Revue Romane, Bind 16 (1981) 1-2

Kerstin Oison: La construction: verbe + objet + complément pré die atif en français. Aspects syntaxiques et sémantiques. Stockholm, 1976. 198 p.

Harald Gettrup

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La thèse de Kerstin Olsson traite des constructions comportant un attribut de l'objet direct et qui peuvent être désignées par les symboles NPj - V - NP-, - X. Dès le début de l'introduction, à la p. 7, se trouve circonscrit l'objet de l'étude, qui n'inclut que les cas où le complément prédicatif est un adjectif ou un élément à valeur adjectivale. Sont encore exclues: les constructions où figurent le verbe avoir, et les constructions réfléchies (j'avais le cœur serré, il se croit privilégié). Les raisons de ce choix méthodologique n'apparaissent pas clairement à cet endroit mais se dégagent au fur et à mesure de la lecture.

Le livre comporte trois parties. La première traite des problèmes syntaxiques, la seconde met en évidence les restrictions imposées au verbe, à NP2 et à X, la troisième, qui est la plus longue, est consacrée à l'examen des aspects sémantiques, illustré par une étude approfondie des verbes trouver, voir, aimer et vouloir.

Chapitre I. L'étude syntaxique est conduite avec rigueur et méthode. Pour relever les divergences syntaxiques entre les constructions NPj - V - NP2 - X, KO met en jeu l'omission possible de X, la question par comment, la présence possible du verbe être, l'extraction et la transformation SE-MOYEN. Elle adopte la distinction de Maurice Gross entre verbes opérateurs (croire, trouver, supposer) et verbes non-opérateurs (boire, manger, apporter). Dans les cas où figurent ces derniers, X ne peut pas être qualifié de «attribut de l'objet» dans la terminologie traditionnelle. Un tableau récapitulatif présente les propriétés que KO arrive ainsi à relever (p. 21). La démarche que suit l'auteur étant bien connue, je ne m'attarderai pas sur ce premier chapitre.

Chapitre 2. En ce qui concerne les restrictions sur les verbes opérateurs, KO signale que les verbes factifs n'admettent pas la construction *// oubliait Marie malade (p. 45). La classe des verbes non-opérateurs qui admettent la construction est très difficile à délimiter. L'auteur commence par noter l'inacceptabilité de phrases telles que *La clé, je la cherchais perdue, *Le choc, il l'a subi grave, *La valse, il l'a dansée lente (p. 49). Les considérations qui suivent amènent KO à établir que si NP2 n'existe pas en dehors de l'action exprimée par le verbe, l'addition de X n'est pas possible. Ainsi sont exclus les verbes à objet interne. Si NP2 existe indépendamment du procès décrit, sans pourtant y participer, la construction est nettement meilleure, mais toujours un peu douteuse: ILes rues, il les a traversées désertes. Ensuite, se fondant sur les recherches de Halliday sur la transitivité, KO énonce les restrictions suivantes sur la construction NPj - V - NP2 - X à verbe non-opérateur: 1° Deux participants doivent prendre part au processus. 2° NP2 doit dénoter l'un des participants de ce processus. 3° II faut qu'un rapport particulier puisse s'établir entre l'élément X et le processus décrit par le verbe. L'auteur concède que «ceci a l'air bien vague et il reste beaucoup à faire dans ce domaine» (p. 53).

Passant à l'étude des restrictions sur les NP-, à article indéfini, l'auteur envisage quatre cas: Io NP-, non-spécifique. 2° NP-, générique. 3° NP2 spécifique. 4° NP-, est non-spécifique et X est un adjectif de «modalité». Si cet examen porte autant sur la construction NP] - V - NP-> - X que sur celle de NPt - être - X, la raison en est qu'une découverte d'éventuels écarts entre tes restrictions imposées sur les deux constructions permet de supposer une structure profonde qui ne comporte pas une phrase enchâssée avec être (p. 53). Cesi est en effet le cas pour rendre, tenir et laisser (p. 58):

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Cette robe rend une femme jolie

# Une femme est jolie

(Le symbole # signifie «sémantiquement malformé», (p. 10).)

Par contre, avec des verbes comme croire, supposer, etc., le parallélisme semble parfait:

# Je crois un homme honnête

# Un homme est honnête

Pour qu'un NP2 non-spécifique soit possible, il faut que la prédication porte sur l'avenir (p. 62). Cette référence à l'avenir s'obtient par l'interaction d'un nom abstrait («nominal du second ordre») et d'un adjectif dit de «modalité», terme qui s'applique à des adjectifs exprimant un jugement sur la possibilité, (possible, probable, etc.) ou l'opportunité opportun, utile, fâcheux, etc.) du phénomène envisagé:

Un échec est probable

Je crois un échec probable

Une démarche est nécessaire

Je crois une démarche nécessaire

KO observe que, parmi ces adjectifs de modalité, certains contiennent un présupposé
existentiel, par exemple ennuyeux, embêtant, fâcheux. Dans ces cas, il faut mettre le
verbe au conditionnel pour obtenir la référence au futur (p. 62):

# Une visite est ennuyeuse

Une visite serait ennuyeuse

Signalant que les contraintes imposées sur l'élément X sont en général liées au verbe spécifique de la construction, KO se borne à étudier les verbes opérateurs, qui, paraît-il, se prêtent mieux que les autres à une détermination de certaines contraintes générales (p. 64). En fait, si on laisse de côté des curiosités telles que Laisse les valises tranquilles et Acheter sa liberté toute faite, ces contraintes sont au nombre de deux. 1° Le participe présent entre dans la structure NP, - V - NP2 -X mais non dans NP2 - être - X:

Je l'ai aperçue lisant un livre

*Elle est lisant un livre

2° Dans la lecture non-stative, les participes passés sont réfractaires à NP( - V - NP2 - X
mais acceptent NP2 - être - X:

*Je crois Paul parti très vite ce matin

Paul est parti très vite ce matin

II faut ajouter que cette contrainte ne frappe qu'un nombre très limité de verbes, les seuls
cités par KO étant croire, savoir, supposer et trouver. Ces verbes n'admettent pas non
plus un syntagme infinitif qualifié de non-statif comme complément d'objet (p. 68):

*Je crois Paul travailler dans le jardin

Cette constatation amène KO à suggérer l'existence d'une contrainte générale sur l'élément
X, qui empêcherait les prédicats non-statifs d'y figurer. Cela paraît très convaincant.
L'auteur s'exprime pourtant avec prudence, voyant un contre-exemple dans On le croit

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venir des États-Unis. Je me demande si, dans cet exemple, il faut adopter une lecture non-stative. Venir semble avoir ici le sens de être venu. Les verbes de perception, par contre, admettent un participe passé non-statif// voit à quatre ans ses parents dévorés par ¡es loups au cours d'une promenade en traîneau (p. 72).

Chapitre 3. Se fondant sur Nielsson-Ehle, mais raffinant sur son modèle, KO établit six
rapports sémantiques entre l'action exprimée par le verbe et la caractérisation apportée
par le constituant X (pp. 79 et 92):

1. Propositionnel (croire, juger, vouloir, etc.)
2. Résultatif-causatif (rendre, etc.)
3. Résultatif-créatif (écrire, créer, etc.)
4. Temporel (boire, apporter, donner, etc.)
5. Conditionnel (aimer, détester, etc.)
6. Sélectionnel (choisir, acheter, etc.)

Afin de tester les observations intuitives qui sont à la base de ce schéma, KO les traduit en termes d'implication. Elle arrive ainsi à différencier les rapports résultatif-créatif, temporel et sélectionnel par le fait que dans ceux-ci NP, - V - NP2 - X implique NP| - V - NP2 et NP2 - être - X:

II a bu le rhum chaud —» II a bu le rhum

—» Le rhum a été chaud

Cf. le rapport propositionnel:

Je crois Paul malade -* Je crois Paul

—> Paul est malade

Les rapports implicatifs sont gouvernés par le principe de l'accident, qui est introduit à la p. 101 et qui constituera dès lors l'objet réel de l'étude de KO. Ce principe repose sur l'opposition de l'accident et de l'essence, concepts qui sont envisagés sur deux plans: celui de l'individu et celui de l'espèce. Sur le plan de l'espèce, l'accident est une propriété qui peut apparaître chez certains membres de l'espèce mais qui n'est pas commune à la totalité de ses membres. Soit grand, palmipède, dans l'espèce des oiseaux. Sur le plan de l'individu, l'accident est une propriété variable, se situant sur l'axe du temps. Soit triste, sale, chaud. Dans le rapport temporel, le principe de l'accident joue sur le plan de l'individu: Celte pomme, il l'a cueillie verte. Dans le rapport sélectionnel, par contre, ce même principe joue sur le plan de l'espèce: Ses voitures, elle les choisit toujours françaises.

Si bref que soit ce résumé des premières sections du chapitre 3, j'espère avoir dégagé l'essentiel du fondement méthodologique et théorique sur lequel repose l'étude suivante des verbes trouver, voir, aimer et vouloir. Avant de commenter cette dernière partie du livre, je voudrais cependant revenir sur le traitement réservé à la notion de temporalité, lequel s'expose à certaines objections queje crois utile de formuler ici. Soit les exemples (p. 76):

(1) Cette pomme, illa cueillie verte

(2) II nous les a apportées enveloppées de feuilles

(3) II a vu son voisin ivre

Selon KO, les relations sémantiques sont exprimables à l'aide de paraphrases comportant
des propositions temporelles:

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(1) Quand il a cueilli cette pomme, elle était verte

KO signale que c'est le verbe principal (a cueilli) qui se met le plus naturellement dans la
temporelle, alors que dans le cas des verbes de sentiment, c'est le verbe être qui apparaît
dans la subordonnée (p. 78):

(4) Elle n'aime pas ce poisson fumé

(4)' Elle n'aime pas ce poisson quand il est fumé

C'est là un fait remarquable qui ouvre des perspectives intéressantes. (Cf. Nous avons mangé en regardant la télévision. Pour traduire cette phrase en danois (ou en suédois), la meilleure solution semble être également de renverser les termes: 'Vi sa fjernsyn mens vi spiste'). En réalité, cette subordination du verbe principal distingue les verbes tels que boire, prendre, apporter, etc., non seulement des verbes de sentiment, mais de toutes les autres classes de verbes qui admettent la construction NP| - V - NP2 - X. (Voir les exemples p. 74-75).

Ce comportement divergent amène quelques réflexions méthodologiques et théoriques.

L'emploi des paraphrases fait l'objet d'une remarque sur leur défaillance (p. 79-80). C'est cette défaillance même qui conduit KO à traduire ses observations en termes d'implication. L'on aurait aimé que l'auteur, sans abandonner la démarche intéressante que constitue la mise en jeu des rapports implicatifs, eût essayé de formuler quelques contraintes sur l'emploi des paraphrases, qui est sans doute un procédé méthodologique d'une grande utilité. Une tentative dans ce sens a été faite dans le travail de Prebensen et Spang-Hanssen: De franske relativsœtningers typologi. (1977, Institut d'Etudes romanes, Université de Copenhague, inédit miméographié). Parmi les contraintes énoncées par ces auteurs, je ne retiendrai ici que celle qui concerne la reproductibilité et qui exige que les changements opérés par rapport à la phrase donnée doivent être partout les mêmes (op. cit. p. 18). A mon avis, cette contrainte interdit les procédés opposés dans (1)' et (4)' et met en cause l'établissement d'un rapport temporel dans les trois exemples cités.

En effet, si dans (1)' la paraphrase semble couvrir parfaitement le sens de (1), l'affirmation
selon laquelle il existerait une similitude de sens entre (1), (2) et (3) ne résiste pas à un
examen attentif. Cela apparaît clairement si l'on compare:

(5) Je l'ai vu jeune

(6) Je l'ai vu ivre

Le sémantisme de jeune et de vert, mais non celui de ivre, fait que ces adjectifs situent automatiquement le qualifié dans la temporalité. Ils peuvent donc constituer le repère temporel du procès désigné par le verbe. Encore faut-il ajouter que dans la construction NPj - V - NP2 - X ce n'est pas toujours le cas:

(7) Je l'ai vue jeune

(7)' Quand je l'ai vue, elle était jeune

(8) Je l'ai épousée jeune

(8)' Quand je l'ai épousée, elle était jeune

(7)' ne couvre pas nécessairement le sens de (7): je peux l'avoir vue à une autre époque de sa vie. Dans (8), par contre, il semble que la fonction principale de X soit celle de situer l'action verbale dans le temps. A mon avis, c'est uniquement dans ce sens-là qu'il est légitime de voir un rapport temporel. Le contenu très vague que KO semble attribuer à

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cette notion fait obstacle à l'exploration de nombreuses distinctions pertinentes (temps,
manière, circonstance concomitante).

Parmi les quatre études de détail qui terminent le livre, je ne retiendrai que celles portant
sur trouver et aimer.

Trouver (p. 110-119). Ce verbe établit un rapport temporel dans

On trouva la voiture du proviseur incendiée

et un rapport propositionnel dans

Je trouve cette existence aride

Le rapport temporel est implicatif, le rapport propositionnel non-implicatif. Cette différence est liée à certaines propriétés opposées se situant sur plusieurs plans, notamment la variation concret/abstrait, duratif/ponctuel et objectif/subjectif. Tandis que le rapport temporel exige un NPt concret, le rapport propositionnel est neutre. Le caractère concret de NP2 ne suffit pourtant pas toujours pour obtenir une lecture temporelle. Celle-ci n'est garantie que si X dénote un état transitoire et objectivement vérifiable:

J'ai trouvé la salle complètement vide.

Ainsi, les adjectifs qui dénotent des états susceptibles d'évaluations individuelles amènent
normalement la lecture propositionnelle (p. 113):

J'ai trouvé mon thé froid

Le rapport temporel étant implicatif, le principe de l'accident est toujours respecté dans
celui-ci. Une exception apparente est étudiée longuement aux p. 115-117 à propos de
l'exemple suivant:

II fut passablement contrarié de le trouver noir et tout jeune

Après avoir examiné l'influence du contexte factif (fut contrarié), qui paraît pourtant secondaire, KO en arrive à suggérer que le fait que NP¡ est obligé de changer le réfèrent qu'il possède déjà de NPt pourrait «être à la base de l'apparition de ce rapport objectif extraordinaire». Par ce raisonnement, KO tend donc, semble-t-il, à attribuer à la phrase en question une lecture sélectionnelle dont la paraphrase pourrait par exemple être II fut contrarié de devoir le ',= le réfèrent de NP2) choisir noir. Puisque, dans le rapport sélectionne!, X peut bien dénoter une propriété inhérente, le principe de l'accident jouant sur le plan de l'espèce, ce principe n'est donc pas abandonné dans l'exemple cité.

Je n'ai qu'une remarque à formuler sur le traitement de trouver. Dès le début, on est confronté à certains problèmes relatifs à l'emploi de l'implication dans la description sémantique. D'une part, selon KO, la phrase Un jour, on trouva la voiture du proviseur incendiée implique on trouva la voiture. D'autre part, elle distingue dans le verbe aimer une lecture «forte»: 'aimer avec passion' et une lecture «faible»: 'éprouver un sentiment positif envers une chose ou un état de choses' (p. 149), et elle explique le manque d'implicationde Je crois Paul malade par le changement de sens qui s'est produit dans Je crois Paul (p. 186, note 22a). 11 est indiqué d'objecter qu'une distinction similaire vaut pour trouver, qui présente une lecture «forte»: "Apercevoir, rencontrer, toucher ce que l'on désirait avoir' (Robert VI, p. 872) et une lecture «faible»: 'Voir se présenter sous tel ou tel aspect, en tel ou tel état' (id., p. 873). Si l'on passe de NP, - V - NP2 - X à NP, - V - NP2, c'est toujours la lecture forte qui s'installe. On peut rapprocher les réserves que

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j'énonce ici de celles que j'ai formulées au sujet de la notion de rapport temporel. 11 y aura
donc deux raisons pour juger défectueuse la paraphrase suivante:

Un jour, quand on trouva la voiture du proviseur, elle était incendiée

Ces questions méritent d'être repensées.

Le verbe aimer est étudié au présent (p. 133-136), au conditionnel (p. 137-140) et au
conditionnel passé (p. 140-150). Au présent le principe de l'accident est toujours respecté:

Jacques, mon mari, je ne l'aime pas ivre

Les pélicans, elle les aime grands

Une illustration de l'effet de ce principe nous est fournie par la discussion que soulève la
phrase:

# Cette aubergine, je l'aime farcie

Cet exemple est considéré comme étant sémantiquement malformé. Le raisonnement au terme duquel KO conclut à une transgression du principe de l'accident peut se résumer ainsi: Une condition imposée au verbe aimer dit que NP, doit avoir incorporé NP2 dans son expérience personnelle (p. 134). L'expérience que NP| peut avoir des choses consommables consiste justement à consommer ces choses. La phrase ne peut donc être prononcée avant le moment de la consommation, ni après, car alors le présent ne serait plus de mise. Le temps de la phrase se réfère donc à un seul moment spécifique. Dans le rapport temporel, le principe de l'accident se base sur la variabilité de NP2 dans le temps. Ici, il est violé, puisque cette variabilité n'existe plus. D'où l'anomalie de la phrase.

Au conditionnel présent, l'expérience directe et personnelle de NP2 par NP| n'est plus
exigée:

Cette aubergine, je l'aimerais farcie

La phrase semble présupposer que NP2 - être - X est faux mais pourra devenir vrai. Le
principe de l'accident n'est donc plus violé.

L'étude qui nous est offerte du conditionnel passé (p. 140-146) concerne les présuppositions
liées à cette forme et l'abandon du principe de l'accident dans les constructions
qui ne se réfèrent pas au monde actuel.

Si NP2 - être - X se rapporte au passé, c'est la fausseté possible qui est présupposée:

Je n'ai jamais vu mon frère qui est mort à cinq ans.

Je l'aurais aimé blond.

Mais si la même séquence se réfère au présent, la présupposition concerne la fausseté
factuelle:

Je n'ai jamais vu mon père qui habite en Amérique.

On m'a dit qu'il est petit. Moi, je l'aurais aimé grand et fort.

Dans ces exemples, X {blond, grand et fort) dénote des propriétés inhérentes. Le principe de l'accident, qui joue ici sur le plan individuel, n'est donc plus respecté. En revanche, la prédication NP2 - être - X porte sur un état qui ne pourra pas se réaliser. Ainsi, le principede l'accident fait place au principe de la non-occurrence (p. 146). Selon la thèse principale de KO, ces deux principes gouvernent toutes les constructions NPj - V - NP2 - X qui se réfèrent au monde actuel. Si ces principes sont abandonnés, ce n'est plus au

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monde actuel mais au monde des idées de NP( que se rapporte l'énoncé (pp. 153, 176).
Nous trouvons à la p. 154 un exemple qui illustre parfaitement ce mécanisme:

On écrivait partout qu'elle était une petite bonne femme de rien du tout - c'est tout

juste si on ne la voulait pas bossue.

Le principe de l'accident est violé, mais vouloir est interprété comme un verbe d'opinion
et non comme un verbe de volonté. «Il n'est pas question d'une réalisation dans le monde
actuel, mais seulement d'un avis que NP, désire soutenir» (p. 154).

Kerstin Olsson est très au courant des problèmes qui occupent la linguistique d'aujourd'hui et son livre se recommande à nous par la cohérence de ses idées et la richesse de ses suggestions. C'est un véritable éventail de concepts et de techniques que syntacticiens et sémanticiens, depuis une vingtaine d'années, tentent d'intégrer dans les recherches linguistiques. Le résumé qui précède le démontre suffisamment: implications, présuppositions, factivité, spécificité du syntagme nominal, classement sémantique des verbes et des adjectifs, techniques destinées à déterminer les propriétés syntaxiques. Souvent, l'impression qui se dégage est que l'exploration de ces concepts et de ces techniques intéresse KO plus que la construction NP| - V - NPt - X. Et, en quelque sorte, celle-ci s'en ressent. L'on aurait aimé que le livre, sans sortir de ses cadres théoriques et tout en nous livrant ses nombreuses réflexions suggestives, se recommandât aussi en tant qu'ouvrage de référence. En effet, au terme de cette lecture, on est encore à s'interroger sur l'étendue du phénomène. Sans prétendre à l'exhaustivité, l'auteur aurait eu intérêt à tenter de répertorier les verbes qui admettent la construction étudiée. Elle aurait pu aussi nous fournir quelques renseignements statistiques et stylistiques, ce qui aurait augmenté sensiblement la portée pédagogique du livre. Tel quel, ce travail intéresse surtout par l'inspiration qu'on y puisera pour étudier des phénomènes apparentés. Mais ce n'est pas le moindre des mérites auxquels peut prétendre un ouvrage linguistique.

Copenhague