Revue Romane, Bind 14 (1979) 2

Remarques sur le type avec un livre à la main

par

Olof Eriksson

L'idée de l'étude qu'on va lire nous est venue en lisant un article publié assez récemment dans cette revue (Nordahl 1973) et qui avait pour sujet la construction - dite «amplective» - dans laquelle un syntagme prépositionnel figure entre la préposition avec et le syntagme nominal qui en dépend: avec, à la main, un livre. Si nous avons jugé utile de reprendre le sujet ici, c'est que, à notre avis, on aurait avantage à considérer cette construction dans un contexte grammatical bien plus général. Ce contexte est celui des constructions prédicatives sans verbe fini, et plus particulièrement celui des constructions qu'on qualifie traditionnellement d'absolues: marcher, un Uvre à la main.

1: Introduction

On n'a pas de peine, en français moderne, à relever des phrases comme
celles-ci:

(1) Figurez-vous un homme qui dort, qu'on assassine, et qui se réveille avec un
couteau dans le poumon, . . . (Maup. Horla 17)

(2) Tout à coup, au Trocadéro, une jeune fille monta avec un petit paquet àla main,
et elle s'assit en face de moi. (id. Tellier 212)

(3) - et Mme Loiseau eut une angoisse lorsque le patron revint avec quatre bouteilles
aux mains, (id. Boule 52)

(4) La plupart des hommes se promenaient AVEC leur veston sous le bras, et des
gamins nageaient dans la Seine. (Sim. Perche 86)

(5) II s'était montré très metteur en scène, très grand patron, [. . .], sa secrétaire
courant derrière lui AVEC un bloc de sténo à la main. (id. Manhattan 115)

(6) II sortit en trottinant selon son habitude et reparut XVBCune grande enveloppe à
la main. (Gide Faux-M. 1062)

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(7) II porte les cheveux ras, arrondis sur le front, une barbiche semblable à celle des
huguenots du XVIe siècle; on l'imaginerait sans peine AVEC une fraise au col.
(Duh. Maîtres 106)

(8) C'est honteux! On devrait les noyer comme des chiennes AVEC une pierre au
cou. (Maup. Tellier 228)

(9) Qu'aurait-on pensé de moi, si l'on m'avait vu paraître AVEC ce gibier dans la
main? (Duh. Maîtres 118)

(10) parce qu'on avait besoin [. . .] du discours de M. Rohner et qu'on ne pouvait
quand même pas le laisser prendre la fuite AVECson discours sous le bras. (ib.
260)

Ce qui caractérise ce genre de phrases, c'est la présence de la préposition avec devant un groupe syntaxique composé d'un syntagme nominal et d'un syntagme prépositionnel indiquant le lieu. Ces deux syntagmes se trouvent en rapport de sujet à prédicat et forment ainsi un groupe prédicatif. Pour la commodité de la présentation, nous adopterons la terminologie de Jespersen, de telle sorte que nous parlerons dans la suite de nexus pour désigner l'ensemble du groupe prédicatif et de sujet nexal-prédicat nexal pour désigner ses deux membres.

A notre connaissance, il n'existe pas à ce jour d'étude tant soit peu approfondie sur cette construction, même si, comme nous le verrons plus loin, un de ses emplois spéciaux a fait couler beaucoup d'encre, à savoir le tour avec, à la main, un livre, envisagé surtout en tant que moyen stylistique et le plus souvent à l'état isolé. Ce qui manque et ce que nous voulons entreprendre ici, c'est une étude qui analyse le nexus avec un livre à la main à partir des divers contextes dans lesquels il est susceptible d'apparaître. Nous essaierons en particulier de répondre à ces deux questions: 1. Quelles sont les fonctions syntaxiques remplies par le nexus? 2. Quel est le rôle joué dans le nexus par la préposition avec?

2: Le nexus «absolu» et le nexus «prépositionnel»

II convient tout d'abord de mettre cette construction en rapport avec celle qui ne comporte pas de préposition, c'est-à-dire le nexus dit «absolu». Celui-ci est, on le sait, un héritage du latin, l'ablatif absolu du latin étant devenu en français un accusatif absolu (cf. Togeby 1974 pp. 57, 191). Cette construction est fréquente dès les plus anciens textes. La forme normale du prédicat nexal est celle du participe, ce qui a donné naissance à l'appellation - fort impropre à notre sens - de construction (proposition) participiale. En nous en tenant à la seule Chanson de Roland, nous avons

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relevé, cependant, en plus d'un grand nombre de «nexus participiaux», deux exemples dont le prédicat nexal a laforme d'un sy ntagme prépositionnelde lieu, forme qui, de nos jours, est monnaie courante dans n'importe quel texte en prose. Les voici:

(11) Paien chevalchent par cez greignurs valees, Halbercs vestuz et très bien . . . Healmes lacez e ceintes lur espees, Escuz as cols e lances adubees. (vv. 710-3)

(12) Or veit Rolant que mort est sun ami,
Gésir adenz, ala tere sun vis. (vv, 2024-5)

Comme on le voit, l'ordre des deux membres du nexus n'est pas encore
fixé, le prédicat pouvant, selon les exigences de la versification, se placer
avant ou après le sujet. Comparez aussi à ce propos:

(13) Desur sun braz teneit le chef enclin;
Juntes ses mains est alet asa fin. (ib. vv. 2391-2)

(14) Durement en hait si recleimet sa culpe,
Cuntre le ciel ambesdous ses mains juintes. (vv. 2014-5)

En ce qui concerne la fonction syntaxique du nexus «absolu», il semble que la plupart des grammairiens y voient des compléments déterminant le verbe. Prenons comme exemple Bally (1965), qui qualifie de «locutions adverbiales «absolues»» (p. 99) des expressions comme sac au dos ou l'épée à la main et de «compléments circonstanciels sans préposition» (p. 312) ces locutions figurant dans des tours comme marcher sac au dos ou s'avancer l'épée à la main. Il est significatif que Bally ait choisi deux verbes de mouvement à valeur durative, car là nous sommes en effet le plus près possible de la détermination adverbiale. C'est que la caractérisation de l'actant au cours d'un déplacement se confond facilement avec la caractérisation de l'action même de déplacement. Si marcher sac au dos désigne ainsi une manière de marcher, s'avancer l'épée à la main une manière de s'avancer, il suffirait de prendre deux verbes de mouvement non-duratifs pour que la situation se trouve radicalement changée: sortir (un) sac au dos, entrer l'épée à la main ; il n'y a là plus aucune caractérisation de l'action verbale.

Le nexus peut, selon nous, avoir des attaches de sens assez palpables avec le verbe sans que cela nous autorise à en conclure qu'il s'y rattache syntaxiquement. On a beau affirmer que dans la phrase L'écolier écrivait, la langue entre les lèvres le nexus dépeint un aspect particulier de l'action d'écrire, sa tâche essentielle est d'exprimer l'attitude de l'écolier en

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écrivant, qui est une attitude d'attention, d'application. Sa fonction est en tout la même que celle que remplirait à sa place un adjectif détaché: L'écolier écrivait, attentif. Qu'il s'agisse en pareil cas d'un nexus en fonction de prédicat indirect (le terme est de Sechehaye (1926 p. 155); d'autres (Sandfeld) préfèrent parler d'attribut indirect, d'autres encore de prédicat libre), c'est ce qui est montré par le fait qu'il est possible de le coordonner avec une forme verbale (15-18), un adjectif (19-22) ou un participe à valeur adjectivale (23-26):

(15) II s'essuya les lèvres, puis, les deux coudes sur la table ET chiffonnant nerveusement
sa serviette, commença de regarder Lafcadio; . . . (Gide Caves 852)

(16) Hochant la tête de haut en bas ET les lèvres pincées, il reposa la photographie,
(ib. 715)

(17) «Eh bien! que comptes-tu faire?» dit celui-ci, après avoir lu la lettre en hochant
la tête, ET les lèvres serrées, (id. Porte 523)

(18) Tout à coup, Loiseau, la face anxieuse ET levant les bras, hurla: «Silence!»
(Maup. Boule 52)

(19) Suzanne écoutait, attentive ET les sourcils joints. (Duh. Suzanne 277)

(20) Elle restait à attendre et à regarder, la houppette àla main ET toute prête. (Giono
Jean 268)

(21) Invariablement gaie ETla figure ouverte, elle plaisantait volontiers, . . .(Maup.
Tellier 11)

(22) Rachel, [...], protestait, très pâle et les lèvres tremblantes: ... (Gide
Faux-M. 1216)

(23) Chancelante ET sa volonté brisée net, Gertrude sortit avec une docilité qui
amena un souire méprisant ... (Green Lieu 178)

(24) Intimidé ET sa casquette à la main, il balbutia: «Tenez, madame, . . . (Maup.
Tellier 176)

(25) et la Rapet venait derrière, toute penchée, pliée en deux, comme pour se
prosterner en marchant, ET les mains jointes, comme à l'église, (id. Horla 132)

(26) - Oh! si; elle m'aime beaucoup», cria-t-il, brusquement écarté de moi ET le
visage empourpré plus encore, . . . (Gide Isabelle 633)

En fonction de prédicat indirect, le nexus «absolu» se tient normalement un peu à l'écart du reste de la phrase et s'en détache par une pause, marquée, le plus souvent, par la virgule. Au point de vue du sens, le poids de la phrase est nettement du côté du verbe. Les idées apportées par le nexus sont à l'ordinaire d'une importance secondaire. Syntaxiquement, la suppression du nexus n'affectera jamais l'énoncé en sa qualité de phrase.

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Quand, au contraire, le sens du verbe est relégué au second plan en faveur de celui du nexus, on aura recours à la préposition avec pour marquer l'extension du groupe rythmique, en faisant reporter l'accent sur le nexus. Avec sert pour ainsi dire de pont entre verbe et nexus. Son rôle, en l'occurrence, est donc celui d'un instrument prosodique. Revenons aux exemples cités initialement (1-10) et constatons que, dans la plupart des cas, la substitution de la virgule à la préposition fausserait l'effet voulu par l'auteur en restituant indûment l'importance de l'idée exprimée par le verbe: qui se réveille, un couteau dans le poumon, se promenaient, leur veston sous le bras, etc. Au point de vue structural, cette alternance n'implique aucune modification fonctionnelle. La fonction du nexus, que celui-ci soit introduit ou non par la préposition, est constamment celle de prédicat indirect. Notons cependant qu'il se trouve dans la liste des exemples (3,5-6) qui, le prédicat nexal étant non-distinctif, permettent la réduction du nexus en syntagme nominal, réduction qui, elle, s'accompagne d'un changement fonctionnel, le prédicat indirect devenant alors complément circonstanciel du verbe: revint avec quatre bouteilles aux mains —* revint avec quatre bouteilles.

Comme on l'a vu par les exemples (1-10), le nexus peut fonctionner comme prédicat indirect du sujet (1-6) ou de l'objet (ÍMO) et comme attribut de l'objet (7-8). Dans (9-10), la situation structurale est assez compliquée. C'est que le nexus (avec ce gibier dans la main, avec son discours sous le bras) s'y rapporte à un pronom atone (me, le) qui, à son tour, entre comme sujet dans un second nexus dont le prédicat est formé par un infinitif (paraître, prendre la fuite). Bien entendu, c'est ce second nexus qui constitue l'objet de la phrase. Il y a donc une échelle structurale composée de quatre prédications. Dans le schéma suivant, les chiffres représentent chacun un degré dans cette échelle et le signe : indique l'actualisation d'un rapport prédicatif:


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On m'avait vu paraître avec un livre à la main

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L'emploi de la préposition avec constitue aussi un trait stylistique, car elle se rencontre même là où verbe et nexus se trouvent séparés par une pause, l'idée verbale étant primordiale. Comparez (27) et (28), appartenant au même contexte situationnel:

(27) quand on vit M. Chavegrand ramper sous la voiture, passer entre deux roues et
surgir sur le quai, à genoux, sans chapeau, le visage pâle et souillé de suie,
l'enfant dans ses bras. (Duh. Tel 31)

(28) Chavegrand est sorti entre les roues, avec l'enfant dans ses bras ... Un
miracle! (ib. 73)

Voici encore quelques exemples d'un avec syntaxiquement immotivé:

(29) II battait des mains, [...], pour redevenir soudain anxieux et ordonner, avec
un gros pli entre ¡es sourcils: . . . (id. Vie 61)

(30) II répondit, AVEC mm pli malin au coin des yeux: «Air va plutôt mieux. (Maup.
Horla 134)

(31) II avait pris un autre chemin; il serait assis devant le feu, AVEC un chamois mort à
ses pieds, (ib. 206)

(32) C'était, dans la cour, devant la table de pierre couverte de rosée et de sang, la
mère toute nue qui se lamentait, AVEC son enfant mort sur ses bras. (Daudet
Lettres 57)

II est intéressant de constater que l'usage de la préposition est très
régulier chez Maupassant. Selon une estimation approximative, sa fréquence
atteint environ 70% des cas relevés dans les quatre textes dépouillés.

Rappelons que, si en français l'emploi de la préposition avec est parfois facultatif, il n'en est pas tout à fait de même pour les équivalents que lui connaissent les langues germaniques. En anglais, mais surtout en suédois, le nexus «absolu» a un caractère nettement littéraire:

(33) She ran after me, terror on herface (W.J. Locke, et. Kòmer 1956 p. 461)

(34) Sitter i hògen / Hôgàttad hòvding, / Slagsvàrd vid sidan, I Skòlden pâ arni (E.
Tegnér, cit. Palmer 1925 p. 172)

En suédois, il faut même, la plupart du temps, le qualifier d'agrammatical: *Han befallde, ett stort veck mellan ôgonbrynen (cf. 29), etc. La construction normale en français est donc, à tout prendre, le nexus «absolu», «pur», alors que celle des langues germaniques est sans conteste le nexus «prépositionnel». Comparez:

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(35) Och i mòrkret kom instôrtande tolv moriska dansòrer MED brinnande facklor mellan tànderna . . . (Lag. Dvârgen 146)

(36) Nu satt han i kâtten MEDkedja ont halsen.
(Trot. Ut satta 171)

Et dans l'obscurité douze danseurs mauresques, des torches allumées entre les dents, entrèrent en courant. . . (132)

Le voilà dans le box, une chaîne autour
du cou. (211)

N'empêche que Kôrner (op. cit. p. 458) est très loin de la vérité quand, dans une étude consacrée précisément à l'analyse de la construction dans une perspective contrastive, il déclare qu'«à la différence des langues germaniques, le français ne connaît qu'un seul type: la construction sans préposition» (c'est nous qui traduisons du suédois). En effet, il ne nous est arrivé que deux fois de voir un grammairien faire le rapprochement entre les deux types de construction.

Dans son étude sur le sort qu'a subi en français l'ablatif instrumental du latin, Beckmann (1963 p. 289), alléguant quelques «Indizien fur die grosse Lebenskraft von avec», dit ceci: «Avec findet sich statt des reinen Obliquus zur Angabe der begleitenden Kôrperhaltung: (von einem Dorfjungen) il me regardait avec le doigt dans la bouche (H. Frei, Le livre des deux mille phrases, Genève 1953, Nr. 64).»

De même, dans sa grammaire du français, Togeby (1965), après avoir constaté (p. 42) la correspondance qu'on peut observer en fonction de «prédicat de situation» («tilstandspraedikat») entre la construction absolue sans préposition du français et la construction avec préposition (med) du danois, fait remarquer que celle-ci n'est tout de même pas inconnue au français. Or, l'unique exemple qu'il allègue à l'appui nous semble peu probant: Mon frère Paul était un petit bonhomme de trois ans, la peau blanche, les joues rondes, avec de grands yeux d'un bleu très clair (Pagnol). Il y a deux raisons à cela. D'abord, nous ne pensons pas que le complément introduit par avec remplisse ici la fonction de prédicat du sujet mon frère Paul. Il faut plutôt y voir un complément adnominal se rapportant kun petit bonhomme. De plus, la structure interne du complément prépositionnel n'est pas celle d'un nexus mais celle d'un syntagme nominal. A la différence des adjectifs blanche et rondes, dont la fonction predicative ne fait aucun doute (? un petit bonhomme ayant (avec) la peau qui est blanche et les joues qui sont rondes), Yadjectifgrands et le syntagme prépositionnel d'un bleu très clair se rattachent manifestement en compléments adnominaux au substantif y eux (un petit bonhomme ayant (avec) des yeux qui sont grands et d'un bleu très clair).

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3: Le rôle syntaxique de la préposition avec

3.1. L'aspect le plus intéressant du phénomène à l'étude est sans doute celui qui concerne le rôle syntaxique de la préposition avec. Les exemples déjà cités auront montré qu'il s'agit d'un élément qui n'ajoute rien au sens de la phrase. Considérons d'abord l'incidence de la préposition sur le rapport sémantique entre le sujet et son prédicat indirect, formé par le nexus. Tandis que le rapport entre le verbe et le nexus connaît forcément d'innombrables gradations, on peut poser, en règle générale, que l'un des composants du nexus doit dénoter une partie du corps. La phrase Le domestique est entré, la lettre à ¡a main est par conséquent bien formée, alors que ? Le domestique est entré, la lettre sur un plateau fait assez mauvais effet. Cette règle admet en effet peu d'exceptions. Tout au plus peut-on la voir s'étendre à des substantifs comme poche, pantalon, ceinture, bretelle, etc., c'est-à-dire à des choses appartenant à l'habillement et qui sont par là «proches» de l'homme lui-même:

(37) Justin débarqua seul à Bièvres, un trousseau de clefs dans sa poche. (Duh
Désert 97)

(38) Le géant avançait, le visage enflammé, [. . .], une large tache au pantalon,
. . . (id. Club 178)

II semble cependant que le recours à la préposition ait pour effet d'annuler
cette restriction sémantique. Comparez les deux phrases que voici:

(39) Amédée Fleurissoire avait quitté Pau avec cinq cents francs dans sa poche, .
(Gide Caves 774)

(40) Avouer qu'il s'était embarqué à Marseille AVEC cinquante mille dollars dans sa
valise. (Hougron Mort 36)

La suppression de la préposition s'applique à (39): A.F. avait quitté Pau, cinq cents francs dans sa poche, alors que dans (40), la même opération donne naissance à une phrase pour le moins douteuse: ? // s'était embarqué à Marseille, cinquante mille dollars dans sa valise.

Il importe de souligner ceci. En soutenant que la probabilité de rencontrer la préposition avec augmente avec le «décalage sémantique» entre le sujet et le nexus, nous nous fions entièrement, faute d'appui ailleurs, aux faits qu'on peut dégager des quelque deux mille exemples dont se compose notre corpus. Il est possible qu'un corpus autrement vaste nous eût amené à modifier cette affirmation.

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3.2. Le français littéraire montre une certaine prédilection pour le procédé qui consiste à invertir l'ordre des composants du nexus et à entourer le prédicat, placé entre la préposition et le sujet, de deux pauses. Il s'agit là d'un tour un peu recherché, et dont les manuels pédagogiques ne manquent pas de déconseiller l'usage: «Eviter la réunion de deux prépositions: avec dans, avec sur, avec comme, etc. . . il arrivait avec dans les mains un paquet.» (Dupré 1972 p. 232). Cependant, l'inversion est de règle, et parfois même de rigueur, quand le prédicat nexal a peu de corps par rapport au sujet.

Le tour inverti a fait l'objet d'une petite étude publiée dans cette revue (Nordahl 1973). Comme nous ne partageons pas les idées avancées dans cette étude au sujet de la constitution structurale de la construction, nous tenons à nous y attarder un peu. Voici d'abord quelques exemples:

(41) Le 14 janvier 1927, au matin, avec dans une de ses valises la chère Introduction,
quine le quittait plus, Exupère débarquait à Oran. (Month. Assassin 66)

(42) il est sorti de la maison devant les policiers, AVEC, àla main, les bouteilles de lait
cueillies sur les tapis-brosses de chaque étage. (Duh. Club 278)

(43) Peut-être, alors, vous déciderez-vous à expliquer pourquoi, [. . .], vous vous
êtes trouvé AVEC, sur les bras, un cadavre qu'il vous fallait faire disparaître
d'urgence. (Sim. Perche 175)

Comparez aussi les deux phrases suivantes et observez comment dans
(45), le prédicat nexal est curieusement placé à l'intérieur du sujet nexal,
entre le nom et son complément gèniti val:

(44) Depuis hier soir, je vis AVEC, devant les yeux, l'image de cette figure blanche
qui s'enfonce graduellement dans l'eau sale. (Duh. Journal 220)

(45) II regardait les bords de la route AVEC l'image, dans les yeux, des pommes de
terre, défouies, restées sur le sol retourné. (Maup. Horla 223)

La construction est une innovation du style impressionniste, très en vogue pendant la seconde moitié du siècle dernier (cf. Lombard 1930 p. 23), comme en témoigne le commentaire ironique suivant, paru en 18% dans la Revue Bleue (cité d'après Nyrop 1927, p. 34):

Quand vous employez le mot avec, n'oubliez jamais de le séparer, par une proposition incidente quelconque, du complément qui l'accompagne. Ainsi: avec, à leurs fronts bas, des lueurs de sang! Si vous disiez: avec des lueurs de sang, vous témoigneriez par là que vous n'avez aucun sentiment de l'harmonie et du pittoresque modernes. Mais avec à, avec sur, avec devant est la marque irrécusable de votre originalité. Avec dans votre phrase, cela, vous pouvez vous présenter partout; vous êtes sacré et consacré maître.

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Cette espèce d'inversion suscita un débat assez vif parmi les grammairiens
de l'époque. (Pour des renseignements bibliographiques, voir Lombard
op. cit. pp. 23-5.)

Il va de soi que la présence de la préposition est indispensable pour que l'inversion puisse s'actualiser. Une phrase comme *Elle arrivait au jardin, dans la main gauche une serviette (cf. 46) ne se fera pas admettre par l'usage moderne. L'ordre des mots dans le nexus n'est plus libre, comme il l'était dans l'ancienne langue. Il existe cependant un cas spécial qui permet à l'inversion de se réaliser sans que la préposition soit présente. Le phénomène peut s'observer auprès du second nexus dans une séquence de deux nexus coordonnés. L'explication en est que, le nexus étant séparé de la principale, son caractère proprement «nexal» ne se fait plus sentir avec la même force; plus l'écart est grand, plus on tend à dissocier le nexus d'avec la principale, et plus on sera enclin à le regarder comme une sorte de phrase nominale. On sait d'ailleurs que, d'une manière générale, la conjonction et constitue un facteur propice à l'inversion:

(46) Elle arrivait au jardin, une serviette dans la main gauche, ET, dans la main
droite, un flacon de baume à la térébenthine. (Duh. Vue 146-7)

(47) La porte s'ouvre et je vois paraître un assez gros monsieur- [...]- un paquet
sous le bras^ enveloppé dans un journal, ET, sur la tête, un chapeau melon . . .
(id. Combat 57)

(48) II ouvrit la fenêtre et, [. . .], contempla le mouvement de la rue, les vendeurs
ambulants qui passaient, une grappe de poulets à l'épaule OU, sur la pointe des
ongles, un plateau chargé de sucreries aux couleurs chimiques, . . . (id. Tel 89)

(49) Son petit était dans l'herbe, tout noir déjà, et tout froid, l'œil gros comme un poing
ET, dans la bouche, une bave épaisse comme du miel. (Giono Regain 18)

L'exemple (49) nous amène à ouvrir une brève parenthèse en constatant que le nexus peut figurer après la copule être, à condition toutefois d'en être séparé par un attribut adjectival, substantival ou prépositionnel. Ce n'est donc plus dans la fonction de prédicat indirect que nous trouvons ici le nexus; c'est dans celle d'attribut. Il remplit cette fonction au même titre que les termes qui le précèdent. Cette construction, qui pèche apparemmentcontre la logique de la langue (*// était le haut deforme sur la tête ; cf. 50), n'est pas facile à expliquer. Il est possible que le sentiment de se trouver en face d'une phrase condensée (// a le haut deforme sur la tête) se soit affaibli et qu'on en soit arrivé à regarder le nexus comme un syntagme nominal quelconque. C'est ce que semblent indiquer l'emploi attributif d'un nexus figé du type: Lui, il était toujours pieds nus, . . (Giono Jean

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191) J'étais mains aux poches, . . (Hougron Scandale 9) etc. et des coordinationscomme: J'étais maintenant très rouge et le front couvert de sueur. (Duh. Désert 92) // était, à son ordinaire, fort pâle ET les traits crispés, (id. Orage 44) etc. Sans doute la distance qui sépare copule et nexus est-elle aussi pour quelque chose à cet égard. Le nexus est tantôt «pur» (50-52), tantôt «prépositionnel» (53-55):

(50) II était rasé, coiffé, le haut deforme sur la tête. (Duh. Désert 305)

(51) Justin était calme et sombre, Richard nerveux, pâle, les canines au ras des
lèvres, (id. Cécile 248)

(52) Elle était calme, passive, une petite lueur ironique dans ses yeux sans couleur
(Sim. Perche 12)

(53) Sa tenue était négligée, son veston trop étroit, ses pantalons trop larges, avec
des poches aux genoux, . . . (id. Patience 21)

(54) et il arrive que le bébé soit quand même très beau, très doux, AVECwn gros duvet
sur son crâne en pointe, . . . (Duh. Combat 82)

(55) Elle était jeune, toute dorée, AVEC une belle ombre charnue au long de l'échine,
... (Giono Chant 263)

Les choses se présentent autrement quand à la valeur syntaxique de lien prédicatif s'ajoute une valeur temporelle de durée. Ainsi, le verbe rester, qui se situe sur la limite entre copule et verbe intransitif, admet la juxtaposition du nexus non prépositionnel, pourvu, toutefois, que le sujet nexal dénote une partie du corps:

(56) II reste le front dans les mains, trop triste pour pleurer. (Gide Faux-M. 949)

(57) Vous vous souvenez comme il s'est dressé tout d'un coup, lui qui d'ordinaire
restait le nez sur son assiette; . . (ib. 1013)

(58) II resta près d'un quart d'heure la tête dans les mains, à se demander: .
(Month. Assassin 156)

Comparez:

(59) Lapointe resta avec le veston àla main, et une forme s'élançait dans le corridor
quand un coup de feu éclata. (Sim. Picratt's 188)

(60) Gédémus reste AVEC du saucisson à la main. (Giono Regain 65)

(61) Elle reste aveCîû pincée de sel au-dessus de la soupe, (id. Baumugnes 118)

Dans son article, Nordahl présente un «schéma constructionnel» (p.
185) pour rendre compte de la nature de la construction. Nous le reproduisons

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A ce schéma nous voudrions opposer celui-ci:


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On ne voit pas clairement à travers l'étude de Nordahl quelle fonction syntaxique il veut attribuer à l'élément «amplecté» (se. [ prép. + rég. ]). D'une part, il fait valoir (p. 189) que le syntagme prépositionnel se rapporte en complément adnominal au terme qui le suit, à son déterminé: «L'intérêt particulier de la construction amplective réside en ceci qu'elle montre que le français connaît aussi une structure où un déterminé disloqué admet, en position intercalée, son propre déterminant.» D'autre part, il semble se contredire en affirmant ailleurs (p. 187) que «le complément amplecté a fonction de complément circonstanciel de lieu».

Si nous nous en tenons d'abord à la première analyse, il est possible de
montrer qu'elle n'est pas la bonne. Considérons les phrases suivantes:

(62) et cette danse menaçait de s'éterniser, quand Rosa entrouvrit la porte avec un
bougeoir à la main. (Maup. Tellier 55)

(63) C'était, devant la porte, un tumulte de cris, d'appels; et les grands gaillards en
maillot blanc gesticulaient AVEC des avirons sur l'épaule, (ib. 219)

(64) En ce moment où j'écris, là, AVECmo/? amère cigarette au coin de la bouche,
[...], je viens de quitter la plume et de penser à toutes mes expériences
d'homme. (Giono Jean 30)

Ici, la valeur de la préposition est en opposition avec celle que revêt normalement avec en introduisant un complément circonstanciel. Cela prouve que son rôle dans la construction nexale est exclusivement celui d'un outil syntaxique. En supprimant le prédicat des nexus contenus dans (62-64), on confère d'un coup à la préposition avec une valeur sémantique bien précise: celle de moyen: entrouvrit la porte avec un bougeoir, etc. Tandis que l'inversion est bien applicable, l'insertion d'une relative determinative,signe de la relation adnominale, aboutit à des phrases dont le sens est tout autre: entrouvrit la porte avec un bougeoir qu'elle avait à la main, etc. Il ne saurait donc être question d'un régime formé par un syntagme nominal à complément antéposé. D'autres idées que celle de moyen peuvent être concernées par une telle opposition: je voudrais traverser une rivière rapide avec de l'eau jusqu'à la ceinture et en vous

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soulevant très haut dans mes bras. (Duh. Suzanne 94) # traverser une
rivière rapide avec de l'eau, etc.

Du cas illustré il importe de distinguer celui où l'élément préposé a une valeur tout à fait incidente, non predicative et, partant, non constituante. C'est dans ce cas seulement que le terme de complément circonstanciel peut se justifier. Ainsi, dans (65-66), un élément incident (peut-être, déjà) se juxtapose à un élément prédicatif (au cœur). Seule la position de celui-ci est le résultat d'une inversion:

(65) Je restais silencieux, AVEC, peut-être, au cœur, une absurde désillusion. (Duh.
Journal 234)

(66) Comme il revenait, pressant l'allure, AVEC, au cœur, déjà, la crainte de s'être
écarté trop longtemps, [. . .], il s'arrêta net, le souffle coupé: . . (id. Club
282)

Dans l'exemple suivant donné par Nordahl (p. 186), le syntagme dans ses
poches est par conséquent prédicatif et «inverti», alors que la subordonnée
quand il le veut est circonstancielle et «intercalée»:

(68) L'enfant marche, infatigable, avec dans ses poches quand il le veut, son grand
luxe: . . (Monde hebd.)

Ajoutons, à titre de curiosité, la phrase suivante qui contient, en position intermédiaire et sous forme différente, trois compléments dont un prédicatif (dans l'autre coin). A remarquer que l'ensemble du nexus est en fonction d'attribut:

(69) Elle (se. la tasse) est là, toute seule, au coin de la table, comme une fleur. La
table toute vide, unie, avec, cependant, je me souviens, dans l'autre coin, une
queue de poireau. (Giono Baumugnes 93)

Notons que cette distinction structurale n'est faite ni par Nyrop (1927), ni par Spitzer (1928), ni par Lombard (1930). Ces trois grammairiens voient dans le terme intermédiaire un élément remplissant la fonction de complément circonstanciel et exprimant quelque chose d'accessoire, de subsidiaire («etwas Nebensàchlisches»). En outre, cet élément ne ferait pas partie du régime de la préposition, du moment que sa position est censée être le résultat, non pas d'une inversion, mais d'une intercalation («Einschiebung»). On voit que ceci est en pleine conformité avec l'idée de Nordahl selon laquelle «le complément amplecté a fonction de complément circonstanciel de lieu», mais non pas avec celle qui veut qu'il y ait un rapport déterminant - déterminé. Voici quelques passages qui illustrent les points de vue des trois grammairiens en question:

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II est curieux d'observer que l'usage moderne admet parfois l'intercalation d'un
adverbe ou d'un complément circonstanciel entre la préposition et le mot qu'elle
régit; . . (Nyrop p. 32)

[. . .] diese Einschiebungen sind gesprochene Parenthesen, die ganz ausgesprochen den Zweck haben, etwas Nebensàchlisches, auf zweitem Plan Stehendes in das Satzganze etnzufugen. [. . :] auseinandergespreizte Teilstücke werden zwar getrennt, aber sie iiben auch eine verklammernde Wirkung: der ganze Ausdruck [avec sur la figure un sourire] ist also eher vereinheitlicht als bei 'avec un sourire sur la figure'. (Spitzer pp. 148, 157-8)

Lombard, qui cite les deux passages tirés de Spitzer, souscrit à l'analyse
proposée et résume son point de vue:

Nous sommes donc en présence d'un groupe prépositionnel avec un sourire, où la préposition n'a rien que de très normal en elle-même; sa séparation de son substantif n'est que formelle, l'élément circonstanciel (se. sur la figure) ne brisant pas l'unité du groupe plus que ne ferait une simple parenthèse, (p. 24)

Ajoutons qu'avant Spitzer, son compatriote Tobler avait consacré un article de ses célèbres Vermischte Beiîràge (1908) à cette construction. Le titre de cet article, à lui seul, en dit assez long sur sa manière de voir en ce qui concerne la structure interne du groupe prépositionnel: Pràposition von ihrem Substantiv durch eine prapositionale Bestimmung getrennt.

Il est évident que l'idée selon laquelle l'élément intermédiaire exprime quelque chose de «Nebensàchlisches» est valable pour l'exemple donné par Spitzer ainsi que pour celui que cite Lombard: des Anglaises, avec, dans les mains, une serviette (p. 23). Mais cela tient uniquement au fait que dans ces deux cas, cet élément a une valeur non distinctive: avec un sourire, des Anglaises, avec une serviette. Il n'en est pas moins vrai que l'inversion demeure applicable même quand on en vient aux cas où l'élément en question a une valeur distinctive qui exclut sa suppression. Citons à titre d'illustration quelques phrases dans lesquelles le nexus remplit la fonction, non de prédicat indirect, mais de complément adnominal déterminatif (nous reviendrons sur ce type plus loin):

(70) Hy aun petit bistro un peu plus loin, en face, avec deux guéridons à la terrasse.
(Sim. Meublé 20)

(71) Dans un coin se trouvait une chaise d'enfant d'un ancien modèle, AVEC des
boules de couleur des deux côtés de la tablette, . . (id. Perche 123-4)

(72) Vois plutôt un monsieur jeune encore, mais riche d'un embonpoint sérieux,
AV&C deux petites flammes de carmin aux lobules des oreilles. (Duh. Maîtres 22)

Voici en outre quelques exemples du «nexus adnominal inverti»:

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(73) Je me rappelle un veston d'étoffe anglaise avec, aux revers, une petite plaque
émaillée portant ce conseil: «Hâve a heart». (id. Club 112)

(74) II se retourne: personne. Un logis avec, au-dessus de sa porte, une main de
Fat ma. (Month. Assassin 8)

(75) Deux larges avenues à peu près vides, AVEC, le long des trottoirs, comme des
guirlandes de boules lumineuses. (Sim. Manhattan 8)

La présence du syntagme prépositionnel de lieu est ici absolument nécessaire à la compréhension correcte du syntagme nominal dont il fait partie: un petit bistro avec, àla terrasse, deux guéridons, etc. La réduction de ce syntagme en un petit bistro avec deux guéridons en changerait complètement le sens. On a par conséquent grand tort, nous semble-t-il, de qualifier ces expressions de «gesprochene Parenthesen». Elles entrent comme prédicat dans une construction nexale dont l'ensemble constitue le régime de la préposition. Le prédicat peut être supprimé s'il est non-distinctif ou identique au déterminé du nexus (un bistro avec deux guéridons dans le bistro). Sa distinctivité ou non-distinctivité n'a donc rien à voir avec son statut syntaxique. L'expression de lieu est prédicat au même titre dans un gros monsieur avec un broc dans la main (= un gros monsieur avec un broc) et dans un gros monsieur avec un broc dans chaque-main (=£ un gros monsieur avec un broc). D'autre part, répétons-le, il faut avoir soin de distinguer ce cas de celui d'un élément circonstanciel intercalé incidemment entre préposition et régime. On doit constater, cependant, que Nyrop (op. cit. pp. 32-3) cite pêle-mêle des exemples des deux types. Par exemple, dans sa liste, Avec, aux joues, un peu plus de rose que de coutume, où aux joues est en fonction de prédicat, se trouve immédiatement suivi de Avec encore du lait au bout du nez, où la même fonction est assumée par l'élément postposé au bout du nez, l'adverbe encore ayant valeur incidente, etc.

Disons pour finir que, à la différence de Nordahl (p. 189), nous pensons que c'est effectivement à une inversion que nous avons affaire. Celle-ci se réalise d'une manière naturelle et presque automatique quand la longueur du sujet nexal dépasse de beaucoup celle du prédicat, mais fait facilement figure d'artifice quand cette différence de «volume» n'est pas là.

3.3. Nous passerons maintenant àla discussion de quelques autres facteurs syntaxiques qui influent sur l'emploi de la préposition avec dans notre nexus. Tout d'abord, avec s'impose pour «étayer» un nexus dont le sujet a la forme pronominale:

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(76) Ils iraient en France tous les deux si elle en avait le désir et, avec elle à son côté,
il reprendrait tranquillement sa place. (Sim. Manhattan 186)

(77) Et je continuais de dîner, AVEC eux deux devant moi! (ib. 67)

(78) AVEC celui-là (se. le sac de blé) sur l'épaule il a dit: - On a gagné la journée.
(Giono Regain 140)

(79) - Pas toutes ensemble, surtout. Et ne pas courir AVEC ça (se. les sucettes) dans
le bec. (Duh. Archange 61-2)

(80) II avait canoté, lui aussi, dans son jeune temps, disait-il; voire même qu'AVECça
dans la main - et il faisait le geste de tirer sur les avirons - il se fichait de tout le
monde. (Maup. Tellier 191)

(81) Puis il est revenu AVEC quelque chose déplié dansle drap. (Giono Regain 142)

(82) A l'autre bout du couloir, des infirmières, AVEC toujours quelque chose à la
main, allaient et venaient sans cesse, comme des fourmis. (Sim. Meublé 12)

La préposition semble aussi être de rigueur quand le sujet nexal a la forme
d'un nom propre:

(83) . . , il imaginait cette vaste maison de l'ambassade, à Mexico, ce Larski,
[. . .], dans son bureau, AVECKay en face de lui. (id. Manhattan 158)

(84) Nous nous faisons avocat pour devenir président d'une cour d'assises, envoyer
les pauvres diables qui valent mieux que nous AVEC T.F. sur l'épaule, afin de
prouver aux riches qu'ils peuvent dormir tranquillement. (Balzac Goriot 121)

L'exemple (82) renferme un autre facteur qui entre en ligne de compte et
qui mérite par là notre attention.

3.4. La phrase à nexus prédicat indirect peut être conçue comme l'amalgame de deux énoncés indépendants. Plus précisément, c'est le résultat d'une opération par laquelle une phrase de la forme sujet + avoir + objet nexal est incorporée dans une autre phrase principale.

Pour des raisons qui relèvent des besoins stylistiques de l'auteur, cette
incorporation n'est pas toujours réalisée:

(85) Au tournant de l'allée du gros chêne, Jean-Louis le guettait, il avait le cahier àla
main. (Mauriac Frontenac 58)

(86) Je suis resté longtemps, AVEC le pistolet contrema tempe. J'avais le doigt sur la
gâchette. (Gide Faux-M. 1132)

(87) Deux jours après, elle revenait pour toujours à Puberclaire. Elle avait son
dernier garçon sur le devant de la selle. (Giono Chant 274)

La condition pour que l'incorporation puisse se produire est naturellement
qu'il y ait identité entre les sujets des deux phrases. Or, d'autres facteurs

Side 233

syntaxiques peuvent intervenir pour y faire obstacle. Ce que nous avons
en vue ici, c'est la présence dans la «phrase nexale» d'un complément
circonstanciel, non constituant:

(88) Bien vite, il se contenta de sonner pour la forme, et de se diriger tranquillement
vers le perron. // avait parfois les mains aux poches. (Duh. Archange 52)

(89) Et M. Astruc court comme un rat malgré son gros ventre et // a toujours la main
à la poche. (Giono Regain 164)

(90) La Rose jeta un coup d'oeil dans la salle avant de monter s'habiller. Elle avait
encore un torchon à vaisselle à la main. (Sim. Picratt's 175)

La présence des adverbes parfois, toujours et encore, respectivement, semble ici empêcher l'incorporation de se faire: ? se diriger tranquillement vers le perron, parfois ¡es mains (les mains parfois) aux poches. Pourtant, il s'avère de nouveau que l'emploi de la préposition avec est capable d'annuler cette restriction. C'est ainsi que dans (82), la présence de l'adverbe toujours aurait suffi à entraîner l'emploi de la préposition. Dans (91-92), l'adverbe toujours et l'expression adverbiale cette fois, respectivement, bien que placés devant la préposition, font nettement partie du nexus:

(91) Elle allait voir parfois Marie Bonifas, généralement à l'occasion du nouvel an et
de Pâques, et repartait toujours AVEC un petit billet dans le creux de la main.
(Lacr. Bonifas 229-30)

(92) et elle le regardait cette fois AVEC une rage dans les yeux. (Maup. Tellier 228)

Par contre, dans (93-95), les adverbes encore et seulement s'insèrent entre
le sujet et le prédicat du nexus:

(93) son cœur s'apaisa, et elle vivait plus confiante avec une vague crainte flottante
encore en son âme. (ib. 115)

(94) Et il l'aida à descendre dans la yole, la soutenant, lui serrant les mains, tout
attendri, AVEC quelques larmes encore dans les yeux. (ib. 233)

(95) Arsule est descendue AVECunjupon seulement sur sa chemise et toute fleurie de
ses seins gras. (Giono Regain 188)

Si dans les exemples (91-93) et (95) la préposition sert à la fois d'outil prosodique et d'appui au circonstanciel, il y en a d'autres où elle s'emploie de façon plus exclusive comme élément d'appui, la virgule y marquant une pause faite dans le débit:

(96) -II venait souvent? - Peut-être tous les deux ou trois mois, toujours avec une
gâterie dans sa poche. (Sim. Banc 34-5)

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(97) Maigret se leva, engourdi par la chaleur du bureau, AVEC toujours un mauvais
goût dans la bouche et une sourde douleur àla base du crâne, (id. Picratt's 107)

(98) Les locataires, maintenant, le saluaient comme s'il était de la maison, avec
toujours comme une question dans les yeux. (¡d. Meublé 149)

3.5. D'une manière générale, la préposition tend à s'employer chaque fois que, pour une raison ou une autre, la cohérence du nexus risque de se perdre. Dans (99), elle renoue le fil après l'intervention de l'interlocuteur. Pareillement dans (100), où la réponse contient le prédicat indirect dont le sujet se trouve dans la question:

(99) - Hier, corrigeait-il, j'ai surtout dormi.
-En plein soleil!
— AVEC mon mouchoir sur le visage . . . (Sim. Patience 8)

(100) - Voyez-vous! dit M. de Tréville; et comment vous êtes-vous échappé, vous? - Par miracle, Monsieur, je dois le dire, AVECm/i coup d'épée dans la poitrine, et en clouant M. le comte de Wardes sur le revers de la route de Calais, . . (Dumas Mousq. 294)

En particulier, avec est d'un usage régulier pour sauvegarder l'intégrité
du nexus lorsque son sujet est «volumineux»:

(101) et il se mit à jouer àla marelle, AVEC sacarme et son melon et sa serviette sous le
bras. (Duh. Désert 77)

(102) Arnica revenait AVEC la théière, le sucre et une tasse sur un plateau. (Gide
Caves 766)

(103) Un boulanger passa AVECune manne pleine de pains chauds sur la tête. (Giono
Jean 110)

(104) Et je laisse Marie au soleil, AVEC une belle teinte rose toute nouvelle sur ses
joues tachées de son. (Duh. Vie 41)

3.6. Il est probable que la nature du déterminant du sujet nexal exerce une certaine influence sur la présence ou l'absence de la préposition avec. Or, il y a lieu de se prononcer avec prudence à ce sujet, car, ici plus qu'ailleurs, il s'avère malaisé d'isoler le rôle joué par un facteur particulier. On peut néanmoins affirmer avec quelque certitude que, tandis que l'article défini, l'article indéfini et l'adjectif possessif sont favorables au nexus «pur», l'adjectif démonstratif (105-106), l'article partitif (107-108), l'adjectif indéfini (109-110) et l'adjectif numéral (111-112) y sont réfractaires:

(105) II rencontrerait Blanche, les enfants, AVECcette femme à son bras . . . Cette
seule image lui faisait peur. (Mauriac Frontenac 47)

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(106) Elle travaillait comme une machine, sans s'occuper de ce qu'elle faisait, AVEC
cette idée fixe en tête: «Si on le savait!» (Maup. Tellier 97)

(107) Cette fois-là, il s'était réveillé à la côte, AVECcte l'eau jusqu'au ventre. (Giono
Chant 203)

(108) Le visage apparut, très rouge, mal poudré, AVEC defines gouttes de sueur aux
ailes du nez et aux tempes. (Duh. Passion 128)

(109) Si jamais ma vieille maman se trouve dans la rue, AVEC pareille charge sur ¡es
bras, puisse-t-elle rencontrer un passant comme moi, . . (id. Journal 69)

(110) Elle refusait chaque mot AVEC la même expression de surprise sur son visage.
(Hougron Mort 197)

(111) je suis venu à Paris AVECquatre écus dans ma poche, . . (Dumas Mousq. 50)

(112) II pouvait se promener AVECdeux vastes poignards arabes (du XIXe siècle) àla
ceinture, . . (Month. Assassin 9)

4: Le nexus adnominal

Outre les fonctions de prédicat indirect et d'attribut, le nexus peut, nous l'avons vu, remplir celle de complément adnominal. Il convient de terminer notre étude en parlant un peu de cette construction très intéressante, que nous traitons plus amplement dans Eriksson (1979).

On sait que le français connaît deux prépositions à l'aide desquelles un complément peut se rattacher à un nom pour en indiquer la caractéristique: à et avec. Selon Spang-Hanssen (1963 pp. 123-4), le choix entre ces prépositions serait assez libre quand le complément est défini ou inarticulé, alors qu'on choisirait avec devant tout autre déterminant. Il n'y a aucune raison de douter du bien-fondé de ces affirmations. Seulement, il faut tenir compte d'un autre facteur, d'ordre syntaxique, à savoir celui qui concerne la structure interne du complément: s'agit-il d'un complément à un seul membre ou d'un complément à deux membres, c'est-à-dire d'un nexus? Dans le second cas - qui est celui qui nous intéresse ici - les préférences vont nettement vers la préposition ci si le prédicat est un adjectif ou un participe:

(113) Octave Lanoue est un garçon calme, AUX réactions paresseuses. (Duh. Minuit
214)

(114) Nous étions des fantoches AUX ficelles également tendues, (ib. 79)

(115) Le patron était un Auvergnat AUX moustaches bleues, AUXchevettx plantés bas
sur le front. (Sim. Meublé 38)

Si, au contraire, le prédicat du nexus est un syntagme prépositionnel de
lieu, la préposition avec s'emploiera à l'exclusion de à (*un homme aux

Side 236

mains sur le dos). (Cf.:-Par un homme de quarante à quarante-cinq ans, aux cheveux noirs, AU teint basané, avec une cicatrice à la tempe gauche. (Dumas Mousq. 136).) Ajoutons quelques exemples à ceux que nous avons cités plus haut (70-75):

(116) Une chambre paysanne AVEC un édredon rouge sur le lit et un bougeoir de
cuivre sur une table nous paraissait un décor propice à la paix du cœur . . .
(Green Autre 176)

(117) «C'est là-haut», dit Antonio.
Dans l'ombre des lauriers là-haut une longue maison AVEC du feu aux fenêtres.
(Giono Chant 283)

(118) - La serveuse qui s'occupait de lui, [. . .], est une grande jument brune avec
des poils au menton. (Sim. Banc 68)

(119) Vous savez que maintenant ils construisent des bateaux, en Amérique, avec
des vitres sur le côté, pourvoir tout autour, au fond de l'Océan. (Gide Faux-M.
969)

Ce qu'il importe toutefois de bien souligner, c'est la fréquence relativement basse de cette construction en français moderne. On constate que sa syntaxe s'y plie tant bien que mal, mais on ne parvient pas à se débarrasser du sentiment que la construction a une allure nettement «étrangère», qu'elle n'appartient pas au fonds structural du français. Soulignons que l'apparition de avec dans le complément adnominal est assez tardive et qu'à aucune époque cette construction n'a réussi à gagner la confiance des Français. Lòfgren (1944 pp. 124-5) n'en a relevé que trois exemples antérieurs à 1300.

Dès qu'on procède à une analyse contrastive, on s'aperçoit qu'il y a une tendance très marquée à éviter, dans la mesure du possible, la construction avec préposition, considérée comme assez lourde et peu française. On le fait presque toujours en ayant recours à une forme verbale:

(120) De dàr MED tvà korslagda nycklar pà
uppslaget till uniformen àr hyggliga.
(Mart. Klockr. 272)

(121) Det var i ett lângrum i en vindsvâning
MEDgrova tvàrbjàlkari taket. (ib. 282)

(122) «Not the man!» said the gentleman
WITH the campstool in his hand.
(Dickens Pickwick 30)

(123) a blue lion WITH three bow legs in the
air, . . (ib. 88)

Ceux qui ont les deux clés en croix sur
le revers de l'uniforme sont de braves
types.(2B4)

Dans une longue chambre mansardée
montrant des poutres grossières au
plafond. (294)

- Ce n'est pas son homme! répéta le
monsieur qui tenait le pliant dans sa
main. (32)

un lion bleu, ayant trois pattes en
l'air . . . (92)

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La même constatation vaut en principe pour le complément à un seul membre, qui peut être regardé comme la forme réduite d'un nexus dont le prédicat, étant identique au déterminé, a été supprimé. Un facteur qui parle en faveur d'une pareille analyse est fourni par le fait qu'en anglais, on fait souvent représenter ce prédicat nexal par un pronom personnel (a branch with a nest on it = on the branch) et qu'en suédois, le prédicat nexal est parfois gardé sous la forme d'un pronom réfléchi (sig):

(124) The boy shouted, and shook a branch
WITH a nest on it. (ib. 84)

L'un des enfants cria en secouant une
branche, sur laquelle était un nid. (88)

(125) En liten kropp MED tunga blyhagel i
sig, . . (Moberg Stund 226)

un tout petit corps criblé de plombs
lourds, . . (226)

Il existe une autre construction intermédiaire, très fréquente en suédois et qui consiste à omettre sans plus l'élément pronominal, en somme redondant. La préposition, laissée ainsi sans régime, se liera dans renonciation au nom précédent et formera avec lui une construction «régressive». Le complément sera désormais compris comme étant constitué d'un seul terme. En français, on préfère en général faire appel à une forme verbale:

(126) De medfòrde fòr det mesta resvàska
MED ett ombyte i . . . (Mart. Klockr.
214)

(127) Han bar en engelsk sportkavaj MED
mànga fickor i . . . (ib. 79)

(128) There was a red brick house WTTH a
s mail court-yard in front, . . (Dickens
Pickwick 88)

La plupart du temps ils traînaient une
valise contenant des vêtements de rechange,
. .(226)

II portait un veston de sport anglais
garni de nombreuses poches . . . (92)

II y avait en outre une petite maison de
briques rouges,précédée ¿/'une sorte de
cour pavée, . . (92)

Mais la construction se rencontre de temps en temps en français:

(129) C'était une sorte d'hôtel AVEC un jardin derrière. (Maup. Boule 66)

(130) c'est la dernière maison à main gauche, sur la route de Saint-Rémy -, une
maisonnette à un étage AVEC un jardin devant. (Daudet Lettres 149)

(131) Ici aussi il y avait des bouteilles, des restes de victuaille, un pot de chambre au
beau milieu de la pièce, AVEC de l'urine dedans. (Sim. Picratt's 62)

Nous citerons finalement un certain nombre d'exemples du type «nexus
réduit en syntagme». En français, la substitution d'une forme verbale ou
adjectivale se fait presque mécaniquement quand, comme c'est très souventle

Side 238

ventlecas, il s'agit d'indiquer le contenu (132-134), mais elle est égalementtrès
fréquente pour désigner la caractéristique (135-137):

(132) Nâr han râckte mig skâlen MED bladen
som jag skulle tugga . . . (Lager. Sibyl.

(133) Kalken MED vinet bjòds runt bordet
. . . (id. Dvàrgen 209)

(134) Men handen MED skeden stannade pâ
vàgen tillbaka till tallriken och blev
stilla. (Moberg Stund 238)

(135) and so does our little church WITH the
ivy, . . (Dickens Pickwick 72)

(136) Jag befinner mig i ett tait rest pâ en
kulle MED nâgra pinjer . . . (Lager.
Dvàrgen 76)

(137) Dâr fanns en knivhylsa MED finska eller
lapska skrivtecken. (Lo-Joh. Màna

En me tendant le vase contenant les
feuilles queje devais mâcher, . . (100)

Le calice rempli de vin faisait le tour de
la table, . . (189)

La main qui tenait la louche s'arrêta net
en revenant vers lui et demeura immobile,
. . (239)

J'en dis autant de notre petite église
garnie c/'une épaisse tenture de
lierre, . . (75)

J'occupe une tente au sommet d'une
colline couronnée de quelques pins, . .
(73)

puis une gaine de poignard marquée de
caractères finnois ou lapons. (36)

5. Il n'est peut-être pas dénué d'intérêt de faire remarquer que la préposition sans connaît elle aussi un emploi nexal. C'est donc l'équivalent négatif à la fois du nexus «absolu» et du nexus introduit par avec. Comme ceux-ci, le «nexus négatif» se rencontre dans les trois fonctions de prédicat indirect (138-139), d'attribut - par rapport au sujet (140) et à l'objet (141) - et de complément adnominal (142):

(138) Pierre, [. . .], ne s'en est pas vanté, mais, une nuit, il n'en est pas sorti sans
un trou dans la tête. (Gide Immoraliste 446)

(139) II avait achevé ce récit SANSwn tremblement dans la voix, . . (ib. 470)

(140) La pièce était en ordre, chaque chose à sa place, SANS poussière sur les
meubles. (Sim. Banc 96)

(141) Elle s'appelait Claudine et il ne l'avait jamais vue SANSw/t sourire aux lèvres.
(id. Folle 156)

(142) c'était un bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, SANS
crins àla queue,dis non pas SANS ja varts aux jambes,.. (Dumas Mousq. 11)

Olof Eriksson

Gòteborg

Side 239

Résumé

L'article a pour sujet le nexus «prépositionnel» avec un livre à la main.

Il fait le rapprochement entre celui-ci et le nexus dit «absolu» hérité du latin: marcher, un
livre à la main.

Il lui reconnaît trois fonctions syntaxiques: prédicat indirect, attribut, complément adnominal.

Il examine le rôle de la préposition avec dans le nexus. Ce rôle est de nature soit prosodique, soit stylistique, soit syntaxique. Les facteurs syntaxiques revêtent une importance particulièrement grande: constitution du sujet nexal, détermination du sujet nexal, présence dans le nexus d'un élément non constituant, inversion du prédicat nexal.

Il s'arrête assez longuement sur le tour avec, à la main, un livre et critique l'idée selon laquelle il y aurait intercalation d'un élément circonstanciel entre la préposition et son régime. Il propose de voir dans le terme intermédiaire le prédicat d'un nexus à ordre inverti dont l'ensemble constitue le régime de la préposition. Il insiste sur la nécessité de distinguer le nexus inverti du type avec, toujours, un livre, où un élément circonstanciel s'intercale de fait entre avec et son régime nominal.

Il discute le nexus adnominal un bistro avec deux guéridons à la terrasse. Une comparaison avec deux langues germaniques - le suédois et l'anglais - atteste que le nexus adnominal, cher à ces langues, est peu goûté du français, qui préfère généralement relier les deux syntagmes au moyen d'une forme verbale.

Il constate enfin que la préposition sans connaît un emploi nexal comparable à celui de
avec.

Bibliographie

Ouvrages de référence

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(Traduit par Jeanne Gauffin.)