Revue Romane, Bind 17 (1982) 2

Le rose del deserto. Saggi e testimonianze di poesie maghrebina contemporanea d'espressione francese a cura di G. Toso Rodinis. Letterature francofone dei paesi extraeuropei, 1. Bologna-Padova, Patron, 1978. 357 p.

Marie-Alice Séférian

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Il est malheureusement impossible de rendre compte ici dans le détail d'un ouvrage aussi
riche et qui s'adresse avant tout aux spécialistes du Maghreb. Il importe cependant de signaleraux
lecteurs de Revue Romane que les chercheurs italiens se tournent de façon très active

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vers l'Afrique du Nord. Outre les Studi Maghrebini (publiés par l'lstituto universitario orientalede Naples et concernant surtout le domaine arabe), la section de français de l'lstituto di lingue e letteratura romanze de l'Université de Padoue consacre les deux premiers volumes de sa collection sur les littératures de langue française hors d'Europe à la littérature maghrébine.

Comme le sous-titre l'indique, il s'agit d'un mélange d'articles et de poèmes. Ces derniers ne représentent d'ailleurs que quelques pages: un poème intitulé "l'acte poétique" du Tunisien Albert Memmi, deux brefs poèmes d'Emmanuel Roblès (généralement exclu de la littérature maghrébine et considéré comme écrivain français, au même titre que Camus) et des textes inédits de Claude Bénaby et de Hamid Tibouchi. Le recueil s'ouvre sur deux articles qui sont des présentations: celui d'Emmanuel Roblès, "La poésie maghrébine d'expression française" (p. 23-27) et celui de Jean Déjeux, "Ecrivains maghrébins de langue française et revendication de la différence" (p. 29-53). Les autres, écrits par l'équipe de chercheurs padouans, sont pour la plupart consacrés à la production d'un auteur, comme par exemple l'excellente étude de Giulana Toso Rodinis: "Jean Sénac, una ricerca d'espressione poetica" (p. 159-241), ou bien consistent en analyses ponctuelles comme celle qu'Anna Maria Dal Cengio fait d'un passage de Nedjma, "Kateb Yacine: dal rifiuto d&lVautre alla conquista del moi" (p. 273-290). Nedjma est un roman et cette simple constatation fait surgir aussitôt la question cruciale: Pourquoi avoir choisi de se limiter à la poésie, même si un deuxième volume, consacré à la prose, doit suivre? Les écrivains maghrébins se caractérisent en particulier par le fait qu'ils sont rarement spécialisés dans un genre déterminé et l'on peut dire que la poésie est présente dans toutes leurs oeuvres. C'est d'ailleurs pourquoi on accepte tout naturellement de voir l'étude d'un extrait de roman incluse dans un volume sur la poésie. Là où le bât blesse, c'est lorsque les exigences de la présentation isolent la production en vers d'un auteur comme Mohammed Dib, qui est tout autant poète que romancier. "Mohammed Dib o la fedeltà alla parola" de Luciano Stecca (p. 129-158) est cependant une étude pénétrante de l'imaginaire de l'écrivain.

On ne cherchera pas dans ce volume un exposé englobant toute la poésie maghrébine de langue française (les poètes marocains n'y sont d'ailleurs pas représentés) mais on y verra plutôt un panorama de l'état actuel des recherches maghrébines à l'Université de Padoue. Il résulte de ce fait que les articles sont de nature très diverse et qu'ils présentent plus ou moins d'intérêt selon la valeur des textes étudiés ou la méthode d'approche utilisée. Il n'en reste pas moins que cet ouvrage, le premier en date de ce type, ne pourra manquer de faire date dans la recherche maghrébine, tant par l'importance et la qualité de la plupart des articles publiés que par l'optique "méditerranéenne" qui le caractérise.

Copenhague