Revue Romane, Bind 21 (1986) 1

Le parallélisme entre les syntagmes Nom + adjectif ethnique et les syntagmes prépositionnels correspondants en Nom + de (+ Dét) + Nom géographique*

par

Inge Bartning

Pour avoir une image aussi complète que possible de la fonction et des propriétés caractéristiques des séquences nom + adjectif ethnique (N-AE) en français, il faut considérer leurs équivalences avec les constructions parallèles, à savoir les syntagmes prépositionnels Nom +de/Prép (+Dét)+Nom géographique (N-de(Dét)-N )1.

Dans ce qui suit (section 1) nous jetons d'abord un coup d'œil sur les différents rapports sémantiques que peuvent exprimer les N-de-(Dét)-N selon quelques grammairiens et linguistes. Nous verrons quelques cas où il est possible de remplacer ces syntagmes par un N-AE.

Ensuite, dans la section 2, nous partons des N-AE pour voir quelles sont les relations sémantico-syntaxiques qui peuvent aussi se réaliser par un N-de-(Dét)-N. Le but de cet examen est d'arriver au domaine exclusif des contructions N-AE, c.-à-d. aux emplois prototypiques des structures N-AE.

Dans la section 3, nous considérerons de nouveau les N-de-(Dét)-N, mais cette
fois-ci d'une manière plus approfondie. Nous essaierons de cerner les emplois
prototypiques des constructions en N-de-(Dét)-N.

Dans la section 4 enfin, nous étudierons brièvement les restrictions contextuelles
ou superficielles qui pèsent sur les deux types de construction, N-AE et N-de-Dét-N.

1. Aperçu sommaire des relations exprimées par les N-de-(Dét)-N

Regardons d'abord les rapports sémantiques que peuvent exprimer les de-Dét-N2 et
les de-N2 où le N2 est un nom de pays. Pour cet aperçu préliminaire des tendances



* Cette étude a été subventionnée par le Conseil Suédois de Recherches pour les Sciences Sociales et Humaines, no F 92/82 et F 281/83. Pour leurs précieuses remarques, je tiens à remercier Georges Kleiber, Gaston Gross, Kjell-Âke Gunnarsson et Michèle Noailly-Le Binan.

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générales de la syntaxe des déterminants auprès des noms de pays, nous avons
suivi la grammaire française de Pedersen et alii dans l'édition suédoise (1980 p.
148ss). D'après cette grammaire, on peut faire les généralisations suivantes:

/. de-N2 s'emploie sans déterminant2

a) pour exprimer un sens locatif

(1) dans toutes les villes d'Europe

(2) j'ai parcouru les déserts d'Arabie

b) pour exprimer un sens à valeur de définition (N2 est un NI)

(3) le royaume de Suède

(4) la République d'lrlande

c) auprès des titres

(5) le roi de France

(6) l'ambassadeur d'Allemagne occidentale

d) pour exprimer le pays d'origine d'un produit

(7) du thé de Chine

(8) les vins de France

e) auprès de substantifs qui dénotent des unités géographiques (le syntagme

aura alors le statut de nom propre)

(9) le golfe de Finlande

(10) la mer de Chine

IL Le syntagme prépositionnel s'emploie avec un déterminant pour exprimer
"un vrai rapport de génitif":

a) le génitif subjectif

(11) la décision de la Finlande

b) le génitif objectif

(12) l'invasion de la Tchécoslovaquie

c) le génitif partitif

(13) le reste de l'Europe

(14) une partie de la Scandinavie

d) le génitif possesif (rapport d'appartenance)

(15) l'avenir de l'Europe

(16) la politique de la France

Selon cette grammaire, on emploie aussi l'adjectif pour les cas sous le comme par ex. le président américain, et auprès de noms tête comme premier ministre, gouvernement, parlement. On fait aussi remarquer qu'auprès de noms tête comme frontière, côte, histoire, peuple, région, ville, il y a hésitation entre les trois constructions N-AE, N-de-N et N-de-Dét-N.

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En faisant une synthèse de l'alternance des syntagmes de-N2 et de de-Dét-N2
d'après les faits présentés dans la thèse de Persson (1974) et dans un manuscrit
inédit de Gunnarsson (1975), on arrive plus ou moins au même résultat:
A. de-N équivaut à:

a) un syntagme prépositionnel de lieu (cf. la ci-dessus)

(17) La guerre d'lndochine (Persson 1974 p. 95)

(18) l'armée d'ltalie

(19) cette région d'Afrique

b) un syntagme prépositionnel de dénomination (cf. Ib ci-dessus)

(20) l'état de Tanzanie

c) un "nom composé" (voir Gunnarsson 1975 p. 45)

(21) une carte de France

d) un nom propre

(22) la mer de Norvège (Gunnarsson 1975 p. 45)

B. de-Dét-N2 exprime

a) l'appartenance (cf. Ild ci-dessus)

(23) les villes de la France

(24) l'armée de l'ltalie

b) l'agent, l'actant

(25) la guerre de la France

c) la construction partitive (cf. Ile ci-dessus)

(26) cette région de la France

Le grand mérite de Persson est d'avoir apporté une description détaillée, statistiques à l'appui, de la concurrence entre les trois constructions et des différences entre elles. Sa thèse peut être considérée comme un lexique très utile des substantifs tête et de leurs tendances à prendre des déterminations en de-N, en de-Dét-N et/ou en AE.

Notre but à nous est plutôt - dans la mesure du possible — de faire une synthèse des domaines exclusifs de l'emploi des N-AE d'un côté et des N-de-Dét-N/ N-de-N de l'autre. Nous avons aussi cherché à expliquer ces emplois prototypiques. (Soulignons que nous n'étudions la concurrence entre les N-de-N et les N-de-Détde-N que sous la perspective de leur équivalence avec les N-AE).

On peut tout de suite constater qu'un N-AE peut remplacer plusieurs de(Dét)-N
sous I et II ci-dessus, tout en restant synonyme avec eux. Nous avons par
exemple:

(27) (la) les villes d'Europe -»¦ les villes européennes

(28) (le) le roi de France -»¦ le roi français

(29a) (Id) les vins de France -»¦ les vins français

(29b) (Ha) la décision de la Finlande -> la décision finlandaise

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Cependant, certains N-AE sont exclus:

(30) (le) la mer de Chine -> *la mer chinoise (mais l'Océan Indien)

(31) (Ile) le reste de l'Europe -> *le reste européen

D'autres encore sont difficiles à juger:

(32) la ville de Paris — =£ la ville parisienne

(33) (Ib) le royaume de Suède -+ ?le royaume suédois

II y en a, finalement, qui peuvent entraîner une différence de sens:

(34) (a) (Ac) une carte de France (b) une carte française

(35) (a) (la) la guerre d'ltalie =£ (b) la guerre italienne

(36) (a) (la) l'armée d'ltalie =£ (b) l'armée italienne

Pour conclure ce premier petit aperçu, on voit donc que la séquence N-AE ne remplace facilement ni un syntagme au statut de nom propre, comme dans (30), ni un génitif partitif comme dans (31). Un N-AE ne semble pas non plus pouvoir exprimer une fonction de définition comme dans (33). De plus, à la différence de de-N dans (34a), le N-AE de (34b) exprime plutôt l'idée d'origine, et les AE de (35b) et de (36b) n'expriment plus une relation locative, comme le fait le N-de-N, mais une relation d'agent.

Comment expliquer ces faits? Quels sont les facteurs qui gouvernent les possibilités d'équivalence entre N-de-(Dét)-N et N-AE? Avons-nous affaire à des lois inhérentes à la langue, ou s'agit-il de lacunes dues au hasard ou à des phénomènes extra-linguistiques? Y-a-t-il un système qui se laisse décrire par des règles générales?

Tout en étant consciente de la difficulté du sujet, nous espérons pouvoir
ajouter quelques nouvelles perspectives aux analyses précédentes^.

2. Les N-AE se laissent-ils remplacer par un N-de-(Dét)-N?

Nous venons de voir un petit échantillon de N-de-(Dét)-N qui peuvent être remplacés par un N-AE. Regardons maintenant la possibilité inverse, à savoir quels sont les N-AE qui peuvent être remplacés par un N-de-(Dét)-N. L'échelle de la figure 1, page 7, donne un aperçu général des relations que peut exprimer un N-AE (voir Bartning 1984).

Dans Bartning 1976/80 nous avons examiné la possibilité des constructions
nom + pseudo-adjectif (= N-PA, par ex. voyage présidentiel) d'être remplacées
par un N-de-N ou un N-de-Dét-N. Nous avons alors proposé l'hypothèse suivante:

(H) Plus la relation entre le nom et l'adjectif est typique de celle des
constituants d'une phrase complète, plus le N-PA est susceptible
d'admettre la reconstitution par N-de-Dét-N.

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Figure 1 : Echelle des syntagmes N-AE

Pour l'interprétation de ces syntagmes dans leur contexte, voir appendice 1
page 38 ss.

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Fig. 2: Syntagmes prépositionnels hypothétiques correspondant aux syntagmes N-AE de la figure 1

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Cette hypothèse a été confirmée dans ses grandes lignes. Ainsi, un syntagme comme la décision gouvernementale, exprimant la relation verbe-sujet ou agent, se laisse facilement remplacer par la décision du gouvernement. Par contre, un syntagme comme la banlieue résidentielle, à relation vague ou sous-classificatoire, ne peut pas être paraphrasé, car de tels syntagmes ne se laissent pas analyser de façon systématique comme étant des relations typiques de celles qui existent entre les constituants d'une phrase complète. Il est tentant de considérer maintenant les relations sémantico-syntaxiques des N-AE, (sous-groupe des N-PA) comme un facteur explicatif de la possibilité de substituer un N-de-(Dét)-N à un N-AE.

Disons dès maintenant que les résultats d'un tel examen dépendent des syntagmes que l'on prend comme point de départ: en commençant par les N-AE, on limite le nombre de relations à celles que peuvent exprimer les N-AE. Si, au contraire, on commence par les N-de-(Dét)-N, il faut prendre en considération certaines relations qu'un AE ne peut jamais exprimer avec son nom tête (cf. par ex. l'image de la France contre *Vimage française dans le contexte X a une certaine image de la France - Xa une certaine image * française). Sans perdre de vue cette perspective, commençons donc à examiner les N-AE et leurs possibilités d'être remplacés par un N-de-N ou un N-de-Dét-N.

2.1. Les groupes N-AE I, 11, 111, IV, et V

Selon notre hypothèse, les syntagmes à relation verbe-objet ou verbe-agent (groupes I et II de la fig. 1) devraient facilement se laisser remplacer par un groupe N-de-Dét-N puisque ces relations sont typiques de celles qui existent entre les constituants d'une phrase complète (Les noms tête de ces syntagmes sont des nominalisations de verbes).

Effectivement, le comportement des syntagmes du premier groupe (verbeobjet) confirme notre hypothèse et, de plus, cette relation préfère de loin la construction N-de-Dét-N, qui est le génitif objectif (Voir la fig. 2, p. 8. Nous limitons pour le moment notre analyse aux syntagmes définis, tout en étant consciente de l'importance que peut avoir le choix des déterminants). Il semble même que dans certaines langues cette relation soit impossible sous forme de N-AE (Cf. Schâublin 1972 pour l'allemand et Pitkânen 1979, p. 218, pour le suédois)^o.

Dans nos exemples de AE objet, c'est un contexte assez spécifique qui rend possible l'interprétation objet. Le premier exemple, (37a), provient du language publicitaire et doit être considéré comme un néologisme ou un terme de jargon (Pour le contexte de ce syntagme, voir l'appendice 1, p. 37). Voici un autre exemple de la même interprétation:

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(65) /.../ il faut donc qu'une puissance européenne, la France, prenne la
défense allemande en charge. (NO 771, p. 27)

Pris hors contexte, ces syntagmes sont ambigus et l'interprétation préférée est
celle de verbe-agent.

Ceci nous amène à la relation agentive (groupe II). Ici, la substitution par N-de-Dét-N se fait facilement, mais le résultat peut donner un syntagme ambigu, toujours hors contexte, entre une interprétation agent et une interprétation objet, comme dans (66b)

asent
(66) (a) l'invasion vietnamienne (b) l'invasion du Vietnam
objet

L'ambiguïté dépend de l'origine du nom tête: le syntagme (53a) (fig. 2 p. 6)
n'est pas ambigu parce que le verbe intervenir est intransitif et que le Dét-N-de-
Dét-N correspond alors au génitif subjectif.

Comme première conclusion, on peut dire que quand un locuteur doit interpréter un N-AE dont le nom tête est une nominalisation verbale, il interprète cet AE comme agent. On peut aussi dire que pour exprimer la relation agentive, on se sert de la construction N-AE pour éviter l'ambiguïté des constructions Dét-N-de-Dét-N. Le fait que la construction N-AE favorise l'interprétation agent semble être très général. On le retrouve aussi en suédois, den vietnamesiska bombningen (non-ambigu) / Vietnams bombning (ambigu), ou en anglais, the Americanattack / the attack of Americas.

Les N-AE des groupes Illa et IV se laissent eux aussi remplacer par N-de-Dét- N. Ceux du groupe 111 peuvent être remplacés par des génitifs attributifs comme (54a), la présence de la France, et ceux du groupe IV par des génitifs possessifs comme (56b), l'industrie de la France (Cf. pourtant l'exemple de Lomholt, p. 104, où le sens du NI se concrétise au moyen d'un adjectif épithète, ce qui rend possible l'omission de l'article: "C'est ainsi que /.../ les richesses architecturales d'Allemagne, d'Angleterre /.../ seront évoquées chaque matin /.../."). Il faut ajouter que les AE de ces groupes peuvent correspondre à des de-Dét-N/+ humain/ (Cf. Bartning 1976/80). Cette possibilité dépend des traits de sous-catégorisation et des restrictions de sélection des noms tête. C'est pourquoi, l'exemple (42b), les gestes français, correspond à (57b), les gestes des Français, et non pas à les gestes de la France**.

La substitution des syntagmes des groupes Illa et IV suit donc notre hypothèse : les deux relations Attribut-ETRE-S et O-Avoir-S sont typiques de celles qui existent entre les constituants d'une phrase et peuvent donc être reconstitués par N-de-Dét-N.

Pour l'examen du groupe Illb, nous renvoyons le lecteur à la section 3.1.

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Les N-AE du groupe Va représentent des relations vagues et ne se laissent pas
remplacer par de-(Dét)-N mais par pour-Dét-N. Dans notre exemple, le choix de
la préposition est dû aux traits lexicaux du nom tête campagne.

Selon notre hypothèse de départ, les syntagmes à relations vagues (par ex. CONCERNANT) devraient être réfractaires à la substitution par un de-Dét-N. Pour des syntagmes comme (44a), la politique européenne (de la France), et (44b), le problème palestinien (au Liban), il existe des de-Dét-N correspondants, mais ceux-ci ne se prêtent pas aussi facilement à la même interprétation que les N-AE: en syntagme isolé, la politique de l'Europe et le problème de la Palestine sont interprétés comme des possessifs (relation AVOIR). Si, cependant, on ajoute encore un de-Dét-N pour voir s'il s'agit de deux interprétations distinctes on obtient des phrases comme (67a) et (67b):

(67)(a) ??la politique de l'Europe de la France
(b) ??le problème de la Palestine du Liban

Ces phrases sont difficiles à décoder en raison de l'accumulation de syntagmes prépositionnels et l'encodeur ne sait pas quels rôles attribuer aux séquences presque identiques de-Dét-N. De plus, les langues évitent en général les séquences, dans une même phrase, de deux syntagmes prépositionnels ou génitifs qui jouent le même rôle casuel (Cf. Fillmore 1968, Milner 1982, Brodda 1973, Platzack 1983).

Peut-on dire alors que les N-AE CONCERNANT ne se laissent pas remplacer par un de-Dét-N? Non, mais notre matériau montre que cette relation est plus souvent exprimée par un N-AE. Il semble qu'on hésite devant l'interprétation d'un N-de-Dét-N avec un nom tête comme politique ou problème: on a tendance à choisir l'interprétation prototypique de la séquence N-de-Dét-N, qui est la relation possessive. Par contre, des noms tête comme question ou affaire déclenchent l'interprétation CONCERNANT7. Si la construction de-Dét-N est employée pour CONCERNANT, cela est dû à un contexte extra-linguistique (voir aussi la section 3.2). Comment interpréter l'exemple suivant? 8

(68) A supposer que les Palestiniens évacuent Beyrouth, reconnaît-on à
l'Elysée, le problème du Liban ne fera alors que commencer.
(EXPRESS 1624, p. 32)

Dans (68), c'est de l'Elysée qu'on voit le problème du Liban. Si le locuteur voyait
le problème du Liban au Liban, cette dernière interprétation aurait entraîné la
relation possessive 0-AVOIR-S.

Dans (69), ce sont des contraintes de coréférence qui excluent la construction
N-AE:

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(69) Le problème de l'Europe, encore une fois, c'est celui de sa survie. Nous sommes entourés de quatre millards d'hommes qui n'ont pas sur la vie, sur la mort, sur la finalité de l'homme et des sociétés les mêmes idées que nous. (NO 771, p. 28)

Ajoutons que dans cet exemple il semble impossible de trancher entre une interprétation CONCERNANT et une interprétation AVOIR. L'une des raisons pour lesquelles il est difficile de choisir entre ces deux interprétations auprès des N2 géographiques est le fait que les noms de pays sont à la fois des substantifs "animé" et "non-animé". Pour les noms communs en position de N2, c'est la relation CONCERNANT qui se présente si le N2 est "non-animé" et la relation AVOIR si le N2 est "animé" ou "humain":

(70) (a) le problème de l'extraction du plutonium (TLF) = CONCERNANT
(b) le problème complexe des assurances (TLF) = CONCERNANT
(c) le vrai problème des peuples (TLF) = AVOIR
(d) le problème de l'lndochine (ambigu sans contexte)
(e) Mais, au fond, nous savons bien que le problème de l'lndochine,
comme tout l'avenir de la France, ne sera réglé que /.../ (TLF) =
CONCERNANT

(Pour (70a) et b) on peut aussi proposer la relation 'le N2 EST un Nl'.)

Concluons donc que le choix de la relation pose des problèmes quand on veut remplacer un N-AE par un N-de(Dét)-N. Cet état de choses semble confirmer notre hypothèse de départ posant qu'une relation à interprétation vague ne se laisse pas exprimer par un de-Dét-N sans prendre en considération les restrictions contextuelles et extra-linguistiques.

Ouvrons une petite parenthèse et considérons ces syntagmes sous une autre perspective. Dans un article encore inédit, B. Warren (à paraître) propose une distinction fonctionnelle pour les "modificateurs" de noms. Il s'agit des fonctions 1) classificatoire, 2) descriptive et 3) identificatoire des modificateurs envers leurs noms tête9: tout modificateur peut classifier, pourvu qu'il suggère une catégorie et que les interlocuteurs soient d'accord sur le fait que les entités de la description en question constituent une sous-catégorie.

L'exemple type de Warren est le SN white people dans (71):

(71) I saw some very brown white people at the swimming pool.

Ces adjectifs n'admettent ni la position predicative, ni l'insertion d'autres adjectifs,ni la modification par un adverbe de degré (Concernant la validité de ces critères appliqués aux N-PA français, voir nos réserves dans Bartning 1976). Ces adjectifs répondent à la question "What kind / type of? ". De plus, on les

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emploie pour délimiter un champ sémantique en établissant un contraste ou pour rendre plus spécifiques les référents de certains noms qui sont vagues, comme par ex. financial question ou economical problem. Finalement, et toujours selon Warren, les propriétés de ces adjectifs classificateurs ne dépendent pas de traits contextuels, par ex. ceux du nom tête, mais des connaissances extra-linquistiques des locuteurs.

Au contraire, les modificateurs descriptifs sont non-restrictifs (My husband, who is idealistic, /.../), ils modifient plutôt le réfèrent du nom tête que la "référence" du Nl + Adj, c.-à-d. la relation entre l'adjectif et le N1 (Cf. Bolinger 1967). Ils acceptent la prédicativité (par ex. the house is white) et, selon Warren, il serait possible de trouver des traits linguistiques qui les définissent. Les relations suivantes, par exemple, ne sont jamais exprimées par un adjectif descriptif + nom tête: POSSESSEUR (human frante), POSITION DANS L'ESPACE / DANS LE TEMPS {celestial bodies), LIEU D'ORIGINE {central heath), CAUSE /AGENT/ INSTRUMENT (electric shock), PROFESSION (medical man, English Institute), BUT (musical instruments). Les adjectifs de ce type répondent à la question What is the N like? , comme dans the white cliffs of Dover.

Dans notre analyse, ces adjectifs descriptifs ont été considérés jusqu'ici comme la grande classe d'adjectifs qualificatifs. Cependant, l'un des avantages de l'analyse de Warren est qu'un même adjectif peut remplir plusieurs fonctions dans différents contextes.

La troisième fonction de Warren est celle d'identification. Les adjectifs identificatoires servent à "single out some spécifie entity/entities or phenomenon/ phenomena" et de ce fait ils sont restrictifs. Un adjectif peut avoir la fonction identificatoire:

"1) if it indicates some attribute of which the in tended réfèrent is
the sole or most prominent possesor in the relevant context and

2) if the circumstance can be assumed to be known or otherwise
évident to one's audience".

Exemples:

(72)(a) I met an arrogant and a nice linguist yesterday. The arrogant linguist
said...
(b) white dans The White House

Ainsi, tous les adjectifs qui remplissent ces deux conditions peuvent avoir une fonction identificatoire. De plus, ils répondent à la question Which N?. Ajoutons seulement ici que le rôle du déterminant défini est capital pour une fonction 'identificatoire' du syntagme nominal en question.

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Certains adjectifs servent exclusivement d'identificateurs, en anglais par ex. actual, certain, principal, etc. Ces adjectifs ne sont pas toujours, selon Warren, employés en position predicative, car ils deviennent facilement descriptifs dans la stucture X is Y.

Les adjectifs classificatoires, ainsi que les adjectifs descriptifs, peuvent s'accumuler auprès d'un nom tête (African wild animais, lush green grass), tandis que les identificateurs ne s'accumulent pas. Pour Warren, le cas typique de la fonction identificatoire est le génitif: John 's houseio.

On peut toujours discuter les critères syntaxiques de ce genre de distinctions, et les critères de Warren ne sont pas toujours opérationnels. Il importe pourtant d'ajouter aux relations logico-sémantiques cette perspective fonctionnelle lors de la description des N-AE, des N-PA et des N-de-(Dét)-N. En étudiant des N-AE français, on pourrait proposer les relations V-O, V-S et 0-AVOIR-S pour la fonction identificatoire, les relations COMME et AQ pour la fonction descriptive et les relations ORIGINE et LOC/PERMANENT pour la fonction classificatoirell.

Revenons maintenant aux exemples (68) et (69) et à la relation CONCERNANT. Si l'on applique les trois distinctions fonctionnelles aux syntagmes qui nous préoccupent, la fonction typique d'un modificateur auprès d'un nom tête comme problème, qui a une force référentielle extrêmement faible, est celle de classifier ou de donner une référence plus spécifique à ce nom vague. Intuitivement, et en forçant un peu les choses, on peut dire que la fonction de (68) est classificatoire, tandis que celle du de-Dét-N de (69) est identificatoire, mais il n'y a pas de tests ou de critères objectifs pour le prouver.

Si on prend un autre nom tête typique de la même relation, par ex. question, on voit que les AE auprès de ce nom classifient plutôt qu'ils n'identifient. Ici, il n'y a aucune hésitation entre AVOIR et CONCERNANT: question semble impliquer CONCERNANT et non pas AVOIR car, si un pays peut avoir un problème, il ne peut pas avoir de question.

2.2 Les groupes N-AE locatifs (VI et VII a-c)

Considérons maintenant les différentes relations locatives, à savoir les groupes VI et VII a-c. Ces groupes représentent-ils une relation vague ou une relation typique des constituants d'une phrase complète? Ils représentent probablement tantôt l'un, tantôt l'autre. Pour le montrer, il faut d'abord regarder les différents sousgroupes et voir comment ils peuvent être remplacés par d'autres syntagmes.

2.2.1 Groupe VI (villes allemandes)

Des syntagmes tels que (45 a), villes allemandes, et (45 b) pays européens (groupe

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VI), peuvent être remplacés par villes d'Allemagne et pays d'Europe tout en
gardant l'interprétation locative. Il est bien connu que le français peut avoir ici
les deux constructions de-N et de-Dét-N, mais qu'il préfère celle sans article.

D'après les résultats de Persson 1974, la séquence de France est bien plus fréquente que de la France auprès de noms géographiques n'ayant pas d'autres déterminants. D'après nos résultats, de France impliquerait une interprétation locative, tandis que de la France est plus apte à recevoir une interprétation possessive (Cf. aussi Gunnarsson 1975 ms et Lomholt 1983, p. 97, pour les N2 féminins).

Le fait qu'on peut remplacer des N-AE comme villes allemandes par d'autres types de syntagmes tendrait à prouver qu'il s'agit de SN polysémiques: aux lectures locative et possessive peut s'en ajouter une troisième, l'interprétation descriptivel2, paraphrasée ci-dessous par TYPIQUE.

On retrouve la distinction LOCATIF / POSSESSIF dans l'exemple classique l'armée d'ltalie / l'armée de l'ltalie (Cf. Togeby 1965, p. 71). Le N-AE correspondant, l'armée italienne, semble pourtant n'exprimer que l'interprétation possessive. Si l'on change le N1 en guerre, I'AE reçoit l'interprétation AGENT (l'ltalie fait la guerre), ce qui peut correspondre à la guerre de l'ltalie, tandis que la guerre d'ltalie n'exprime que l'idée locative.

Pour conclure, on peut dire que la possibilité de remplacer un N-AE (les villes allemandes) par un N-de-(Dét)-N suit en partie notre hypothèse de départ: quand le N-AE est remplacé par les villes d'Allemagne, ce syntagme est synonyme de villes en Allemagne. Les villes d'Allemagne ne peut donc pas être la réalisation de la relation 0-AVOIR-S (voir fig. 4).


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Fig.4

II faut préciser encore quelques propriétés des syntagmes locatifs. Il peut y avoir, comme l'a signalé Persson (1974, p. 40), un désaccord entre l'appartenance géographique et l'appartenance nationale, ce qui a des conséquences pour le choix entre N-AE et N-de-N:

(73)(a) /.../ Les Russes qui se disposaient à attaquer la Finlande, alors
province suédoise, demandent une intervention française /.../ (Persson
1974, p. 40)

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Dans la phrase (73 a), on voit que le N-AE, qui représente la relation AVOIR, exprime l'appartenance nationale et non pas l'appartenance géographique ou locative. Le SN correspondant, province de Suède, aurait impliqué une idée de localisation, cette fois en Suède, ce qui pour des raisons pragmatiques aurait exclu cette phrase.

Il en est de même si on dit d'Alger que c'est une ville française. Ce syntagme
ne peut pas être remplacé par ville de France (Cf. Persson 1974, p. 40). Voici
par contre un cas où le N-AE est impossible :

(73)(b) II faut rentrer au foyer et lui rendre sa pureté. Ces discours sont un
nectar pour la majorité des Français d'Algérie {*algériens). Ils le
boivent avec délices. (Cardinal, Au pays de mes racines, p. 66).

Auprès des noms tête / +humain/, la relation locative exige la construction de-N.
Dans ce contexte, I'AE aurait exprimé la nationalité.

2.2.2 Groupe VHa (vacances indiennes)

La relation du groupe VII a que nous avons décrite comme/+locatif,-permanent/ n'admet pas la substitution par de-(Dét)-N mais par en-N ou par à-N: vos vacances indiennes -> en Inde / aux Indes, ses tournées africaines -»• en Afrique. (Cf. Il a fait le voyage de Paris = DESTINATION).

Il s'agit d'un emploi productif et 'néologique' d'un certain type de N-AE tels
que (74) et (75):

(74) Réception toute chaleureuse et empreinte de la grande hospitalité de
vos vacances indiennes qui seront pour vous une expérience inoubliable.
(Expansion, no spécial Voyages, 1982, p. 63, publicité)

(75) Comme l'a expliqué J.-P. Cot, qui prend désormais soin d'inclure dans ses tournées africaines plusieurs pays non francophones, la nouvelle politique africaine de la France, ne doit pas se limiter à des relations entre Paris et ses anciennes colonies. (NO 888, p. 33)

Pour essayer d'expliquer l'impossibilité de la préposition de ici nous avons vu un parallélisme dans le fait que le "génitif exprime rarement une localisation temporaire^B. On peut très bien dire (76a) mais guère (76b), de même qu'on peut très bien dire (76c) mais guère (76d):

(76)(a) Les meubles de la pièce
(b) ? *le monsieur de la pièce
(c) la couleur de la porte
(d) ? *la mouche de la porte

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Tout serait simple si la préposition de était réservée à un aspect 'permanent' ou 'pas trop temporaire' du rapport entre le N1 et le N2 et si un rapport temporaire occasionnel ne pouvait être exprimé que par des prépositions autres que de. Cependant, il faut signaler qu'il y a des groupes prépositionnels en de très voisins mais qui n'impliquent pas d'aspect permanent dans le rapport Nl-N2 à cause du sémantisme de leurs Nl. En voici quelques-uns:

(77) /.../ lorsque sont survenus les événements de Tchécoslovaquie (cité
d'après Persson 1974, p. 93)

(78) La crise d'Algérie était devenue une crise nationale (Persson 1974,
p. 94)

(79) La guerre de Corée suivit /.../ la victoire des communistes en Chine
(Persson 1974, p. 95)

Nous croyons que ces dernières constructions présupposent que le NI et le N2 ont été associés l'un à l'autre auparavant dans le discours et que les phénomènes auxquels ils réfèrent sont devenus si connus que les syntagmes se rapprochent des syntagmes de dénomination ou des noms propres. Pourtant, avant de continuer, il faut signaler qu'il est possible que (77) et (79) représentent des cas différents: les syntagmes du type (77) peuvent être synonymes avec un AE correspondant, tandis que ceux de (79) ne le peuvent pas toujours:

(80) (a) les événements de Tchécoslovaquie (locatif)
(b) les événements tchèques (locatif)

(81)(a) la guerre de Corée (locatif)
(b) la guerre coréenne (agent)

Le syntagme (81) équivaut surtout à la guerre (surtout des Etats-Unis et de la Chine) en Corée mais pas nécessairement à la guerre coréenne dont I'AE serait interprété comme agent ou 'manière'. De même — et ce sont des faits bien connus - les guerres d'ltalie (Clédat 1894. p. 96) indique qu'il s'agit de guerres que d'autres nations ont menées en Italie, tandis que les guerres italiennes implique que l'ltalie elle-même est l'agent.

Si on admet que (80a) et (81a) sont des cas différents, que dire du rapport entre (80) et vos vacances indiennes! On aimerait bien les mettre dans la même catégorie, mais, comme nous venons de le voir, les AE de (82) ne se laissent pas remplacer par de-N2,c& qui est possible pour (83). Nous avons donc:

(8 2)(a) vos vacances indiennes / *d'lnde
(b) ses / les tournées africaines / *d'Afrique

Side 18

(c) mon /le week-end américain / *d'Etats-Unis ou *des Etats-Unis

et

(83)(a) les événements tchèques /de Tchécoslovaquie
(b) le conflit coréen /... depuis le conflit de Corée (Persson 1974, p. 74)
(c) la crise algérienne (Persson 1974, p. 76) / d'Algérie

Par contre, les deux types acceptent la paraphrase par en-N2.

On ne peut donc pas dire qu'il y ait distribution complémentaire entre en-N2 d'un côté et de-N2 / AE de l'autre, de telle sorte qu'on emploierait en-N2 pour exprimer une localisation auparavant inconnue et de-N2 / AE pour un rapport connu entre le N1 et le de-N2 / AE.

La situation est plus complexe et il faut chercher d'autres explications aux
restrictions qui pèsent sur l'emploi de de-N2^b On voit d'ailleurs de nouveau
la souplesse avec laquelle l'adjectif remplit toutes sortes de fonctions et de rôles.

Quelle est la différence entre les types (80a) et (82 a)?

Nous croyons que la réponse - si réponse il y a - est cette fois encore à chercher dans les propriétés du N1 : les substantifs du type vacances, tournées, week-end, etc., présupposent un sujet autre qu'un pays (ou une autre entité géographique), car un pays ne peut pas prendre de vacances. Par conséquent, auprès de ces Nl, un AE ne peut jamais jouer le rôle d'agent ou de sujet, et l'interprétation locative devient la seule plausible. Peut-être aussi faut-il qu'un agent / + humain/ soit présent dans la phrase pour qu'on puisse employer ce tour néologique. Par contre, des substantifs comme événement, conflit, crise, etc., peuvent très bien avoir comme 'agent' des pays ou des êtres humains. Auprès de tels substantifs un AE est plus polysémique qu'auprès de substantifs tels que vacances, tournées, week-end, etc.:

- les événements tchèques (locatif, ? agent)

- la crise polonaise (locatif, ? agent)

- le conflit palestinien (locatif / agent)

(Le substantif guerre nous semble présenter un cas spécial).

Tout ceci pour la différence entre les types (74) et (77). Il faut cependant souligner
un aspect que les deux types ont en commun, à savoir que le rapport informationnel
entre le NI et son complément adnominal semble déjà être établi.

Le fait que le rapport entre le réfèrent du N1 et celui du N2 (ou de I'AE) est présupposé connu se reflète dans les contraintes sur l'emploi des déterminants auprès de ces syntagmes: les N-AE du type VII a (vos vacances indiennes) n'acceptent pas l'article indéfini:

(84)(a) Ce matin il yeu *? une catastrophe espagnole.
(b) Ce matin il y a eu une catastrophe en Espagne.

Side 19

(85)(a) Ce matin j'ai entendu parler de la catastrophe espagnole àla radio,
(b) Ce matin j'ai entendu parler de la catastrophe en Espagne à la radio.
(Cf. Ce matin il y a eu *un conflit de Pologne).

On voit que pour référer à une localisation inconnue, on ne peut pas employer un AE auprès de noms tête comme catastrophe, accident, match de football etc., qui tous expriment un événement ponctuel. On préfère le syntagme prépositionnel en en. Dans (85 a), le réfèrent du NP est déjà connu (défini) et on veut l'identifier de nouveau, ce qui est un emploi fréquent des N-AE. Dans (84a) par contre, on veut en même temps présenter/identifier le réfèrent du NP et préciser sa localisation, ce qui est impossible avec un N-AE car la fonction normale de la séquence N-AE précédée d'un déterminant indéfini est de sous-classifier (par ex. une ville alllemande), c.-à-d. de référer à une classe déjà établie pour le N et son AE; d'où l'anomalie de la phrase (84 a).

Le groupe VII a semble être assez exceptionnel parmi les groupes N-AE du fait
qu'il refuse l'article indéfini. La plupart des N-AE des groupes I-V acceptent
l'article indéfini, même s'ils sont de loin plus fréquents sous la forme définie.

2.2.3 Groupe Vllb (propriétaires français) et groupes VII cl et c2 (familles françaises et vin italien)

Le groupe Vllb, exemplifié par propriétaire français, accepte d'être remplacé par de France en syntagme isolé. Il indique l'origine, et non pas la localisation. On peut paraphraser par "propriétaire venant de France" ou par "propriétaire d'origine française". La suite N-de-Dét-N est exclue.

Le groupe Vllcl, par contre, représenté par les familles françaises, un chercheur français, correspond à les familles de France (origine) et à les familles (françaises) en France (localisation). Même les familles de France peut être ambigu entre une interprétation locative et une interprétation d'origine. De plus, familles françaises peut être remplacé par les familles de la France (relation AVOIR).

Si nous regardons ces syntagmes dans une perspective fonctionnelle, un SN comme familles françaises peut avoir trois fonctions différentes selon les contextes et selon les intentions des locuteurs: 1) fonction identificatoire (les familles de la France) (AVOIR), 2) fonction classificatoire (les villes de France) (LOCATIF ou ORIGINE) et 3) fonction descriptive, selon le schéma suivant:

Side 20

DIVL548

Figure 5

Les N-AE du groupe VIIc2 {vin italien) expriment une relation d'origine et sont facilement remplacés par un groupe de-N synonyme. Il s'agit là de la préposition de marqueur d'origine. Les deux constructions acceptent l'emploi prédicatif. L'AE a toujours une tendance plus nette que les de-N à exprimer une implication secondaire, et se prête donc mieux à une fonction descriptive^c.

Dans la section sur les syntagmes locatifs, nous avons vu que les N-AE locatifs sont le plus souvent remplacés par de-N, à l'exception de ceux du groupe VII a. Il faut souligner que la séquence de-Dét-N n'est pas équivalente au même degré avec les N-AE locatifs que le sont les de-N:

(86)(a) les propriétaires français (ORIGINE) * les p. de la France (AVOIR)
(b) les familles françaises (ORIGINE) =É les familles de la France (AVOIR)
(c) le vin italien: *le vin de l'ltalie

Nous avons vu aussi la polysémie de la séquence de-N: 1) locatif (appartenance géographique auprès des noms tête géographiques comme province etc., par opposition aux AE, qui, dans ce cas, expriment l'appartenance nationale — cf. Persson (1974) — et 2) l'idée d'origine, surtout auprès des noms de produits et d'humains.

Il nous semble que notre hypothèse de départ (p. 6) ne peut pas être appliquée aux syntagmes locatifs et à leurs différentes réalisations. Les facteurs décisifs pour l'équivalence ou la non-équivalence entre les deux types de relations sont plutôt à chercher dans le système des déterminants, dans les propriétés référentielles des deux entités NI et N2 (ou I'AE) et dans leur parenté avec d'autres syntagmes prépositionnels.

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2.3 Groupes VIII(COMME) etIX(AQ)

Finalement, en ce qui concerne les groupes COMME et AQ, il n'y a pas de syntagmes
prépositionnels correspondant aux syntagmes de l'échelle de la figure 1.
Ces faits confirment donc l'hypothèse émise au début de cette section.

Il ne faut cependant pas en conclure que les déterminations de-N ou de-Dét-N
ne peuvent pas exprimer une relation qualificative ou typique avec leur nom tête.
Pour ces cas, voir la section 3.3.

3. Les N-de-Dét-N se laissent-ils remplacer par un N-AE?

Pour bien cerner le domaine exclusif des N-AE, regardons de nouveau — et de
plus près - les N-de-Dét-N et les relations qu'ils peuvent exprimer. Un Dét-N-de(Dét)-N
peut-il toujours être remplacé par un N-AE?

Nous sommes ici en présence de deux systèmes différents de détermination
(ou de modification) d'un nom tête, à savoir d'un côté l'adjectif épithète et de
l'autre côté les génitifs et les syntagmes prépositionnels en de-N.

Tout d'abord, quelles sont les relations que peut exprimer un Dét-N-de-(Dét)- Nom géographique? 14 Nous avons pris comme point de départ les relations que présentent les N-AE de la figure 1. Sur la figure 3 (page 22) nous y avons ajouté certains types de relations qui sont nécessaires pour donner un aperçu exhaustif des possibilités d'interprétation des Dét-N-de-(Dét)-Nom géographique, même si elles ne se prêtent jamais à la réalisation d'un N-AE. L'échelle de la figure 3 donne ainsi un aperçu préliminaire du système N-(prép)-de-(Dét)-Nom géographique en français. Il va de soi que nous ne pouvons pas traiter à fond toutes les relations énumérées et leurs réalisations. Nous nous concentrons sur certaines de ces relations et sur les propriétés des deux constructions parallèles, N-de-(Dét)-N et N-AE.

Avant de commencer notre examen, signalons que notre classement souffre d'imperfections qui sont typiques pour les descriptions des NP avec compléments, tels que le génitif, les N-PA / AE et les syntagmes prépositionnels. Les différents groupes de notre classification sont basés sur un mélange de critères syntaxiques, sémantiques et lexicaux.

En premier lieu, nous analysons les relations logico-sémantiques entre le NI
et son complément à l'aide de paraphrases. A ces interprétations s'ajoutent des
considérations syntaxiques et lexicales.

Exemples:

1) relation ou critère sémantique:
(i) la question polonaise
la question de la Pologne
la question de la défense

Side 22

DIVL591

Figure 3: Aperçu préliminaire des N-de-(Dét)-Nom géographique

Pour le contexte authentique de ces syntagmes, voir appendice 2.

Side 23

Cette relation est rendue explicite par une paraphrase que suggère le sémantisme
du nom tête: 'question CONCERNANT la Pologne'.

2) relation ou critère syntaxique rendu explicite par la nominalisation du
verbe participer en participation et par l'élément qui constitue le sujet de ce
verbe:

(ii) la participation française
la participation de la France
la participation des élèves

3) relation ou critère sémantico-lexical ayant son origine dans le sens lexical
d'un des éléments du syntagme, par ex. ici, Helsinki et 1914-1918:

(iii) les accords d'Helsinki (LIEU)
la guerre de 1914-1918 (TEMPS)

3.1 Les groupes N-de-Dét-N I et II (la conquête de l'Algérie, l'image de l'Allemagne, la contribution de la France)

Dans le groupe la, le génitif objectif est exemplifié par la destruction d'lsraël et la conquête de l'Algérie. Comme nous l'avons vu pour les N-AE, le français semble préférer de loin, pour cette relation, la construction N-de-Dét-N, car les AE ont tendance à recevoir le rôle d'agent. Rappelons au lecteur que les N-AE objet existent, mais qu'ils sont très rares (Cf. 37a-b et la note 4).

Au groupe I appartient un autre type de relation qui peut être paraphrasé par
'X représente Y' (groupe Ib), relation qui est fréquente parmi les N-de-Dét-N:

(87)(a) l'image de l'Allemagne
(b) l'image de la France

Ce sous-groupe ne peut pas être remplacé par un N-AE en français: ? l'image allemande, où I'AE serait objet, est peu acceptable. Par contre, on accepte très bien ce syntagme dans l'interprétation AE = sujet: 'l'image que se font les Allemands (de X)'.

De même, il n'y a pas de N-AE correspondant synonyme de une carte de
France:

(88) une carte de France =é une carte française

Les noms tête de ce groupe Ib sont des noms iconiques qui n'acceptent donc pas les AE comme objet. Il existe bien sûr d'autres relations avec lesquelles ces noms acceptent les AE, par exemple la relation ORIGINE: une carte française, une image allemande.

Comment expliquer ces faits?

Side 24

On considère en général en linguistique (Cf. par ex. Platzack 1983, p. 13) que le rôle du "génitif" — en français équivalent à la construction N-de-Dét-N — est d'exprimer une différence entre deux référents, une "frontière"ls. Dans les yeux du garçon, il y a une différence entre le possédé et le possédant; dans la décision du gouvernement, il y a une différence entre l'action et l'actant. Il s'ensuit, dit-on, que le génitif (ou le syntagme prépositionnel) a deux référents, ce qui explique pourquoi le syntagme accepte la pronominalisation possesive:

(89)(a) l'image de l'Allemagne (b) son image

(90)(a) l'existence d'lsraël (b) son existence

Or, il n'est pas tout à fait vrai qu'il y ait deux référents autonomes dans les exemples a) ci-dessus. Comme l'a montré Kleiber 1981, il n'est pas certain que des noms tête comme image (sens abstrait) et existence soient référentiellement autonomes: ce sont des noms syncatégorématiques caractérisés par le fait qu'ils sont référentiellement dépendantsl^. Dans (89) et (90), nous supposons que c'est le complément adnominal de l'Allemagne, d'lsraël, qui a la plus grande force référentielle, et non pas image ou existence (Cf. Bartning 1984).

Comme nous sommes à la recherche du parallélisme entre un génitif {l'image
de l'Allemagne) et un syntagme à détermination épithétique (l'image allemande),
regardons maintenant les propriétés référentielles de I'AE.

Si on admet que les noms image et existence sont référentiellement vides, il n'est pas étonnant qu'ils refusent un complément qui, lui non plus, n'a pas de réfèrent évident. La difficulté de repérer un "réfèrent" pour I'AE allemand dans l'image allemande est certainement liée à la grande potentialité de polysémie chez les AE. Cette potentialité polysémique est illustrée par la figure 1 où sont énumérés les différents rôles qu'un AE peut exprimer dans le syntagme nominal.

Par cette capacité d'entrer dans des relations 'casuelles' bien différentes, I'AE remplit des fonctions très variées dans la phrase: tantôt il classine (vin italien), tantôt il caractérise (une attitude française) ou bien il identifie (le refus américain) (Cf. p. lOss.). Cette souplesse fonctionnelle de I'AE le rend en même temps 'vague' et ouvert à de nombreuses interprétations.

Les syntagmes de la figure 1 montrent aussi que c'est le N1 qui joue le rôle
crucial pour l'interprétation et la référence d'un AE.

Si maintenant le N1 -à cause de sa non-autonomie référentielle —ne peut pas montrer dans quel domaine il faut chercher des candidats pour la référence de I'AE, il devient impossible d'employer encore un élément à force référentielle vague ou faible.

Des syntagmes tels que (89'), *Vimage allemande (relation objet), (90'),
*? l'existence israélienne (relation sujet) ou *le dégoût français (objet) sont donc

Side 25

peu acceptables parce que le locuteur n'a la possibilité de repérer de réfèrent ni
pour le N1 ni pour I'AE.

L'hypothèse que I'AE est référentiellement faible est corroborée par le fait
qu'il se soumet difficilement à des processus anaphoriques tels que la pronominalisation

(91) Depuis des années, une tendance dominante dans l'Establishement américain a été de considérer que c'étaient l'isolement de l'Union soviétique / *soviétique et sa faiblesse relative qui constituaient le véritable danger. (Expr. 1626, p. 90)

De ce fait il n'admet non plus la coréférence avec une expression substantívale
comme dans (92):

(92) Car c'est bien d'une démission de la France / * française en tant que
championne des libertés qu'il s'agit, dans ce discours /.../• (NO 926,
p. 21)

Ces faits, pertinents pour la description des restrictions syntaxiques des AE, viennent à l'appui de l'hypothèse concernant le caractère référentiellement vague de certaines séquences N-AE. Nous avons des cas parallèles parmi les syntagmes pseudo-adjectivaux:

(9 3) (a) *la crainte divine (b) *la perte temporelle

en face de

(94)(a) la crainte de Dieu (b) la perte de /du temps

On peut citer d'autres syntagmes parallèles:

(95)(a) l'amour de la France =£ l'amour français
(b) ses connaissances de la France =£ ses connaissances françaises
(c) la beauté de la France =£ ? la beauté française

Ces faits semblent assez généraux. En suédois on ne dit pas non plus

(96)(a) *den tyska bilden (pour 'X représente Y')
mais
(b) bilden av Tyskland ou (c) Tysklandsbilden

Notons que les noms tête dans (93) - (95) sont tous des noms syncatégorématiques.
Si, au contraire, on prend un nom tête catégorématique, les deux types de
constructions se laissent interpréter.

(97)(a) les amis de la France (objet)
(b) les amis français (origine ou nationalité)

Side 26

Regardons maintenant la relation agentive. On peut constater que si un AE
correspond difficilement à un de-Dét-N ayant le rôle d'objet, il remplace facilement
- et souvent - un de-Dét-N sujet, tout en restant synonyme:

(98)(a) la contribution de la France (b) la contribution française

(99)(a) les pressions de I'URSS (b) les pressions soviétiques

II n'est pas facile d'expliquer cette différence dans le comportement des AE sujet et des AE objet. Dans Bartning (1976/80, p. 132) nous avons proposé un facteur 'degré de cohésion' entre le nom tête et son complément: ce degré de cohésion serait plus fort dans les syntagmes objet que dans les syntagmes sujet. En effet, il est possible, dans une certaine mesure, de séparer les compléments en de-Dét-N sujet du nom tête par un verbe. Pour les AE sujet, la position predicative ne pose aucun problème:

(10O)(a) cette contribution vient / ? ? est de la France
(b)est française

(101)(a) ces pressions viennent / ? ? sont de l'Union soviétique
(b)sont soviétiques

Par contre, les compléments objet, aussi bien celui en de-Dét-N que celui en AE,
refusent d'être séparés du nom tête et d'être employés comme attributs:

(102)(a) *cette destruction est d'lsraël
(b) *la destruction est israélienne

(103)(a) *cette conquête est de l'Algérie
(b) *la conquête est algérienne

(104Xa) *cette image est de l'Allemagne
(b) "Timage est allemande (= X représente Y)

Si nous prenons d'autres noms têtes que les noms déverbaux, comme par exemple politique, ville, croissant, etc., le 'degré de cohésion' est beaucoup moins fort, ce qui est prouvé par le fait que ces syntagmes acceptent la position predicative. Pourquoi en est-il ainsi?

Les noms déverbaux présupposent l'existence d'un réfèrent correspondant au sujet ou à l'objet du verbe dont ils sont dérivés. Nomination, par exemple, implique quelqu'un qui nomme et/ou quelqu'un que l'on nomme; défense, destruction impliquent quelqu'un qui défend/détruit et/ou quelqu'un qui est défendu/ détruit. Les noms non déverbaux par contre, tels que politique, problème, ville, etc. ne semblent pas impliquer ce genre d'arguments ou de places d'arguments 'ouvertes'.

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Ouvrons ici une petite parenthèse concernant les noms déverbaux syncatégorématiques, les relations objet/sujet et la possibilité de I'AE d'entrer dans des structures prédicatives. Nous avons dit ailleurs (Cf. Bartning 1984) qu'une phrase telle que (107) *cette défense est européenne (relation objet) est inacceptable à cause de la dépendance référentielle du substantif syncatégorématique défense et que par conséquent, on ne peut attribuer une propriété {européenne) à une entité à laquelle on ne peut pas référer.

Regardons maintenant ces noms tête déverbaux dans une autre perspective. Les NI du type défense, découverte, défaite, etc., sont aussi ce qu'on appelle des noms relationnelsl7. Au point de vue logique ces noms impliquent au moins deux places d'arguments. Ainsi défense a deux arguments: arg. 1, celui qui défend, arg. 2, celui que l'on défend. Par conséquent, du fait que défense a déjà implicitement deux places d'arguments, il est peu naturel d'ajouter par le prédicat encore un élément plutôt incliné à remplir des places d'arguments qu'à faire partie d'un prédicat, comme c'est le cas de l'adjectif européenne dans l'interprétation objet.

Par contre, cette phrase devient acceptable dans une interprétation 'manière' de I'AE, de même qu'une phrase telle que (106) Cette défense est insuffisante^ le serait aussi, car dans ce cas les deux adjectifs ne réclament pas de places d'arguments, parce que ce sont des adjectifs caractérisants qui font aisément partie d'un prédicat.

Dans le syntagme la défense européenne, au contraire, l'adjectif a une fonction
identificatoire et c'est probablement cette fonction qui le rend apte à remplir des
places d'arguments vides, mais en même temps réfractaire à l'emploi prédicatif.

Concluons donc qu'une séquence N-de-Dét-N à interprétation 'objet' ne se laisse guère remplacer par la construction adjectivale (Cf. les groupes la et b de la figure 3 et de l'Appendice 2). Une des raisons en sont probablement les propriétés référentielles des deux entités. La possibilité inverse n'est pas aussi restreinte: si un N-AE objet se réalise — ce qui est rare — il est presque toujours possible de le remplacer par un N-de-Dét-N (Cf. gr. I des N-AE de la figure 1, p. 7).

Par contre, les séquences N-de-Dét-N sujet se laissent facilement remplacer par des N-AE, et inversement (Cf. gr. II des N-de-Dét-N et des N-AE, appendice 2). Parmi les restrictions qui existent, malgré tout, pour cette relation ainsi que pour les autres, il y a celles qui interdisent les processus anaphoriques.

3.2 Groupes N-de-Dét-N 111 et IV (la sécurité d'lsraël et la politique del 'Allemagne)

Un AE sujet se prête facilement à une interprétation MANIERE, comme dans
(107 a):

(107) (a) les pressions sont soviétiques

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Ceci devient encore plus évident pour la relation attribut-ETRE-sujet (groupe IIIa)
si on remplace le N-de-Dét-N par un AE:

(107)(b) la sécurité d'lsraël
(c) la sécurité israélienne

L'interprétation sujet des AE reçoit une lecture superposée de MANIERE surtout
dans les groupes II et 111. Les AE dans (107) peuvent avoir soit une fonction identificatoire
(= sujet), soit une fonction descriptive.

Le fait que les AE appartenant au groupe 111 évoquent facilement une interprétation MANIERE dépend probablement de ce que leurs noms tête sont des nominalisations d'adjectifs de manière (sûr, indépendant, solidaire, etc.). Ces adjectifs 'primaires' sont qualificatifs et non pas classificatoires.

Les syntagmes du groupe Illb de la fig. 3 (l'Etat d'lsraël) se laissent remplacer par des N-AE, mais le nom tête Etat semble préférer de-N qui, dans ce cas, semble équivaloir à un nom propre. Ajoutons que ces syntagmes, à la différence de ceux du groupe lIIa, sont originaires de phrases copulatives où l'attribut du sujet est constitué par un substantif (Israël est un Etat). Ces phrases sont donc non descriptives. Comme nous venons de le voir, les syntagmes du groupe 111 a sont originaires de phrases attributives où l'attribut est un adjectif qualificatif.

Les trois types de détermination l'Etat français, l'Etat d'lsraël et de la France ont une fonction identificatoire car elles identifient le réfèrent exprimé par le N1 (Cf. Persson 1974 pour le royaume de Suède). Si on dit un Etat français ou une colonie française, tout change, et l'on a affaire à un état situé en dehors de la France ou à un état qui appartient à la France. Ajoutons que le groupe Illb est très hétérogène, car il contient des syntagmes comme le royaume de Suède, l'Empire de Chine, etc. Nous renonçons à un examen plus approfondi de ce groupe ici. Ajoutons seulement qu'il y a de fortes restrictions sur l'adjectif dans ce groupe Illb dont les noms tête sont des noms géographiques (Etat, ville, royaume, région, fleuve etc.): la ville de Paris, =£ la ville parisienne; le fleuve du Rhône, *le fleuve rhodanien (exemple signalé par M. Noailly-Le Binan). Souvent donc, un complément de N de dénomination ne peut pas être remplacé par un AE parallèle.

Les réalisations de la relation AVOIR (groupe 4) sont très nombreuses. Ceci n'a rien d'étonnant, puisque cette relation exprime le génitif possessif qui est le prototype du génitif dans la plupart des langues (Cf. de Groot 1956, Platzack 1983 et Pitkânen 1979). Nous retrouvons dans ce groupe un premier sous-groupe exemplifié par la politique de l'Allemagne, la population de la France, l'histoire de l'Europe, etc. Les syntagmes de ce type se laissent aisément remplacer par un N-AE synonyme. On peut ajouter que, dans des cas comme une politique américaine,le

Side 29

caine,leAE peut avoir une fonction descriptive (voir ci-dessus), ce qui est exclu pour une politique des Etats-Unis. En ce qui concerne l'opposition l'histoire de France / l'histoire de la France, la variante de-N est due, selon Lomholt (p. 102), à la haute fréquence de la construction. On pourrait, à notre avis, rapprocher ce type des exemples (77) - (79) qui, eux, se rapprochent des syntagmes de dénomination.

Il y a d'autres cas où la substitution par un N-AE synonyme n'est pas possible:

(108) (a) un ami d'lsraël
et =£ (b) un ami israélien

Le AE de (108b) n'exprime plus le rapport entre deux entités nominales — ce
qui est la fonction du génitif — mais modifie le nom auquel il s'ajoute.

Comme nous l'avons vu, le parallélisme entre la population de la France et le
N-AE correspondant ne pose aucun problème. Que dire cependant des syntagmes
suivants:

(109) (a) les habitants de la France
et =£ (b) les habitants français

Le N-AE n'exprime plus le génitif possessif mais la relation ORIGINE, comme dans

(110) les habitants français du Canada

II est bien connu que l'on exprime les titres par N-de-N, comme le roi de Suède (gr. IVb). Le N-AE correspondant est tout à fait possible. Comme le constate Persson (op. cit. p. 106), "il est facile de penser en quoi l'ambassadeur de France pourra différer de l'ambassadeur français. La première formule est le titre officiel du représentant diplomatique permanent de la France auprès d'un Etat étranger, tandis que l'adjectif français peut indiquer tout simplement la nationalité de cette personnalité."

On peut préciser que les N-AE à nom tête /+ humain officiel / peuvent être
ambigus entre l'ambassadeur de Suède et l'ambassadeur qui est suédois, c'est-àdire
d'origine ou de nationalité suédoise.

Ajoutons que des cas comme l'ambassadeur de la Suède (Cf. Persson 1974, p.
106) sont possibles et qu'ils expriment l'idée de possession.

Pour le sous-groupe IVc (O-PROVERBE-S) la substitution se fait facilement entre (la diplomatie) de la France et française ou entre (les victoires) des Palestinienset palestiniennes. Contrairement à ce qui est le cas pour (Illa), la guerre d'ltalie, on peut remplacer (111b), la guerre de l'ltalie, par (111c), la guerre italienne, car, dans ces deux derniers syntagmes, le complément joue le rôle d'agent, alors que (Illa) exprime une relation locative. Dans 111 aet b,les réferentsdes

Side 30

rentsdessyntagmes diffèrent: dans 111 aleNl la guerre est menée par un autre pays que celui désigné par le complément de-N2. Dans 111 b, par contre, la guerre est menée par le N2. (Cf. l'armée d'ltalie = l'armée de la France (de Napoléon) en Italie, l'armée de l'ltalie / italienne - l'armée de l'ltalie en Italie ou ailleurs).

3.3 Les groupes N-de-(Dét)-N Va et b (le train de Paris, le problème du Liban)

Dans le groupe Va (BUT /DIRECTION) nous avons classé les expressions de 'direction', qui sont souvent des noms tête indiquant un mouvement, un moyen de locomotion, etc. Ces relations ne peuvent pas être réalisées sous forme de NAE(Cf. p. 7).

Il s'agit là d'un groupe encore plus complexe que les autres. Le train de Paris
ne peut guère être remplacé par le train parisien, tandis que

(112) (a) les bateaux de Finlande
et (b) les bateaux finlandais

diffèrent par le fait que (112b) indique l'origine (les bateaux produits en Finlande) et (112a) la destination ou la provenance. On peut comparer les routes d'ltalie, marquant la direction, avec les routes de l'ltalie, qui marque la possession, tandis que les routes italiennes exprime la localisation ou la possession mais jamais la direction.

Pour le groupe Vb (CONCERNANT) nous avons déjà constaté que l'on préfère les N-AE, parce qu'il est très difficile de trancher entre l'interprétation CONCERNANT et l'interprétation AVOIR pour les N-de-Dét-N qui sont candidats au groupe CONCERNANT (Cf. section 2.1). Dans (113) c'est le nom têteaffaire qui, par son contenu lexico-sémantique, implique un 'relateur' comme CONCERNANT plutôt que comme AVOIR. On sait aussi par des connaissances extralinguistiques que celui qui a une affaire n'est pas l'Afghanistan lui-même mais l'Union Soviétique. Par conséquent, de l'Afghanistan ne joue pas le rôle d'agent ou de sujet dans l'exemple suivant:

(113) La réplique adéquate, c'est aussi traiter les problèmes en eux-mêmes et ne pas seulement les utiliser. On peut se servir de l'affaire de l'Afghanistan pour monter une opération de propagande contre l'Union soviétique (boycottage des Jeux Olympiques): on peut aider les Afghans très modérément pour aggraver le coût à payer par l'Union soviétique et l'inviter à parler ailleurs de désarmement; /.../(EXPRESS 1626, p. 91)

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3.4 Les groupes N-de-(Dét)-N locatifs VI, VIIa-c (les pays d'Europe, les événements de Kabylie, les Français d'Algérie) et les groupes VIII, IX, et X

Regardons maintenant les syntagmes locatifs (groupes VI-VII de la figure 3) réalisés par N-de-(Dét)-N. D'une manière générale, et ceci n'a rien de nouveau, les relations locatives préfèrent de loin la séquence N-de-N à la séquence N-de-Dét- N. Notons toutefois quelques particularités dans l'alternance entre les N-de-N et les N-AE locatifs.

La relation location permanente (groupe VI) se réalise aussi bien par N-de-N
que par N-AE - les deux variantes de (114) sont synonymes:

(114) certains pays d'Afrique / africains

La relation de location non permanente (groupe VII a) peut se réaliser par N-en- N {tournées en Afrique), par N-AE {vacances indiennes) ou par N-de-N événements Kabylie). Nous avons déjà constaté que les N-AE /locatif-permanent/ du type les vacances indiennes peuvent être remplacés par en Inde, aux Indes, mais pas par *d'lnde. Nous ne reprendrons pas ici la discussion de ces syntagmes, mais renvoyons le lecteur à la section 2.2.

Le groupe VII cl /+origine ± locatif/ dont les noms tête sont /+ humain/ se réalise plus naturellement par N-AE que par N-de-N. Pourtant, il existe des cas comme les Français de France où de France semble obligatoire, entre autres pour des raisons d'euphonie. Selon nos matériaux ainsi que selon ceux — beaucoup plus grands — de Persson (1974), les N-AE sont de loin le plus fréquent pour ce groupe. Par contre, les N-de-N sont très fréquents pour exprimer la provenance d'un produit (notre groupe VIIc2).

(115) le thé de Chine les champignons de Paris les grenouilles d'Alsace le vin d'Algérie

Cette construction a aussi un comportement syntaxique plus libre que les autres
N-de-N - nous pensons à la possibilité d'avoir la séquence de-N en position predicative:

(116) Quand la porcelaine n 'est plus de Limoges; quand les parapluies ne
sont plus d'Aurillac; quand le champignon n'est plus de Paris ...la
nostalgie en prend un coup. (NO 9^3, p. 40)

De ce fait les N-de-N /+origine/ sont, au point de vue syntaxique, les constructions
les plus proches et les plus synonymes des N-AEI9.

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(117) (a) le thé est de Chine / chinois
(b) le vin est d'Algérie / algérien

II est étonnant que même la relation 'X est comme X de Y' puisse se réaliser par
N-de-N ou par N-de-Dét-N. C'est le génitif qualificatif de la grammaire traditionnelle.

(118) L'Argentine est le pays le plus contradictoire qui soit.paysd 'Europe et d'Amérique, développé et sous-développé, du Nord et du Sud, tolérant dans le domaine des différences ethniques et culturelles et incapable d'accepter la pluralité politique /.../. (NO 22/5 - 82, p. 23)

(119) Elle /la mère de Marie Cardinal/ me faisait face maintenant et, avec ces beaux gestes qu'ont les Blancs des colonies, ces gestes créoles dans lesquels se mêlent la retenue de l'Europe et la langueur des pays chauds, elle s'appliquait à glisser sous le ruban de satin qui tenait mes cheveux, mes boucles de devant qui s'échappaient toujours. (Cardinal, Au pays de mes racines, 1980 p. 180)

Ces exemples se prêtent facilement à une interprétation TYPIQUE: la retenue typique de l'Europe / typique des Européens. Nous avons vu ailleurs (Bartning 1976 et 1984) que ces N-de-(Dét)-N ont ce trait en commun avec les N-PA et les N-AE. Encore un cas, donc, de la synonymie des trois constructions N-AE, N-de- N et N-de-Dét-N.

Ces exemples pourraient aussi être classés dans une catégorie N-de-Dét-N qui
correspondrait aux N-AE qualificatifs.

Par contre, on ne peut jamais remplacer un génitif partitif 'X fait partie de Y'
par un N-AE:

(120) la moitié de la France =£ la moitié française2o

4. Restrictions contextuelles sur les possibilités de substituer un N-AE à un N-de-Dét-N

Comme nous l'avons déjà vu pour les AE (section 3.1) et constaté ailleurs pour les N-PA, il y a de fortes restrictions coréférentielles et syntaxiques sur la possibilité de remplacer un N-de-Dét-N par un N-AE (Voir dans Bartning 1976 la discussion des hypothèses de Postal 1969 et de Chomsky 1972 sur les 'ilôts anaphoriques').

Un AE se soumet difficilement à des processus anaphoriques avec d'autres
éléments de la phrase. De ce fait, il n'admet pas la pronominalisation:

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(121) Enfin les Palestiniens et les Arabes en général doivent bien entendu
reconnaître l'existence d'lsraël (israélienne) et lui offrir un avenir
sûr en échange de leurs territoires recouvrés. (NO 933, p. 34)

ni la pronominalisation possessive2l :

(122) C'était sans doute aussi la première fois qu'un lauréat invité à partager le repas des jurés tenait ceux-ci sous le charme d'un exposé sur la situation économique de la France (*française), sur ses difficultés et sur les remèdes qu'il préconisait. (NO 938, p. 32).

ni les expressions anaphoriques comme en tant que SN:

(123) Car c'est bien d'une démission de la France (*française) en tant que
championne des libertés qu'il s'agit, dans ce discours /.../ (NO 926,
p. 21)

Ces restrictions semblent valoir pour toutes les relations sémantico-syntaxiques que nous avons étudiées. Pourtant, comme le montre un exemple de Ronat (1974), un AE peut admettre certains processus anaphoriques, par exemple quand il sert d'antécédent au sujet supprimé d'une complétive (analyse qui présuppose une argumentation transformationnelle):

(124) la promesse de l'Amérique / américaine au président Thieu de /NPI
= 0 / toujours le soutenir. (Ronat 1974 p. 34, cité dans Bartning
1976 p. 116)

Cette phrase a servi d'argument en faveur de l'hypothèse transformationnelle qui propose de dériver les N-AE de NP-de-Dét-N. Nous avons montré dans Bartning (1976) qu'une telle analyse n'est pas possible pour l'ensemble des N-PA, et, vu le nombre de non-équivalences entre les N-AE et les N-de-Dét-N que nous avons trouvées dans les sections précédentes, nous ne pouvons que confirmer notre prise de position de 1976.

Pour bien rendre compte de toutes les restrictions syntaxiques, référentielles et même stylistiques qui pèsent sur les constructions en question, il aurait fallu une étude plus poussée et un corpus — journalistique — beaucoup plus grand que le nôtre (Les N-AE et les N-de-Dét-Nom géographique sont beaucoup plus fréquents dans la prose journalistique ou technique que dans des corpus littéraires). Malgré nos matériaux limités, nous présentons cependant encore quelques résultats.

Il semble y avoir une échelle d'acceptabilité en ce qui concerne les nominalisationsde
certains verbes tels que participer à, avoir accès à, accéder à, contribuer
à, aider à, etc. Ces nominalisations n'admettent pas toujours un AE, même

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quand celui-ci joue le rôle de sujet. Dans les exemples qui suivent, c'est la constructionde-Dét-N
qui est la construction authentique. Seul le dernier exemple
contient un AE authentique:

(125) Je crois beaucoup moins à un casus belli automatique dans les cas de l'accession de l'Allemagne (*? allemande) au feu nucléaire, qui se ferait par étapes sur le plan européen. C'est une affaire d'une ou deux décennies. (NO 771, p. 28)

(126) Au printemps de 1981 déjà, deux résolutions étaient déposées par les élus américains, condamnant la participation des Etats-Unis (? américaine) au projet et demandant à Reagan de coopérer avec les alliés pour trouver des substituts énergétiques. Idée évoquée au sommet d'Ottawa, en juillet. (EXPRESS 6/8 - 82, p. 40)

(127) En vérité, Jérusalem a été tout près d'opposer un "non" définitif à
la contribution de la France / française au plan Habib. (EXPRESS
1624, p. 34)

(128) Au lendemain de mai 1981, une inquiétude réelle gagnait pourtant certains pays d'Afrique; on y observait, perplexe, la bataille que se livraient au sein du nouveau pouvoir les 'idéologues' et les 'réalistes'. On craignait que les aides françaises au développement ne s'éparpillent sur tous les continents. (EXPRESS 1612, p. 41)

II nous semble que la construction du verbe sous-jacent à la nominalisation est pertinente, s'agissant de choisir entre N-AE et N-de-Dét-N: tous les verbes cités, sauf aider, ont des compléments obligatoires en à et ils n'acceptent guère les AE, par opposition à aider qui, sans complément en à, l'accepte. Un autre facteur semble être l'aspect 'actif du verbe: aider, participer et contribuer sont plus 'actifs' que accéder à ou avoir accès à, et ils acceptent les AE.

Signalons finalement, un domaine de restrictions contextuelles sur le choix entre les trois constructions. Nous pensons à la compatibilité des de-N, de-Dét-N et AE avec d'autres compléments du Nl, à savoir d'autres adjectifs épithètes, des participes, des superlatifs, etc.:

(129) (a) le champion universitaire de France =£ ? français
(b) la carte administrative de France =£ française
(c) l'histoire passionnante *? de France / de la France / ? *française
(d) la carte abîmée ? de France / de la France / ? *française
(e) l'ambassade de France la plus élégante / ? française la plus élégante/
? ? de la France la plus élégante

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Les exemples (129a-e) en de-N sont empruntés à Gunnarsson 1975 qui examine la concurrence entre de-N et de-Dét-N. Il ressort de ces exemples qu'il y a de fortes restrictions sur l'emploi d'un AE dans ces cas. C'est un domaine intéressant, qu'il faudrait regarder de plus près, mais nous nous contentons, pour le moment, de l'avoir signalé et nous le laissons ouvert à des recherches futures22.

5. CONCLUSION

Notre examen des systèmes N-AE et N-de-(Dét)-Nom de pays nous permet de
dégager les emplois prototypiques suivants:

1. Un AE ne peut pas

a) se soumettre à des processus anaphoriques tels que la pronominalisation
(cf. sections 3.1 et 4). Ceci est dû au fait que les AE ont une force référentielle
très faible.

b) jouer le rôle d'objet après les noms iconiques ('image', 'tableau', etc.) et auprès de noms tête verbaux tels que 'étude', 'connaissance', 'idée', etc. (cf. section 3.1). Cela est vraisembablement dû en partie aux propriétés référentielles de I'AE et de ces noms tête.

c) remplacer un de Nde dénomination du type 'la ville de Parisl =£ 'la ville parisienne',
'le fleuve du Rhônel - *'le fleuve rhodanienl.

Les contextes a et b exigent la séquence N-de-Dét-N.

2. Un AE est extrêmement rare

comme objet dans les SN où le NI est une nominalisation verbale telle que
'défense', 'découverte', etc. (cf. 3.1). Ce fait semble être lié au statut syncatégorématique
des noms tête de ce type qui sont référentiellement dépendants.

Ce contexte préfère un N-de-Dét-N.

3. Un AE est presque exclu

a) après les N1 indiquant le mouvement ou les moyens de transport et qui expriment
la relation DIRECTION (groupe Va):

(1) ? ? le train parisien

(2) ? mon voyage français

b) pour exprimer une relation locative pure du type (3):

(3) la police d'Algérie

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Dans ce dernier contexte (3) un AE déclencherait une interprétation d'origine
ou de nationalité.

Les cas sous 3 préfèrent de loin la séquence N-de-N.

4. Un AE est plus ou moins obligatoire

a) dans un SN défini, pour exprimer une relation locative non permanente
(groupe Vlla). Les noms têtes de ce groupe ont tous un aspect temporaire:
'vacances', 'tournées', 'accident', 'catastrophe', 'week-end', etc.

(4Xa) vos vacances indiennes

Cependant, un N-AE ne peut pas être employé pour référer à une localisation
auparavant inconnue. Dans ce cas la séquence en-N / à-N est le plus souvent
obligatoire (section 2.2)23.

Les N-AE de 4 a n'acceptent pas la reconstitution en N-de-N ou en N-de-Dét-N
(voir cependant les N-de-N du type VII a, appendice 2, 'les événements de Kabylie',
p. 25)

b) dans un SN indéfini ou défini, pour marquer l'origine ou "ce qui est caractéristique"
de N1 :

(4Xb) Parce que dans tous les Méridien /chaîne d'hôtels/ du monde vous
êtes dans un hôtel français. (Publicité, Expansion 117, p. 83)

Le contexte 4b exclut les N-de-(Dét)-N.

c) pour obtenir l'interprétation origine / nationalité, dans des cas comme (5),
puisque le rôle 'locatif est déjà occupé par un de-N:

(5) /.../ les heureux propriétaires français de Timbertin /une villa aux
Seychelles/.

Ce contexte exclut les N-de-(Dét)-N.

5. Un AE s'emploie surtout

a) pour exprimer le rôle "agent" dans les SN dont le N1 est une nominalisation
verbale ou adjectivale:

(6) l'invasion vietnamienne, la sécurité israélienne

Dans ce cas, les de-Dét-N aussi sont possibles (cf. 3.1).

b) pour exprimer l'origine /la nationalité auprès des N1 humains:

(7) un médecin français

Ce contexte aussi accepte les de-N.

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c) pour exprimer l'origine / la nationalité, ainsi que l'interprétation locative,
auprès des N1 humain "collectif":

(8) les familles françaises

Ce contexte admet aussi la séquence N-de-N.

d) pour exprimer l'origine auprès des N1 désignant des produits ou des matières

(9) le vin français

Ce contexte admet aussi les N-de-N

e) pour obtenir une interprétation superposée TYPIQUE ou l'interprétation
COMME, surtout auprès des NI indiquant la manière (cf. Bartning 1984):

(10) un comportement français

Ceci est surtout valable pour les relations où I'AE joue le rôle d'agent ou de
sujet (groupes 11, 111 et IV).

Le fait que les séquences N-de-N et N-de-Dét-N (cf. appendice 2, groupe VIII) peuvent aussi évoquer l'interprétation COMME n'empêche pas que, dans beaucoup de cas, un AE soit obligatoire (cf. l'exemple 10 ci-dessus). L'interprétation COMME est lexicalisée pour les N-AE mais pas pour les N-de-(Dét)-N.

6. On insiste souvent sur le caractère vague ou polysémique des N-AE. Cette tendance est illustrée par la figure 1. On ne peut pas, pour autant, prétendre que cette propriété soit réservée aux N-AE; il en est de même pour les déterminations en de-(Dét)-N (cf. figure 3).

On peut pourtant conclure que la séquence N-AE est plus polysémique que
N-de-(Dét)-N, en raison de la possibilité des N-AE d'exprimer plus facilement la
relation COMME (gr. IX) et les lectures superposées TYPIQUE et MANIERE.

7. L'hypothèse (H) émise au début de cette étude (p. 6) est valable en ce qui concerne la possibilité de reconstituer un N-AE par un N-de-Dét-N, surtout pour les groupes I - IV. Elle n'est pourtant pas valable pour la possibilité inverse, à savoir la reconstitution d'un N-de-Dét-N par un N-AE, ceci, entre autres, à cause de l'impossibilité de syntagmes tels que (11) et de la non-synonymie de syntagmes tels que(l2a-b):

(11) *l'image allemande

(12Xa) un ami d'lsraël (groupe IV a) =£ (b) un ami israélien

8. En ce qui concerne l'imploi prototypique des AE, des de-N et des de-Dét-N

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dans les trois fonctions classificatoire, descriptive et identificatoire, cette étude
donne lieu à croire que:

les N-AE sont surtout classificatoires: le vin italien
mais aussi descriptifs: un comportement français
et identificatoires: l'intervention vietnamienne

les N-de-N sont plutôt classificatoires: le vin d'ltalie
et descriptifs: pays d'Europe (gr. VIII)

les N-de-Dét-N sont plutôt identificatoires: la contribution de la France

La possibilité, pour un modificateur, de remplir telle ou telle fonction semble être
liée au système des déterminants de tout le syntagme. C'est une question sur laquelle
il faudrait revenir.

Inge Bartning

Stockholm

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Notes

1. Pour d'autres études de ce problème bien connu, voir surtout la thèse de B. Persson (1974), à laquelle nous renverrons plus d'une fois. Mentionnons aussi un manuscrit inédit de Gunnarsson (1975) et une note de Gross (1981). Pour les aspects généraux de la préposition de dans les compléments de nom, voir Spang-Hanssen (1963, pp. 25-48). Gunnarsson ne s'intéresse qu'à la concurrence Nde France /dela France. Il exclut de son étude les N-AE, ainsi que les syntagmes du type le royaume (de Suède) / la richesse (de la Suède), dans lesquels on n'a pas le choix de l'article intérieur en raison de la nature des N1 : royaume ->• de N, richesse ->¦ de la N. Pour cette même raison, Gunnarsson exclut aussi les syntagmes du type l'armée d'ltalie / l'armée de l'ltalie, où les N2 ont des propriétés référentielles différentes. Pour l'étude de la concurrence Dét-Nl-de/à/Prép/-(Dét)-N2, voir Gunnarsson (1972) et Danell (1974). Ce n'est que vers la fin de notre étude que nous avons eu accès à l'ouvrage de Lomholt (1983). Lomholt, cependant, ne consacre aux AE qu'une seule page (p. 113). Nous essaierons malgré cela de tenir compte de ses résultats concernant les domaines qui nous intéressent.

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2. Nous suivons la distinction faite par les grammairiens danois en deux différentes classes de noms de pays selon leur genre et leur nombre. A la classe A appartiennent les noms de pays au féminin singulier (la France, l'Angleterre) et ceux au masculin singulier qui commencent par une voyelle (l'Afghanistan); à la classe B appartiennent les noms de pays masculins singuliers qui commencent par une consonne et ceux qui sont pluriels (les Pays-Bas). Dans notre aperçu général de la possibilité de reconstituer un N-AE par un N-de(Dét)-N, nous faisons pourtant abstraction des noms de la classe B puisque leur comportement en ce qui concerne l'emploi de l'article intérieur est régulier et prédictible : les villes, le royaume, le roi, le thé du Japon, des Pays-Bas (Cf. Persson 1974, p. 201). Voir cependant les exemples de Lomholt (p. 42): les vins de Médoc et de Sauternes, un verre de vin de Beaujolais. Quant à la possibilité inverse (la reconstitution d'un N-de-(Dét)-Nom de pays par un N-AE), les syntagmes avec des noms B semblent suivre les mêmes règles que les syntagmes avec les noms A (voir section 3).

3. Nous basons notre étude sur un corpus de constructions N-AE et N-de-(Dét)-Nom géographique tirées du Trésor de la langue française (TLF, Nancy), du corpus littéraire d'Engwall (1984) et d'exemples puisés dans la presse, notamment l'Express et le Nouvel Observateur. Nous tenons à remercier ici le Centre de Recherche documentaire du TLF, ainsi que Madame Gunnel Engwall, qui nous ont permis d'utiliser leurs matériaux.

4a. Nous employons le terme général de PRO-VERBE pour des verbes autres que ETRE et AVOIR dans les relations non-ouvertes, c.-à-d. les non-nominalisations. (Cf. les connecting de Warren 1984, p. 23, et la notion de verbe opérateur ou de support dans, par exemple, M. Gross 1975 et G. Gross 1984.)

4b. Cf. note 8.

4c. Récemment, nous avons pourtant trouvé les phrases suivantes: (i) /.../ pour moi, je le rappelle, c'est (b) qui est orienté vers une conclusion positive relativement aux connaissances balzaciennes de la personne dont il s'agit, (a) est, lui orienté vers une conclusion d'ignorance. (Ducrot, 1980, les Echelles argumentatives, p. 7) (ii) /.../ revue des études rimbaldiennes (publicité dans une librairie parisienne, novembre 1983) La raison pour laquelle les PA provenant de noms propres humains acceptent plus facilement la lonction objet est sans doute quiis désignent un réfèrent unique et bien précis.. Il en est tout autrement des AE, vu leur grande polysémie et leur imprécision référentielle. Dans l'exemple suivant, il est presque impossible de trancher entre l'Europe se dé fend (se V-S) et X défend l'Europe (V-0). Les informateurs acceptent ces deux paraphrases comme synonymes; a) est la construction authentique: (iii) On ne peut pas faire l'Europe sans une défense européenne. Et la défense a) de l'Europe b) européenne n'est possible qu'avec le jeu nucléaire. Alors on pense tout de suite à la France et à la Grande-Bretagne. (NO 771, p. 27) Là où la relation V-0 est évidente, I'AE n'est pas accepté: (iv) Ce qui est nouveau, c'est que la prétendue protection de l'Europe / *européenne par les Américains devient moins crédible que jamais. (NO 771, p.27)

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5. Cf. Pitkânen 1979 et Platzack et alii 1983 pour le suédois

6. Pour saisir leur caractère polysémique et vague, Borkin 1972 propose pour l'anglais d'analyser des syntagmes tels que la France comme des "beheaded NP's": la France, par exemple, peut correspondre à des expressions aussi diverses que "le gouvernement français", "l'administration actuelle de la France", "les représentants de la France", "les habitants de la France", etc. Pour cette raison, et à cause des phénomènes de coréférence, Borkin suggère que ce "matériau sémantique" se trouve déjà dans la structure profonde et que ces paraphrases doivent être considérées comme les vraies têtes du syntagme nominal. Ensuite, tout est effacé sauf le nom de pays qui devient ainsi un "beheaded

7. Selon le matériau plus riche de Persson 1974, les noms tête suivants typiques de la relation CONCERNANT peuvent se construire avec les trois séquences: question: les trois constructions sont possibles, mais l'adjectif domine. affaire: l'adjectif et la suite de-N sont d'une fréquence presque égale. La séquence de-Dét-N est rare. problème: les deux constructions de-N et de-Dét-N sont possibles, mais la première est très rare. L'adjectif, par contre, est d'un usage extrêmement fréquent. Le cas idéal serait qu'un Dét-N-de-N réalise la relation CONCERNANT et un Dét-Nde-Dét-N la relation POSSESSIVE pour des NI tels que affaire, question, etc. Chez Lomholt (p. 99) il y a des exemples qui illustrent à merveille cette répartition: selon lui, (i), les affaires d'Europe, représente un rapport locatif, et exprime "les choses, vues surtout par les non-Européens, qui se passent en Europe". Par contre, (ii), les affaires de l'Europe' représentant un rapport possessif, "s'emploie dans un sens plus large à propos des affaires et des intérêts, vus notamment sous l'angle européen, que possèdent les nations européennes à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Europe". Or, (i) est un bon candidat à l'interprétation CONCERNANT dans le contexte que donne Lomholt: "les responsables des affaires d'Europe à la Maison Blanche et au département d'Etat" (p. 99). L'interprétation CONCERNANT nous semble plus naturelle puisque les affaires d'Europe ne sont pas forcément localisées en Europe. Pour l'interprétation possessive de (ii) dans le contexte suivant, nous sommes entièrement d'accord avec Lomholt: "traiter des affaires de l'Europe sans les Européens du continent, c'est une manière singulière de comprendre la coopération" (p. 99).

8. Nous sommes bien consciente du fait que les syntagmes du type le problème du Liban, que nous avons classés comme CONCERNANT, auraient pu être paraphrasés autrement, par exemple par "le Liban CONSTITUE un problème" ou par "le Liban EST un problème". Nous avons pourtant choisi la paraphrase CONCERNANT, car, étant plus générale, elle peut aussi correspondre aux N-AE et aux N-de-Dét-N qui ont des noms tête tels que question, affaire, etc. Pour la question polonaise, la paraphrase "la question CONCERNE la Pologne" est plus naturelle que "la Pologne EST / CONSTITUE une question". Pour une discussion intéressante sur les problèmes des relations du type CONCERNANT, voir Warren 1984, p. 133 ss.

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9. Comme le dit Warren (inédit), cette classification n'est pas toute récente. Elle se trouve déjà chez Teyssier (1968).

10. Il faut ajouter que, vu la grande polysémie des syntagmes génitifs, il est surtout question du génitif possessif.

11. On peut ajouter qu'on retrouve ces distinctions ailleurs dans la littérature, mais sous des noms différents et sans qu'elles soient appliquées d'une manière aussi méthodique que chez Warren (à paraître): dans Bartning (1976) nous avions parlé des N-PA comme étant des syntagmes 'classificatoires' par excellence, et chez Carlsson ces NP sont appelés 'sous-catégorisateurs'. Plus récemment, Tamba-Mescz (1983) a parlé de détermination pour décrire les syntagmes du type un manteau de laine, et de 'détermination caractérisante' pour le type un manteau en laine.

12. Il ne faut pas oublier que les N-de-N locatifs, tels que les vins de France, la porcelaine de France, peuvent aussi admettre une interprétation caractérisante (Cf. Persson 1973, p. 38 ss.) surtout quand les noms tête ont comme référents des produits ou des noms géographiques. Pour les 'attributs de localisation', cf. aussi Eriksson 1980, p. 50 ss.: selon cet auteur, ces syntagmes peuvent évoquer une interprétation caractérisante: Je suis au lit depuis quatre jours. Son fils est en prison.

13a. Cf. Brodda 1976, Pitkânen 1979, Platzack et alii 1983. Cf. aussi Spang-Hanssen 1963, p. 30: "/.../ il est en outre clair que de est d'un emploi particulièrement fréquent pour marquer des rapports d'un caractère permanent."

13b. Nous remercions Kjell-Âke Gunnarsson, Lund, de nous avoir conseillé de regarder de plus près ces restrictions.

13c. Dans un contexte où un adjectif épithète détermine le N2, la séquence de-Dét-N est employée même pour la relation "origine": du vin de la charmante Grèce (Lomholt 1983, p. 4).

14. Nous limitons cette étude aux structures N-de-(Dét)-Nom géographique où Dét est défini ou absent. Nous ne tenons pas compte du type le rêve d'une Europe unifiée.

15. Réservons pour le moment le terme de génitif aux syntagmes exprimant a) la relation AVOIR (les yeux du garçon) b) la relation V-S (l'intervention de la France) c) la relation V-0 (la destruction d'lsraël) d) la relation Attribut-ETRE-S (la fermeté de la France)

16. Un des tests proposés par Kleiber 1981 pour la distinction substantifs catégorématiques / subst. syncatégorématiques est celui de "la Hiérarchie-être": seuls les subst. catégorématiques peuvent se trouver en position N1 dans la structure Le/les/un NI est/sont un/ des N2. Kleiber donne comme exemple de subst. syncatégorématiques sagesse et blancheur: N2 pourrait inclure des substantifs comme NI: *La blancheur est un N2, *La sagesse est un N2l Par contre, pour les substantifs catégorématiques, on aLe chimpanzé est un singe. Le fer est un métal, etc. Cf. mes groupes I-II: *la défense ¡*le débarquement I*l 'intervention est un N2 contre, par exemple, Un ami est un être humain. Les subst. syncatégorématiques ne sauraient non plus figurer en position N2: *Le NI est une défense / une intervention / une expérience / une existence. L'explication du fait que les subst. syncatégorématiques ne peuvent se placer ni en postition NI ni en position N 2 de la Hiérarchie-être est selon Kleiber la suivante: "/•••/ comme ils ne déterminent pas par eux-mêmes une catégorie d'occurrences particulières homogène, stable, ils sont réfractaires à toute taxinomie référentielle hiérarchique qui rangerait tel ou tel ensemble de référents particuliers à l'intérieur de tel ou tel autre ensemble de référents particuliers" (p. 46). On peut aussi rappeler la catégorie des "second order nomináis" de Lyons (1977, p. 44 ss.). Voir aussi Fradin (ms 1984, p. 9) pour les noms syncatégorématiques: "En effet, si Ni est syncatégorématique /.../ c'est que son interprétation se fonde sur une mise en rapport avec d'autres N". Cf. aussi Pitkânen 1979 pour des substantifs "relationnels" tels que sommeil ou explication, par opposition à livre, etc.

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17. Cf. Hiz 1969, p. 163: "Relational nouns, i.e. nouns which hâve an explicitor tacit'complément', normally of thè form PN /prép. +nom/." Exemples: conséquence, explanation,

18. Je remercie Christina Heldner, Umeâ, pour ce "contre-exemple'

19. Le fait que de marqueur de lieu d'origine ou de 'direction separative' (Cf. Lomholt, p. 196, et Spang-Hanssen, p. 99) a un statut sémantique et syntaxique plus indépendant ressort d'une manière évidente si on le compare à de exprimant 'en direction de', comme dans le train de Paris, car l'interprétation de ce cernier dépend du contexte NI -N2.

20. Cf. Forner 1972, p. 73, en ce qui concerne l'impossibilité d'un N-AE d'exprimer le génitif partitif et le génitif séparatif.

21. 11 y a pourtant de rares exemples tels que: "Mais l'opinion française ne s'interroge pas plus que ses dirigeants, l'affaire /du Concorde/ suit son cours dans une atmosphère d'optimisme, presque d'euphorie." (de Closets, La France et ses mensonges, p. 28)

22. En ce qui concerne un autre domaine des N-AE non équivalents aux N-de-Dét-N, à savoir celui des "N-AE génériques" {l'indiscipline française, la mentalité française), voir Bartning, à paraître.

23. La séquence en N vaut pour les noms A, bien entendu. Comme on le sait, c'est la séquence à-Dét-N qu'on emploie auprès des noms B. Cf. aussi la note 2.

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APPENDICE 1

Contexte des N-AE figurant sur l'échelle de la figure 1

Groupe I: V-0

découverte africaine (X découvre l'Afrique, ou certains aspects de l'Afrique) Sur Gambie et Casamance, le nouveau petit paquebot d'Africatours, l'Africa Queen, essaye de vous apporter, en même temps qu'une découverte africaine, les plaisirs de la plage, du ski nautique, de la planche à voile. L'Africa Queen: un gros yacht pour une trentaine de passagers! (Expansion, numéro spécial Voyages, 1982,p. 59)

défense européenne (X défend l'Europe)

Je pense qu'une coopération plus étroite entre la France et l'Allemagne dans le domaine de l'armement et du contrôle des armements serait certainement une chose positive. Cette coopération est un élément nécessaire de la défense européenne, mais elle ne doit pas être dirigée contre des tiers. (NO 772, p. 23)

Groupe II: V-S

débarquement britannique (la Grande-Bretagne a débarqué)

Le débarquement britannique dans l'archipel des Malouines occupé par les Argentins aura-t-il déjà eu lieu à l'heure où paraîtront ces lignes? On s'ingéniait à ne pas l'exclure, jeudi dernier à Londres, au cours de nombreuses émissions de télévision. (NO 915, p. 20)

intervention vietnamienne (le Vietnam est intervenu)

La désapprobation par la France de l'intervention vietnamienne au Cambodge, n'a évidemment pas fait plaisir au Kremlin, mais ce que voudraient surtout savoir les Soviétiques, c'est jusqu'où Paris est tenté de jouer la carte chinoise. (Le Monde 11-12/2-79, p. 1)

Groupe III: Attribut-/ETRE/-S

fermeté américaine (les Etats-Unis /ou les Américains/ sont fermes)

En fait, la fermeté américaine à l'égard du Pakistan n'est pas seulement inspirée par l'apparente course aux armements dans le sous-continent indien, mais aussi par la crainte de voir les Etats arabes, amis traditionnels du Pakistan, bénéficier de ses capacités techniques et, demain, de la bombe. (Le Monde 19/4-79, p. 1) présence française (la France est présente)

La présence française en Afrique pourra se transformer en un instrument de coopération
pour le développement des pays africains/.../. (Le Monde 14/5-81, p. 11)
l'Etat français (la France est un Etat)

Fait inouï et vraiment nouveau, à la Chambre c'étaient les empoisonneurs qui se battaient entre eux pour savoir qui empoisonnerait le plus avantageusement, qui recevrait de l'Etat français le privilège d'empoisonner la France, (de Closets, "La France et ses mensonges", p. 296)

communauté française (la France est une communauté)

A bord, on lit un peu de tout. "Charlie Hebdo"? Cava? Pourquoi pas, il a ses
idées. Bien sûr qu'il a le droit, qu'il a place dans la communauté française!" (NO
714, p. 40)

Groupe IVa: O-/AVOIR/S

attitude britannique (les Britanniques ont cette attitude)

Après avoir envoyé tant de navires si loin, à un prix si énorme, pour ne pas reconquérir
militairement les Malouines? Inconcevable. La logique de l'attitude
britannique conduisait à l'assaut. Et pourtant... (NO 915, p. 21)

industrie française (la France a /possède/ cette industrie)

En 1975, au creux de la vague, l'industrie française produit 15% de moins qu'en
1974, mais les effectifs n'ont diminué que de 3%. (de Closets, op. cit. p. 211)

Groupe IVb: O-/FAIRE/-S

expérience britannique (la Grande-Bretagne a fait cette expérience)

Je suis sûr qu'il tirera des leçons de l'expérience britannique. Mais je ne veux pas
critiquer Maigret Thatcher. (NO 857, p. 60)

gestes français (les Français font ces gestes)

Nous avions observé, à l'école de Jacques Lecoq, que les gestes français les plus
caractéristiques sont toujours en relation avec la tête: cerveau, nez, bouche,yeux.
(L'Express, août-77, p. 54)

Groupe Va: S-PP-/BUT/

campagne électorale européenne (campagne pour l'élection au Parlement européen) La tournure prise par la campagne électorale européenne montre, à coup sûr, que la classe politique a été facilement gagnée par cette conception introvertie. (Le Monde, 19/4-79: p. 6)

Groupe Vb: S-PP/CONCERNANT/

politique europénne (la politique concerne l'Europe)

Nos partenaires de la CEE manifestent davantage d'inquiétude quant à la poli
tique européenne de la France socialiste. (Expansion, mai-82, p. 140)

problème palestinien (le problème concerne les Palestiniens)

A l'origine du problème palestinien au Liban, on dit qu'il y a la constitution de
l'Etat d'lsraël. (NO 857, p. 21)

Groupe VI: S-/PRO-VERBE/-PP/+locatif//+ permanent/

villes allemandes (villes qui se trouvent en Allemagne)

Dans les grandes villes allemandes, on abandonne les buildings et on reconstruit
les vieux quartiers détruits, exactement comme ils étaient autrefois. (NO 757, p.
60)

pays européens (pays qui se trouvent en Europe)

au cours des années 1970-1973, l'activité BTP française à l'étranger (les autres
pays européens présentent des courbes voisines) stagnait autour de 7 millards de
francs par an. (L'Expansion 117, p. 115)

Groupe Vlla: O-PRO-VERBE/-PP/locatif//-origine//-permanent/

vacances indiennes (vacances passées en Inde)

Réception toute chaleureuse et empreinte de la grande hospitalité de vos vacances
indiennes, qui seront pour vous une expérience inoubliable. (Expansion, numéro
spécial Voyages, 1983, publicité p. 63)

tournées africaines (tournées faites en Afrique)

Comme l'a expliqué J.-P. Cot, qui prend désormais soin d'inclure dans ses tournées
africaines plusieurs pays non francophones, la nouvelle politique africaine de la

France, ne doit pas se limiter à des relations entre Paris et ses anciennes colonies.
(NO 888, p. 33)

Groupe Vllb: S-/PRO-VERBE/-/+origine//-locatif/

propriétaires français (propriétaires qui sont d'origine française)

Aux Seychelles, la ravissante villa Timbertin Lodge, à deux kilomètres de Victoria.
Les heureux propriétaires français de Timbertin ont réaménagé en 'guest house'
cette demeure seychelloise. (Expansion no 2-82, Voyages, p. 78)

Groupe VIIcl: NI (+humain) S-/PRO-VERBE/-/+origine//-locatif/

familles françaises (familles qui sont d'origine française / habitant ou non en
France/)

Mais comparées aux familles américaines, les familles françaises restent profondément
unies. (Expansion, août 1977, p. 56)

chercheur américain (chercheur qui est d'origine américaine / habitant ou non
aux USA/)

Un chercheur américain a établi que, dans les situations qu'il a étudiées, 7% du
contenu de la communication est donné par le sens des mots, 38% par la façon
de la prononcer, 55% par l'expression du visage. (L'Express, août-77, p. 54)

Groupe VIIc2: NI (-humain)

croissants français (croissants produits par la France)

II n'y aura décidément pas de croissants français au Japon! Mais cette attitude
ultraprotectionniste — même si l'on en comprend les raisons — reste pour l'équilibre
occidental un danger réel, que Versailles devrait corriger. (NO 916, p. 45)

vin italien (vin produit par l'ltalie)

Alors, il /Mitterrand/ fermera les frontières. Comme il l'a fait pour le vin italien, il
le fera pour les téléviseurs hollandais, les produits chimiques allemands, l'acier
belge ou luxembourgeois, les chaussures italiennes. (Expansion, oct. -81, p. 117)

Groupe VIII: COMME

cette monte américaine (une monte comme celle qu'on pratique aux USA) Ah, quel cheval... Gaston se réjouit des étriers courts; ainsi pouvait-il tenir cette monte américaine timide que certains hommes de cheval commençaient de pratiquer pour le galop. (Dict. du TLF, tome 3, p. 744)

Groupe IX: AQ

son intelligence bien française

En 1912, j'ignorais tout de ces hauts personnages, mais j'étais en contact constant

avec leurs épigones: j'adorais le Cyrano de la Pègre, Arsène Lupin, sans savoir
qu'il devait sa force herculéenne, son courage narquois, son intelligence bien
française à notre déculottée de 1870. (TLF, Sartre "Les mots", p. 96)

une façon bien alsacienne

M. Adam affirme que les impôts locaux ne seront pas augmentés: le maire et les adjoints ont abandonné au budget communal leurs émoluments de fonction, permettant ainsi de couvrir les intérêts des emprunts contractés par la commune. Furchhausen au Far West? C'est, si l'on veut, une façon bien alsacienne d'interpréter le règlement: la loi à l'Ouest de la Zorn... (Dernières nouvelles d'Alsace, 1979 no 203, p. 1)

APPENDICE 2

Contexte des Dét-N-de-(Dét)-N de la figure 3

Groupe Ia: V-0

la destruction d'lsraël (X détruit Israël)

Ce n'est pas un hasard si Mitterrand, le 17 août, invite une nouvelle fois 1'0.1.p. à
enlever de sa tête cette obsession qui figure dans certains textes de la destruction
d'lsraël. (Express 1624, p. 31)

la conquête de l'Algérie (X conquiert l'Algérie)

Au moment de la conquête de l'Algérie par les Français, la plupart des mosquées
avaient été transformées en églises, et un décret de 1860 avait interdit l'entrée
des lieux du culte catholique aux musulmans. (M. Cardinal 1980, p. 146)

Groupe Ib: S-REPRESENTE-0

l'image de l'Allemagne (l'image représente l'Allemagne)

L'image de l'Allemagne manque de chance. Il y a, en elle, quelque chose de minéral, de mécanique, de métallique qui lui confère une sorte de froideur. G. Bachelard a parlé de 'l'Univers agressif des outils'. L'lmage de l'Allemagne en relève. (Le Français dans le monde, 148, p. 74)

la carte de l'Argentine (la carte représente l'Argentine)

"Depuis le 2 avril, notre nord est au sud", dit une affichette collée un peu partout
et sur laquelle on voit la carte de l'Argentine renversée. (NO 22/5 1982, p. 22)

Groupe H: V-S

la contribution de la France (la France contribue à qqch.)

En vérité, Jérusalem a été tout près d'opposer un 'non' définitif à la contribution
de la France au plan Habib. (Express 1624, p. 32)

l'isolement de l'Union soviétique (l'Union soviétique s'isole)

Depuis des années, une tendance dominante dans l'Establishement américain a
été de considérer que c'étaient l'isolement de l'Union soviétique et sa faiblesse
relative qui constituaient le véritable danger. (EXPRESS 1626, p. 90)

Groupe Illa: Attribut (adjectif)- ETRE-S

la sécurité d'lsraël (Israël est en sécurité ou doit être en sécurité)

Avec le premier ministre israélien, le choc est inévitable: car pour Menahem
Begin, le réalisme, c'est d'abord la sécurité d'lsraël. Même au prix du fait accompli
ou de la guerre délibérée. (EXPRESS 1624, p. 30)

la solidarité de la France (la France est solidaire)

A l'avance, F. Mitterrand avait réaffirmé à la Grande Bretagne la solidarité de la France, qui ne doit pas être mise en doute. Sans oublier pour autant "nos liens très puissants, que nous ne voulons pas perdre", avec les peuples d'Amérique latine. (EXPRESS 1612, p. 38)

Groupe III b: Attribut (nom)-ETRES

l'Etat d'lsraël (Israël est un Etat)

Le Général en voulut à l'Etat d'lsraël de n'avoir pas suivi ses conseils. Probablement
en voulut-il plus encore aux Juifs de France d'avoir manifesté, comme ils
le firent, leur joie et leur "solidarité" avec Israël. (EXPRESS 1679, p. 81)

Groupe IVa: O-AVOIR-S

la politique de V Allemagne (l'Allemagne a ou exerce une certaine politique) Je n'aime pas m'exprimer sur des cas hypothétiques. Tout ce que je peux vous dire, c'est que, dans une telle situation, la politique de l'Allemagne et celle de la France suivraient un cours étroitement parallèle. (NO 30/1 1982, p. 32)

l'avenir de la France (la France a un avenir)

Quand il était encore dans l'opposition, Michel Jobert, parlant de cet argent français qui se désintéresse de l'avenir de la France, disait avec bon sens: "L'exode des capitaux cessera lorsque l'épargnant français trouvera sur place un placement sûr." (NO 1629, p. 81)

un ami d'lsraël (Israël a un ami)

En privé, à Jérusalem, Mitterrand avait prévenu Begin: il ne pourrait approuver l'entrée de Tahal au Liban. "Ma conduite, dit-il, mardi dernier, est celle d'un ami d'lsraël, mais jusqu'à la limite du droit que je lui reconnais d'intervenir dans les affaires du Proche-Orient." (EXPRESS 1624, p. 32)

Groupe IVb

le roi d'Espagne (l'Espagne a un roi)

/.../ don Juan Carlos deviendra roi d'Espagne /.../. (Cité d'après Persson 1974, p.
112)

Groupe IV c

les victoires des Palestiniens (les Palestiniens ont remporté des victoires) L'an dernier, avant le cessez-le-feu du 24 juillet, ils auraient dû quitter la cité en grand nombre, ce qui fut l'une des rares victoires des Palestiniens. (EXPRESS 18/6 1982)

la diplomatie des Etats-Unis (les Etats-Unis exercent une diplomatie)
Si Nixon et Kissinger n'avaient pas conduit la diplomatie des Etats-Unis, ils auraient
dénoncé les illusions de la détente. (EXPRESS 1679, p. 85)

Groupe Va: S,V-PP/DIRECTION, BUT/

le train de Paris (le train qui va à Paris)

A vingt et une heures, Favart accompagne sa grand'mère au train de Paris (cité
d'après Spang-Hanssen 1963, p. 31)

le voyage de Vienne (le voyage à Vienne)

A l'époque de la polémique, Jean-Paul Sartre n'avait encore fait le voyage ni de
Vienne ni de Moscou, (cité d'après Spang-Hanssen 1963, p. 31)

Groupe Vb : S-PP/CONCERNANT/

le problème du Liban (le problème concerne le Liban)

A supposer que les Palestiniens évacuent Beyrouth, reconnaît-on à l'Elysée, le
problème du Liban ne fera alors que commencer. (EXPRESS 1624, p. 32)

l'affaire de l'Afghanistan (l'affaire qui concerne l'Afghanistan)

La réplique adéquate, c'est aussi traiter les problèmes en eux-mêmes et ne pas seulement les utiliser. On peut se servir de l'affaire de l'Afghanistan pour monter une opération de propagande contre l'Union soviétique (boycottage des Jeux Olympiques); on peut aider les Afghans très modérément, pour aggraver le coût à payer par l'Union soviétique et l'inviter à parler ailleurs de désarmement; /.../. (EXPRESS 1626, p. 91)

Groupe VI: S-/PROVERBE/-PP/+locatif//+permanent/

certains pays d'Afrique (les pays se trouvent en Afrique)

Au lendemain du 10 mai 1981, une inquiétude réelle gagnait pourtant certains

pays d'Afrique. On y observait, perplexe, la bataille que se livraient au sein du nouveau pouvoir les "idéologues", et les "réalistes". On craignait que les aides françaises au développement ne s'éparpillent sur tous les continents. (EXPRESS 1612,p.41)

les pays d'Europe (les pays se trouvent en Europe)

Chose étonnante, la France est le pays d'Europe où l'on consacre à l'habillement
le plus petit budget. (Zeldin, Les Français, p. 297)

Groupe VIIa: S,O-/PROVERBE/-PP/+locatif//-origine//-permanent/

les événements de Kabylie (les événements se passent en Kabylie) Nous bavardons, j'essaie de parler des événements de Kabylie, mais il devient laconique, il n'a pas envie de parler de ça, il ne veut pas avoir d'emmerdements. (Cardinal 1980, p. 54)

la guerre d'Algérie (la guerre faite en Algérie)

La colère me reprend. Jamais je n'avalerai la guerre d'Algérie. Ni celle menée par
la France, ni celle faite par les pieds-noirs. C'était une guerre infâme, dégradante
et stupide. (Cardinal 1980, p. 14)

Groupe VIIb: S-/PROVERBE/-PP/+origine//-locatif/

Groupe VIIc1 NI (+humain) S-/PROVERBE/-PP/+origine//±locatif/

les Français de France (les Français qui sont originaires de la France / venant de
France / résidant en France)

Je n'aimais pas le Yumba, il me paraissait folklorique — le folklore algérien vu par
les Français de France — il faisait danse du ventre pour touristes. (Cardinal 1980,
p. 76)

l'homme d'Algérie (l'homme qui est d'origine ou de nationalité algérienne, qu'il
habite ou non en Algérie)

Je ne me suis pas trompée, l'homme qui vient s'asseoir à côté de moi dans l'avion est un Kabyle. Il me l'apprend au cours du vol. Il est extrêmement courtois et serviable. Immédiatement me viennent un tas de réminiscences du comportement de l'homme d'Algérie et je pense queje ne suis plus jeune.(Cardinal 1980,p. 109)

Groupe VIIc2: NI (humain)

les grenouilles d Alsace (les grenouilles vivent en Alsace / viennent d'Alsace)
Pourtant la pollution, la canalisation des vivieres, la baisse des nappes phréatiques
ont pratiquement fait disparaître les grenouilles d'Alsace. La pêche en est d'ailleurs

interdite. Alors on les importe: quinze cents tonnes par an, dont cinquante tonnes
pour l'Alsace. (NO 973, p. 43)

vins de France (vins produits par la France, venant de France)

Dans le cadre de ses Publiscopies, l'Express International publiera, le 18 novembre 1983, un dossier spécial: "Alcools et vins de France". - Grand exportateur de vins et alcools dans le monde, la France est en effet le symbole du goût et de la qualité dans ce domaine. (EXPRESS 1979, Publicité, p. 27)

Groupe VIII: COMME (X est comme un X de Y)

pays d'Europe (pays comme ceux de l'Europe)

l'Argentine est le pays le plus contradictoire qui soit: pays d'Europe et pays d'Amérique, développé et sous-développé, du Nord et du Sud, tolérant dans le domaine des différences ethniques et culturelles et incapable d'accepter la pluralité politique, /.../. (NO 22/5 1982, p. 23)

la retenue de l Europe (une retenue comme celle qu'on montre en Europe) Elle /la mère de M. Cardinal/ me faisait face maintenant et, avec ces beaux gestes qu'ont les Blanc des colonies, ces gestes créoles dans lesquels se mêlent la retenue de l'Europe et la langueur des pays chauds, elle s'appliquait à glisser sous le ruban de satin qui tenait mes cheveux, mes boucles de devant qui s'échappaient toujours. (Cardinal 1980, p. 120)

Groupe IX:

Groupe X: PARTITIF (X est une partie de Y)

la moite de la France

Si la moitié de la France croit au miracle, l'autre moitié s'affole; elle cache son
argent ou lui trouve un asile à l'étranger. (EXPRESS 1629, p. 81)