Revue Romane, Bind 13 (1978) 2

Ole Wewer

20 février 1939 - 12 août 1978

Au moment de remettre à l'imprimerie les épreuves de ce numéro, nous apprenons que notre ami, l'animateur de notre revue, Ole Wewer, vient de mourir, à Bergen, au cours du banquet qui clôturait le septième Congrès des romanistes Scandinaves. Il souffrait depuis des années d'une grave maladie de cœur et avait subi une grosse opération en 1977.

Ole Wewer était maître-assistant à l'lnstitut des études romanes de l'Université de Copenhague et, depuis 1972, sous-directeur de la section des études françaises à l'Ecole des hautes études pédagogiques du Danemark. De 1970 à 1977, il fut l'âme de notre équipe rédactionnelle, prenant part à toutes les activités que comporte le métier d'éditeur de revue: il jugeait les manuscrits proposés à la rédaction, il donnait des conseils aux auteurs, il corrigeait les épreuves, il surveillait la mise en pages, il assurait le financement de notre entreprise. C'était un professionnel, un perfectionniste qui alliait méticulosité, goût du détail et vue d'ensemble, un travailleur infatigable. Mais pour nous c'était surtout un ami, un homme doué d'un esprit de groupe remarquable et toujours ouvert non seulement d'esprit mais aussi de cœur, un homme qui trouvait toujours le temps d'aider et d'encourager les autres. Il ne cherchait jamais à plaire, mais il voulait comprendre les autres et mettre en lumière leurs qualités.

Il ne fut pas que rédacteur de revue. Ce même dynamisme qu'il mettait au service de notre entreprise, il l'exerçait dans une multitude d'autres activités : son enseignement, ses recherches pédagogiques, i'essor de notre institut. Il était partout, il prenait part à tout, il ne se ménageait jamais. Mais notre revue fut toujours son enfant chéri. Même après sa démission de la rédaction, même pendant sa grave maladie, il trouvait toujours des forces pour nous aider, travail dont témoignent, mais imparfaitement, bon nombre de préfaces de nos numéros spéciaux.

Avec Ole Wewer nous avons perdu un collègue, un maître et un ami.
Nous regretterons toujours son énergie communicative sa voix animée,

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le charme de son sourire, la chaleur émanant de ses beaux yeux bruns - en un mot: son rayonnement. On n'aurait probablement jamais fini de découvrirde nouveaux côtés de sa personnalité: il en avait autant, connus et inconnus, qu'il avait d'amis. L'une des rares lettres qu'il gardait lui avait été envoyée, lors de sa maladie, par une collègue, qui, pour le décrire, citait Jacques Prévert :

On disait de lui qu'il n'en faisait qu'à sa tête
on avait beau dire
il en faisait surtout à son cœur
Et son cœur lui en fit voir de toutes les couleurs

On ne trouverait pas de meilleur portrait de Ole Wewer. Comme tous ceux
qui l'ont connu, nous sommes bouleversés par sa mort aussi prématurée
que subite.