Revue Romane, Bind 14 (1979) 1

Les niveaux fonctionnels du subjonctif en espagnol, en français et en italien

par

Kolbjørn Blücher

Le subjonctif dans les langues romanes a fait l'objet d'un grand nombre d'études traitant des aspects linguistiques variés de ce mode. Des ouvrages publiés pendant ces dernières années, comme par ex. K. Togeby, Mode, aspect et temps en espagnoll, P. Schifko, Subjonctif und Subjuntivo. Zum Gebrauch des Konjunktivs im Franzôsischen und Spanischen2, H. Nordahl, Les systèmes du subjonctif corrélatif3, W. Rothe, Strukturen des Konjunktivsim Franzôsischen4, G. Boysen, Subjonctif et hiérarchies et J. Schmitt Jensen, Subjonctif et hypotaxe en italien6 sont tout à fait représentatifs de la diversité de vues qui caractérise les recherches sur le subjonctif. Comme c'est le cas pour les langues romanes en général, c'est au français, également en ce qui concerne le subjonctif, qu'ont été consacrés la plupart des travaux. Nous nous abstenons de faire ici une énumération de ces études, qui, certes, sont bien connues des romanistes. Ce qui nous intéresse, dans ce contexte, ce sont les principes et les points de vue selon lesquels est envisagée la description de ce mode. Malgré la multiplicité de vues représentée dans l'ensemble des recherches, on s'est efforcé bien plus, suivant différentes méthodes, de dégager tout simplement les mécanismes qui régissent l'emploi du subjonctif, en les classant selon des principes divers, que de déceler le rôle purement fonctionnel, c'est-à-dire l'importance dans l'acte communicatif, des différents types de subjonctif. Or, souvent des différencesde fonctions sont signalées par les chercheurs. Le terme «servitude grammaticale» (par opposition à un subjonctif qui n'en est pas une) est employé par bon nombre de linguistes. Schmitt Jensen parle d'un indicatif



1: Kobenhavn, 1953.

2: Wien, 1967.

3: Bergen, 1969.

4: Tübingen, 1967.

5: Odense, 1971.

6: Odense, 1970.

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et d'un subjonctif «avec une différenciation sémantique correspondante»7 et «sans différenciation sémantique correspondanteß». Il est vrai aussi que Schmitt Jensen étudie dans son livre un rôle fonctionnel du subjonctif, et notamment, en s'appuyant sur sa théorie des syntaxèmes, son rôle d'élémentsubordinateur syntaxique. Cependant, ce n'est pas ce côté fonctionnel particulier et partiel (mais non négligeable pour autant) qui nous intéresse en premier lieu dans ce travail. C'est sur la fonction générale, globale du subjonctif dans la langue que nous allons nous pencher. W. Rothe est peut-être le linguiste qui s'approche le plus, mais secondairement, d'une vue fonctionnelle telle que nous la concevons, surtout dans le chapitre 10, intitulé «Die Funktion der B-Form als sprachliches Zeichen9». Il emploie ici des termes comme «bedeutungsdifferenzierende Funktion»lo, «Automatikfâlle »ll et «Redundanzmerkmale»l2. Pourtant, que nous sachions, personne n'a fait une hiérarchisation strictement fonctionnelle du subjonctifd'une langue romane. C'est pourquoi nous croyons faire œuvre utile en publiant le présent article.

Nous nous proposons une double tâche: hiérarchiser le rôle fonctionnel du subjonctif en espagnol, en français et en italien, selon ce que nous dénommerons les niveaux fonctionnels de ce mode, et en même temps faire une comparaison entre les emplois du subjonctif dans les trois langues. Notre étude est synchronique et a pour objet l'espagnol, le français et l'italien contemporains.

Notre but est, en premier lieu, de présenter une idée et non pas de faire une description détaillée et exhaustive du subjonctif dans les trois langues, ce qui, bien entendu, dépasserait de beaucoup le cadre d'un simple article. C'est là aussi la raison pour laquelle nous emploierons des exemples-type et non pas des exemples pris systématiquement dans des textes. Pour des raisons d'économie de place, nous ne discuterons pas, dans ces pages, de la classification générale des subordonnées, malgré l'intérêt théorique que présenterait une telle discussion. Nous nous contenterons simplement de ranger les subordonnées en trois groupes principaux: fonction substantive, fonction adjective, fonction adverbiale. Le rôle d'élément subordinateur syntaxique du subjonctif, tel qu'il a été étudié par Schmitt Jensen pour



7: J. Schmitt Jensen, op. cit., pp. 159 sv., pp. 206 sv.

8: Op. cit., pp. 191 sv., pp. 208 sv.

9: W. Rothe, op. cit., pp. 224 sv.

10: Op. cit., p. 225, pp. 237-238.

11: Op. cit., p. 225, p. 236.

12: Op. cit., p. 225, p. 226, p. 236.

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l'italien, n'ayant qu'un rapport secondaire avec notre conception de la
hiérarchie fonctionnelle, il ne sera abordé que sporadiquement dans le
présent travail.

Les discussions sur la nature du subjonctif, s'il est unitaire, dualiste, etc., sont bien connues et nous ne passerons pas en revue les différentes thèses relatives à ce sujet. Selon nous, il est vain de vouloir ramener toute la gamine des emplois du subjonctif dans les langues romanes à un seul dénominateur sémantique, en opposition unique avec l'indicatif. La seule unité du subjonctif qui existe est l'unité formelle, morphologique, en opposition avec l'autre mode principal, l'indicatif. Du point de vue fonctionnel, le subjonctif est un élément qui remplit dans la langue un grand nombre de fonctions différentes à divers niveaux, mettant toujours à profit son opposition formelle à l'indicatif, mais c'est une opposition, comme nous le verrons, qui, selon le type de la fonction donnée, revêt dans chaque cas un caractère différent. La sémantique du subjonctif fait partie de la structure dans laquelle il apparaît, ce pourquoi il faudrait plutôt parler de la pluralité sémantique du subjonctif que d'une unité.

Conformément au rôle qu'il joue dans l'acte communicatif, le subjonctif
se hiérarchise selon trois niveaux fonctionnels:

I. Différenciation sémantique/fonctionnelle.

11. Mise en relief grammaticale en qualité de mode (grosso modo)
fixe/habituel. Absence de différenciation sémantique.

111. Mode facultatif. Absence de différenciation sémantique.

Le premier niveau est celui où l'emploi de l'un ou de l'autre mode est décisif pour la compréhension du message, c'est-à-dire que le subjonctif et l'indicatif servent à donner des sens différents à l'énoncé. C'est, par exemple, le cas des propositions relatives de type «Je cherche une personne qui sache/sait l'anglais». A ce niveau appartient aussi la fonction imperative du subjonctif en espagnol et en italien. La différenciation sémantique opérée par le subjonctif dans ces cas lui confère une fonction qui le place à côté des formes proprement dites de l'impératif.

Au deuxième niveau, le subjonctif est un élément grosso modo fixe, obligatoire de certaines structures grammaticales et syntaxiques. Le subjonctifest grammaticalement inhérent à ces structures, il en constitue une mise en relief grammaticale en opposition formelle avec d'autres structures où ce mode n'est pas employé. Abstraction faite de l'éventuelle fonction de subordinateur syntaxique, le mode a pour seule fonction de caractériser grammaticalement la structure dont il fait partie; il est au sens strict un

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élément redondant, quoique obligatoire. Un éventuel emploi de l'indicatif n'empêche pas la compréhension du message, mais il est interprété comme une «faute», comme procédant d'un niveau linguistique «vulgaire», «familier»,etc.

Le troisième niveau comprend les cas où le subjonctif est facultatif,
c'est-à-dire les cas où tant le subjonctif que l'indicatif sont possibles, l'un et
l'autre étant considérés comme corrects.

Dans ce qui suit, nous donnerons une description schématique du subjonctif
dans les trois langues et de ses niveaux fonctionnels dans chaque type
de proposition.

Proposition principale

Ier NIVEAU


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Fonction impérative

En espagnol, le subjonctif est employé pour exprimer l'impératif négatif de la deuxième personne du singulier et du pluriel, et l'impératif de la première personne du pluriel. En espagnol comme en italien, certaines formes du subjonctif ont la fonction d'«impératif poli». En français, le subjonctif n'a pas de fonction imperative. Dans les cas en question, le subjonctif est en opposition absolue avec l'indicatif, car l'emploi de ce dernier mode changerait le sens de l'énoncé.


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Sens exhortatif/optatif

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Le type exhortatif/optatif le plus usuel dans les trois langues est celui qui contient un élément introducteur, respectivement que, que, che. Les phrases entre parenthèses sont les énoncés/structures avec lesquels les constructions en question sont en opposition. Le type Qu'il vient peut apparaître dans une chaîne comme Qu'est-ce qu'il dit? — Qu'il vient. La structure que + subjonctif est naturellement en opposition aussi avec la simple structure affirmative à l'indicatif.

La construction sans élément introducteur est aujourd'hui un type d'emploi plus restreint dans les trois langues. Très souvent, cet emploi apparaît dans des contextes solennels. Il peut aussi s'agir de constructions plus ou moins faites. En français et en espagnol, c'est normalement le présent qui est employé. Mais on peut trouver une forme du passé dans des formules à peu près fixes, par ex. Plût à Dieu que (...)/Plugiera a Dios que (...). Ces constructions sans élément introducteur s'opposent à des constructions affirmatives, comme celles signalées entre parenthèses.

En italien, une forme du passé est plus employée que dans les deux autres
langues. Ainsi, un souhait comme Fossi milionario! est tout à fait courant.

En espagnol, il existe un type optatif introduit par quién + subjonctif, mais seule une forme du passé est possible. Un dernier type optatif en espagnol et en italien comporte l'élément introducteur si/se + une forme du passé.

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Surprise ou indignation

Dans les trois langues, le subjonctif peut faire partie de phrases où s'exprime la surprise ou l'indignation. L'élément introducteur quel quel che est nécessaire. Le subjonctif dans ces phrases s'oppose à l'indicatif dans des chaînes comme celles mises entre parenthèses : le type (italien) Cosa dici? - Che era così noioso, ou la phrase affirmative correspondante tout court.


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Acceptation ou conformité

En espagnol, dans les phrases introduites par corno et lo que, l'emploi de l'un ou de l'autre mode correspond à une différenciation sémantique: Como tú digas: «comme tu dis (selon ta volonté, quelle qu'elle soit)»; Como tú dices: «comme tu dis (précisément ainsi)».


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Fonction d'interjection

Toujours en espagnol, venga et vaya (le présent du subjonctif des verbes
venir et ir) peuvent avoir la fonction d'interjections, dans un contexte
comme celui de l'exemple cité.


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Emplois stéréotypés

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Dans les trois langues, le subjonctif peut entrer dans plusieurs constructions
stéréotypées, que, toutefois, nous nous abstiendrons de commenter.


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Question dubitative, hésitante

En italien, le subjonctif peut s'employer dans des propositions introduites par che pour exprimer un très haut degré de doute et d'hésitation. Ces phrases s'approchent sémantiquement de celles employées avec le conditionnel (Che sia tornato(...)l - Sarebbe tornato (...)), mais le doute et l'hésitation sont encore plus prononcés dans la construction che, subjonctif. Les propositions en question s'opposent aux propositions correspondantes qui sont affirmativesl3. Quelquefois, on peut rencontrer ce type de phrases sans l'élément introducteur che.


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Impératif transposé

L'impératif du discours direct se traduit dans le discours indirect (libre) par le subjonctif, dans les trois langues. En espagnol et en italien, ces propositions peuvent avoir un quel che introducteur, mais elles peuvent également ne pas l'avoir.

En français, le que introducteur est obligatoire. Ces phrases s'opposent à
des constructions avec l'indicatif.



13: Cf. J. Schmitt Jensen, op. cit., pp. 684-685.

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IIeme NIVEAU


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Proposition avec l'adverbe ojalá/magari

Le subjonctif de ces phrases, dans les deux langues en question, est régi par l'adverbe ojalá ¡magari. Le subjonctif est obligatoire après ojalá en espagnol et après magari en italien. En espagnol, ««peut s'employer au lieu de ojalá, mais cet adverbe, d'un usage beaucoup plus restreint, se limite à la formulation de malédictions, par ex. dans ¡ Así te parta un rayo! Dans la fonction de ojalá on peut également avoir siquiera (¡ Siquiera llegue a tiempo!)

IIIème NIVEAU


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Régi par un adverbe

Les adverbes tal vez, quizá, acaso (et d'autres) en espagnol, quand ils
apparaissent avant le verbe, peuvent entraîner le subjonctif. L'alternance
des modes est facultative, le choix du mode étant ainsi stylistique.


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La (période) conditionnelle

En espagnol, dans la période conditionnelle et dans la conditionnelle sans subordonnée se référant au passé, la forme du subjonctif hubiera cantado peut alterner avec la forme de l'indicatif habría cantado. Cette alternance est courante en espagnol et ne marque aucune différence de niveau de style.

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Dans un style très relâché, hubiera cantado peut, dans la période conditionnelle,alterner
quelquefois avec cantaba.

Le type français S'il eût chanté, il eût chanté est très littéraire dans la
langue moderne. S'il avait chanté, il aurait chanté est la structure normale.
Ceci est vrai aussi pour la conditionnelle sans subordonnée.


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quisiera, debiera, pudiera

Les formes quisiera, debiera, pudiera, subjonctif passé des verbes querer, deber, poder, peuvent être remplacées par des formes de l'indicatif querría/quería, debía, podría/podía) pour exprimer un désir poli ou pour conférer un ton de réserve à l'énoncé. Les formes fuera (de ser), valiera (de valer) et dijera - plus précisément dijérase - (de decir) ont aussi un emploi analogue, mais seulement dans des cas particuliers.

Propositions subordonnées

Fonction substantive

Proposition complétive

Ier NIVEAU


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Le verbe decirldireldire représente ici un groupe de verbes dans les trois langues qui ont une syntaxe analogue: selon le mode employé dans la complétive, l'effet sémantique est différent. Le subjonctif indique un ordre, une invitation, l'indicatif une constatation.

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Come, en italien, peut servir de simple introduction à une complétive correspondant à che. Dans ce cas, le sens de manière est donc absent. Lorsque corne correspond à che, le mode dans la subordonnée est le subjonctif. Très souvent, le contexte souligne ce sens de «non manière», comme dans l'exemple cité. L'emploi de l'indicatif imposerait un sens de manière. Dans les cas où corne introduit une complétive interrogative, la syntaxe modale de la conjonction est comme la syntaxe normale de ces propositions, c'est-à-dire que les deux modes y sont possibles (voir p. 29).


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Dans les interrogatives indirectes espagnoles (nous considérons les interrogatives indirectes comme un type de complétivesl4), le subjonctif est relativement rare, et quand il apparaît, il sert à exprimer un «dilemme interne», ainsi que le dit Togebyls. Il s'agit donc là de fines nuances sémantiques; c'est pourquoi ces phrases doivent être considérées comme étant du premier



14: Pour ce qui concerne la classification des interrogatives indirectes (selon nous: «complétives interrogatives»), voir pp. ??-??.

15: K. Togeby, Mode, aspect et temps en espagnol, p. 17.

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IIème NIVEAU


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Dans la complétive antéposée introduite par que/che en français et en
italien, le subjonctif est tellement normal qu'il faut considérer ce type

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comme étant du deuxième niveau fonctionnel. En italien, la complétive
interrogative et celle introduite par il fatto che, toujours en antéposition, ont
la même syntaxe.

Nous classons l'interrogative indirecte comme un sous-type de la proposition
complétive, en nous fondant sur les parallélismes fonctionnels évidents
dans par ex.:

So che dice la verità. Non so se dice la verità. So quanto ha sofferto. Mi domanda come stiamo.

Dans toutes ces phrases, aussi bien les propositions introduites par che que
celles introduites par les particules interrogatives peuvent être remplacées
par un élément nominal:

Lo so.ISo questo.
Non lo so./Non so questo.
Lo so.ISo questo.
Me lo domanda.lMi domanda questo.

On peut dire que, d'un côté, il y a les complétives affirmatives et, de l'autre, les complétives interrogatives. Nous trouvons que cette classification est syntaxiquement plus satisfaisante, parce que plus simple, que la classification traditionnelle, laquelle n'établit pas ce rapport étroit entre la complétive affirmative et l'interrogative indirecte.

Dans les trois langues, la complétive introduite par que/quelche régie
simplement par une négation, comporte obligatoirement le subjonctif.

Un très grand groupe de verbes, adjectifs et substantifs (etc.) en espagnol, en français et en italien régissent le subjonctif dans la complétive affirmative. En italien, dans de nombreux cas, surtout après des verbes, l'omission de l'élément introducteur che est possible. Le même phénomène peut s'observer en espagnol, mais seulement après quelques verbes, etc. Dans ce genre de phrases sans quelche, le subjonctif est seul à indiquer la subordination.

Rothe fait une distinction entre, d'un côté, les phrases du type Je veux qu'il fasse et, de l'autre, par ex. Je doute qu'il fasse (et (...) avant qu'il fasse, etc.). S'appuyant sur le fait que les principales introduites par que + subjonctif (Qu'il fasse) expriment le désir, il en conclut que la forme fasse dans la construction Je veux qu'il fasse «wohl mit einigem Recht» peut être considérée comme une marque de redondance du sens du lexème qui

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déclenche le subjonctifl6. En d'autres termes, le subjonctif ici marquerait en soi le désir déjà exprimé par le lexème régissant. D'autre part, dans des phrases où le lexème ou la construction régissante n'expriment pas le désir, comme dans Je doute qu'il fasse, (...) avant qu'il fasse, etc., «hat hier die B-form semantisch nichts mit der Bedeutung des Auslòsers zu tun, sondern ist (...) ein informationsloses Syntaxeml7». Rothe a donc choisi l'effet sémantique d'une construction déterminée où apparaît le subjonctif, notammentles principales introduites par que + subjonctif, comme une espèce de «vraie sémantique du subjonctif». Dans certaines constructions, cette sémantique serait opérante et, dans d'autres, elle ne le serait pas. Nous avons du mal à accepter un tel point de vue. A notre avis, il ne faut pas confondre ces fonctions si différentes du subjonctif ni y voir un parallélisme. Le subjonctif a une fonction tout à fait différente dans les principales «que + subjonctif» et dans «élément dans la principale régissant le subjonctif + complétive avec un verbe au subjonctif». C'est ce dernier type qui constitue une unité fonctionnelle, et, du point de vue syntaxique, nous pouvons seulement dire, de façon fondée, qu'il s'agit d'un groupe de verbes/adjectifs/substantifs(etc.), ayant un certain spectre sémantique, qui ont ceci de commun qu'ils régissent le subjonctif dans la complétive introduite par que (que/che).

En espagnol, une négation dans la principale, avec beaucoup de verbes/adjectifs/substantifs (etc.) qui, sans négation, n'ont pas cet effet sur la subordonnée régie, entraîne obligatoirement le subjonctif dans la complétive.

IIIème NIVEAU


DIVL458


16: W. Rothe, op. cit., p. 226.

17: Op. cit., p. 233.

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Le subjonctif doit être considéré comme appartenant au troisième niveau
dans plusieurs types de complétives.

D'abord, certains verbes, adjectifs et substantifs (etc.) dans la principale,
pour les trois langues, peuvent être suivis indifféremment des deux modes,
dans la complétive introduite par quelquelche.

D'autres facteurs que le verbe, l'adjectif et le substantif (etc.) dans la
principale, et précisément une négation, une interrogation, une condition
(ou d'autres), peuvent influer sur le mode de la complétive.

En français et en italien, tous ces facteurs n'ont que la qualité virtuelle d'entraîner le subjonctif dans la complétive, car les deux modes sont possibles dans la subordonnée. Pour ce qui est de l'espagnol, on trouve une syntaxe identique, sauf dans le cas de la négation. C'est seulement avec certains verbes/adjectifs/substantifs (etc.) que la négation peut être suivie de l'un ou de l'autre mode, tandis que, comme nous l'avons vu, la négation dans la principale en espagnol, avec une bonne partie des verbes/adjectifs/substantifs (etc.), amène obligatoirement le subjonctif dans la complétive.

La subordonnée complétive espagnole introduite par el que/el hecho de que leso (de) que, qu'elle précède ou suive la principale, peut avoir indistinctement l'un et l'autre mode. Toujours en espagnol, la complétive introduite par que antéposé à la principale présente la même syntaxe modale.

Dans la complétive française antéposée introduite par le fait que, soit le
subjonctif, soit l'indicatif sont possibles, le subjonctif étant le plus fréquen
tlB.



18: H. Nordahl, op. cit., pp. 245 - 246

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Quand ce même type de complétive se trouve en postposition, l'indicatif est le mode préféré, mais le subjonctif peut également y apparaîtrel9. De toute façon, la complétive française introduite par le fait que, dans les deux positions, doit être considérée comme appartenant au troisième niveau.

La complétive italienne introduite par il fatto che en postposition peut
avoir les deux modes.

Le phénomène qu'on appelle «télérection» ou «attraction» est, dans les
trois langues, toujours virtuel, les deux modes étant également possibles.

Dans l'interrogative française, le mode normal est l'indicatif. Sporadiquement,
et dans des cas particuliers, on trouve le subjonctif2o.

La syntaxe de l'interrogative italienne diffère de celle des deux autres langues, les deux modes étant en général employés indifféremment. Lorsque le verbe est au présent, il semble y avoir certaines restrictions à cette règle générale. Dans de nombreux cas, l'indicatif s'impose. Pour une discussion détaillée de ce problème nous renvoyons à J. Schmitt-Jensen, op. cit., pp. 645 sv.

Fonction adjective

Proposition relative

Ier NIVEAU


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19: Op. cit., pp. 246-247. K. Togeby, Fransk grommatili, Kobenhavn, 1965, pp. 422-423.

20: K. Togeby, Fransk grammatik, pp. 387-388.

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Dans les trois langues, on trouve le type d'opposition que représentent les phrases Je cherche une personne qui sache l'anglais -Je cherche une personne qui sait l'anglais. La différenciation sémantique qu'opère l'emploi du subjonctif ou de l'indicatif est la même, qu'il s'agisse de l'espagnol, du français ou de l'italien.

En espagnol, l'opposition du subjonctif à l'indicatif dans la relative permet, dans une large mesure, de marquer toute une gamme de fines nuances sémantiques. Le subjonctif exprime ce qui est envisagé comme une éventualité, une possibilité, une action non spécifique, etc., tandis que l'indicatif représente l'action comme réelle, spécifique, connue, etc. Les exemples cités donnent une idée de la façon dont est utilisée l'opposition entre les deux modes dans les relatives espagnoles. Notons par ex. qu'une visée future de l'action + l'élément «non spécificité», comme dans la phrase La casa que compre será grande (l'action comprar aura lieu dans l'avenir et la casa a un caractère non spécifique), s'exprime obligatoirement avec le subjonctif. L'emploi de l'indicatif élimine l'élément «non spécificité» pour le transformer en «spécificité».

Les relatives espagnoles ayant pour antécédent une construction renfermant un pronom ou un adverbe composé avec - quiera s'insèrent dans la syntaxe générale de ces relatives. Mais comme la sémantique de ce type de pronoms et d'adverbes implique, dans la très grande majorité des cas, un élément de «non spécificité», c'est le subjonctif qui est le mode de loin le plus fréquent dans les relatives subséquentes. Cependant, du point de vue théorique, il faut les situer au premier niveau.

L'italien peut utiliser les deux modes pour opposer «éventualité, possibilité» à «réalité» (voir les exemples Guai a chi (...) et Coloro che (...). Toutefois, le subjonctif est moins employé dans la relative italienne que dans la relative espagnole, en tant que moyen différenciateur sémantique. Les exemples italiens mis entre parenthèses relèvent d'un style très littéraire. Dans la langue normale, moyenne, le subjonctif ne s'utilise pas dans ces types de phrases en italien.

Il existe dans la relative en espagnol et en italien des rections/relations secondaires/supplémentaires2l qui établissent une opposition de sens entre les deux modes. Dans le premier exemple (Tal vez ciertas noches (...)/Forse in certe notti(...), le subjonctif de la relative et le conditionnel passé de la principale expriment une relation de condition hypothétique, structure qui s'oppose à celle où intervient l'indicatif, lequel marque la réalité de l'action.



21: Cf. J. Schmitt Jensen, op. cit., pp. 547 sv.

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Dans le deuxième exemple, la différence entre le subjonctif et l'indicatif est plus subtile. Le subjonctif est fortement influencé par bastaba /bastava dans la principale et l'action de la relative est vue dans la perspective de bastaba/bastava. L'emploi de l'indicatif, au contraire, détache l'action de la relative du verbe de la principale et la définit dans sa réalité réitérée.

On pourrait énumérer beaucoup d'autres types d'exemples qui appartiennent
à ce phénomène syntaxique, mais nous nous contentons ici d'en
signaler l'existence par les deux exemples cités.

IIème NIVEAU


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Les relatives en français et en italien, introduites respectivement par qui
que (etc.) et chiunque (etc.), ont obligatoirement le verbe au subjonctif.

Dans la relative espagnole, lorsque l'antécédent est un élément indéfini
de négation ou une construction correspondante, le subjonctif est obligatoire.

Les trois langues possèdent le type de relative indépendante que yo
sepa/que je sache/che io sappia, dans lequel le subjonctif est fixe.

IIIème NIVEAU


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La relative ayant comme antécédent une expression superlative se met soit au subjonctif, soit à l'indicatif dans les trois langues. En espagnol, le mode normal est l'indicatif, mais le subjonctif se rencontre aussi dans ces propositions. En français et en italien, le subjonctif est très fréquent, l'indicatif étant également possible.

La relative restrictive «pure», comme par ex. celle des exemples cités
pour l'espagnol et pour l'italien, accepte les deux modes dans ces deux
langues.

Lorsque l'antécédent est un élément indéfini de négation, ou une construction
correspondante, les deux modes peuvent apparaître dans les
relatives française et italienne.

Signalons l'existence dans les trois langues de beaucoup d'autres sous-types
restrictifs, qui, cependant, ne seront pas discutés ici.

Le phénomène de «télérection»/«attraction» se manifeste aussi dans la
relative, qu'il s'agisse de l'espagnol, du français ou de l'italien, les deux
modes étant possibles au même degré.

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Proposition temporelle

Fonction adverbiale

Ier niveau


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Toute proposition temporelle espagnole ayant une visée future se met obligatoirement au subjonctif. Cela veut dire que le subjonctif peut, ou bien faire partie d'une structure de période en opposition avec une autre structure dont le verbe de la temporelle est à l'indicatif ou bien, par lui seul, s'opposer à un indicatif (voir les exemples).

Les temporelles italienne et espagnole peuvent comporter des rections/relations secondaires/supplémentaires qui déclenchent le subjonctif. Dans les exemples cités, le subjonctif donne une nuance de condition, de potentialité, c'est-à-dire un élément sémantique de «se»/«si», tandis que l'indicatif insiste sur l'action dans sa réalité.

Il existe plusieurs autres types, et ce genre de subjonctif est en principe
possible avec toutes les conjonctions temporelles n'ayant pas de rection
obligatoire22.



22: Cf. J. Schmitt Jensen, op. cit., pp. 483 sv.

Side 37

IIeme NIVEAU


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La conjonction temporelle antes de que /avant que/prima che (et constructions
correspondantes) régit, dans les trois langues, le subjonctif.

En français, jusqu'à ce que et d'ici (à ce) que exigent également le
subjonctif.

IIIeme NIVEAU


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Side 38

DIVL568

La conjonction française après que peut, dans la langue contemporaine,
être suivie des deux modes.

La temporelle italienne dont la relation temporelle exprimée est futur dans le passé a une syntaxe particulière. La forme du subjonctif avessi cantato y est très fréquente, mais celle-ci peut être remplacée par avrei cantato ou cantavo.

Toujours en italien, lorsque la subordonnée est introduite par finché (et ses variantes formelles) et que la relation temporelle est prise dans une acception de futur dans le présent, la temporelle offre une syntaxe assez compliquée23. Si le mode d'action est duratif et que l'effet sémantique aspectuel soit perfectif égressif, les formes canto, canterò, canti peuvent s'employer indifféremment. Lorsque le mode d'action est duratif et que l'effet sémantique aspectuel est perfectif ingressif, les mêmes formes verbales sont possibles. Par contre, non a un rôle différent selon l'emploi des modes. Avec le subjonctif, non est facultatif et prend un caractère de particule explétive, tandis qu'avec une forme de l'indicatif, ce mot étant une négation réelle, il n'est pas facultatif. Si le mode d'action est terminatif, non est explétif tant avec le subjonctif qu'avec l'indicatif, la syntaxe modale étant la même que celle décrite pour les autres types.



23: Cf. J. Schmitt Jensen, op. cit., pp. 492 sv.

Side 39

Proposition conditionnelle

Ier niveau


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Side 40

DIVL594

En espagnol et en italien, le subjonctif entre dans les structures si cantara - cantaría,si hubiera cantado - hubiera/habría cantado//^ cantassi - canterei, se avessi cantato - avrei cantato, lesquelles s'opposent à des structures comportant l'indicatif dans la subordonnée : si canto - canto, si cantaba - cantaba/1 se canto - canto, se cantavo - cantavo. Le subjonctif exprime une condition potentielle ou hypothétique, l'indicatif une condition réelle. En ce qui concerne l'italien, cette opposition n'est pas toujours opérante pour la structure qui se réfère au passé (voir lllème niveau), et, en ce qui concerne l'espagnol, elle ne l'est pas toujours pour la structure qui se réfère au présent (voir lllème niveau). Les conditionnelles espagnole et italienne introduites par si/se+\e subjonctif apparaissent souvent hors des structures mentionnées, faisant partie de périodes de différents types. Le subjonctif confère au fait exprimé dans la subordonnée introduite par si/se un ton prononcé de potentialité ou d'hypothèse, l'indicatif, pour sa part, le représentant comme une possibilité réelle.

La conditionnelle espagnole introduite par siempre que avec subjonctif s'oppose à siempre que + indicatif, proposition purement temporelle où siempre que a la valeur sémantique de «chaque fois que». Lorsque la temporelle introduite par siempre que a une visée future, rapport temporel qui impose le subjonctif dans toute subordonnée temporelle, il y a, bien entendu, syncrétisme modal dans ces deux types de propositions.

Le type de conditionnelle espagnole introduite par como + subjonctif s'oppose à como + indicatif, construction ayant une valeur causale. Cette conditionnelle avec como peut avoir la structure como + présent du subjonctif (présent ou futur de l'indicatif dans la principale), ce qui est le cas le plus fréquent, et, très souvent, elle se caractérise sémantiquement par une nuance admonitive ou de menace. Mais elle peut aussi correspondre sémantiquement à une simple conditionnelle avec si + indicatif, sans que soit impliquée une telle nuance (par ex. : Pues como no sea éste, no sé yo cuál más = Pues si no es éste, no sé yo cuál más.). Cette même conditionnelle peut présenter la structure como + cantara/se {cantaría/cantaba dans la principale), un type qui fait donc partie d'une période conditionnelle parallèle ksi cantara/-se - cantaría (cantaba) introduite par si, avec la même sémantique potentielle ou hypothétique.

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La proposition causale avec como, lorsqu'elle précède la principale, peut avoir le verbe tant à l'indicatif qu'au subjonctif, ce dernier mode étant pratiquement limité aux formes du passé (voir p. 36). Comme les deux types de propositions en question et leurs périodes présentent respectivement les structures como + cante - canto/cantaré, como + cantaral-ase - cantaría (cantaba) et como + cantaba/cantara/-selhabía cantado/hubiera/-se cantado, etc. - canté/ cantaba/había cantado/ cantaría, etc., ils ne sont, structurellement, qu'en partie identiques. Du point de vue strictement modal, le syncrétisme est possible dans une mesure plus générale.

La subordonnée conditionnelle espagnole introduite par salvo que, excepto que se subdivise modalement en trois types : 1 ) subj. - 2) ind./subj. - 3) ind. Chaque type indique une nuance sémantique particulière, notamment 1) : condition + non-expérience, 2) : condition/restriction + expérience, 3): condition/restriction adversative + expérience. Il y a les oppositions suivantes : 1) 4= 3), 1) =1= 2), 2) =1= 3), le syncrétisme modal étant possible dans les oppositions 1) 4= 2) et 2) =1= 3).

La conditionnelle italienne introduite par eccetto che, salvo che, tranne che présente la simple opposition subj. - ind., qui, sémantiquement, se traduit par les deux nuances condition + non-expérience 4= condition/restriction (adversative ou non) + expérience.

Dans ce dernier type de conditionnelles espagnoles et italiennes, il peut y avoir des rections/relations secondaires/supplémentaires qui impliquent une opposition de sens entre les deux modes. Dans nos exemples, le conditionnel de la principale et le subjonctif (passé) de la subordonnée, c'est-à-dire la structure cantaría - cantara ¡canterei - cantassi, concourent à exprimer une relation de condition potentielle, en évoquant l'élément sémantique de «si»/«se» + non-expérience. Ladite structure s'oppose à une structure dissemblable avec l'indicatif {canto - canto/canto - canto), qui signale la réalité de l'action/expérience.

IIème NIVEAU


DIVL603
Side 42

DIVL605

Un certain nombre de conjonctions conditionnelles régissent le subjonctif dans les trois langues, et notamment celles qui appartiennent aux groupes con [tal (de)/solo] que, a no ser que, (etc.)/pourvu que, etc./purché, etc. A celles-ci s'ajoutent le syntagme conditionnel français si tant est que et la conjonction espagnole ni que.

IIIème NIVEAU


DIVL622

Comme nous l'avons déjà signalé (La conditionnelle, ler niveau), il n'y a pas toujours d'opposition sémantique entre avessi cantato et cantavo dans la conditionnelle italienne introduite par se. A un certain niveau de style, la structure se avessi cantato - avrei cantato peut être remplacée par se cantavo - cantavo (avrei cantato) avec le même sens hypothétique. Dans la subordonnée conditionnelle, avessi cantato et cantavo sont donc interchangeables.

Dans la conditionnelle espagnole introduite pars/, l'opposition sémantiqueentre

Side 43

queentreles deux modes (dans notre cas entre cantara/-ase et cantaba) n'est pas toujours opérante (voir La conditionnelle, ler niveau). A l'intérieur d'un niveau de style parlé, la structures/ cantaba - cantaba {cantaría) peut se substituer à si cantaral-ase - cantaría sans aucun changement du sens hypothétique. Cantaral-ase et cantaba sont ainsi interchangeables dans cette subordonnée conditionnelle.

En français, dans un style très littéraire, eût chanté peut apparaître dans la
conditionnelle introduite par si, cette même forme étant normalement
reprise dans la principale.

Dans le type de conditionnelle française où la conjonction si est répétée parque, le subjonctif est très fréquent. Cependant, comme l'indicatif aussi peut s'y trouver, il faut considérer ces propositions comme appartenant au troisième niveau, malgré les règles de la grammaire normative traditionnelle.

La conditionnelle espagnole introduite par menos que, salvo que, excepto
que, exprimant la nuance sémantique «condition/restriction + expérience»,
peut avoir le verbe aux deux modes (voir La conditionnelle, ler niveau).

Proposition causale

Ier NIVEAU


DIVL634

Dans les subordonnées causales espagnoles introduites par porque, l'emploi de l'un ou l'autre mode crée une nette opposition de sens. Le subjonctif dénote l'irréel, l'incertain, le seulement possible, etc. (cf. l'exemple cité) de l'action. L'indicatif souligne la réalité du fait. En termes plus simples, il y a donc une opposition non-expérience =t= expérience.

Side 44

IIème NIVEAU


DIVL643

En espagnol et en italien, les causales introduites respectivement par no porque et non perché exigent le subjonctif. En espagnol, quand la négation ne précède pas immédiatementporgwe mais fait partie de la principale (par ex. No callo porque tú tengas razón (....).), la syntaxe modale de la subordonnée introduite par porque est la même.

IIIème NIVEAU


DIVL652

La subordonnée causale espagnole introduite par como, quand cette conjonction précède la principale, peut avoir le verbe indistinctement aux deux modes. L'emploi du subjonctif a un caractère littéraire et il se rencontre presque exclusivement lorsque le verbe est au passé.

Proposition consécutive

Ier NIVEAU


DIVL664
Side 45

L'emploi du subjonctif dans la consécutive de ce type, pour les trois langues,
donne une nuance finale à l'action. L'indicatif insiste sur le sens purement
consécutif.

IIème NIVEAU


DIVL673

En espagnol, la consécutive précédée de tan(to)/ta1(...) + que comme élément introducteur + une négation dans la principale a, comme mode obligatoire, le subjonctif. La consécutive espagnole introduite par de ahí que exige également le subjonctif.

IIIème NIVEAU


DIVL686

Dans la consécutive espagnole précédée de tan(to)/tal (...) dans la principale+
que comme élément introducteur, le mode peut être tant le subjonctifque

Side 46

tifquel'indicatif (dans le cas d'une négation dans la principale, voir llème
niveau).

En français et en italien, les facteurs négation, interrogation, condition ou un élément correspondant dans la principale peuvent entraîner le subjonctif dans la subordonnée consécutive, mais l'indicatif y est également possible.

Nous signalons que des phénomènes de rections secondaires peuvent
aussi jouer dans ces propositions.

Proposition finale

Ier NIVEAU


DIVL698

Les subordonnées italiennes et espagnoles introduites par perchélporque ont un sens final avec le subjonctif, et causal avec l'indicatif. En espagnol, dans certains contextes, porque + subjonctif prend un sens concessif (voir Proposition concessive).

IIème NIVEAU


DIVL707
Side 47

Les finales dans les trois langues ont obligatoirement le verbe au subjonctif,
ce qui est le cas aussi du type demasiado para que /trop pour
que ¡troppo perché.

Proposition concessive

Ier NIVEAU


DIVL723

En espagnol, porque + subjonctif peut, dans des contextes déterminés,
avoir un sens concessif. Ce type de subordonnée avec le subjonctif s'oppose
au type porque + indicatif, dont l'effet sémantique est causal.

Dans la concessive introduite par les conjonctions spécifiquement concessives{aunque, aun cuando, a pesar de que, bien que, etc.), il peut y avoir des rections/relations secondaires/supplémentaires qui déclenchent le subjonctif. Cette concessive avec le verbe au subjonctif fait partie d'une structure plus ample comme par ex. conj. 4- cantase - cantaría (principale) (voir l'exemple cité). La relation secondaire présente, exprimée à travers le subjonctif cantase dans la subordonnée et le conditionnel cantaría dans la principale (les deux formes ensemble), est un rapport de condition hypothétiqueou irréelle (dans ce cas-ci; sans doute, dans un autre contexte, une condition potentielle pourrait aussi être exprimée). Sémantiquement, à l'élément concessif s'ajoute donc un élément conditionnel, type que l'on pourrait qualifier de concession irréelle (hypothétique ou potentielle). La subordonnée concessive en question, avec ce subjonctif relié au conditionneldans

Side 48

neldansla principale, s'oppose à la concessive avec indicatif/subjonctif (sans rapports avec un élément extérieur à la subordonnée), laquelle exprimeune concession réelle. Il y a opposition directe entre le subjonctif (régi par un facteur se trouvant en dehors de la subordonnée même) dans le premier type et l'indicatif dans le second type. Celui-ci admet également le subjonctif (régi par un élément figurant à l'intérieur de la subordonnée), et, dans ce cas-là, nous avons affaire à un syncrétisme modal.

A ce sujet, il y a lieu de discuter plus amplement les oppositions subj. =1= ind./subj. et subj./ind. =t= ind. Dans quelle mesure est-il justifié de parler d'opposition dans de pareils cas? A notre avis, lorsque les termes sont subj. =1= ind. / subj. ou subj. / ind. =t= ind., l'essentiel est que, dans le type de proposition où les deux modes sont possibles, il y a toujours la possibilité d'employer le mode qui n'est pas celui qui caractérise l'autre terme de l'opposition. Dans le cas de l'opposition subj. =# ind. / subj. par ex., si dans le dernier terme le mode est l'indicatif, l'opposition est réalisée, tandis que si le mode est le subjonctif, c'est-à-dire s'il y a ce que nous avons appelé syncrétisme modal entre les deux termes de l'opposition, l'opposition est latente, indirecte. On peut dire qu'idéalement, l'opposition est toujours présente. A ceci s'ajoutent d'autres facteurs, comme la nature ou la provenance de la rection, extérieure ou intérieure, qui concourent à donner une identité sémantique à la subordonnée. Dans le cas d'une construction comme Por lejos que se fuera, le encontraríamos, la structure de la période tout entière seule, en indiquant la provenance de la rection, signale que dans la subordonnée on a affaire à une concession irréelle, par opposition à par ex. Por lejos que se fuera, le encontramos, où la structure différente de la période marque une rection intérieure, donc une concession réelle. La question modale ne joue ici aucun rôle, étant donné que le subjonctif est de rigueur dans les concessives de ce type.

IIeme NIVEAU


DIVL732
Side 49

En français et en italien, toutes les concessives, sauf celles introduites par même si lanche se, ont le verbe au subjonctif. Anche se se voit très sporadiquement suivi du subjonctif avec un sens concessif, le mode normal étant l'indicatif. Les concessives espagnoles introduites par por + adjectif/adverbe + que et par así (etc.) (rection intérieure - concession réelle; voir La concessive, ler niveau) exigent le subjonctif.

IIIème NIVEAU


DIVL741

En espagnol, dans les concessives introduites par la plupart des conjonctions spécifiquement concessives (aunque, aun cuando, bien que,apesar de que ,por mâs/ mucho que ,por poco que ,por mâs/mucho + substantif + que, etc.) et quand la rection provient de la conjonction, ce qui veut dire qu'il s'agit d'une concession réelle (voir La concessive, ler niveau), le verbe peut se mettre à l'un ou à l'autre mode.

Proposition comparative

IIème NIVEAU


DIVL755
Side 50

DIVL757

Les subordonnées comparatives espagnoles et italiennes introduites par
como si/cual si/come se/quasi che (comparaison d'égalité, irréelle) ont
invariablement le verbe au subjonctif.

En italien, dans le cas d'une comparaison d'inégalité, si la subordonnée
est introduite par che ou par (di) quello che/quanto/come et que ce dernier
type de subordonnée contienne l'adverbe mai, le subjonctif est de rigueur.

IIIème NIVEAU


DIVL774
Side 51

DIVL776

Dans les comparatives françaises introduites par comme si, par que qui répète comme si et par autant que, le mode courant est l'indicatif. Cependant, le subjonctif peut aussi s'y trouver, raison pour laquelle il faut situer ces propositions au troisième niveau.

En espagnol, dans la comparative introduite par (cuanto) más/menos, qui exprime une comparaison d'égalité réelle, on peut trouver aussi bien le subjonctif que l'indicatif. Dans la principale, il y a très souvent des adverbes ou adjectifs corrélatifs comme más,peor, mejor. Ces conjonctions ou particules comparatives et les adverbes ou adjectifs corrélatifs insistent sur un rapport proportionnel entre deux ou plusieurs actions.

Dans la comparative espagnole introduite par como, cuanto, exprimant
le même type de comparaison que la précédente, le mode le plus fréquent
est l'indicatif, mais le subjonctif y est également possible.

La subordonnée comparative espagnole introduite par que, qui marque
une comparaison d'inégalité, admet les deux modes.

La comparative italienne introduite par (di) quello che /quanto Icome,
sans mai dans celle-ci, peut avoir les deux modes.

Side 52

Proposition introduite par sin que/sans que/senza que

IIème NIVEAU


DIVL788

Dans les trois langues, les propositions introduites par sin que/sans
quelsenza che ont toujours le verbe au subjonctif.

Proposition sans élément introducteur avec le verbe au subjonctif (plusieurs types/nuances sémantiques)

Ier NIVEAU


DIVL800

Ces propositions sans élément introducteur ayant le verbe au subjonctif existent dans les trois langues sous forme de plusieurs types dont l'effet sémantique peut varier selon les contextes. Elles s'opposent à des propositions mises à l'indicatif. Remarquons que le changement de mode transforme automatiquement ces subordonnées (avec le subjonctif) en principales (avec l'indicatif). Une des fonctions du subjonctif dans ces subordonnées est donc de signaler la subordination.

Proposition introduite par que/que/che + subjonctif (nuance sémantique conditionnelle, concessive, finale, etc.)

Ier niveau


DIVL816
Side 53

DIVL818

Ce type de propositions est lui aussi commun aux trois langues. Les nuances sémantiques sont conditionnelles, concessives, finales, etc. Elles se trouvent en opposition avec des types de phrases à l'indicatif, comme par ex. celles qui sont entre parenthèses dans les premiers exemples et qui peuvent apparaître dans des chaînes telles que (espagnol) ¿Qué dices? - Que nos dan el dinero./Nos dan el dinero.

Pour ce qui est des propositions à sens final, disons que quel que Iche peuvent introduire des subordonnées avec la même syntaxe modale que celles introduites par les conjonctions espagnole et italienne porque ¡perché. Normalement, ce subjonctif «final» n'est possible que dans des contextes déterminés, qui ne sont pas tout à fait identiques pour les trois langues. La structure dans laquelle ce subjonctif après quelquelche s'observe le plus fréquemment, et ceci vaut pour toutes ces langues, semble être «impératif dans la principale, suivie de la subordonnée introduite par quelquelche». Ce subjonctif à sens final s'oppose à un indicatif qui confère un sens causal à la subordonnée. Ce type «quelquelche + indicatif/sens causal» est également limité contextuellement, et la situation dans les langues en question n'est pas pareille. Nous ne commenterons pas ici ces particularités. Néanmoins, il y a lieu de signaler qu'en français le subjonctif peut apparaître dans les causales introduites par que, quand elles sont précédées d'une question exprimant l'étonnement24. Dans ce cas-là, il ya donc en français une possibilité de syncrétisme modal entre les deux types de propositions.

IIème NIVEAU


DIVL827


24: K. Togeby, Fransk grammatik, p. 424.

Side 54

DIVL829

Dans la période ayant cette structure particulière : négation dans la principale, que /que /che comme élément introducteur de la subordonnée + négation dans celle-ci, le subjonctif est de rigueur dans les trois langues. Les subordonnées de ce type peuvent avoir plusieurs nuances sémantiques.

Proposition introduite par lejos de que/loin que

IIème NIVEAU


DIVL841

Dans ces subordonnées espagnoles et françaises, le subjonctif semble être
obligatoire. Sémantiquement, elles sont adversatives.

Proposition introduite par según (que)/secondo (che)

Ier NIVEAU


DIVL853

Ces propositions semblent avoir une syntaxe parallèle en espagnol et en italien. Avec le subjonctif, la valeur sémantique est conditionnelle ou concessive. Avec l'indicatif, on exprime une conformité. Dans ce dernier cas seulement, che peut être omis en italien. Remarquons aussi qu'en italien, à un niveau de langue inférieur, cette opposition peut disparaître.

Side 55

Proposition introduite par piuttosto che

IIeme NIVEAU


DIVL869

Les propositions introduites par piuttosto che sont rares en italien. Le mode
de rigueur semble être le subjonctif.

Dans la description très succincte et générale du subjonctif en espagnol, français et italien que nous venons de faire, nous avons nécessairement laissé de côté de nombreux cas particuliers et bien des problèmes qu'il aurait fallu envisager et discuter dans un exposé plus complet. Nous avons surtout essayé d'esquisser une méthode et de faire une comparaison entre les trois langues, du point de vue de la position générale du subjonctif.

Dans le tableau qui suit, nous représentons schématiquement et d'une manière très condensée l'emploi du subjonctif dans les trois langues. Nous signalons pour chaque langue les niveaux fonctionnels (NI, Nil, NUI) constatés à l'intérieur de chaque type de proposition. Entre parenthèses, des X montrent approximativement l'importance du rôle du subjonctif aux différents niveaux (XXXX: emploi très large; XXX: emploi assez large; XX: emploi d'une certaine importance, mais relativement limité; X: emploi limité à une ou à de rares structures).

Side 56

Prop. principale


DIVL875

Prop. subordonnées

Fonction substantive


DIVL898

Prop. complétive

Fonction adjective


DIVL901

Prop. relative

Fonction adverbiale


DIVL904

Prop. temporelle


DIVL907

Prop. conditionnelle


DIVL910

Prop. causale


DIVL913

Prop. consécutive

Side 57

DIVL916

Prop. finale


DIVL919

Prop. concessive


DIVL922

Prop. comparative


DIVL925

Prop. introd. par sin que/sans que/senza che


DIVL928

Prop. sans élément introducteur


DIVL931

Prop. introd. par que/que/che


DIVL934

Prop. introd. par lejos de que (E)/\o\n que (F)


DIVL937

Prop. introd. par segûn (que) (E)/seconde» (che) (I)


DIVL940

Prop. introd. par piuttosto che (I)

Le subjonctif est un mode bien vivant dans les trois langues, à tous les niveaux fonctionnels. En même temps, on remarque que son domaine d'emploi est nettement plus vaste en espagnol et en italien qu'en français. C'est peut-être en espagnol que le subjonctif a le plus d'emplois «purement

Side 58

sémantiques», c'est-à-dire au premier niveau fonctionnel. Du point de vue théorique, le fait le plus important, à notre avis, est la position très solide du subjonctif au deuxième niveau fonctionnel dans les trois langues. Son rôle de marque formelle redondante de structures syntaxiques est extrêmement fréquent, probablement le plus fréquent sur le plan quantitatif, osons-nous supputer, sans disposer de statistiques. Cela montre l'importance de la redondance en général dans les langues.

Le troisième niveau fonctionnel peut se définir en quelque sorte comme un sous-type du deuxième niveau, étant étroitement apparenté à celui-ci. Au troisième niveau, le rôle du subjonctif est également une marque formelle redondante de structures syntaxiques, mais c'est une marque virtuelle, facultative et non pas obligatoire.

La question des niveaux fonctionnels serait différente, cela va sans dire,
selon les niveaux de style, mais c'est là une discussion qui dépasserait le
cadre de ce travail.

Kolbjern Blücher

Bergen

Résumé

Le rôle fonctionnel du subjonctif en espagnol, en français et en italien contemporains est ici hiérarchisé sur la base de la conception des niveaux fonctionnels. En même temps, l'auteur compare l'emploi du subjonctif dans les trois langues. Conformément au rôle que joue le subjonctif dans l'acte communicatif, trois niveaux fonctionnels apparaissent : I. Différenciation sémantique/fonctionnelle, 11. Mise en relief grammaticale en qualité de mode (grosso modo) fixe/habituel. Absence de différenciation sémantique, 111. Mode facultatif. Absence de différenciation sémantique.

Une description schématique du subjonctif dans les trois langues et de ses niveaux fonctionnels dans chaque type de proposition permet de constater que d'une part le subjonctif est un mode bien vivant dans les trois langues, à tous les niveaux fonctionnels, et que d'autre part son champ d'emploi est nettement plus large en espagnol et en italien qu'en français. L'auteur conclut d'ailleurs que c'est peut-être en espagnol que le subjonctif présente le plus d'emplois «purement sémantiques», c'est-à-dire au premier niveau fonctionnel. Le fait le plus important du point de vue théorique est, à son avis, la position très solide du subjonctif au deuxième niveau fonctionnel dans les trois langues. Son rôle de marque formelle redondante de structures syntaxiques est extrêmement fréquent, probablement le plus fréquent sur le plan quantitatif. Cela souligne l'importance de la redondance en général dans les langues.