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Revue Romane, Bind 17 (1982) 2Françoise Pouradier Duteil: Trois suffixes nominalisateurs. Un essai d'analyse actantielle. Gunter Narr Verlag, Tubingen, 1978.Ole Mørdrup Side 149
Ce livre contient
deux parties bien distinctes: d'une part, il comprend
une discussion des L'auteur discute
principalement les modèles de trois linguistes:
Tesnière, Fillmore et J. Duteil reproche
avant tout à ces auteurs de proposer des définitions des
actants fondées Side 150
pas entrer dans
les détails de ce modèle, parce que nous nous
intéresserons plus particulièrement Pour faire cette
analyse, FPD a relevé dans le Dictionnaire Inverse de
Juilland tous les Malheureusement, elle
ne présente pas la totalité de ces listes, mais
seulement une partie. Son analyse
révèle que les noms en -age sont assez homogènes
sémantiquement, alors que C'est ce qui peut
expliquer d'ailleurs pourquoi -ment n'est pas productif
en français moderne: Kn comparant -age
à -ment. FPD met aussi en lumière une autre différence
entre les deux Cette différence peut peut-être expliquer un autre phénomène, qui n'est pas directement mentionné par FPD: le fait que le préfixe en- et, dans une moindre mesure, a-, ont une prédilection pour les noms suffixes par -ment par rapport à ceux suffixes par -age, alors qu'on peut constater la tendance inverse pour les noms correspondants sans préfixe. Cela peut être dû au fait que en- et a- n'acceptent pas facilement l'affectation du Patient par l'action effectuée. Il est seulement regrettable que FPD n'ait pas donné de listes complètes, mais seulement un échantillon d'exemples. Si elle l'avait fait, son travail aurait présenté beaucoup plus d'intérêt. Le Petit Robert contient, par exemple, une cinquantaine de noms en -age préfixés par en-, mais ils ne sont pas cités, sauf deux d'entre eux, dans le chapitre sur -age. Si ces noms avaient figuré là, il aurait été possible de comparer beaucoup plus directement les noms en -age à ceux en -ment. Et, en même temps, on aurait vu si le modèle actantiel aurait pu éclaircir ce problème. Dans une étude sur les préfixes a-, en-, é-, dé-, j'ai réussi à mettre en évidence que la théorie des relations thématiques possède un pouvoir explicatif en ce qui concerne la préfixation, parce qu'elle peut expliquer dans certains cas pourquoi certains verbes n'acceptent pas ces préfixes. De la même manière, on s'attend à ce que FPD se serve de l'analyse actantielle pour discuter des problèmes de la formation des mots en -age, -ment, -tion, puisqu'elle a choisi justement ce domaine pour illustrer son modèle. L'intérêt de ces noms résident précisément dans le fait qu'ils constituent un domaine bien délimité qui peut servir de fondement à une discussion sur les rapports d'une analyse sémantique et des problèmes de la formation de mots. Cette discussion serait d'autant plus intéressante qu'il ne fait pas de doute que la sémantique joue un rôle important pour les contraintes sur la formation des mots. I PD présente
elle-même (p. 20) son travail comme "une tentative
d'analyse des trois suffixes Je reproche essentiellement à l'auteur de ne pas avoir poussé l'analyse assez loin. Car. il n'est pas évident, d'après ce livre, que le modèle actantiel serve à grand-chose dans l'analyse de ces suffixes. Mais, cela aurait été possible, puisque ce modèle possède, en fait, un pouvoir explicatif dans ce domaine. Il se peut que ma critique soit un peu injustifiée dans la mesure où FPD s'est assigné le but plus modeste d'étudier les relations sémantiques des trois suffixes. Or. il faut admettre, comme il a été dit plus haut, qu'elle a pleinement atteint ce but. Mais, il est seulement dommage qu'elle n'ait pas vu les perspectives que présente l'analyse actantielle en ce qui concerne les problèmes de la formation des mots. Copenhague
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