apparence publié un récit conforme aux vœux du directeur de L'Artiste. La Bohême galante, ainsi que l'état ultérieur de ce texte, Petits châteaux de Bohême, contiennent pourtant, de façon détournée, une réplique de Gérard aux procédés indélicats de Houssaye. Celui-ci se trouve assimilé au Salomón de l'Histoire de la reine du Matin (dans les Nuits du Ramazan), poète médiocre, assoiffé de vaine gloire.



26. Voir Nerval, Œuvres complètes, édition dirigée par Jean Guillaume et Claude Pichois, Paris, Gallimard, 1984, t. 11, p. 671-772. Le récit parut dans Le National, du 24 mars au 25 avril 1850, avant d'être repris dans l'édition définitive du Voyage en Orient. Voir, dans le tome II des Œuvres complètes, la «Bibliographie des publications» du Voyage en Orient, p. 1387-1395.

27. Earticle de Janin parut dans le Journal des Débats du ler1er mars 1841 (voir ci-dessus et note 17), celui de Dumas, dans Le Mousquetaire du 10 décembre 1853.

28. Voir la lettre-préface des Filles du Feu, p. V.