Revue Romane, Bind 17 (1982) 1

Gerhard Boysen: Kapitler af Fransk Syntaks. I. Artiklerne. Aalborg Universitetsforlag, Aalborg, 1981.

Finn Sørensen

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En écrivant ce livre (KFS), Gerhard Boysen a surtout voulu faire une sorte de grammaire pédagogique dont le but est de faciliter l'enseignement de la grammaire au moment où les étudiants danois doivent commencer à traiter et à concevoir la grammaire comme une discipline scientifique. Construire "un pont" par lequel les étudiants peuvent passer du cadre d'un manuel de grammaire au cadre d'une étude grammaticale scientifique, voilà le but que GB s'est imposé dans KFS.

Comme le titre même de cette grammaire le suggère, il ne s'agit que du premier de toute une série de chapitres sur la syntaxe du français moderne et le thème de ce premier chapitre concerne les articles. Pour atteindre son but à l'intérieur de ce domaine, GB part de la constatation que ce qui manque aux étudiants, c'est la connaissance des détails et la capacité de travailler avec une ou plusieurs théories en se basant sur une méthode appropriée, (cf. KSF: II). Pour répondre à ces besoins, GB présente une description détaillée mais sélective des articles d'un point de vue distributionnel, une bibliographie annotée et classifiée à la fin du livre (p. 108—115) et des remarques bibliographiques, à l'intérieur du texte même, permettant de présenter des points de vue divergents.

La description des articles est répartie en deux parties. Dans la première (p. 1-23), GB indique ce qu'il entend par article, à savoir l'article défini {le, la, les), l'article indéfini {un, une) et l'article partitif {des, de la, du), la fonction des articles et leurs valeurs. Dans la deuxième partie, GB décrit tout ce qui est exception par rapport aux règles générales présentées dans la première partie et notamment les constructions à article vide. Cette description est faite par rapport à différents niveaux syntaxiques: la période (p. 24-25), la phrase (p. 26—27), les fonctions grammaticales primaires (p. 28-90), le syntagme (p. 91-102) et les constructions coordonnées (p. 103-107). Au niveau du syntagme, il faut remarquer que GB s'est contenté de quelques références pour ce qui est de la syntaxe des articles devant les noms propres, y compris les noms géographiques, et qu'il ne parle pas du tout de l'article utilisé à l'intérieur d'un groupe nominal complexe du type: Institut d'Etudes romanes de l'Université de Copenhague.

Par le résumé ci-dessus, j'espère avoir donné une idée des intentions de GB et du contenu de KSF d'une manière qui permettra aux lecteurs de juger de sa valeur potentielle par rapport à une situation pédagogique donnée. Pour ma part, je trouve qu'il manque une présentation plus claire des problèmes grammaticaux. On a presque l'impression que le nombre colossal d'exemples et la clarté de l'exposition cachent un peu les problèmes. GB aborde par exemple le problème de l'analyse de l'article partitif au niveau des catégories lexicales, c'est-à-dire la question de savoir si de dans Je voudrais de la bière est une préposition ou un article, (cf. KSF 14 ss). Mais le problème principal est ailleurs puisque ces deux solutions sont compatibles en faisant de l'article partitif une sorte de mot composé. Le vrai problème sft trouve à un niveau wntaematiaue suDérieur. c'est-à-dire la auestion de savoir auel est le type de syntagme contenant les particules de et la/les/le. Et ce type de catégorisation ne peut pas être inféré directement des faits. Et c'est la raison pour laquelle il est important de préciser ce qu'il est à résoudre, puisqu'il s'agit de sensibiliser les étudiants au travail grammatical qui fait intervenir à la fois des hypothèses et des problèmes de méthode.

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Ce même point peut être fait par rapport à un autre problème que GB cache au sein de ses descriptions grammaticales. Comme je l'ai déjà dit plus haut, GB présente d'abord les articles et ensuite les constructions sans articles et toutes les constructions sans articles s'expliquent en partie par l'absence d'un article. Ces hypothèses cachent un problème théorique et empirique assez important, c'est-à-dire la question de savoir si le français possède un article zéro ayant sa propre valeur. Mais pourquoi ne pas en parler dans une grammaire ayant pour but d'ouvrir les yeux aux étudiants. Personnellement, je crois qu'une attitude plus attentive envers les problèmes grammaticaux ne pourrait qu'augmenter l'intérêt général du projet dont nous n'avons vu que le premier chapitre.

Copenhague