Revue Romane, Bind 20 (1985) 2

Diderot: Essais sur la peinture; Salons de 1759, 1761, 1763. Textes établis et présentés par Gita May et Jacques Chouillet. Hermann, Paris, 1984. 294 p. Diderot: Salon de 1765. Texte établi par Annette Lorenceau et commenté par Else Marie Bukdahl. Hermann, Paris, 1984. 370 p.

John Pedersen

On le sait depuis plus de vingt ans, et les travaux d'Anne-Marie et de Jacques Chouillet aussi bien que la bibliographie de Fr. A. Speai l'ont récemment confirmé: l'essor des études sur Diderot n'aura pas été un phénomène passager incité par une mode quelconque, mais bien le fondement d'un courant de recherche qui n'est pas près de s'épuiser. Il est heureux que cet essor soit accompagné de la courageuse entreprise, entamée par Dieckmann, Proust et Varloot, qui aboutira à la première édition critique et annotée, monumentale, des Œuvres complètes de Diderot (DPV). Une partie considérable des trente-trois tomes prévus sont déjà parus, on en mesure l'importance tout en constatant que l'achat d'une publication de cette envergure n'est guère l'affaire des particuliers.

Il y a donc tout lieu de se féliciter de l'excellente initiative qui rend disponibles certaines des œuvres de l'édition DPV avec l'intégralité de l'appareil critique. Les deux volumes indiqués ci-dessus comportent des textes qui se trouvent dans les tomes XIII et XIV de la grande édition avec la mention que les Essais sur la peinture, rédigés "pour faire suite au Salon de 1765", servent ici d'introduction générale aux Salons; ce qui se défend fort bien. Précisons en outre que les Salons de 1759, 1761 et 1763 ont été enrichis, dans le volume séparé, d'une iconographie que l'on regrettera de ne pas trouver dans le tome XIII de DPV.

Les Essais sont édités par Gita May, qui dans Vlntroduction souligne la tendance de Diderot à envisager l'artiste "dans ses rapports ambigus mais souvent déterminants avec la société en général et les institutions politiques en particulier" (p. 4). L'édition des Salons précédant celui de 1765 a été confiée à Jacques Chouillet, qui attire l'attention sur le fait que Diderot, en tant que collaborateur de la Correspondance littéraire, jouissait d'une impunité peu habituelle à l'époque. "Il n'avait à craindre ni publicité tapageuse, ni censure" (p. 84).

Le Salon de 1765 est présenté par Else Marie Bukdahl et Annette Lorenceau, celle-ci
pour l'établissement du texte, celle-là pour les commentaires. On reconnaît, dans Vlntroduction,
les jugements solides et bien documentés de l'auteur de Diderot, critique d'art.

Bien des lecteurs de Diderot, captivés par ses œuvres littéraires ou philosophiques, abordent
avec hésitation la terminologie parfois assez technique des Salons. On a pensé même à ce
type de lecteurs en clôturant les deux volumes par un excellent lexique des termes d'art.

Copenhague