Revue Romane, Bind 18 (1983) 1

Sempre, tost et leurs synonymes en catalan ancien Etude lexicographique

par

Lars Lindvall

0.0.

Par une étude publiée dans cette revue (1981: 1-2, pp. 74-97), j'ai essayé de contribuer à la description de l'usage de l'adverbe lèu en occitan moderne. En outre, à partir de matériaux médiévaux, j'ai cherché à montrer aussi que le lexique de l'occitan ancien était structuré d'une façon radicalement différente. Pour exprimer les valeurs associées plus tard à l'adverbe lèu, on retrouve dans l'ancienne langue un sous-système lexical autrement constitué. A la place centrale qu'occupe en occitan moderne l'adverbe indiqué, avec ses différentes formes, significations et fonctions, correspondait dans l'ancienne langue l'emploi de tost et de plusieurs synonymes abandonnés, eux aussi, au cours de l'évolution postérieure de cette langue.

Sous sa forme catalane - lieu - on retrouvera cet adverbe aussi dans les textes qui sous-tendent cette étude. Sous 7.1. et 8.1. — les exemples (7) et (1) respectivement — on peut relever deux occurrences, attestées dans la chronique de Bernât Desclot, de (tant) lieu que définit Alcover-Moll (= AM, ace. I, 6) par «aviat; de pressa o en poc temps» (1) et de lleument «d'une manera lleu;lleugerament» (2).

(1) elo misatge davallà corrent e tost en la vila, e tornà tant lieu (lavant lo rei (De
524:2)

(2) d'on, si venir volien, que es cuitassen ivars, que les galères e los hômens porien
lleument haver (De 574:1)

Dans les exemples cités figurent non seulement lieu et lleument mais aussi l'adverbe tost, dans la juxtaposition corrent e tost, et son synonyme ivars. Cependant, en catalan, l'adverbe Heu n'a jamais joué le même rôle important qu'on peut attribuer à son équivalent occitan.

En revanche, le catalan moderne est caractérisé par l'usage de l'adverbe aviat, qui, avec ses différentes valeurs et ses différents emplois, constitue l'équivalent direct de tost, de ses différentes formes composées et de ses synonymes dans l'ancienne langue.

0.1.

Les matériaux sur lesquels est fondée cette étude sont composés des quatre

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grandes chroniques catalanes telles qu'on peut les lire dans l'édition qu'a donnée Soldevila (1971) — «Les quatre grans cròniques», comprenant la «Cronica o Llibre deis feits» de Jaume I El Conqueridor (op. cit. pp. 3-190), la «Crònica» de Bernât Desclot («iiibre del rei En Pere», op. cit. pp. 405-587), la «Cronica» de Ramon Muntaner (op. cit. pp. 667-943) et, finalement, la «Cronica» de Pere el Cerimoniós (op. cit. pp. 1003-1158). On verra, parla suite, que les mots étudiés constituent ensemble un sous-système lexical commun, ce qui, dans l'usage, n'exclutpas des différences très nettes qui sont significatives pour notre connaissance du style et de la grammaire des textes examinés.

0.2.

La table I donne les fréquences des mots étudiés dans nos matériaux. On constate, entre autres, que les écarts d'ordre idiolectal qui nous permettent de distinguer entre les quatre chroniqueurs sont, parfois, considérables. Ainsi voit-on, à propos des adverbes, qu'ils n'ont pas les mêmes préférences lorsqu'il s'agit de choisir parmi les synonymes disponibles (voir table II). Au sujet des locutions conjonctives, on retrouve aussi des divergences lexicales très significatives pour une étude stylistique de leur usage (voir table III).


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TABLE I

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TABLE I


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TABLE II Fréquences et distribution des adverbes

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TABLE 111 Fréquences et distribution des locutions conjonctives

0.3.

Le catalan moderne diffère très nettement du catalan ancien. On peut s'en rendre compte en examinant la façon dont un traducteur a rendu la chronique de Jaume. Une édition qui date de 1926-1927 donne une version modernisée qui nous permet de faire quelques rapprochements entre la langue moderne et la langue ancienne (voir table IV). On retrouve, pour la langue d'aujourd'hui, un ensemble de mots qui, à quelques exceptions près, ne contient plus les mêmes lexèmes que le sous-système lexical qu'on peut dégager pour le catalan médiéval.


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TABLE IV

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1.0. Sempre

Cet adverbe, un mot central dans le champ lexical qui se dégage par une étude de Jaume, est fréquent également chez Desclot, moins fréquent chez Pere;Muntaner ne l'emploie pas du tout. En ancien français et en ancien occitan, ce mot a servi à exprimer une idée de postériorité immédiate. Nos matériaux prouvent qu'il a eu la même signification aussi en ancien catalan. Or, tandis que sempre (sempres) a disparu totalement en français, il est resté en catalan avec le sens «toujours, encore». Serait-ce là le résultat d'une influence castillane? On peut très bien se le demander puisqu'un changement de sens qui va de «immédiatement» à «toujours» est peu probable. Cependant, si la signification «toujours» du catalan moderne est le résultat d'une influence castillane, cela n'explique pas la situation analogue que l'on constate pour l'occitan.

La première acception que donne AM est celle que connaît le catalan comtemporain: «en tot temps; en qualsevol temps o en qualsevol ocasió» avec, comme équivalent castillan, siempre. Un des exemples attestés par AM pour ce sens est très ancien (L'esperii d'om qui sempre dura); il nous vient des «Homilies d'Organyà» qui date de la fin du XIIe ou, peut-être, du commencement du XIIIe siècle. Les autres textes cités illustrant l'emploi de ce sens sont beaucoup plus tardifs — «Lo Passi en cobles», écrit par les deux Valensiens Bernât Fenollar et Pere Martínez, date du XVe, de même que le texte «Colloqui e rahonament fet entre dues dames», tandis que «Procès o disputa de viudes y donzelles» remonte au XVIe siècle (1561); les autres exemples cités ont été attestés dans des sources encore plus jeunes. Des collocations comme sempre jamai (jamay) et (per) sempre pus/més sont, elles aussi, relativement tardives; elles ont été relevées dans des textes qui datent du XVIIe et du XIXe.

Par contre, à en juger par l'âge des sources citées, le sens «tout de suite, immédiatement» («tot seguit, immediatament») est nettement lié à un lexique plus ancien, de même que la conjonction sempre que «dès que» («tot seguit que»). Cet emploi de sempre est qualifié de «ant.» par AM. Des exemples ont été relevés dans Llull, Jaume, Desclot et Pere. De l'autre côté, il est évident que la locution conjonctive sempre que signifiant «amb tal que; mentre que (amb valor condicional)» n'est pas organiquement associée à cette valeur de sempre, ce qui, pourtant, est impliqué par la description lexicographique que donne AM. Il s'agit plutôt d'une parenté sémantique avec l'emploi plus tardif de sempre signifiant «toujours».

1.1.

On constatera donc que l'adverbe sempre s'emploie dans ces matériaux catalans tout à fait comme le font ses homologues dans les anciens textes français et occitans.La juxtaposition des deux adverbes synonymes sempre et (de) mantinent dont on trouve des exemples chez Jaume est bien connue en français. (Voir

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Lindvall 1971 pp. 31, 51, 55; cf. aussi ibid. pp. 43, 63.) On pourra donc comparerles
exemples (5-9) aux exemples français cités sous (10-14):

(1) esi scntia neguns que vingucssen contra nos. sempre vendria a nós, e ens ho faria
saber (Ja 17:2)

(2) E nos dixem-li que si farieni. E sempre faem armar béeinquanta cavaliers ab escuts
e ab perpunts vcstits (Ja 25: 2)

(3) E sempre reteren-10. En enviam a Oliana, e quan saberen que retut era lo castell de
Pons, reteren-se sempre a la comtessa (Ja 27:2)

(4) E tots los altres dixeren que bé deïa. E nós sempre fem-nos venir tots los còmits
(Pe 1046:2)

(5) E faem adobar de menjar mentre oíem la missa, e menjam, e sempre mantinent
cavalgam (Ja 82: 1)

(6) E sempre de mantinent convidaren-los, si volien entrar en la vila de Ciutadella, que
cils los hi farien gran honor (Ja 60: 2)

(7) E nós, sempre de mantinent, vestim-nos lo perpunt sobre la camisa (Ja 78: 2)

(8) que ens enviassen cada una doseents hòmens, e ells enviaren-los-nos sempre de
mantinent (Ja 74: 1)

(9) E sempre de mantinent, asscgurà per don Ató de Eoces (...) que eli faria dret eomplidament
a En Guillem de Monteada (Ja 12: 1)

(10) Ne l'ataint pas el gros del piz, - Scmpres fust morz de mantinent (Roman Troie
22729)

(11) Ainc ne dona consci petit ne grant Por quoi nus hom le deüst faire en camp Qu'il
ne fesist senpres de maintenant (Chanson d'Aspremont 8)

(12) Se sa coroic ne trait de cascun sane, Le poing perdra scmpres de maintenant (ibid.
6300)

(13) Si con Ogiers se vait apercevant, 11 li respont sempres de maintenant (ibid. 8525)

(14) La roïne, lor mere, nés vout gueres amer; Aun roi se fist sempres maintenant
esposer (Florence Rome 11, 675)

Sur d'autres points encore, on trouvera des correspondances en français (et en occitan). Les contextes (17-18), où sempre précède des locutions temporelles (l'endemà et aquella nit mateixa respectivement) nous invitent à supposer un emploi prépositionnel de sempre, emploi qui pourrait se traduire par «dès + Substantif». Ainsi la structure syntaxique de (17) peut être analysée de la façon suivante: (E (sempre l'endemà) féu lo rei ...) plutôt que (E sempre (l'endemà) féu lo rei ...). Admettons pourtant que, jusqu'à nouvel ordre, l'analyse proposée reste hypothétique. L'emploi indiqué (pseudo-prépositionnel?) est attesté aussi pour l'ancien français, comme le prouvent les contextes (15-16):

(15) Sempres en son conmencement E a son haut corounement En oct si tres faite
abondance (BenChron 40091)

(16) Tu i avras grant preu, mien entient. Senpres au jour, parson l'aube aparant, Ou
après prime, ou a none sonant (MoniageG 11, 6183)

(17) tornaren-se'n al rei de Franca eal cardenal e contaren-los-ho. E sempre l'endemà
féu lo rei de Franca desatendar ses hosts (De 5 33:1)

(18) E aqui aquella nit, posam e dormim en l'hostal d'En Castellò Sent Pere (...) E,
sempre, aquella nit mateixa. fé m fer crida que (...) tothom qui portar pogués
armes nos seguis (Pc 1094:2)

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1.2.

Dans l'exemple (1), cité plus bas, il est probable que sempre, malgré la présence de la proposition temporelle intercalée, se rapporte à la principale — (e sempre (quan se foren meses ais Hits) dormiren tuit) et non pas (e (sempre quan se foren ...) dormiren tuit), analyse qui ferait de sempre quan une locution conjonctive, cf. (2). S'il s'agit d'une locution conjonctive véritable — ce qui n'est pas du tout sûr - elle a pu être aussi discontinue, voir (3). Or, dans ce contexte, il est évident que l'interprétation structurale ((e faeren sempre tots vela) (quan a nos la veeren fer)) semble plus naturelle. On notera des contextes, structuralement identiques, en français, voir (5-6), où sempre(s) précède des propositions temporelles introduites par quant, nous invitant à y voir une locution conjonctive ayant la forme sempre quant. (Voir Lindvall 1971 pp. 35-36.) Rappelons aussi que le FEW veut établir la conjonction sempre quant «dès que, aussitôt que» pour l'ancien occitan. La seule traduction possible de (7), où sempre figure à l'intérieur même de la proposition temporelle semble bien être: «Et dès que vint le matin ...».

(1) elo comte bec tant ab sa companya que tuit foren embriags e sempre, quan se
foren meses als Hits dormiren tuit (De 538:1)

(2) E aquells que don Rodrigo havia meses llaïns per establiment reteren-se sempre
quan viren que el fenèvol hi hac tirât dos dies (Ja 9:1)

(3) E faem vêla, e dixem ala galea que dixés a les naus que faessen vcla (...) e faeren
sempre tots vêla quan a nos la veeren fer (Ja 34:2)

(4) E vos baiszares me lo fron, Senpres qant eu lo vos dirai (Levy; Cour d'am. 1415;
Lindvall 1981 p. 85)

(5) Sempres quant el anuitera E tote genz se dormira, Ferai apeler les meillors (Ben-
Chron 25781)

(6) Sempres, quant la lune iert couchiée (...) Nos armerons communaument (Roman
Troie 4459)

(7) E quan venc sempre lo bon mati', lo rei de França fo davant Elna atendat (De
538:2)

La locution conjonctive sempre que «dès que, aussitôt que» ne connaît aucun équivalent en français. Elle a pourtant été attestée pour l'ancien occitan (avec la variante desempre que) (Voir Lindvall 1981* pp. 84-85.) La locution indiquée est fréquente chez Jaume et Desclot qui, en réalité, la préfèrent à ses synonymes (voir table III).

On notera avec intérêt les structures illustrées par les exemples (10-13). (Voir aussi De 498:2, 500:1.) Une proposition temporelle introduite par sempre que est insérée dans une autre proposition immédiatement après le que subordonnant qui est répété dans le contexte. Cette proposition, à son tour, peut contenir l'adverbe sempre (12) ou bien un de ses synonymes, aitantost dans (13). Nous aurons lieu de revenir par la suite sur des constructions semblables où peuvent figurer aussi d'autres locutions conjonctives qui nous intéressent ici.

(8) E nostra marc, sempre que nos fom nats, envià'ns a sancta Maria (...) e tantost
com nos meseren pel portai cantaren Te Deum laudarrîus (Ja 5:2)

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(9) e. sempre que fo envesprit. cavalca ab sos escuders e tene son carni tota la nuit per
tornar en Catalunya (De 419:1)

(10) F. que ho faríem en aquesta manera, que sempre que nos fósscm entrats en Montsó
que enviarícm per los mellors liómens de la vila que vinguessen denant nos (Ja
11:2)

(11) V. manà que sempre que els missatges se"n fossori anats, que tota la host, al pus
tost que poguessen e pus privadament, sc'n passas a Règol (De 481:1)

( 12) Barons dix lo monge -,si fare, ab un covinent : que sempre que jo naja haut un
fili o una filia de qualque muller jo haja. que sempre jo ínon pusca tornar en
Torde (De 407:2)

(13) e que estiam en tal guisa aparellats que sempre que les galces del rei Caries sien
eixides de Règol que aitantost siam nós ab elles, sino elles se n'iran (De 483:1)

2.0. Encontinent

D'après AM, l'adverbe encontinent signifie «tot seguii; en el temps immédiat». La conjonction encontinent que a aussi été enregistrée par AM («tot seguit»). Le dictionnaire catalan cite des exemples illustrant l'emploi adverbial qui ont été attestés chez Llull, dans un document daté de 1419 et chez Miquel Agusti qui, en 1617, publia un ouvrage appelé «Llibre deis Secrets de Agricvltvra casa rvsticay pastoril» où on a lieu de compter avec des éléments venus de textes plus anciens (et parfois étrangers) ce qui ressort de la présentation de cet ouvrage: «(...) recopilat de diversos avtors, antichs y Modems, de llenguas Llatina, Italiana, y Francesa, en nostra vulgar llengua Catalana (...)» ; la locution conjonctive a été relevée dans «Llibre del Consolât de Mar» qui parut au XVe siècle mais qui, en partie, est de date plus ancienne, chez Muntaner et, finalement, chez Metge (XIVe siècle). La chronologie des sources citées nous amène à croire que encontinent appartient surtout à une période révolue de la langue même si AM n'indique aucune date limite pour l'usage de cet adverbe.

La variante de continent est qualifiée de «ant.» par AM qui, en outre, donne la locution conjonctive de continent que. (Voir sous 3.0.) Parmi les quatre chroniqueurs Pere est le seul à employer de continent. L'adverbe encontinent est fréquent dans Muntaner et Pere — dans le dernier texte encontinent et de continent sont tout à fait prédominants dans la concurrence avec les synonymes possibles (voir table II).

2.1.

On notera, dans (6), la juxtaposition des deux adverbes encontinent et tantost — l'exemple est unique, relevé dans Muntaner. Le contexte (7) doit être rapproché des exemples illustrant l'emploi de sempre précédant une locution adverbiale de temps (voir (17-18) sous 1.1.); il se peut que encontinent se rapporte à cette locution temporelle plutôt que de déterminer le verbe de la phrase - ((E encontinent aquell dia mateix) (eli posa ...)). L'analyse proposée ne s'impose pourtant pas.

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(1) esia vós plaurà, fets cncontinent tocar la trompeta que les galees se rccullen, e
tantost, senyor, recollir shan (Mu 722:1)

(2) lì lo senyor rei fon molt alegre, e cncontinent maná donar al megaduc deu galees
del darassanal (Mu 847:1)

(3) lì, com fom a Tarascó, lo dit Pare sant no vole que entràssem encontinent en Avinyó,
per ço que feés son aparell per milis honrar-nos (Pe 1035:1)

(4) mes mans ala sua espaa. qui ha nom Vilardell, c, encontinent, los enemics se venceren
e començaren a fugir (Pe 1014:1)

(5) Senyor, cjous faç tal resposta, que vós encontinent trametats per la senyora reina,
vostra sor, que vinga a vós per veure-us (Pe 1044:2)

(6) lì boscades les dites vint galees, tantost encontinent féu obrar aquellcs, c feu posar
taula a Barcelona a vuit galees (Mu 919:2)

(7) lì encontinent, aquell dia mateix, eli posa en terra tot ço que en les galees tenia
(Mu 735:2)

Nous avons vu, à propos de sempre, que, dans certains contextes, il y a répétition du subordonnant que. Parfois la complexité syntaxique de ces structures peut donner des résultats inattendus dans l'emploi de nos adverbes. Ainsi, dans (8-10), encontinent a été détaché de la proposition à laquelle il appartient de sorte qu'il se trouve dans un état d'isolement syntaxique assez curieux. Dans un contexte tel que (11), il semble évident que l'adverbe n'est pas lié au verbe qui le suit (vos prec) mais à la phrase verbale suivante {que demà nos en tornem ...).

(8) vengueren los genêts, qui li dixeren que los enemics eren aquí, e encontinent que
els nobles e els cavaliers qui eren en la davantera se cuitassen, e que eli los seguiría
ab la reraguarda (Pe 1013:2)

(9) que facen semblant que es facen forcar, mas que encontinent, a pocs dies, que
reten la terra a l'infant (Mu 801:2)

(10) e que el somenescats que encontinent, ab la croada que darcts contra el rei d'Aragò,
que pens d'anar sobre sa terra (Mu 731:2)

(11) si que encontinent vos prec que demà nos en tornem en nostra terra, que per res
no m'hic vull aturar (Mu 695:2)

2.2.

Notons les contextes exemplifiés par (1-2) où encontinent précède un participe passé - l'éditeur a eu soin d'y intercaler une virgule — de sorte que l'adverbe se rapportera au participe et non pas au verbe fini (partim et passà-se'n respectivement). La structure de ces contextes serait donc: (E (encontinent passada la dita festa) partim d'aquí ...) et (E (encontinent lleixada aquella en lo dit castell) passà-se'n en Catalunya), analyse qui ferait de encontinent un élément conjonctif. Je ne dis pas que cette analyse soit la seule possible —je me borne à constater que, dans le texte cité, on retrouve des structures identiques où d'autres adverbes, synonymes de encontinent, semblent revêtir, eux aussi, une fonction conjonctive. L'emploi de la conjonction est illustré par (3-4); elle est, comme on peut le voir par la table 111, assez rare dans ces matériaux. Notons, dans (4), que quaix peut précéder la locution conjonctive. La forme que revêt la conjonction dans (5) est unique dans notre corpus.

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(1) E, encontinent, passada la dita festa, partim d'aquí, e venguem-nos-en fins a Tuïr
(Pc 1095:1)

(2) E, encontinent, lleixada aquella en lo dit castell. passà-se'n en Catalunya (Pc
1157:2)

(3) E encontinent que fo recollit, ell hac vista de l'estol dels genoveses qui fe'ia la via
deldit Hoc de l'Alguer (Pe 1116:2)

(4) Car, quaix encontinent que començam de regnar, nos sobrevengren grans afers (Pe
1097:1)

(5) E encontinent con acó fo manat, l'almirall encontinent, cil son cos, cavalca (Mu
727:1)

3.0. De continent

L'adverbe de continent, une variante formelle de encontinent, ne figure que dans Pere; chez ce chroniqueur il est très fréquent. J'ai pu révéler, dans son texte, cinquante-cinq exemples de son emploi et cinq occurrences de la locution conjonctive de continent que. Son usage étant limité à Pere, cet adverbe sert ainsi à donner un caractère individuel très marqué au texte où il se retrouve. De l'autre côté, aitantost fait défaut chez Pere et cet adverbe, on le sait, est employé par les trois autres chroniqueurs, surtout par Desclot. (Voir table II.)

Comme c'était les cas de encontinent, nous constaterons au sujet de cet adverbe qu'il figure dans des structures où il précède immédiatement des constructions participiales. L'éditeur, comme on le voit par (2-3), a mis une virgule après l'adverbe afin de le séparer du participe passé. Or, il faut envisager ici la possibilité de proposer une autre analyse pour ces structures. Dans (2), par exemple, il semble tout à fait naturel d'analyser la structure donnée de sorte que de continent soit défini comme un élément conjonctif: (E (de continent fêta la dita sepultura) tornà-se'n ...) et non pas (E de continent (fêta la dita sepultura) tornàse'n ...). Le contexte (3), également, peut être analysé: (que (de continent vistes les dites Hêtres nostres) donàs mort ...) et non pas (que de continent (vistes les dites Hêtres nostres) donàs mort ...). L'exemple (3) doit être rapproché de (1), illustrant l'emploi de l'adverbe mantinent dans une structure analogue, cité sous 4.2. Ces structures sont très caractéristiques de la syntaxe de Pere. L'emploi de la locution de continent que est illustré par les exemples (4-6) cités plus bas.

(1) e pregava tots los seus servidor (...) que de continent e sens tota triga venguessen a
eli en les parts de Toledo (Pe 1151:2)

(2) e venc-se'n encontinent de Saragossa, on era, a Barcelona per esser ala sepultura
de son parc (...) E, de continent, fêta la dita sepultura, tornà-se'n del dit monestir
a Barcelona (Pe 1018:2)

(3) la dita procuració nostra, que. de continent, vistes les dites Hêtres nostres, donàs
mort al dit mossèn Bernât (Pe 1145:1)

(4) e, de continent que fom en la dita ciutat, tenguem Cort als valencians e aquí'nos
juraren per llur rei (Pe 1028:2)

(5) E, de continent que la batalla fo vençuda, hagueren-nos aparellat lo nostre cavali
(Pe 1049:1)

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(6) E, de continent que fom en Morvcdre, nós fem enfortir la força del castell (Pe
1101:2)

4.0. Mantinent

Cet adverbe - qui s'écrit aussi mantenerli - a été attesté chez tous les quatre chroniqueurs. Il est employé avec une fréquence élevée par Desclot (soixantehuit occurrences). Il existe aussi une variante de mantinent («S'usava sovint precedit de la preposició de», AM) qui, pourtant, est relativement peu usitée (12 occurrences dans nos textes). La locution conjonctive mantinent que est, elle aussi, plutôt rare. Je n'en ai relevé que huit exemples, dont six chez Desclot.

4.1.

Mantinent exprime une idée de postériorité immédiate; AM en définit le sens par «tot seguit, immediatament». L'adverbe a eu, on le sait, ce sens également en ancien français, en ancien occitan et en ancien italien. En ce qui concerne cet adverbe — et la locution conjonctive mantinent que — AM ne dit pas s'il faut le considérer comme vieilli ou non. Or, les exemples destinés à illustrer son emploi prouvent qu'il se retrouve surtout dans les textes catalans anciens (Jaume, Llull); la forme composée de mantinent est également attestée seulement pour le catalan ancien (Jaume, Desclot et un document de 1393).

(1) Een aquell lloch mantinent haguem acord e conseil que facssem nostra Cort general
en Barcelona (Ja 28:1)

(2) E mantinent lo senyor rei d'Aragó respòs que molt era pagat de ço que dit li havia
(Mu 677:2)

(3) Però nós mantinent fem convocar les hosts nostres per tota Catalunya que ens
seguissen a les parts de Rossclló (Pe 1058:1)

(4) E les gents de mantinent cuitaren-sc de metre's dins la casa e muntaren lia sus los
penons c hagren algun fet d'armes ab los de la vila (Pe 1069:2)

On notera, dans (5), le détachement de l'adverbe. Notre exemple a été attesté
chez Jaume mais cette particularité est surtout propre à Muntaner. (Cet exemple
ne figure pas dans l'édition de Soldevila.) (Cf. encontinent (8-11) sous 2.1.)

(5) esi res hoiem de neguna part de estol que sobr.els vingues, que mantinent que.y
acorreriem de nostra preçona (Ja 11:118; trad. «i que (...) tot seguit hi acudiríem
personalment»)

4.2.

Quant aux contextes (1-2), caractéristiques, on le sait désormais, de la syntaxe de Pere, on peut proposer une analyse qui, de mantinent, fait un élément conjonctif;une telle analyse donne la structure suivante: (E (mantinent dites aqüestes paraules) eli se n'anà ...). La locution conjonctive a la forme mantinent que. Des contextes tels que (3-4) doivent, par conséquent, être analysés de sorte que mantinent,en tant qu'adverbe, se rapporte au verbe de la principale: (E mantinent

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(com aço hac dit) lo guardia partfs ...) et (e mantinent (quan lo viren cells de Cadaqués ...) reteren-li lo castell ...)¦ (Voir pourtant sempre quan, sous 1.2., et encontinent corn, sous 2.2.) Dans (7), mantinent que suit le subordonnant que; cf. le contexte (5) cité plus haut, sous 4.1.

(1) que mantinent, vistes les présents, pensassen de atendré ab Ilurs armes al pus tost
que poguessen (De 533:2)

(2) I:, mantinent, dites aqüestes paraules, eli se n'anà cnsems ab don Pedro dT.ixèrica
a i:una (Pe 1079:2)

(3) V. mantinent, com aç.o hac dit, lo guardia partí's dcnant lo rei e venc-se'n a son
monestir (De 586:1)

(4) e mantinent quan lo viren cells de Cadaqués (...) reteren-li lo castell de Cadaqués
(De 577:1)

(5) e mantenent que hagren haut lo missatgc del rei, s'aparellaren al milis que pogren
(De 506:2)

(6) mas mantinent que s'eren retuts, fugiren tots per les muntanyes (De 556:2)

(7) Eés ver que mantinent que En Jacme de Mallorques (...) fo intrat en Puigcerdà,
les bones gents de la vila se tengren per confusos (Pe 1087:1)

5.0. Tantost

Si, ensuite, nous passons à tantost et à sa variante aitantost (voir sous 6.0.), il nous faudra distinguer entre le cas où il s'agit d'un lexème autonome, synonyme des adverbes déjà discutés, et le cas où nous avons à faire avec une forme comparative de tost (comparaison d'égalité). Plusieurs exemples illustrant ce dernier emploi ont été relevés dans nos matériaux.

En ce qui concerne les sens, il n'y a pas lieu de distinguer entre les deux variantes; leur dispersion peu uniforme dans nos textes s'explique par des facteurs d'ordre idiolectal. En vertu de sa fréquence très élevée, tantost ressort comme un vocable hautement distinctif dans la prose de Muntaner tandis qu'on trouve que Desclot, de son côté, lui préfère aitantost (voir table II). Pour ce qui est des locutions conjonctives, tantost et aitantost sont le plus souvent suivis de com (con). On note pourtant avec intérêt que la forme avec que est loin d'être rare. Dans le catalan qu'écrit Pere, tantost que est même plus usité que tantost com (voir table III).

La description lexicographique que donne AM de l'adverbe tantost (et de la locution conjonctive qui lui correspond) rend manifeste un caractère sémantique plutôt complexe de ce mot. La première entrée lexicale de AM présente un emploiadverbial qualifié de «ant.» («tan prompte»). L'exemple cité a été relevé chez Llull, voir plus bas (1). Or, la structure de ce contexte nous fait croire qu'il s'agit d'une construction conjonctive exemplifiée aussi par notre exemple (5), sous 5.1. Il semble naturel de traduire l'exemple de Llull par «à peine ... que». Notons que la locution (ja) tantost no (...) que n'a pas été enregistrée par AM. Cet emploi n'est pas nécessairement plus ancien que les autres. Sans avoir pour

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autant la possibilité de la vérifier ici, nous voudrions hasarder l'hypothèse qu'il
est plus tardif.

(1) Tantost l.omc no vol pujar a vos per oraciô, que scmpre no siats vos dcvallant a cil
(Llull. cité après AM)

L'adverbe tantost n'a pas été qualifié de vieilli par AM; le sens en est défini par «tot seguii; immediatament». (Voir aussi AM, sous tantôt.) A en juger par le chronologie des sources, il est pourtant clair que ce mot appartient à une période révolue de la langue catalane. AM l'a attesté chez Muntaner où, en effet, il est très fréquent, chez Metge, dans le «Libre de consolació de Philosophia, lo quai feu en lati lo gloriós doctor Boeci, transladat en romanç catalanesch, seguint la exposició del beneuyrat doctor sent Thomas Daquí, e endreçat a lait infant en Jacme de Malorcha», ouvrage traduit par Antoni Ginebreda au XIVe siècle, et, finalement, dans le «Recull de Eximplis e Miracles, Gestes e Faules e altres ligendes, ordenades per A-B-C, tretes d'un manuscrit en pergami del començament del segle XV (...)».

5.0.1.

Dans certains contextes il peut être difficile d'établir la valeur qu'exprime tantost. Le plus souvent elle est pourtant déterminable à partir de la signification générale du contexte. Dans les trois exemples suivants, (1-3), relevés chez Jaume (éd. 1926-1927), on voit comment le traducteur a choisi de rendre tantost et aitantost en catalan moderne. Dans (1) il rend tantost «immédiatement» par tantost — ce qui prouve que cet adverbe peut figurer aussi dans la langue moderne littéraire. (Cf. table IV.) Tantost figure aussi dans la traduction de (2) mais, là, nous avons à faire avec une valeur préférentielle neutre — «aussi bien que» — et, on le sait, le catalan d'aujourd'hui, pour exprimer cette valeur, préfère la locution tan aviat com, locution qui, avec une valeur de manière, se retrouve dans (3b), traduisant tantost com.

(la) V. els sarraïns oïren que les trompes tocaven, c viren bullir la host, e començarense
d'escridar, e tocaren tantost Mur anafil (Ja 80:1)

(lb) «I cls sarraïns oïren que les trompes tocaven i veieren enrenou en la host, i tantost
comcnçarcn a cridar i tocaren Uur anafil» (Ja, éd. 1926-1927, III: 101)

(2a) e la mort deis hòmens es en ma de Déu, car aitantost se moren los jòvens com los
vclls(Ja67:2)

(2b) «I la mort deis homes es en ma de Déu, car tantost moren els joves com els vells»
(Ja, éd. 1926-1927, 111:51)

(3a) Anem a la vila, que el rei de Mallorqucs es a la muntanya e no hi porà aconseguir
tantost com nos (Ja 38:2)

(3b) «Aneu a la vila, que el rei de Mallorca es a la muntanya i no hi podrá arribar tan
aviat com nosaltres» (Ja, éd. 1926-1927, 11:45)

5.1.

Le problème de savoir si nous avons à faire avec le lexème autonome tantost (ou

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aitantost) ou bien avec une forme comparative de tost se pose dans quelques contextes où aucune comparaison explicite n'est marquée, voir (1). Dans (2), tantost com signifie «aussi vite, promptement que» tandis que tantost (...) com dans (3-4) exprime une valeur de préférence neutre. Le catalan moderne préfère désormais l'emploi de l'adverbe aviat dans ce genre de contextes {tan aviat com). La locution ja tantost no (...) que dont l'emploi est illustré par (5) signifie «à peine ... que».

(1) e munta a cavali e comenta a correr après d'ells: eno foren pus de vint cavaliers
ab eli, que els altres no eren tantost aparellats (De 414:2)

(2) les gents no es pogueren tant bc arresar. ne aparellar tantes, ne en tal manera ne
tantost com mester fora (De 534:1)

(3) e con n'hi havia alcun qui prenia llanca o dard, sabien-nc tant, que tantost donaven
de Taristol com del relió (Mu 790:2)

(4) Barons, de nits es, e tantost nos poricm ferir los uns los altres con ferríem cils (Mu
794:2)

(5) l. anc-me'n a Menorca, eja tantost no fui a Maon, queja hi hac missatge del senyor
rei de Mallorca (Mu 897:1)

5.2.1.

En ce qui concerne tantost «immédiatement», on notera les structures où cet adverbe précède un participe passé, voir (7-11). On comparera (7) à (6) où tantost est placé avant le verbe fini de la principale. On voit que l'éditeur a mis une virgule après tantost dans (7-9) tandis qu'il n'y en pas dans (10-11). Prenons l'exemple (11) qui contient le participe passé d'un verbe intellectif (sabuda). Il semble naturel de proposer l'analyse structurale suivante: (E (tantost sabuda nostra venguda) manà llevar ...) au lieu de faire rapporter tantost au verbe fini manà: (E tantost (sabuda nostra venguda) manà llevar ...).

(1) l: don Nuno vcnc a nos: e tantost cnviam pcr tôt nostre conseil, per los bisbes c
per los nobles (Ja 43:1)

(2) K meravellà's, e saltà tantost sobre cl Ilit e près l'espaa en la ma (Mu 671:2)

(3) K, aixi partits-vos-hi tantost, c têts vostre viatge, enouses ops que ens vingats
denant (Pe 1038:2)

(4) l, lo senyor rei. nostre pure, ccl Patriarea anaren a Tarragona e, com hi toren. tantost
fo dada paraula a dona Sanxa que se'n tornàs en Castella (Pe 1022:1)

(5) I', com fon fêta la sua sepultura. tantost après que ens foin dinats, eavalcam e
anam a Sogorb (Pe 1 106:2)

(6) e, haiit aquest conseil, tantost partis de València, e venc-se'n a nos qui érem en
Aragô (Pe 1023:1)

(7) 1. tantost, haut lo dit acord, ordenam que molts barons de nostres règnes (...)
anassen ab nos(Pe 1101:2)

(8) que el besàssem en la boca enoli sofensscm que ell nos besas la ma, e. tantost.
fêta reverencia. que li assignassem Hoc. a Kuna, on estigués (Pe 1079:1 )

(9) 1.. tantost. fet lo dit atorgament. nos isquem de la dita sagrestia ab los damunt dits
prélats (Pe 1026:1)

(10) Mas, per ço com tantost reebut l'habit de Hspital, llcixà aquell, e reebé lo dit
habit de Montesa (Pe 1018:1)

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(11) E, tantost sabuda nostra venguda, maná llevar sa host e trámete companya per
guardar lo pas on nos ja érem (Pe 1142:2)

5.2.2.

Dans AM, l'emploi conjonctif de tantost est illustré par les locutions tantost com et tantost que mais, aussi, par tantost seul. Les conjonctions sont définies par «tot seguii que; tot just». Si tantost com (attesté chez Jaume et dans un document daté de 1455) et tantost que (relevé dans les «Sermons» de Sant Vicens Ferrer, XIVe siècle) appartiennent tous deux à l'ancienne langue, l'emploi conjonctif de tantost seul - «Usât simplement, sensé conjunció auxiliar» (AM, ace. 3, c) - semble être plus tardif. Tantost — ou tantostes (traité à part) — est, d'après AM, caractéristique du catalan majorquin.

(1) L'infant Jesús un ma tí, tantost apuntava el dia, baixà amb la Verge Maria (Verdaguer,
cité après AM)

(2) Els reguerons tantost nascuts, cuiten a fugir del devant meu (Masso Croq., cité
après AM)

(3) Tantostes has arribat, ja has començat a cridar (cité après AM)

La locution conjonctive peut donc être formée avec com ou que. Dans Muntaner il y a soixante-neuf occurrences de tantost com et six occurrences de tantost que; Pere, chez qui cette conjonction est moins fréquente, préfère, quant à lui, tantost que (voir table III). L'éditeur a mis, inutilement, me semble-t-il, une virgule après tantost dans (4-5). On notera - dans (10-11) —la répétition du subordonnant que — (... que (tantost com ...) que ...). Ce genre de structures sont caractéristiques surtout de la syntaxe de Muntaner. (Cf. Mu 693:2 (bis), 700:2, 790:2, 871:2, etc.) Dans (12), l'adverbe figure aussi dans la principale.

(4) E, tantost, com lo dit conseil fo délibérât (...) notificam per tots nostres règnes lo
fet de la dita guerra (Pe 1128:1)

(5) E, tantost, com fom en lo dit Hoc de Terol, haguem ardii que l'infant En Ferrando
era en la ciutat de Saragossa (Pe 1104:2)

(6) E tantost con eli fo e'l regne de Valencia trobà missatges del rei de Granada (Mu
702:2)

(7) tantost com hauran acò vist o entès, al pus ivaxs que pusquen, venguen a eli socorrer
(De 535:1)

(8) E, tantost com fo en la posada sua, gità's en son Hit e, a cap d'alguns jorns, reté
l'anima a nostre senyor Déu (Pe 1101:1)

(9) E, tantost com fo hora de dinar o abans, lo dit infant En Pere nos trames de belles
cireres que li eren vengudes de la ciutat de Mallorques (Pe 1051:2)

(10) E nos prometem-vos que tantost con siam en Catalunya, que us trametrem la reina
c dos filis nostres (Mu 729:1)

(11) Que ells se pensaven que tantost con los Ports haguessen passais, que tota la terra
atesés encontinent a retre a ells (Mu 785:1)

(12) que en tal manera los havien meses en veençû, que tantost con oien cridar «Aragó!»,
tantost se tenien per morts (Mu 728:1)

La forme tantost que, où, exception faite de (15), tantost s'écrit en un seul mot,

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est plus rare que tantost com. Le contexte (13) est déroutant à cause de l'intercalationdu complément al venir. Dans (14), tantost doit se rapporter au verbe fini de la principale — à moins qu'il n'appartienne à quant dans une construction conjonctive discontinue (interprétation structurale peu plausible). Les structures assez lourdes dont (20-21) offrent des exemples — (... que (tantost que ...)...) — peuvent parfois entraîner l'usager — il s'agit, en l'occurrence, de Muntaner — à construire des phrases curieuses. En effet, dans (22-24), il n'y a pas de locution conjonctive tantost que; encadré par deux occurrences de que, c'est bien l'adverbequ'on y retrouve, détaché du verbe auquel il appartient - (... que (tantost) que fes parar taula ...), (... que (tantost) que s'anàs ...), (... que (tantost) que es recollis ...), (... que (tantost) ... que tothom fen's ...) respectivement.

(13) E, com nos fo après, nos nos llevam de pcus, c cil, tantost, al venir, que ens fo
prés, fica lo genoll en terra e nós prenguem-lo per la ma per llevar-lo (Pe 1079:2)

(14) E, tantost, fra Guillem de Guimerà, quant fo prop d'ells, cridà a grans veus: «Aragó!»
(Pe 1066:2)

( 15) E aquí, tan tost que forcn entrats, en l'altra jorn, morí lo rei de Franca de la malattia
que havia guanyada en Catalunya (De 582:1)

(16) E tantost que aço hac fet, el cavali se senti ferit, e llevà's davant e detrás (Mu
782:2)

(17) e tantost que nós sapiam que hagen passades les Mcdes de Torrella, nós entrarem
c'lgolf de Roses (Mu 787:1)

(18) E, tantost que digueren que venien e eren aquí per fcr-nos rhomenatge, llevamnos
de taula e isquem en un porxe de l'esgleia (Pc 1052:2)

(19) li lo dit rei En Jacme, avi nostre, tantost que cl dit rei En Sanxo fon mort, mana
Cortsa Llcida(Pe 1040:1)

(20) E si cm demanats quina gent lo seguia, seria infinitat de dir; que tantost que fo
fora de Messina, anava de cascun Hoc tanta de gent ab eli, que infinitat era (Mu
730:1)

(21) E acó feïa eli per mal, e que entras oi e mala volcntat entre los pobles ela host;
que tantost que eli hac son enteniment de totes les sucs guerres, volgra que els
francs fossen tots morts (Mu 855:1)

(22) c dix-li que tantost que fes parar taula, c que armas de bonesgents, tots marsclleses
de la ribera de Proença, vint-e-cinc galces (...) e que tantost que s'anàs en les parts
de Sicilia (Mu 734:1)

(23) que manà al dit noble que tantost que es recollis e que se'n muntàs per la feu de
Roma (Mu 710:2)

(24) E con les trompes e les nácares tocarien del senyor rei e l'estendard se desplegaría,
que tantost, tothom cridant: -Sent Jordi e Aragó! ¦-, que tothom fen's (Mu
713:1)

6.0. Aitantost

Cet adverbe est donné comme synonyme de tantost par AM. (Dans l'ancienne langue la particule aitant s'employait en concurrence avec tant - elle est qualifiéede «ant.» par AM, comme l'adverbe.) Le dictionnaire cité a attesté aussi la locution conjonctive aitantost com (LJull). Les autres exemples illustrant l'usage

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de aitantost se retrouvent dans le «Tractât de Régiment deis Princeps e de Comunitats.Lo dotzèn llibre del Crestià compost en lo XIV segle per lo R. M. Fr. Francese Eximènis», chez Muntaner et dans «Flos de les Medicines, text del segle XV». Donc, cette forme appartient, elle aussi, au lexique catalan ancien. Dans nos matériaux, aitantost est fréquent surtout chez Desclot qui, en effet, le préfère à ses synonymes. Les locutions conjonctives — aitantost com/que — sont, elles, relativement plus rares. (Pour aitantost (...) com exprimant une valeur préférentielleneutre, voir sous 5.0.1.) Dans (4), il y a lieu de se demander si nous avons à faire avec une locution conjonctive ayant la forme aitantost quan. (Cf. sous 1.2., et passim.)

(1) Quan lo rei ho hac manat, aitantost fo feit (De 427:2)

(2) volgren llur secórrer, mas cils se foren aitantost recollits, e així tornaren-se'n (De
428:1)

(3) E quan ho saberen, foren-ne molt irats, car ells no hi eren estats. lì aitantost preseren-sc
tots a les armes (De 429:2)

(4) e aitantost quan hagren oïdes novelles de les galecs deis proençals, foren molt
alegres (De 503:1)

(5) E aitantost com aquelles gents qui eren per la reina en Malta hagren haut lo missatge,
llevaren-se d'aqui (De 502:2)

(6) E aitantost con fo davant la dita cíutat, ordonà son setge (Mu 680:2)

(7) E aitantost que el rei ho hac manat, En Ramon de Plegamans féu fer galères (De
426:1)

(8) E aitantost que eli l'hac vista, eli conce que era aquella dona per qui hac feita la
batalla (De 420:1)

(9) e aitantost que la nuit fo venguda feeren-ne ço que l'infant llur hac manat (De
457:2)

7.0. Tost

L'adverbe tost est qualifié de «ant.» par AM. Le sens en est défini par «prest, aviat». Ce mot a été relevé chez Llull, dans un document daté de 1344, chez Pere, dans «Terç del Crestià» par Francese Eximènis, chez Ausiàs March (XVe) et Martorell (XVe) ce qui laisse entendre que tost appartient surtout au vocabulairecatalan ancien. En ce qui concerne l'emploi préférentiel de la forme comparativemes tost - «mes aviat, amb preferencia (a una altra cosa suposada com a possible)» (AM) — il semble, s'il faut en croire AM, être moins vieilli, mais les exemples donnés nous viennent de Majorque et de Menorque, ce qui pourrait indiquerun usage limité aux Baléares. Parmi les sources citées figurent les «Obres en prosa y en verso de D. Tomás Aguiló» (1812-1884), c'est-à-dire «(...) el patriarcade la Renaixença a Mallorca, amb les sèves balades, de fons germànic i llengua popular mallorquína (...)» (Ruiz i Calonja 1954 p. 421); le texte d'où est tiré l'exemple cité se trouve justement dans un recueil de «Poésies en mallor quin». Quant à tan tost («adv. i conj.»), AM renvoie tout simplement à tantost (voir sous 5.0.). AM donne aussi l'adjectif tost, -a «ràpid» mais il s'agit d'un

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italianisme pur. La forme tostes, finalement, qualifiée de «ant.», est, tout à fait
comme tantostes, attestée seulement dans une traduction de Marco Polo.

7.0.1.

Plus haut (sous 0.3.), nous avons examiné de quelle façon le traducteur de Jaume (éd. 1926-1927) avait rendu les ancien adverbes qui expriment une idée de postériorité immédiate. Voyons maintenant comment il s'y prend face au problème de traduire l'adverbe tost.


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TABLE V

(la) Ara dats-la tost, sinô tal vos darc de l'espaa pcr la testa que mort vos métré (Ja
20:1)

(lb) «Ara doneu-la tot seguit si no us daré amb Tcspasa tal cop en la testa que us deixaré
mort» (Ja 1:85)

(2a) e près ses armes tosi e cavalca sus e cixí ab los de la host, son elm en sa testa e sa
Manca en sa ma (Ja 25:1)

(2b) «i prengué les sèves armes tot seguit, i cavalca i eixí amb els de la host» (Ja 1:109)

(3a) li si partim los sarrains e la roba tost, que la gent sera pagada (Ja 49:2)

(3b) «1 repartim aviat els sarrains i el boti, que la gent estarà contenta» (Ja 11:93)

(4a) e ara son aqui, e preguen-vos que anets tost. que si no no hi poricn romanir, que
cils son pocs (Ja 72:2)

(4b) «i ara hi són i us preguen que marxeu aviat, qui si no, no hi podrien romandre»
(Ja 111:69)

Plutôt que de correspondre à une polysémie véritable chez tost, les deux traductions données sont le résultat d'une certaine hésitation qu'a éprouvée le traducteur face à cet adverbe car, et il n'y a aucun doute sur ce point, tost n'a jamais exprimé une idée de postériorité immédiate. Admettons pourtant que, lorsqu'il s'agit de cette catégorie de vocables, il est injuste de demander à un traducteur une fidélité absolue à l'égard de son original.

Il n'y a, dans nos textes, aucune occurrence de l'adverbe aviat. On voudrait mieux connaître l'implantation lexicale de ce mot dans le vocabulaire catalan. Constatons, en attendant, que le rôle que joue aviat en catalan moderne est assumé dans l'ancienne langue par l'adverbe tost.

7.1.

Exception faite de tantost et de aitantost, les collocations suivantes ont été attestéesdans
ces matériaux: aixi tost, molt tost et pus tost. Tel qu'il s'emploie dans
nos textes, tost est un adverbe de manière. En vertu de la signification générale

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des contextes où figure cet adverbe nous n'avons pas de peine à établir les sens qu'il peut exprimer. Tost détermine des verbes de mouvement (1-2) ou des verbes d'action (3), signifiant «vite, rapidement» et «vite, promptement». On notera qu'il y a plusieurs contextes où tost est rapproché de l'adverbe synonyme ivars (avec plusieurs variantes graphiques, voir plus bas sous 8.O.), cf. (4-5). Par ailleurs,on retrouvera tost juxtaposé à des adverbes de manière tels que de(s)lliure (6) et corrent (7). Dans (8), tost détermine un impératif; figurant seul, il peut s'employer comme expression exhortative; l'expression ara tost (9) correspond à or tost en ancien et moyen français. Dans un certain nombre de contextes, tost tend à exprimer une valeur temporelle («bientôt»), dénotant plutôt le moment d'accomplissement que la promptitude d'une action verbale donnée.

(1) significant-li que vingués tost, que TAlguer soferia gran destret de viandes (Pe
1116:1)

(2) e aixi' coin tost fon entrât per via de la Seu d'Urgell, aixi' tost de passada, sens
aturar-s'hic, isqué per la via de la vall d'Aran (Pe 1 154:2)

(3) E nés atorgam-los-ho, pero que es Hunyassen e tost s'acordassen en ço que volguessen
fer (Pe 1050:2)

(4) que s'isquessen de la vila tost e ivàs ab llurs armes, e que desemparassen la vila (De
552:2)

(5) tramés missatge als cavaliers (...) que s'armassen tost e ivars (De 524:2)

(6) li pus començat es, que anem tost e deslliure a avant (De 528:2) - Cf. aussi (id.
552:2, delliure e tost)

(7) elo misatge davallà corrent e tost en la vila, e tornà tant lieu davant lo rei (De
524:2)

(8) Tost amenats-me mon cavall e aparellats mes armes, que jo vull anar contra los
traïdors (Mu 689:2)

(9) Ara tost, pus llevar no em pusc, isca tost la mia senyera e fèts portar mi en una
anda entrô siam ab ells (Mu 689:2)

(10) Mas no hi estaré gaire, que tost tornaré deçà a bon recapte (De 425:2)

(11) que es tenguessen bé ees defensassen, que tost haurien secors gran (De 457:1)

Molt tost, dans (12), signifie «très vite, rapidement». La particule així peut exprimer une idée de comparaison d'égalité — «aussi vite, rapidement (que)», (13); elle se retrouve dans des constructions comparatives explicites, (14), et dans des constructions consécutives, (15). Dans certains contextes négatifs, així tost correspond à la locution française (ne pas) de si tôt, (16-17). Les matériaux dépouillés n'offrent aucun exemple de la forme mes tost. Or, il n'y a rien de bien remarquable en cela car on sait que, en ancien catalan, la comparaison des adjectifs et adverbes se faisait toujours au moyen de la particule pus. (Voir Rohlfs 1971 pp. 35-36 et notes 65-66, Lindvall 1983.) Et la forme pus tost est bien établie dans l'usage que représentent les quatre chroniqueirs catalans. On constatera qu'il n'y a aucune occurrence de pus tost exprimant une valeur préférentielle; rappelons pourtant que cette valeur est établie pour les formes composées tan+tost et aitan+tost, dont on déduira qu'elle a pu être exprimée aussi pas pus tost. La construction superlative al pus tost + poder est fréquent surtout chez Desclot, (19-22).

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(12) Quan lo missatgc fo a Messina, si munta molt tost al palau efo menât denant lo
rei (De 484:2)

(13) e així coni tost fon entrât per via de la Seu d'Urgell, aixi tost de passada. sens
aturar-s'hic, isqué per la via de la validAran (Pe 1154:2)

(14) si que moites de gents s'aparellaren de l'anar. mas no pas així tost ne així cuitosament
coni obs hi fora (De 411:1)

(15) Kmperò los almogàvers se n'espeegaren així tost de matar-los, que encara hagueren
part de la roba qui era en les tendes (Mu 7 18:1)

(16) e coni ella no ho poc així tost obtenir, estec-ne consirosa e angoixosa (Pe 1 155:2)

(17) Senyor dix lo rei , acò no és cosa que així tost se pusca fer (De 446:2)

(18) E així haurem pus tost Rosselló a nostra voluntat, pus que hajam la vila de Perpinyà
(De 536:2)

(19) e que s'aparellasen de venir al pus tost que poguessen (De 411:2)

(20) I:.mperò al pus tost que eli pogué, eli vene e'l regne de Valencia (Mu 675:2)

(21) Anats al pus tost que puseats e fèts la via d'Alcoli e guardat-vos que no us encontréis
ab la host del rei (De 469:1)

(22) Per què faràs gran seny si et cuites de pendre terra al pus tost que pusques, abans
que ells sien eixits de la ciutat (De 428:2)

8.0. Ivars

L'adverbe ivaç est qualifié de «ant.» par AM; le sens en est défini par «aviat, de pressa». La graphie de ce mot est très variée; Soldevila écrit le plus souvent ivars. Les exemples cités par AM, attestés chez Jaume (pus iuaç... que), Desclot {tost yvaç), dans les «Sermons» de Sant Vicens Ferrer (XIVe siècle) {tan ivaç), dans le «Compendi historial de la Biblia, que ab lo títol de Genesi de Scriptura trelladà del provensal a la llengua catalana Mossén Guillem Serra en l'any MCCCCLI» (iuàs) et de «Alcoati. Libre de la figura del uyl. Text català traduit de l'àrab per Mestre Joan Jacme i conservât en un ms. del XIV segle (...)» (ivàs), prouvent que le mot appartient au lexique catalan ancien. Les dérivés morphologiques sont, eux aussi, anciens: ivacea («ant.») «rapidesa» est attesté chez Llull; ivacerament («ant.») «aviat, de pressa» est relevé dans «Las vidas de santos roselloneses (...) Fragment de text rosellonès, del segle XIII (...)»; ivaciositat («ant.») «rapidesa», chez Llull; ivaçós (ivarçôs, ivarsós, iversós) - tous qualifiés de «ant.» -se retrouvent chez Llull, dans un document daté de 1390 et chez Vilaragut, tandis que l'adverbe ivaçosament (ou ivarçosament) «ràpidament», considéré comme «ant.», a été relevé chez Llull, Muntaner, Pere et Vilaragut. (Sur Vilaragut, voir Ruiz i Calonja 1954, pp. 188-189.) Partout, on le voit, il s'agit de textes anciens.

Cet adverbe est usité surtout par Desclot (voir table I). Ivars est un synonyme
proche de tost ce qui ressort de plusieurs contextes où il y a juxtaposition des
deux mots, (3-4). (Voir aussi De 553:1, tost e ivàs; id. 566:2, tost e ivars.)

(1) d'on, si venir volicn, que es cuitassen ivars, que les galères e los hômens porien
lleument haver (De 574:1 )

(2) Sènycr, acorrets ivars! Que tots los servents qui van primers son perduts (De
567:2)

Side 43

(3) car començà d'anar a peu tost e ivars, milis que si tots temps hagués anat (De
523:1)

(4) X quant la host del rei de Franca hac entés acò, desatendà e isqué's ivars e tost (De
536:2)

(5) Mas l'armada de Sicilia no podia venir tant ivars en Catalunya, cai havia a fer
altres coses que dejús oirets (De 564:2)

(6) e majorment hòmens de peu, per ço car los cavaliers no es podian arresar tan ivars
(De 535:1)

(7) lì per ço que les hosts de Catalunya isquesse e venguessen aidar pus ivars e pus
coratjosament al rei d'Aragó, féu manament lo rei a son fili N'Anfós (De 535:1)

(8) tantost com hauran aço vist o entés, al pus ivars que pusquen, venguen a eli socór
rer (De 535:1)

Lars Lindvall

Gòteborg

Résumé

Les mots étudiés dans cet article constituent, morphologiquement et sémantiquement, un sous-système nettement délimité dans le lexique catalan ancien, représenté ici par les textes que nous devons aux quatre grands chroniqueurs catalans — Jaume ler, Déselot, Muntaner et Pere 111 (ou IV).

On constate, entre autres, que la composition de ce groupe de mots est, dans ces traits constitutifs essentiels, identique aux sous-systèmes qui lui correspondent en ancien français, en ancien occitan et en ancien italien. Dans toutes ces langues, le lexique moderne est très différent du lexique ancien.

Autour de l'adverbe de manière tost qui, dans le catalan moderne, a été remplacé par aviat, on retrouve dans le catalan ancien des adverbes comme tantost, avec sa variante formelle aitantost, et sempre, (de) mantinent, encontinent et de continent, qui, tous, expriment une idée de postériorité immédiate. On constate aussi que, à tous ces adverbes, appartiennent des locutions conjonctives qui, à l'instar des adverbes, ne s'emploient plus en catalan moderne.

L'adverbe ivars {ivàs, etc.), un synonyme proche de tost, constitue un lexème propre au
catalan. On en retrouve des exemples surtout dans la chronique de Desclot.

Le groupe de mots étudiés ici est commun aux quatre textes dépouillés. Or, il y a, dans l'usage, des différences significatives qui nous permettent de distinguer entre les quatre chroniqueurs. Ces écartes d'ordre idiolectal peuvent servir à caractériser et le style et la syntaxe de leurs textes respectifs. Il ne s'agit pas seulement de divergences d'ordre quantitatif mais aussi de différences concernant les structures grammaticales où figurent les mots examinés.

Bibliographie

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