Revue Romane, Bind 25 (1990) 2

Réflexions préalables à une nouvelle étude du tour TOUT + GERONDIF

par

Odile Halmøy

La question des emplois du gérondif précédé de tout reste peu étudiée et continue à poser des problèmes. Les difficultés sont diverses: on peut se demander par exemple quand il est possible d'insérer un tout devant un gérondif, s'il y a des restrictions, et de quel type. Lorsque tout est possible, observe-t-on une différence de sens entre un syntagme gérondif précédé de tout et ce même syntagme sans touf! Enfin et surtout, il est légitime de s'interroger sur le rôle et la valeur de tout. On a souvent avancé que tout devant un gérondif donnait au syntagme une valeur d'opposition. Tout est-il un connecteur d'opposition dans tous les cas? Quel est son rôle sinon? Je ne prétendrai pas donner une réponse définitive à ces questions difficiles en si peu de pages, mais j'aimerais faire le point sur ce qui a été déjà dit sur le sujet et livrer quelques réflexions susceptibles de faire avancer les recherches.

Disons tout de suite que si l'on trouve des gérondifs à toutes les pages dès que l'on lit un texte de français, la construction tout + gérondif est beaucoup moins fréquente, et parfois même rarissime. Ainsi, dans un roman comme La salle de bain, de J.-Ph. Toussaint, où pullulent les gérondifs - de deux à cinq par page sur les 122 pages que comporte le roman - on ne rencontre qu'une occurrence de tout + gérondif (désormais ToutG). On se heurte par ailleurs à une autre difficulté, dès que l'on essaie de construire soi-même des exemples,ou de modifier les phrases d'un texte: sans contexte suffisant, les constructions paraissent la plupart du temps douteuses, ou du moins, on hésite à se prononcer sur leur grammaticalité. Le tour trouve souvent sa justification dans le contexte antérieur, et parfois un contexte assez éloigné. L'étude de ToutG ressortit donc dans une grande mesure à la linguistique textuelle. J'ai relevé les occurrences de la construction dans une dizaine de

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romans contemporains, complétés par des exemples empruntés à la presse,
journaux et magazines, ainsi qu'à des ouvrages de linguistique. Ce choix
d'exemples me servira essentiellement à illustrer l'exposé.

Si la construction est peu fréquente dans les romans et les textes de journaux, elle est encore moins naturelle dans la langue parlée. Il semblerait que le tour préfère le «plan du récit» au «plan du discours» - pour reprendre la distinction assez heureuse de Benveniste 1966. On en rencontre cependant des occurrences relativement nombreuses dans certains types de textes comme les recettes de cuisine, les réclames pour produits de beauté et autres - les magazines féminins sont une excellente source d'exemples - et les textes argumentatifs en général. Dans les propositions en incise, quoique moins fréquent que le gérondif sans tout, le tour est aussi relativement bien représenté. L'étude des types de textes où se rencontre de préférence la tournure n'est pas dénuée d'intérêt.

J'avais tenté dans Halmoy 1982, p. 366-386, une esquisse de classement des emplois de tout devant un gérondif selon que tout était impossible, nécessaire ou facultatif. Une quatrième rubrique abordait la question de ToutG et l'opposition. Ce classement a été repris et commenté dans Gettrup 1982, mais il ne semble pas que la question ait avancé depuis. Pourtant, on a vu paraître ces dernières années une littérature importante sur la question de l'opposition et de la concession. De nombreuses études ont été consacrées à mais, pourtant, cependant, bien que, quoique, etc., mais, à ma connaissance du moins, personne ne s'est intéressé à ToutG. La question n'est pas abordée dans Valentín 1983, et elle est délibérément écartée de Gettrup/Nolke 1984, qui, dans leur excellent article sur les «stratégies concessives», éliminent d'emblée l'étude du tour en ces termes (p. 10): «Mais et Tout + gérondif se distinguent des autres par le fait qu'ils admettent des emplois tant concessifs qu'adversatifs et il ne nous est pas possible de ies décrire sans traiter à fond le problème de l'adversité. Nous sommes donc obligés de les écarter.» Quant à Franckel 1989, s'il consacre une vingtaine de pages au gérondif, et un peu plus à tout, il expédie en quelques lignes le tour ToutG (p. 340-341) - voir ci-après.

Je propose de reprendre rapidement d'abord le classement des ToutG esquissé dans Halmoy 1982 et 1983, puis la typologie de Gettrup 1982, avant de présenter un embryon de typologie nouvelle des ToutG, basée sur d'autres critères.

Halmoy 1982 soulignait d'abord que ToutG se distinguait des gérondifs non précédés de tout par les traits suivants: exclu des catégories A, A' et B', il ne peut ni exprimer l'idée de cause ou de moyen, ni s'employer comme repère temporel (type A). Il ne saurait non plus exprimer un rapport d'équivalenceentre deux procès (type A') ni une relation d'hyponymie (type B', auquel on a réservé l'étiquette de manière) - pour une description plus

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détaillée de la typologie des gérondifs, voir p. 257 et suivantes. C'était la rubrique «TOUT exclu devant le gérondif». Pour fruste qu'elle ait été, cette typologie permettait donc de cantonner les emplois de ToutG dans la catégorieB - rubrique «TOUT possible mais non nécessaire». Gettrup pose la question pertinente de savoir si tous les gérondifs de la catégorie B sont susceptibles d'être précédés de tout. Il faut admettre que cette typologie n'est pas assez fine pour rendre compte de la complexité des problèmes. Le tour ToutG mérite une place à part dans une typologie plus élaborée. Retenons simplement pour l'instant que si la syntaxe du gérondif est plus souple que ne l'accordent en général les grammaires normatives et scolaires, notamment en ce qui concerne la coréférence des sujets des gérondifs A, les restrictions sont bien plus rigoureuses quand il s'agit de la construction ToutG: la coréférencedes sujets est là obligatoire, il s'agit toujours de deux actions ou procès menés de front par un même agent. Et, dans la mesure où c'était là une caractéristique essentielle des gérondifs B, il semble provisoirement légitime de considérer la construction ToutG comme une sous-classe de cet ensemble.

Une première particularité des ToutG mise en évidence dans Halmoy 82 est leur aptitude à se combiner avec des verbes statiques, et tout particulièrement avoir et être. On se rappelle que les gérondifs excluent en général les verbes statiques. On rencontre notamment les constructions suivantes, extrêmement bien représentées:

tout en étant ( + participe passé, adjectif, ou substantif):

Les deux produits font partie d'une nouvelle ligne de charcuterie préparée traditionnellement mais uniquement à base de volaille: ce qui rend les plats peu caloriques tout en étant bons, savoureux, et riches en protéines. Une bonne idée pour les amateurs de charcuterie. {Marie-Claire, mai 89, p. 265)

On appelle «exponible» un énoncé qui, tout en étant grammaticalement simple,
comprend en réalité plusieurs jugements différents coordonnés. (Ducrot,
dire, p. 62)

L'exemple de Marie-Claire est syntaxiquement intéressant en ce qu'il présente une construction assez originale, le sujet logique du ToutG étant objet direct de rend, et le syntagme gérondif étant mis en parallèle avec l'attribut de l'objet peu caloriques. Une paraphrase possible du ToutG pourrait être ce qui rend les plats peu caloriques mais bons, savoureux et riches en protéines.

tout en ayant ( + participe passé, substantif ou locution):

Tu pouvais donc rester Français, tout en ayant l'Algérie pour terre. (GE.
MDr-105-37)

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Ce qui permet de comprendre àla fois: IoIo que la première proposition soit de type purement existentiel, et que l'expression des amis ne réfère à aucun ami particulier, 2° que le ils de la deuxième soit, lui, référentiel, tout en ayant pour antécédent l'expression non référentielle des amis. (Ducrot, dire p. 118)

ToutG admet d'autre part un verbe recteur statique, ce qui autrement n'est le
cas que des gérondifs repères temporels:

J'étais très heureuse, mais quelque peu déconcertée par le corps professoral et d'abord par sa hiérarchie. A mon arrivée, la directrice m'a dit: «Vous n'êtes pas ancienne élève du lycée, donc je pense que vous ne resterez pas ici. Et vous n'êtes pas alsacienne, raison de plus». J'ai répondu que j'avais choisi Mulhouse, que mon intention était d'y demeurer plusieurs années. Et cela malgré la double tare de n'être ni alsacienne (tout en portant un nom alsacien, circonstance aggravante), ni ancienne élève de la maison. (Gentzbittel, proviseur, p. 26)

On avait là un premier sous-ensemble: les ToutG statiques. Sans tout, les phrases seraient sinon agrammaticales, du moins peu naturelles, et l'on concluait que tout était dans ce cas «obligatoire» devant un gérondif - pour des raisons syntaxiques, en quelque sorte, permettant l'occurrence de verbes statiques dans le système, et particulièrement, de être et avoir. Remarquons que ToutG dans ces exemples prend une coloration d'opposition, et que des paraphrases en mais ou bien que sont possibles, sauf dans le cas de ToutG antéposé au verbe recteur, où mais est évidemment exclu, et dans le dernier exemple de Gentzbittel, où aussi bien mais que bien que sont exclus, bien que étant possible cependant si l'on remplace le gérondif par un participe présent: bien que portant un nom alsacien.

Un deuxième sous-ensemble était constitué par les ToutG où le rôle de tout semblait être d'empêcher l'interprétation instrumentale, ou de cause à effet, qui aurait été naturelle, vu le sens des verbes mis en rapport dans la construction. Ainsi, la phrase

Ils doublent souvent leur journée, et leur salaire, en travaillant au noir l'après-midi.
(Le Nouvel Observateur, 23-29 novembre 1989, p. 3)

présente un couple de locutions verbales dont la première - X, exprimée par le verbe recteur - «doubler leur journée», s'interprète comme la conséquence de la seconde - Y, exprimée par le syntagme gérondif - «travailler au noir». En d'autres termes, on établit un rapport de cause à effet entre Y et X. Que l'on insère un tout devant le gérondif, et cette interprétation disparaît:

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Ils doublent souvent leur journée, et leur salaire, tout en travaillant au noir
l'après-midi.

Si la phrase est acceptable, il n'y a en tout cas pas de rapport de cause à effet entre le gérondif et le verbe recteur. Il semble que le syntagme ToutG, loin d'indiquer le moyen qui permet X, rappelle un élément déjà connu dans le contexte antérieur, et précise simplement que faire X ne les empêche pas de faire Y. Ces deux sous-ensembles constituaient la rubrique «TOUT nécessaire devant un gérondif».

On avait aussi souligné - caractéristique qui saute aux yeux, quand on examine d'un peu plus près un corpus d'exemples de ToutG - la fréquence des exemples où ToutG reprend une action ou situation du contexte antérieur. Le syntagme ToutG, de la sorte, est un élément «connu», son rôle consistant à assurer que ce n'est pas parce que le sujet entreprend une nouvelle action Y qu'il cesse automatiquement de faire X. Les contextes de ce genre sont légion. Souvent, X est étoffé de en continuant de, ou une telle insertion serait en tout cas possible. Elle peut servir de critère:

...tandis que la jeune femme s'entretenait sous le préau avec l'institutrice de petit Pierre. Je finis par aller les rejoindre, et l'institutrice, tout en continuant à parler, inclina la tête à mon adresse et je la saluai de la tête en réponse en me croisant les bras sur la poitrine. (Toussaint, appareil, p. 16)

EHomme, en pyjama dans son lit, fait semblant de boire vos paroles furieuses,
tout en continuant à lire sournoisement en douce son journal bien-aimé.
(Buron, vas-y, p. 16)

Un peu avant la fin du repas, alors que, bien involontairement, je m'apprêtais à m'essuyer la bouche avec le short, la femme de mon médecin me le prit des mains, et tout en continuant à parler, me tendit une serviette à la place. (Toussaint, salle, p. 105)

C'est là le seul type de ToutG mentionné et commenté par Franckel 1989 (p. 340-341): «Le même fonctionnement est mis enjeu dans les exemples où tout se compose au gérondif. Il s'agit cette fois d'expliquer la valeur «sans pour autant cesser de...» qui apparaît dans un exemple comme Tout en continuant à lire comme si de rien n 'était, il le surveillait du coin de l'œil. Tout opère une homogénéisation aspectuelle de lire à travers la mise en relation de son sujet il à un procès a priori susceptible d'y mettre fin. Cette homogénéisation aspectuelle est ici renforcée lexicalement par continuer à qui contribue, de son côté, à effacer l'arrêt potentiel du procès lire.»

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Notons la paraphrase proposée sans pour autant cesser de. L'étude de la concurrence sans + infinitif d'un côté, gérondif négatif de l'autre reste à faire. Le pour autant - contrepartie de tout - explicite la nuance concessive, les deux négations contenues dans sans d'une part, et cesser de d'autre part, se neutralisant pour aboutir à une expression positive. Cette paraphrase est en effet possible pour les trois exemples ci-dessus, la paraphrase voisine ce qui ne l'empêche pas de + infinitif étant possible uniquement dans le cas d'un ToutG postposé au verbe recteur. La possibilité d'insérer pour autant ou ce qui ne l'empêche pas de dans les deux paraphrases synonymes confirme l'intuition selon laquelle, dans ce type d'exemples aussi, le ToutG réfute ce que Ducrot appelle un «topos», c'est-à-dire une idée apparemment répandue qui consisterait, dans ce cas précis, à croire que les procès se suivent «comme des perles sur un collier», et que si l'on entreprend une action nouvelle Y, on cesse par là-même automatiquement de faire X. Le ToutG laisse entendre la voix du locuteur qui réfute ce «topos», et prévient que, contrairement à toute attente, les deux actions se déroulent parallèlement. On peut donc parler d'une «trace syntaxique de renonciation», pour reprendre la bonne formule de Nolke 1958 à propos du subjonctif, et voir dans notre tour «une forme spéciale de polyphonie» (ibid.)

Des synonymes de continuer, comme rester, poursuivre, persister, maintenir, etc., apparaissent aussi dans cette position. J'ai pensé longtemps que ces deux traits - reprise d'un élément connu et imperfectivité de la situation, illustrée par la possibilité d'insérer en continuant - étaient spécifiques de la construction. Kleiber 1984 a critiqué, à juste titre, sans doute, cette affirmation trop hâtive, qui lui semblait «insuffisamment fondée» (p. 437). Par ailleurs, il était d'avis que «contrairement aux autres gérondifs, le tour Tout + gérondif exprime toujours une valeur particulière à'opposition». C'est sans doute incontournable, ei c'est justement cette «valeur particulière d'opposition» qu'il importe de dégager. Dans les exemples ci-dessus, les ToutG sont «polyphoniques» et réfutent un «topos». C'est en cela - et en cela seulement - que réside la «valeur d'opposition». En ce qui concerne la perfectivité, on trouve, plus rarement il est vrai, et surtout dans les propositions dites en incise ou incidentes, des ToutG dont les verbes sont ingressifs, comme dans:

- Votre grand-mère? répéta-t-elle d'une voix horrifiée tout en commençant à
me rendre mes baisers. (Sagan, laisse, p. 65)

- Venez, reprit-il, il faut passer à table. Notre dernière invitée est arrivée. Vous la connaissez? Viviane Bellacour. Une veuve délicieuse! ajouta-t-il tout en me pinçant légèrement le bras et en m'envoyant un coup d'œil coquin, (ibid. p. 18)

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Avec de tels verbes ingressifs, ToutG pourrait comporter «en se mettant à», ou, comme dans le premier exemple ci-dessus, «en commençant à». Notons en passant que cet exemple illustre la règle selon laquelle, dans le cas de deux gérondifs coordonnés, tout n'est pas répété. Si le verbe au gérondif est perfectif, il semble, contrairement aux ToutG imperfectifs qui admettent la paraphrase avec «en continuant», que ToutG exprime un élément nouveau. C'est le cas également de:

Et il s'esclaffa tout en me donnant de grandes claques dans le dos. (ibid. p. 87)

Ces cas appartiennent, on le voit, au plan du «récit». ToutG est une variante facultative du gérondif seul, et l'emploi de tout n'entraîne pas une grande différence de sens. S'il fallait cependant en trouver une, on pourrait peut-être avancer que l'insertion de tout introduit une sorte de «distance» entre les deux procès en jeu, distance qui n'existe pas avec le gérondif seul (de la catégorie B). La «valeur d'opposition» est là sans doute réduite à un minimum. C'est ce que suggère Franckel 1989, p. 341, quand il parle de «neutralisation».

Pour résumer brièvement, la classification des ToutG de Halmoy 82 opérait avec quatre rubriques, 1) TOUT exclu, 2) TOUT possible mais non nécessaire, 3) TOUT nécessaire et 4) TOUT et l'opposition. Gettrup, dans son RIDS sur TOUT EN, dont la perspective est contrastive, accepte ce classement dans ses grandes lignes. Il pose cependant la question centrale de savoir si l'insertion de tout est toujours possible devant un gérondif de la catégorie B (p. 17). Je me garderai bien de rien affirmer de ce genre, et placerai plutôt aujourd'hui le syntagme ToutG dans une catégorie à part, ce qui n'empêche pas de souligner les nombreuses affinités des syntagmes ToutG avec les gérondifs B. L'optique de Gettrup étant différente - il s'intéresse avant tout aux problèmes que pose la traduction en danois du gérondif précédé de tout - il n'est pas étonnant qu'il propose une typologie légèrement différente, en deux parties, selon que - je traduis librement dans ce qui suit - :

I) «tout a une fonction sémantique nécessaire» (qui est de «bloquer» l'interprétation
causale/instrumentale, ou tout au moins de spécifier que les deux
procès exprimés par les verbes en jeu n'ont pas de lien entre eux) ou que

II) «tout est sémantiquement redondant». Cette dernière partie se subdivise
elle-même en trois sous-classes, à savoir les cas où

1) «tout n'a pas de fonction sémantique, mais fonctionne comme un élément métadiscursif, qui explicite l'absence de rapport logique entre les deux procès verbaux en jeu, souvent avec une nuance de surprise devant le fait qu'ils puissent malgré tout avoir lieu ensemble»;

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2) «tout n'a ni fonction sémantique, ni métadiscursive, toute relation entre les deux syntagmes verbaux s'exprimant d'une autre manière. Tout est alors réduit à n'être qu'un signal grammatical, introducteur obligatoire du syntagme». Cela vaut, souligne Gettrup, aussi bien pour le type «adversatif» - «où les deux syntagmes verbaux comportent l'expression d'un contraste, au sein d'un même champ sémantique»:

Tout en affichant, vis-à-vis de ma personne, la considération que requérait
l'opinion, ils prodiguaient les critiques à l'égard de ma politique (cit. Gettrup,
p. 19)

que pour le type «concessif», pour lequel le rapport d'opposition n'est pas de nature lexicale, mais pragmatique, en ce qu'il repose sur une convention relative à certaines relations de cause dans la réalité extra-linguistique - l'expression concessive exprimant le fait que la relation causale en question ne joue pas dans un cas précis. On parle souvent dans ce cas de «cause contrariée»:

La police allemande avait perdu sa trace tout en le considérant comme l'un
des anarchistes les plus dangereux., (cit. Gettrup, p. 20)

«La phrase», dit Gettrup, «implique une acceptation générale selon laquelle
le côté dangereux de l'homme demanderait la plus grande vigilance, ce qui
n'est apparemment pas le cas».

3) «Tout n'a de fonction ni sémantique, ni métadiscursive, ni grammaticale».Il semble que tout apparaisse parfois dans des emplois où aucune des explications précédentes ne convienne, et où il ne sert qu'à donner plus de poids au syntagme. Gettrup qualifie ce dernier emploi de «stylistique». Ce qui lui donne en fin de compte une typologie à quatre fonctions différentes de tout: sémantique, métadiscursive, grammaticale et stylistique. La fonction «sémantique» correspond en gros à ce que Halmoy 82 appelle tout nécessairepour bloquer l'interprétation instrumentale; la fonction «métadiscursive»reprend l'idée de Halmoy 82, p. 371, selon laquelle, dans ces cas-là, tout introduit un commentaire du locuteur - C'est le toutG «polyphonique» développéplus haut. C'est là toujours, à mon avis, une composante sémantique essentielle du syntagme ToutG, et j'inclinerais aujourd'hui à proposer une nouvelle typologie selon le type de «blocage» opéré par tout. C'est ce que je tenterai de faire ci-dessous. A ce propos, j'aimerais reprendre ici une intuitionlumineuse de Gettrup 82, qui dit, à peu près en ces termes (p. 17), que «envisageant d'un point de vue général la différence entre le gérondif et le tour tout + gérondif», il serait enclin à «considérer le gérondif comme un «forbinder» et tout + gérondif comme un «adskiller»». On pourrait traduire

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ces termes, faute de mieux, respectivement par «conjoncteur» et «disjoncteur».Gettrup s'excuse de cette terminologie ad hoc, qui me paraît pourtant excellente, en ce qu'elle met le doigt sur un point essentiel de la problématiquede ToutG: si le gérondif établit un rapport entre deux procès verbaux, l'insertion de tout sert à souligner qu'il n'y a pas de rapport logique, que les deux actions sont simultanées mais sans lien entre elles. C'est ce rôle essentielde tout dans un syntagme ToutG qu'interprètent les grammairiens et les linguistes en parlant de «valeur d'opposition». La fonction «grammaticale» concerne plus spécifiquement les contextes où l'on s'accorde à voir une nuance d'opposition: Gettrup fait là le départ entre deux types, «adversatif» et «concessif», tout jouant au fond le même rôle dans les deux cas. Quant à la dernière fonction de tout, baptisée «stylistique», ce serait le résidu des trois autres, ce que l'on n'arrive à placer ni dans une case ni dans l'autre, et tout n'aurait là qu'un rôle emphatique, servant à souligner, insister, rôle qu'a par ailleurs souvent cet adverbe dans d'autres contextes. C'est là aussi qu'on pourrait avec Franckel parler de «neutralisation» de la valeur d'opposition.

J'avais soutenu dans Halmoy 1982, p. 376, que l'interprétation «opposition» dépendait du contexte immédiat. Et que tout, donc, ne faisait éventuellement que souligner une opposition latente, vu le sémantisme des syntagmes en présence. «On ne peut en rester aujourd'hui en sémantique à la notion vague d'opposition» soulignait Kleiber 1984, p. 437. Les analyses se sont en effet affinées, on fait en général le départ entre «concession» d'un côté et «adversativité» de l'autre. Et l'on trouve des ToutG tant «concessifs» qu'«adversatifs», comme Gettrup l'a bien montré. Mais il me semble que ce n'est pas là le nœud de l'affaire. On a vu dans ce qui précède que le rôle essentiel de tout devant un gérondif était de «bloquer» quelque chose. Je préférerais donc une explication autre, faisant appel non au type d'opposition constatée, mais au type de «blocage» opéré par tout. On peut dégager ainsi provisoirement cinq groupes de ToutG:

I - Tout bloque l'interprétation instrumentale/cause à effet qui, sinon, serait
naturelle, yule sémantisme des deux verbes en présence:

Elle eut un geste de recul et voulut s'enfuir. Mais la vieille l'en empêchait
tout en la fixant de ses yeux perçants, (cit. Gettrup, p. 18)

Comme le montre bien Gettrup, la suppression du tout change radicalement le sens de la phrase, le gérondif seul en la fixant de ses yeux perçants s'interprétant comme le moyen auquel la vieille a recours pour l'empêcher de s'enfuir. Il n'y a pas de «topos» réfuté dans ce premier groupe. Pour d'autres exemples, voir ci-dessus p.184 et Halmoy 82, p. 375.

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II - Tout bloque ou «réfute» la croyance généralisée - ou «topos» - selon laquelle une personne est rarement capable de faire deux choses à la fois, et qui voudrait que si l'on entreprend une action nouvelle Y - exprimée par le verbe recteur du gérondif, ou verbe principal de la proposition - cela implique que l'on cesse immédiatement de faire X -, action que l'on était en train de faire (imperfective), reprise par le syntagme ToutG. Cette croyance générale serait si répandue que le locuteur la prend pour donnée, et précise uniquement que dans le cas précis dont il parle, elle est caduque. C'est dans cette catégorie que l'on trouve les nombreux tout en continuant à (et ses variantes), ou du moins que l'insertion de en continuant est possible. Le gérondif est donc la reprise d'un élément connu du contexte - linguistique - ou situationnel - le «co-texte» -, le verbe recteur exprimant un élément nouveau. Exemples:

Ils parlaient, et tout en parlant, ils ressentaient tout ce qu'il y avait en eux
(GE,GPe-087-15)

Romancier, il obtient le prix Renaudot 1972 pour La nuit américaine. Scénariste-dialoguiste,
en 1982 il devient cinéaste, tout en poursuivant son activité
d'écrivain. (27 rue Jacob, n. 276, septembre 1989. Catalogue, p. 9)

Une paraphrase possible pour ces exemples, du moins quand ToutG est postposé au verbe recteur, serait /'/ fait X (exprimé par le verbe recteur, procès «nouveau»), ce qui ne l'empêche pas de continuer à faire Y (exprimé par ToutG, procès «connu»). Frankel 1989 voit même là la seule «valeur» du «gérondif composé de tout», et propose la paraphrase «sans pour autant cesser de...».

111 - tout bloque d'autres types de croyances généralisés et réfute un «topos»
spécifique dans chaque cas:

Jean-Paul Goude a conçu sa «Marseillaise» avec un implacable souci du détail. C'est que le pari est double: il faut assurer un effet visuel général pour les spectateurs tout en garantissant des détails parfaits pour les gros plans de télévision». (Ouest-France, 13 juillet 1989, p. 2)

Le «topos» réfuté serait ici qu'il n'est pas possible - ou du moins difficile -
de concilier ces deux exigences opposées: satisfaire à la fois les spectateurs
de la rue et les téléspectateurs.

Lorsque les jaunes sont pris, tout en restant baveux, étaler la crème fraîche puis recouvrir avec les blancs battus, (recette de l'omelette normande). (Les meilleures recettes normandes, Ouest-France, Brigitte et Jean-Pierre Perrin- Chattard, 1978)

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«topos» réfuté: il est difficile, quand on fait une omelette, si on veut que les jaunes prennent, de les garder «baveux»: ils risquent en général, si on ne fait pas attention, de devenir vite secs, et tout l'art du cuisinier consiste justement à éviter qu'ils ne cuisent trop longtemps, ou à trop forte température.

A cet égard, le présent manuel est un petit chef-d'œuvre d'équilibre. Il fait une juste place à la présentation des systèmes nominaux et verbaux, tout en accordant à la phonétique la place nécessaire, mais mesurée, qui lui revient dans l'explication de la genèse des formes. (Bulletin critique du livre français, août-septembre 1989, p. 1367)

«topos» réfuté: en général, si on accorde une juste place aux syntagmes
nominaux et verbaux, on néglige la phonétique.

L'événement ressemblera à un film en direct. C'est un défi. La création d'images fortes vécues, sans répétitions possibles, devant un million et demi de spectateurs (attendus) qui ne sont ni devant un écran de télévision ni dans une salle de cinéma. Spectacle sur le vif où la France exalte ses valeurs tout en traitant le sujet avec humour. (Le Français dans le monde, juillet 1989, p. 7)

«topos» réfuté: il n'est pas possible d'exalter des valeurs avec humour, l'humour
ne va pas de pair avec l'exaltation des valeurs. Paraphrase possible: «ce
qui ne l'empêche pas de traiter le sujet avec humour».

IV - Tout exprime simplement que la concomitance des deux actions est purement fortuite, et souligne qu'il n'y a aucune interaction entre les deux. La plupart du temps, les gérondifs sont imperfectifs, mais le contexte ne permet pas toujours de décider s'il s'agit d'une action qui se poursuit ou si elle commence. Ainsi dans:

vous marchez de long en large comme une panthère, tout en ramassant
machinalement les vêtements que l'Homme a éparpillés, comme à son habitude,
à travers la pièce. (Buron, vas-y, p. 15)

rien n'indique si la paraphrase possible est tout en continuant de ramasser ou tout en vous mettant à ramasser. Peut-être serait-il plus économique de regrouper sous II les exemples de cette catégorie, en prenant soin de noter que le «topos» réfuté est plus fort quand il s'agit d'une action imperfective qui se poursuit. Mais c'est dans ce groupe que l'on rencontre dans le syntagme ToutG des verbes perfectifs. Le tout a alors une valeur particulièrement affaiblie, c'est le tout «stylistique» de Gettrup, sa suppression change à peine le sens du syntagme:

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Le téléphone resonne. Encore. Vous redécrochez tout en vous levant tandis
que la remplaçante s'assied prestement à votre place, (ibid. p. 37)

Vous préparez le dîner de vos enfants d'une main tout en vous habillant
fébrilement de l'autre, (ibid. p. 142)

Rentré avant sa femme, c'est en général lui qui se charge du dîner, tout en
corrigeant ses copies. (Boissard,/<?mme, p. 25)

Une catégorie particulièrement fréquente consiste à faire quelque chose et
parler en même temps:

Tandis qu'elle achevait de repasser la chemise de mon père, j'ai pris place dans l'un des deux fauteuils de paille, et tout en répondant à ses questions sur Juliette et les petits, je me régalais de la voir passer le fer, appuyant plus fortement sur le col et les poignets, déployant le bras en un ample geste souple sur les surfaces plus larges. (Boissard, femme, p. 193)

Je poussais des deux mains à la hauteur de la malle arrière tandis que M. Polougaïevski, un peu courbé et essoufflé, marchait à côté de moi en se protégeant de la pluie avec mon journal, tout en m'expliquant que c'était sans doute dû à l'humidité. (Toussaint, appareil, p. 59)

On peut aussi faire une chose et rêver - penser - à une autre:

Tout en rêvant à ce mécanisme infernal qui transforme les bébés roses et tendres en adolescentes secrètes et hargneuses, vous commencez à préparer le dîner avec les gestes quotidiens de millions de femmes à la même heure. (Buron, vas-y, p. 9)

ou encore parler et écouter (au téléphone par exemple):

Vous (explicative, à la remplaçante, tout en écoutant dans le téléphone les
explications de la dame qui ne veut pas que son bébé naisse Scorpion): les
triplés, (ibid. p. 36)

on peut aussi lire et manger, ou lire et marcher:

je mange comme ça un morceau de gruyère tout en lisant avec un bon verre
de Gigondas. (GE, FNo-259-05)

un vendeur ambulant, en parcourut les pages tout en descendant lentement
les Champs-Elysées. (CE, MDr, 184-13)

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Les seules limites à cette énumération sont les actions que l'on peut effectuer en même temps (faire un mouvement quelconque, exécuter une tâche, tout en parlant, rêvant, pensant, chantant, etc.). La liste est longue, mais comme on le voit, limitée cependant. Le plus souvent, il n'y a pas vraiment d'idée d'«opposition», si ce n'est le «topos» dénoncé ci-dessus. C'est pour cette catégorie que Franckel 1989 parle de «valeur neutralisée», mais il ajoute que «le fonctionnement de tout demeure identique, même si Paltérité introduite par la seconde proposition n'est plus aussi nettement adversative» (p. 340)

V - Tout souligne une discordance entre l'action exprimée par le verbe recteur et les sentiments qu'éprouve l'agent, ses connaissances, son savoir, le jugement qu'il porte sur cette même action. Autrement dit, il y a expression d'une certaine dissonance entre le plan de l'action et le plan psychique, affectif ou intellectuel. Les exemples de cette catégorie abondent. On peut les classer selon le sémantisme du verbe au gérondif. Paraphrase possible: il ou elle fait Y, ce qui ne l'empêche pas de savoir (c'est peut-être le verbe le plus représenté dans mes matériaux), penser, croire, redouter, etc. (...)X.

Avec savoir.

Je m'accrochai, me révoltai: il me laissait tomber, moi qui lui avais tout donné, qui n'avais vécu que pour lui, n'avais connu que lui! Il me jetait comme une personne usée, il était monstrueux... - enfin, tous ces mots que l'on crie lorsqu'on vous abandonne, que l'on hurle au fond du puits tout en sachant que c'est en vain. (Boissard, femme, p.9)

Bien sûr, elle le lira, ce manuscrit, ce morceau de vie. Elle le lira avec soin, tout en sachant que ce long cri à fleur de pages ne sera, selon toute vraisemblance, jamais publié, pour n 'avoir pas réussi à franchir les lèvres de son auteur, (ibid. p. 21)

Tout en sachant cette notion d'inégalité naturelle contestable, la plupart se
sont contentés de présenter, dans l'introduction, quelques réserves. (Ducrot,
dire, p. 95)

Les mères voudraient choisir comment elles travaillent: prendre un mitemps (95% des mi-temps sont demandés par des mères de famille), tout en sachant que leur avancement va en pâtir. (Le Nouvel Observateur, 9-15 nov. 1989, p.7)

Avec d'autres verbes:

Belle comme tu es, ils (les hommes) trouvent en toi une contradictrice provocante
et pourtant tout à fait inoffensive parce que manquant d'arguments
sérieux. C'est pourquoi vous n'avez fait que tourner en rond tout en croyant

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disserter sur la nature humaine - ce que vous ne touchez pas est à cent lieues
de vous. (Giroud, Mahler, p. 51)

Un jour vient où les deux fiancés s'unissent «presque» dans la chambre où il la reçoit. Mahler est alors «agité et anxieux» mais elle éprouve un sentiment «pur et sacré» tout en redoutant qu'un sentiment de honte et de péché n'avilisse «le magnifique et saint mystère», (ibid. p. 58)

Parmi ses têtes de Turc favorites: Freud, auquel il est sourd - «la psychanalyse est cette maladie mentale dont elle prétend être le remède» -, Berta Zuckerkandl qu'il a baptisée «la sage-femme de la culture», et Mahler, tout en ayant conscience de sa valeur, (ibid. p. 65)

II est marié mais trouve un bon moyen pour voir Aima: il la persuade de venir travailler dans son laboratoire. Ce qu'elle fait, non sans intérêt, tout en se laissant adorer. Il la voit tous les jours mais lui écrit également des lettres interminables, (ibid. p. 124)

Tout cela ne l'enrichit pas mais son père lui assure une mensualité, tout en
s'impatientant parce qu'il voudrait connaître celle dont Franz lui a parlé
comme de sa future épouse, (ibid. p. 161)

II peut y avoir dissonance également entre ce que l'on fait et ce que l'on dit
(paraphrase possible: «ce qui ne P(les) empêche pas de...»):

J'avoue que je prends relativement à la légère mes carences ou celles de mon établissement vis-à-vis des parents. Vis-à-vis des élèves, je ne les supporte pas. Dans l'impasse absolue, je me sens perdue, lamentable, et je le proclame. En général, cela se termine d'une manière assez touchante: ce sont les élèves qui me consolent et qui promettent de rester tranquilles jusqu'à la fin de l'année - tout en formulant le vœu que leurs successeurs, du moins, n'héritent pas du professeur insuffisant. (Gzx\lzb\ilt\, proviseur, p. 112)

ou encore entre ce que l'on fait et ce que l'on en pense:

Ces pays auxquels Staline avait, il y a quarante-cinq ans, imposé son socialisme, tout en reconnaissant qu 'il leur allait «comme un tablier à une vache» (dans le cas de l'Allemagne au moins), se libéraient sans violence du joug d'une idéologie et d'un système totalitaires. (Le Monde, 27 déc. 1989, p. 1)

La «polyphonie» est particulièrement claire dans ce groupe: une voix se fait
entendre, qui réfute le «topos» selon lequel il devrait y avoir concordance
parfaite entre ce que l'on fait et ce que l'on dit, pense, ressent, etc.

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Remarques Finales

Partant de la constatation que tout devant un gérondif servait à opérer un blocage, on a tenté une nouvelle typologie des emplois de ToutG selon le type de blocage en question. Ce faisant, on a introduit plus explicitement l'idée - déjà en germe dans Halmoy 82 - que la construction était une forme de polyphonie, le tout étant une trace syntaxique de dénonciation. Le locuteur mis en scène réfute un «topos». Divers types de «topoï» réfutés ont été illustrés par des exemples. Ces quelques pages ne prétendent pas faire le tour de la question. Il ne s'agit que d'une ébauche, et bien des problèmes n'ont même pas été abordés. L'étude notamment de la concurrence ToutG négatif vs. sans + infinitif, ou de la relation ToutG I gérondif B, reste à faire. Un examen systématique des paraphrases possibles, du rôle de la place des syntagmes - ToutG antéposé ou postposé au verbe recteur -, des types de texte, ou d'autres paramètres encore, pourra jeter une lumière différente sur la question.

Odile Halmoy

Université de Bergen

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Résumé

Carticle s'intéresse à la question des emplois du gérondif précédé de tout, qui reste mal étudiée, ignorée pour ainsi dire des travaux les plus récents sur la concession et l'opposition. Après avoir repris et commenté le classement des emplois de la construction présenté dans Halmoy 82 et Gettrup 82, l'auteur esquisse une typologie nouvelle qui prend pour point de départ le type de «blocage» opéré par tout au lieu de se focaliser sur la notion d'opposition. Il est avancé que tout est un marqueur syntaxique de renonciation, la construction étant une forme particulière de polyphonie, qui sert à réfuter différents types de «topoï».

Références

Benveniste, E. (1966): Les relations de temps dans le verbe français, in Problèmes de
linguistique générale, I, Gallimard, Paris, p. 237-250.

Franckel, J.-J. (1989): Etude de quelques marqueurs aspectuels du français. Droz,
Paris.

Gettrup, H. (1982): TOUT EN... Oversasttelsesanalyse eller sammenligningsgrundlag?,
RIDS 103, Romansk Institut, Kobenhavns Universitet. 39 p.

Gettrup, H. et H. Nolke (1984): Stratégies concessives: Une étude de six adverbes
français, Revue Romane, 19,1, p. 3-47.

Halmoy, O. (1982): Le gérondif. Eléments pour une description syntaxique et sémantique.
Tapir, Trondheim.

Halmoy, O. (1983): Remarques sur la syntaxe et la sémantique de tout + gérondif, in
Actes du VlHème Congrès des Romanistes Scandinaves, Odense University Press,
Odense.

KJeiber, G. (1983): Compte rendu de Halmoy, 1982, Revue de linguistique romane,
47, p. 434-438.

Moeschler, J. & N. de Spengler (1982): La concession ou la réfutation interdite,
approches argumentative et conversationnelle, in Cahiers de linguistique française
4. Université de Genève, p. 7-36.

Nolke, H. (1985): Le subjonctif - Fragments d'une théorie enunciative, in Langages,
80, Larousse, Paris.

Valentín, P. (éditeur) (1983): L'expression de la concession, Linguistica palatina colloquia,
1, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne.

Textes cités

Boissard, J. (1986): Une femme réconciliée, Livre de poche, Paris, (femme)

Fngwall, G. (1984): Corpus sur micro-fiches tiré de Vocabulaire du roman français
(1962-68), Dictionnaire des fréquences, Almqvist & Wiksell International, Stockholm.
(GE, + référence)

Gentzbittel, M. (1988): Madame le proviseur, Seuil, Paris, (proviseur)

Giroud, F. (1988): Aima Mahlerou l'art d'être aimée, Presses Pocket, Robert Laffont,
Paris. (Mahler)

Sagan, F. (1989): La laisse, Julliard, Paris, (laisse)

Toussaint, J.-Ph. (1985): La salle de bain, Minuit, Paris (salle)