Revue Romane, Bind 14 (1979) 1

Sven Skydsgaard 10/4 1934 - 2/1 1979

John Pedersen

«C'est la lutte qui commence» - telle est la formule que, peu de temps avant sa mort, Sven Skydsgaard a utilisée pour caractériser sa situation. Il se savait gravement malade, et pourtant il réussit à gagner cette lutte; car jusqu'à la dernière de ses heures actives à l'lnstitut d'Etudes Romanes, il maintint, vis-à-vis de ses amis, collègues et étudiants, l'attitude qui avait toujours été la sienne: l'enthousiasme devant le travail, la joie et l'énergie devant les tâches quotidiennes. Telles étaient ses caractéristiques, et c'est ce qui fait comprendre aux gens étrangers à notre Institut notre peine à l'annonce de sa mort. Bien que le sachant incurablement malade, nous n'étions pas préparés à cette nouvelle brutale.

Sven Skydsgaard était un romaniste d'un talent exceptionnel. Titulaire de la première chaire danoise de langue et de littérature espagnoles, il exerçait ce talent avec beaucoup de bonheur dans toutes les disciplines qui relevaient de ses fonctions. Elève de Knud Togeby, il avait appris chez ce maître le travail méticuleux, le respect du détail et la curiosité devant les faits difficilement explicables. Sven Skydsgaard resta fidèle à l'enseignement de Togeby: sa magistrale thèse sur l'infinitif espagnol, qui parut en 1977, en témoigne. On trouvera, dans ce même fascicule, des extraits de la soutenance, mais il est difficile, en peu de pages, de donner une idée juste de ce qui fut, pour Sven Skydsgaard, l'œuvre de sa vie. Cependant, les professeurs J. Schmitt- Jensen et E. Spang-Hanssen l'ont exprimé dans les extraits que l'on lira. Ce que personne ne dira assez, c'est la dette que nous tous avons contractée envers Sven Skydsgaard, avant tout pour l'inspiration si vive qu'il nous a donnée, surtout lors des séminaires de recherche organisés par notre Institut. A ces occasions, Sven Skydsgaard puisait infatigablement dans ses riches sources, mettant à notre profit ses vastes connaissances, son intelligence et son grand talent pédagogique, qui lui permettait d'encourager les jeunes chercheurs tout en leur montrant les points faibles de leur argumentation.

C'est alors que ses collègues pouvaient admirer l'étendue de ses connaissances: spécialiste hispanisant, il entrait dans le débat aussi bien à propos du nouveau roman français que pour un problème de syntaxe italienne. La philologie romane, dans son vaste ensemble, le passionnait.

Side 4

L'œuvre de Sven Skydsgaard continuera à nous stimuler. Sa présence parmi nous fut bien trop brève, mais nous retiendrons la leçon que nous offre sa vie, leçon qu'il exprima ainsi, quelques mois avant sa mort, à la disparition d'un autre collègue: »Cela nous frappe si fort parce que l'lnstitut, c'est notre travail et notre vie«. Pour sa part, son travail et sa vie coïncidèrent dans un engagement total, qu'il mit au service de ses étudiants et de ses collègues.