Revue Romane, Bind 14 (1979) 2

Michel Dubois: Dictionnaire de sigles nationaux et internationaux. La Maison du Dictionnaire, Paris, 1977. 404 p.

François Marchetti

Side 336

Un répertoire de sigles comme celui qu'édite La Maison du Dictionnaire a besoin d'être constamment remis à jour. Je tiens en main l'édition de 1977, qui est la seconde (la première remontant à 1974), et au moment où paraîtront ces lignes, une troisième édition aura probablement vu le jour ou sera, du moins, en cours de publication. En effet, parmi les organismes, institutions et sociétés enregistrés, beaucoup ont changé d'adresse depuis 1977. Dans le seul domaine de la Consommation, j'ai compté pas moins de sept transferts de siège social sur une vingtaine d'organisations nationales répertoriées. A cela il faut ajouter la création et la disparition continuelles d'un grand nombre d'associations. L'auteur, Michel Dubois, attaché d'administration à l'université de Caen, en est parfaitement conscient. Il prend soin d'indiquer dans une note la difficulté qu'il y a à tenir à jour toutes les adresses du fait que, d'une part, il est impossible d'éviter un décalage entre un changement d'adresse et l'édition d'un annuaire, et que, d'autre part, certains organismes oublient de communiquer leur nouvelle adresse au Journal Officiel.

Le répertoire de Michel Dubois est sagement intitulé Dictionnaire de sigles nationaux et
internationaux, car, ainsi que l'auteur le fait remarquer dans sa note préliminaire, n'y figurent
pas:

- les sigles locaux contenant un nom de ville (en particulier les sigles sportifs);
- les sigles nationaux étrangers, qui sont innombrables;
- certaines abréviations techniques;

- des sigles d'associations qui n'ont pas une audience nationale (lire: en France).

Qu'on ne s'inquiète pas: il reste suffisamment de matière pour remplir les plus de4oo pages dont est constitué l'ouvrage. Et si l'inflation des sigles se poursuit au rythme actuel, il faudra bientôt 1000 pages pour répertorier ne serait-ce que les organismes, institutions et sociétés françaises d'audience nationale qui sont communément désignés par des sigles.

Deux phénomènes me frappent:

- la propension qu'ont beaucoup de nos contemporains, souvent par paresse, à utiliser certains sigles quine sont pas connus de tout le monde. Les Français savent à quoi correspond le sigle S.N.C.F., de même les Danois, ce que recouvrent les trois lettres D.S.B. Mais lorsqu'on entend un speaker de la radio française annoncer que la SFOH va bientôt tenir ses assises, on se demande, comme l'immense majorité des auditeurs, à quelle mystérieuse société il fait allusion, d'autant plus que, perfidement, il a prononcé d'une traite sfo - ce qui peut aussi bien correspondre à SFO qu'à SPHO ou SPHOH. Ces sigles ne figurant pas à l'annuaire, il ne reste plus que SFOH, et là le répertoire de Michel Dubois nous éclaire, puisque le «contexte» ne le faisait pas. Il s'agit de la Société Française d'Organisation Hôtelière!

- le nombre souvent élevé d'organismes différents que recouvre le même sigle. C'est ainsi que le dictionnaire de Michel Dubois m'apprend que les lettres SAM cachent 16, je dis bien 16, sociétés ou services n'ayant aucun rapport entre eux. Ajoutons-y l'Oncle Sam et la fusée porteuse du même sigle, et cela nous fera 18! Il y a pléthore de ces sigles polyvalents. Citons au hasard: CIC (17!), ACI (12), SEP (12), etc. On constate finalement qu'un sigle s'appliquant à un seul organisme est une espèce d'oiseau rare. On s'étonne, par ailleurs, que des sociétés ne semblent pas redouter certaines confusions possibles. Savez-vous ce qu'est la CI.A.?

Side 337

Certes. Mais c'est aussi la Compagnie Industrielle Aérospatiale en Italie, et une bonne
dizaine d'autres choses.

Quelques sigles font sourire:

Si vous entendez dire qu'une de vos amies apprécie AIDA, ne faites pas automatiquement d'elle une/û/i du célèbre opéra de Verdi. AIDA, c'est, entre autres choses, l'Association interrégionale pour le Développement de l'Animation. IRMA n'est pas seulement la touchante héroïne d'Alexandre Breffort ou une chaîne de supermarchés au Danemark, mais également l'lnstitut de Recherches de Mathématiques Avancées (de l'université de Strasbourg); derrière OSCAR se dissimule l'Organisation des Spectateurs de Cinéma d'Art et de Recherches: là, du moins, on reste dans le 7e Art!

Quant au CU, c'est, n'en déplaise aux esprits mal tournés, le Crédit Universel, qui a son
siège rue Notre-Dame-des-Victoires, à Paris.

Certains sigles sont d'une longueur déconcertante, ainsi CNPVEVAOC. Si la plupart
peuvent se prononcer comme un véritable mot (CAPRICAS, CAPRICEL, CAPROFEM,
etc., etc.), essayez donc de dire d'un seul tenant CRFPPSE ou UENCPB!

Le répertoire de Michel Dubois est bien conçu dans l'ensemble, compte tenu des réserves exprimées par l'auteur sur l'exactitude des adresses indiquées et sur les lacunes inévitables. On aurait quand même aimé y voir enregistrer les symboles chimiques, les sigles des plaques minéralogiques et de certaines sociétés étrangères mondialement connues (CIBA, entre autres). Notons aussi que certains sigles ne figurent pas à la place alphabétique qui leur revient de droit: SIFITHERM, par exemple, est placé juste après SOFITEL, c-à-d.23 pages plus loin que l'endroit où il devrait normalement se trouver. Je n'ai relevé que très peu de fautes de typographie dans un ouvrage qui, par sa nature même, s'y prêterait aisément. C'est tout à l'honneur de Michel Dubois et des correcteurs qui l'ont assisté.

Conclusion: un répertoire soigné (comme tout ce que publie La Maison du Dictionnaire),
facile à consulter, mais s'adressant plus aux professionnels qu'au grand public.

Copenhague