Revue Romane, Bind 13 (1978) 1Les auxiliaires négatifs: fonction et positionpar Carl Vikner Dans cet article, je vais proposer un classement des auxiliaires négatifs du français modernel. Ce classement devrait permettre une description cohérente de la position de ces éléments en structure superficielle. Je n'ai pas l'intention d'entreprendre en détail l'élaboration d'une telle description, les travaux de Sandfeld (1928), de Blinkenberg (1928 et 1933), de Sten (1938) et surtout l'excellente étude de Gaatone (1971) fournissant déjà une masse considérable de renseignements sur ce problème. J'espère simplement que les principes théoriques proposés ici pourront servir à mieux comprendre les faits connus sur le comportement superficiel de ces éléments. 1. Les auxiliaires négatifsEn français
moderne, la négation se manifeste le plus souvent par
une L'ensemble des entités susceptibles de fonctionner comme auxiliaire négatif est le suivant: pas, aucunement, nullement, guère, plus, jamais, nulle part, personne, rien, aucun, nul et pas un. Point, goutte et mie sont des variantes archaïsantes de pas sans aucun intérêt pour les problèmes traités ici. L'incorporation de nulle part et de pas un comme éléments autonomes de cet ensemble sera discutée aux §§ 4.3 et 4.4. Les entités de cet ensemble sont caractérisées par des propriétés syntaxiques communes: Io compatibilité avec la particule clitique ne, 2° incompatibilité avec pas auxiliaire négatif (avec pourtant des cas d'exceptions faciles à délimiter), 3° compatibilité avec la conjonction ni, 4° compatibilité avec l'article partitif réduit de, 5° compatibilité avec une réponse en si2. 1: Hanne Korzen, Marie-Alice Séférian et Ebbe Spang-Hanssen ont lu une version antérieure du manuscrit de cet article et m'ont apporté des critiques d'une grande utilité. Mireille Daugaard, Anne-Marie Kahn, Maryse Laffitte et Marie-Alice Séférian m'ont servi d'informateurs. Je tiens à les remercier tous cordialement. 2: Cf., pour les quatre premières propriétés, Gaatone 1971, 133-134. Side 89
2. La théorie de l'encadrementLes auxiliaires
négatifs présentent donc une certaine homogénéité
syntaxique. pas ,' C'est sans doute
à cause de cela que les manuels de grammaire, quand il
«Aux temps simples des modes autres que l'infinitif, le verbe (précédé ou non d'un pronom personnel atone) se place entre le ler et le 2e termes de la négation: Nous ne le savons pas - Nous ne savons rien - II ne veut plus ~ Je ne vois personne ~ Je ne sais rien - Ne sachant rien.» (§ 809) Des formules plus
ou moins similaires se retrouvent dans Sten 1938, 339,
349, Cette manière de voir pourrait s'appeler la théorie de l'encadrement : elle dit que la négation composée encadre le verbe, ne étant placé avant et l'autre composant après. Point de vue qui se reflète dans la terminologie, quand, sans aucune définition, on parle de «deuxième terme de la négation» (cf. le passage cité de Mauger 1968) ou de «seconde partie de la négation» (Blinkenberg 1933, 189). Togeby se révèle aussi comme un adepte de cette conception en établissant le schéma suivant, qui est censé préciser les règles gouvernant le placement des auxiliaires négatifs (Togeby 1965, § 882) et qui a le mérite de faire ressortir les insuffisances de la théorie de l'encadrement avec une netteté particulière La place de nul
dans ce schéma peut surprendre. Un autre schéma (§ 884)
Side 90
vénient,c'estque nul est exclu dans cette fonction en français moderne: *//n'accusait nul, *Elle n'a rencontré nul. En fait, un système de ce genre est tout simplement incapable de rendre compte du comportement de nul autrement que par une série de règles d'exception. De même, un tel
système doit inévitablement traiter tous les cas
d'antéposition Cependant, le défaut le plus grave de la théorie de l'encadrement, c'est qu'elle repose sur l'hypothèse, implicite mais fondamentale, qu'il faut rendre compte du placement de tous les auxiliaires négatifs en déterminant leur position par rapport au verbe. Ainsi le schéma de Togeby ne porte en réalité que sur un seul problème : faut-il placer l'auxiliaire négatif avant ou après le verbe non-fini? Toute autre position est en effet «impensable» dans le cadre de son schéma. Les exemples de
(2) suffisent à montrer que la théorie de l'encadrement
(2) a. Simone
n'avait révélé son secret à personne. Il est incontestable que personne et aucune sont placés «après» le verbe, mais on voit mal en quoi une telle description pourrait être pertinente ici; il ne viendrait probablement à l'esprit de personne de décrire le comportement de son ou de par en disant qu'ils se placent après le verbe dans tel ou tel cas. Tout se passe comme si, au moment où il faut parler de la place des auxiliaires négatifs, on oubliait qu'il s'agit d'éléments à fonctions différentes: on en parle un peu comme si tous ces auxiliaires étaient une espèce d'adverbes de négation. 3. ClassementDans une phrase
comme: (3) Raymond ne
comprend rien. le mot rien
remplit en quelque sorte deux fonctions, qu'il importe
de distinguersoigneusement: Side 91
un complément d'objet. La fonction d'auxiliaire négatif est une fonction spécifique des constructions négatives qui se greffe, pour ainsi dire, sur les fonctions syntaxiques «normales» de complément adverbial, complément d'objet, etc. Dans une théorie transformationnelle, la structure profonde des phrases négatives comporterait un élément NEG susceptible de se rattacher à divers constituants de la proposition. Dans la structure profonde de (3), par exemple, NEG serait rattaché au NP objet. En comparant mon analyse de la structure superficielle avec une dérivation transformationnelle de ce type, et en simplifiant beaucoup, on pourrait dire que la fonction d'auxiliaire négatif est un reflet superficiel de l'élément NEG de la structure profonde, alors que la fonction syntaxique «normale» dépend de la configuration de la structure profonde, en l'occurrence de la présence d'un NP à l'intérieur du VP et immédiatement à droite du V. (On sait que les transformations peuvent défigurer radicalement la structure profonde, de sorte que les fonctions syntaxiques en structure superficielle ne dépendent plus que de façon très indirecte de la structure profonde. Cependant, ce fait n'a aucune importance pour la distinction que j'ai voulu établir.) Je propose de
répartir l'ensemble des entités énumérées au § 1 dans
les Auxiliaires
négatifs simples : 1. Adverbes de
négation:/ww, aucunement, nullement, guère. Auxiliaires
négatifs composites: 2. Adverbes de
temps négatifs : plus, jamais. 3. Adverbe de
lieu négatif: nulle part. 4. Pronoms
indéfinis négatifs: personne, rien, aucun, nul, pas un.
La distinction entre auxiliaires simples et auxiliaires composites sera justifiée ci-dessous au § 5. Les classes 1, 2 et 3 se justifient par le fait que les éléments d'une de ces classes peuvent remplir un certain type de fonction adverbiale; ce type de fonction varie d'une classe à l'autre et même à l'intérieur d'une même classe (ainsi les rôles joués pat plus et jamais dans la proposition ne sont pas identiques). Les éléments de la quatrième classe peuvent remplir différentes fonctions, telles que sujet, objet, déterminant, etc. tout comme les pronoms indéfinis positifs (quelqu'un, quelque chose, quelque, etc.). Side 92
4. Fonction et positionPour rendre
compte de la position des auxiliaires négatifs, il
faudra, comme Ce point de vue
s'exprime déjà dans Gaatone 1971, par exemple quand il
«La place de personne n'est pas limitée par des règles strictes. Il peut soit précéder le verbe, soit le suivre, selon sa fonction dans la phrase ou encore selon la construction de la phrase. Il ne peut en tout cas pas s'intercaler entre l'auxiliaire et le participe passé d'une forme composée, et suit toujours le verbe à l'infinitif3.» On voit pourtant que, pour Gaatone, la place de personne se décrit nécessairement comme un avant ou un après le verbe. C'est que Gaatone, bien qu'ayant mesuré l'importance de la fonction syntaxique, reste encore prisonnier de l'idée d'encadrement. La norme convenable pour un élément négatif «comme il faut», c'est d'avoir une place fixe après le verbe. Si, par malheur, un élément donné ne se conforme pas à cette norme, il y a déviation, et Gaatone n'a d'autre ressource que de décréter qu'il n'y a pas de «règles strictes» pour l'élément en question. La description, si l'on peut dire, qu'il donne de la place de nulle part (p. 158) est caractéristique de ce point de vue: «La position de nulle part par rapport au verbe est libre»! Dans ce qui suit, je ne parlerai que de la position des auxiliaires négatifs dans les phrases simples à verbe fini, mais il est évident que leur comportement dans les syntagmes verbaux non-finis, et notamment dans le syntagme infinitif, doit être traité selon les mêmes lignes. 4.1. Adverbes de négationIci, et seulement ici, on pourrait dire que la théorie de l'encadrement est valable. Les adverbes de négation sont les seuls éléments parmi les auxiliaires négatifs qui aient besoin de règles de placement en leur qualité d'auxiliaires négatifs, si j'ose dire. Ainsi donc, les
adverbes de négation se placent immédiatement après le
3: P. 161. On trouve des descriptions semblables pour rien, aucun, nul, pp. 165, 174, 181. Side 93
pas (5) Pourquoi n'y
avait-elle pas pensé? Les seuls
éléments qui s'insèrent régulièrement entre le groupe
verbal fini ¡apparemment Ì
Les adverbes de
négation ne peuvent pas occuper d'autres places dans la
Pas 4.2. Adverbes de temps négatifsplus et jamais sont tous deux des adverbes de temps, mais ils appartiennent à deux sous-classes différentes: plus est à ranger avec encore, jamais avec toujours. On ne peut pas rendre compte de leur placement par une même règle. La différence réside surtout dans le fait que jamais s'antépose assez librement, tandis que l'antéposition de plus est soumise à des restrictions spéciales. La place de jamais est déterminée par sa fonction d'adverbial temporel du même type que toujours, toujours s'emploie dans deux acceptions différentes, l'une équivalant à l'anglais always et l'autre à l'anglais stili. Les deux acceptions possèdent chacune leurs propriétés syntaxiques particulières et correspondent chacune à un type particulier d'adverbial temporel. Je ne parle ici que du toujours-always. Comme ce toujours donc, jamais se place normalement entre le groupe verbal fini et le participe passé suivant: (8) a. Joseph
n'a jamais aimé sa femme, Side 94
(9) a. Joseph
n'a jamais été considéré comme un grand artiste, Et comme lui, il
peut, avec une insistance particulière, se placer en
tête de (10) a. Jamais il
ne cherchait à la comprendre, En revanche,
aucun d'eux ne peut apparaître après le participe membre
(11) a. *Joseph
n'a aimé jamais sa femme, (12) a. ""Joseph
n'a aimé sa femme jamais, Il peut paraître étrange de vouloir séparer plus de pas pour le traiter comme un adverbe de temps, car, dans la grande majorité des cas, la place de plus semble être la même que celle de pas. Mais il est possible de montrer que, sur un certain nombre de points, plus se distingue de pas pour se rapprocher des adverbes de temps du type de encore. Tout d'abord d'un point de vue sémantique, plus est le correspondant négatif de encore, ce qu'on peut facilement mettre en évidence par une analyse présuppositionnelle (cf. Ducrot 1972, 57 et Muller 1975). Les phrases (13) ont la présupposition commune (14): (13) a. Ma
belle-mère pratique encore les poids et haltères, (14) Ma
belle-mère a pratiqué les poids et haltères autrefois.
tandis que le
contenu posé de (13.a) est (15.a) et celui de (13.b) la
négation (15) a. Ma
belle-mère pratique les poids et haltères actuellement.
En ce qui
concerne l'ordre des mots, bien qu'on puisse dire que
plus occupe (16) a. Elle n'y
avait plus pensé. il est important
de noter que l'adverbe de temps encore occupe également
Side 95
(17) a. Elle y
avait encore pensé. De plus, quelques
informateurs trouvent (16.b et c) et (17.b et c) moins
Quand je prétends que plus n'est pas un adverbe de négation mais un adverbe de temps négatif, cela implique que ce ne sont pas les règles formulées au § 4.1 qui doivent rendre compte de la place de plus dans les exemples (16), mais que des règles relevant du chapitre des adverbiaux temporels doivent expliquer (16) et (17) en même temps. Ceci vaudrait aussi, bien sûr, pour des règles explicites élaborées dans le cadre d'une grammaire transformationnelle. pas peut être
précédé de toujours (cf. (6.b); il s'agit là évidemment
du (18) a. *Elle n'y
pense toujours plus, Nous avons
probablement affaire à une querelle de famille entre
adverbes plus se trouve quelquefois placé en tête de la proposition, mais seulement lorsqu'il est accolé à. jamais, personne, rien ou aucun (cf. Blinkenberg 1933, 204-205; Gaatone 1971, 148-149), c'est-à-dire à un mot qui est lui-même susceptible d'être antéposé : (19) a. Plus
jamais il ne lui a reparlé de ce projet. Par contre, la
combinaison plus guère ne se trouve jamais en tête de la
proposition, (20) a. Elle n'y
avait plus guère pensé, Donc, ce n'est
pas plus qui détermine la position dans ces
constructions, mais On retrouve à peu près la même situation dans le cas de encore. Tout seul, encore en fonction temporelle ne peut pas se placer en tête de la proposition (cf. 17.d), mais en combinaison avec des expressions comme une fois, aujourd'hui, maintenant, en 1920, etc., cela peut se faire: Side 96
(21) a. Encore
une fois, elle a essayé de l'empoisonner. Enfin, quand on en vient à considérer le problème des compatibilités des auxiliaires négatifs (cf. § 5) ainsi que le comportement syntaxique et sémantique des adverbes de temps en général, il devient évident que plus fait partie de ces derniers et n'a que bien peu de chose en commun avec pas. 4.3. Adverbe de lieu négatifnulle part
est un adverbe de lieu de la même sous-classe que
partout, quelque (22) a. On ne l'a
vue nulle part. (23) a. Elle n'a
été vue nulle part, L'insertion avant
le participe est normalement interdite: (24) a. *On ne
l'a nulle part vue. (25) a. *Elle n'a
nulle part été vue. (26) a. *Elle n'a
été nulle part vue. Dans certains
cas, pourtant, il est possible d'insérer ces adverbes
avant le (27) a. Les curés
de village ne sont nulle part recrutés dans les rangs de
la Si la construction comporte deux participes passés, les jugements des informateurs ne sont pas concordants. Les uns acceptent aussi bien (28), où les adverbes sont placés entre le groupe verbal fini et le premier participe, que (29), où les adverbes se trouvent insérés entre le premier et le deuxième participe. Les autres expriment des réserves en ce qui concerne les phrases de (28) et trouvent meilleures les constructions de (29): Side 97
(28) a. Ce
phénomène n'a nulle part été examiné sérieusement par
des spécialistes (29) a. Ce
phénomène n'a été nulle part examiné sérieusement par
des spécialistes nulle part,
comme partout, se place souvent en tête de la
proposition, et nulle part peut se combiner avec jamais. Dans ces constructions aussi, le comportement des deux auxiliaires négatifs devient moins idiosyncratique et plus compréhensible quand on le compare avec celui des entités positives remplissant les mêmes fonctions: (30) a. Il ne se
plaît jamais nulle part, (31) a. *I1 ne se
plaît nulle part jamais, On pourrait se demander s'il est justifié de considérer nulle part comme un élément autonome de l'ensemble des auxiliaires négatifs ou s'il ne vaudrait pas mieux le décomposer en nulle -f part et en rendre compte à l'aide des règles que, de toute façon, il faudra donner sur le comportement de nul. A cela, on peut opposer trois objections. - Premièrement, nulle part reste neutre vis-à-vis des différences de niveau stylistique: il apparaît aussi bien dans le français parlé familier que dans la langue littéraire, alors que les autres emplois de nul appartiennent exclusivement au français écrit littéraire. - Deuxièmement, dans tous ses autres emplois en fonction de déterminant,nul peut être considéré comme une variante de aucun (nul homme / aucun homme, de nulle valeur / d'aucune valeur, sans nul doute / sans aucun doute, nul autre / aucun autre, etc.). Ceci est impossible pour nulle part, puisque aucune part est exclu en fonction d'adverbial locatif: *On ne Va vue aucune part. - Troisièmement, pour qu'une décomposition de nulle part en déterminant + tête ait un sens, il faudrait que part puisse se combiner librementavec d'autres mots en fonction de déterminant, comme dans le syntagme nul homme on peut substituer à nul les mots un, cet, mon, tout, chaque, etc. Cela n'est pas possible dans le cas de nulle part. Le mot part dans cette expressionn'est plus un substantif à part entière et avec un sens indépendant: il est simplement la deuxième partie d'un syntagme figé, lexicalisé, pour ainsi dire. Il existe trois syntagmes de ce type : nulle part, quelque part et Side 98
autre part,
qui tous trois se sont spécialisés dans la fonction
d'adverbial 4.4. Pronoms indéfinis négatifspersonne, rien, aucun, nul et pas un sont des pronoms indéfinis qui peuvent remplir diverses fonctions syntaxiques. Il est utile de les rapprocher des pronoms indéfinis positifs avec lesquels ils partagent un certain nombre de propriétés syntaxiques, notamment en ce qui concerne leur position. Ainsi on peut dire que personne correspond à quelqu'un et rien à tout, tandis que aucun, nul et pas un correspondent à un. Les règles qui gouvernent le placement des pronoms indéfinis négatifs sont tout à fait générales, c'est-à-dire qu'on n'a pas besoin de règles spécifiques des auxiliaires négatifs pour expliquer leur position. En fonction de sujet, ils se placent avant le groupe verbal fini, selon l'habitude des sujets: (32) a. Personne
n'a protesté. En fonction
d'objet et de sujet réel, ils se placent après le verbe
et après un (33) a. Je n'ai tué personne. b. Il n'a été tué par personne. c. On n'en a retrouvé aucun. d. Il n'en a été retrouvé aucun. En fonction de régime d'un syntagme prépositionnel, ils se placent évidemment après la préposition. La position du syntagme prépositionnel est une autre histoire, elle dépend de la fonction du syntagme prépositionnel et n'a rien à voir avec le fait que c'est un auxiliaire négatif qui sert de régime à ce syntagme: (34) a. Elle ne
ressemble à personne, (35) a. Ce n'est
la faute de personne, (36) a. Je
n'exige la reconnaissance de personne, Side 99
Les phrases (37) montrent bien l'absurdité qu'il y aurait à vouloir déterminer la place de rien par rapport au verbe, rien y fait partie du syntagme/wwr rien au monde et occupe une place fixe à l'intérieur de ce syntagme. Par conséquent, il est bien obligé de «suivre» le syntagme prépositionnel dans ses pérégrinations à travers la phrase: (37) a. Pour rien au monde, elle n'aurait révélé son secret à ses parents. b. Elle n'aurait pour rien au monde révélé son secret à ses parents. c. Elle n'aurait révélé pour rien au monde son secret à ses parents. d. Elle n'aurait révélé son secret à ses parents pour rien au monde. pour rien au
monde fonctionne comme un complément adverbial d'un
certain Enfin, quand les
pronoms indéfinis négatifs font fonction de déterminant,
(38) a. Aucune
femme ne l'intéresse. (39) a. Nul geste
ne trahit son émotion. (40) a. Pas une
feuille ne remue. Il faut pourtant donner une règle particulière pour la position de rien en fonction d'objet et de sujet réel. Simplifiée à l'extrême, cette règle dit que dans ces deux fonctions rien s'intercale entre le groupe verbal fini et le (premier) participe passé: (41) a. Raymond
n'a rien compris, (42) a. Il ne
s'est rien passé, (43) a. Il n'a
rien été décidé. Side 100
Mais il faut
noter que ce n'est pas un phénomène qui concerne le seul
rien, (44) Raymond a
tout compris. Pour d'autres raisons, tout est incapable de faire fonction de sujet réel, si bien qu'il n'existe pas d'exemples avec tout parallèles à (42) et (43). Pour Kayne aussi, la place de rien doit être traitée conjointement avec celle de tout (cf. Kayne 1975, 13-14, 23, 38-41) et n'est donc pas un problème qui relèverait de quelque classe de «mots négatifs» ou «négations». Un cas particulier de divergence entre rien et tout sera discuté au § 6.4. En ce qui regarde pas un, on pourrait poser une question analogue à celle qui a été discutée au sujet de nulle part au § 4.3 : Ne s'agit-il pas bel et bien d'un pas suivi d'un un°l Est-il vraiment nécessaire de considérer pas un comme une entité particulière? Gaatone (1971, 178) fait valoir l'argument suivant en faveur de l'unité dopas un: «La cohésion du groupe pas un ressort aussi du fait qu'en dépit de la présence de pas à l'intérieur du groupe, celui-ci est compatible avec les autres termes négatifs excluant pas. » Et il renvoie à un exemple comme «pas une trace ne reste nulle part» (p. 134). Autrement dit: pas un est compatible avec nulle part, ce qui n'est jamais le cas pour un pas ordinaire; par conséquent il ne s'agit pas ici d'un pas ordinaire, mais d'un élément nouveau, autonome et indécomposable, pas un. - Un argument semblable peut être tiré du fait que le pas ordinaire ne se place pas en tête de la proposition. - Enfin, le un de pas un ne se laisse pas remplacer par les éléments qui dans d'autres circonstances peuvent équivaloir à un. Ainsi, on n'a ni pas deux, ni pas tous, ni pas ce, etc. en tête de phrase (c'est-à-dire qu'il n'y a pas de phrases telles que (45)-(47) correspondant à (32.e) ou (40.a)), ce qui plaide également en faveur de l'hypothèse quepas un est un élément indécomposable (45) a. *Pas deux
ne s'en sont aperçus. (46) a. *Pas tous
ne s'en sont aperçus. (cette 1 A mon avis, il
ne faut regarder/?^ un comme une entité indécomposable
que Side 101
«Elle ne vint pas me rejoindre une seule fois» (Gaatone 1971, 179). Une telle analyse ne me semble pas justifiée. D'abord, les cas de ce type s'expliquent parfaitement par les règles qu'il faut établir pour le pas ordinaire. Ensuite, du moment que pas un se trouve postposé au verbe, il ne semble plus compatibleavec d'autres auxiliaires négatifs, ce qui pourrait indiquer qu'il s'agit d'un pas ordinaire (cf. § 5) : (48) a. ?I1 n'en
reste pas une trace nulle part. 5. CombinaisonsOn sait que la
présence d'un auxiliaire négatif simple {pas,
aucunement, /^x *T-n . f Pas
guère] Certaines
exceptions à cette règle seront considérées au § 6.
Les auxiliaires
négatifs composites, par contre, sont compatibles les
uns (50) a. Personne
n'a rien entendu. Ces deux phénomènes peuvent être expliqués si on suppose que le rôle des auxiliaires négatifs simples est déporter la négation, de manifester en surface la présence du constituant NEG de la structure profonde et rien d'autre. Ce rôle exclusif semble assez clair avec pas, mais avec aucunement et nullement il faudrait peut-être supposer en plus la présence d'un marqueur d'emphase, ce qui ne devrait pas avoir d'influence sur leur phobie des autres auxiliaires Side 102
négatifs, guère est sans doute plus compliqué: il sera discuté au § 6. - Ainsi, dans // ne comprend pas, le pas est un adverbial créé spécialement pour réaliser NEG en surface, et cela seulement lorsqu'il n'y a pas d'autre élément de la structure superficielle capable de le faire. Si la proposition comporte un auxiliaire négatif composite, comme dans Personne ne comprend, alors le composite «contient» déjà un NEG, en même temps qu'il remplit une fonctionsyntaxique (sujet, objet, adverbial temporel, etc.). Dans ce cas, il est clair que le pas est superflu, et on n'a pas * Personne ne comprend pas. C'est ce qui explique pourquoi les auxiliaires négatifs simples ne se combinent pas entre eux, ni avec les auxiliaires négatifs composites. Quant aux combinaisons de composites illustrées par (50), il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'on puisse avoir en même temps un sujet et un objet auprès du même verbe (cf. 50.a); ce qui est extraordinaire, c'est que tant le sujet que l'objet se manifestent sous forme de pronoms indéfinis négatifs. Pour expliquer ce fait, il faudrait sans doute postuler des règles transformationnelles analogues aux règles dites NEG Attraction, ANY-NO Suppletion et SOME-ANY Suppletion qui ont été formulées pour rendre compte de quelques faits en anglais qui ressemblent d'assez loin à ceux étudiés ici (cf. Stockwell, Schachter, Partee 1973, 232-247, 273-284). En substance, les phrases du type de (50) seraient dérivées de la manière suivante : En structure profonde, les composites comportent tous un trait [4- Indét] qu'ils ont en commun avec leurs correspondants positifs encore, toujours, un jour, partout, quelque part, quelqu'un, tout, quelque chose, etc. Il n'y a qu'un seul NEG par proposition (au maximum) en structure profonde. Attraction de NEG attache NEG au constituant le plus à gauche qui ait le trait [+ Indét], ce qui fait que ce constituant se manifeste en surface comme un auxiliaire négatif. Plus tard, une ou des règles facultatives remplaceront les constituants marqués [-f- Indét] et placés à droite d'un NEG par un pronom indéfini négatif ou par un pronom indéfini positif quelqu'un, quelque chose, ... ou par une expression du type qui que ce soit, quoi que ce soit, ... Ceci n'est évidemment qu'une ébauche sommaire. Mais elle suffit à laisser entrevoir qu'une telle dérivation rendrait compte du fait que, dans une proposition contenant plusieurs pronoms indéfinis négatifs, c'est toujours le premier qui est l'auxiliaire négatif proprement dit, tandis que celui ou ceux qui suivent ne sont que des variantes de pronoms indéfinis positifs, cf. (51) et (52): (51) a. Personne
n'a rien obtenu. Side 103
(52) a. Rien n'a
été obtenu par personne. (51) et (52)
montrent aussi que Attraction de NEG doit être appliquée
après Il faut pourtant ajouter que l'opération d'Attraction de NEG n'est pas sans présenter quelques problèmes épineux. Si Attraction de NEG était une règle obligatoire, il serait impossible d'engendrer des phrases contenant pas + encore, pas -f- toujours, pas + partout, etc. Cependant, de telles phrases sont parfaitement grammaticales. Ce qui est en jeu ici semble être l'interaction de NEG et le quantificateur universel V (ou un autre symbole de la structure profonde qui correspondrait grosso modo au quantificateur universel des mathématiciens)4. Le sens de On ne Va vu nulle part pourrait être explicité grossièrement comme suit (Loc étant une variable qui peut prendre un adverbe de lieu comme valeur) : V Loc: NEG (on
l'a vu Loc) et celui de On ne
Va pas vu partout par la formule suivante NEG (V Loc: on
l'a vu Loc). Cet exemple semble indiquer que Attraction de NEG opère seulement si NEG se trouve dans le champ du quantificateur universel, mais non pas dans le cas contraire. On pourrait peut-être résoudre ce problème en formulant Attraction de NEG de telle sorte que cette transformation ne soit pas capable d'introduire NEG dans une proposition placée dans le champ du quantificateur universel. Je laisserai cette question ouverte, car son approfondissement déborderait du cadre de cet article. 6. Problèmes résiduelsJ'indiquerai ici brièvement quelques problèmes qui n'ont pas été résolus par le système proposé aux §§ 3-5. Il convient pourtant de souligner que ni Blinkenberg, ni Sten, ni Gaatone n'apportent non plus de solution à ces problèmes. Le plus souvent, ils n'ont même pas vu que ces faits pouvaient constituer des problèmes. 4: On peut avancer des arguments en faveur de l'hypothèse que encore contient le quantificateur universel dans sa structure profonde, cf. Korzen og Vikner (en préparation). Side 104
6.1. pasGaatone présente
des exemples tels que: (53) a. Mais pas
la moindre étincelle n'avait jailli. Il est évident que le superlatif de petit est nécessaire pour permettre cette antéposition : si on supprime moindre et plus petit (ou simplement plus), les phrases deviennent impossibles; et il en va de même si on substitue plus grande à moindre ou nouvel à petit. Il s'agit donc probablement d'une expression pas le plus petit (pas le moindre) équivalant à aucun et à pas un et qu'il faudrait peut-être ranger parmi les auxiliaires négatifs composites à côté de pas un. - On peut aussi avoir un pas antéposé au verbe dans les expressions pas plus que et pas davantage: (54) a. Pas plus
que le somnambule suggestible, le rêveur ne s'étonne, ne
doute Enfin, il est
possible d'avoir un pas antéposé dans l'expression pas
même : (55) a. Pas même
ta mère ne t'aurait cru. Toutes ces constructions demeurent des exceptions aux règles générales. Il est possible qu'aussi bien pas le plus petit, pas plus que, pas davantage, pas même que pas un doivent, en fin de compte, être expliqués par un même principe qui ferait intervenir l'attachement de la négation à quelque élément commun à même et aux expressions comparatives et superlatives. Cependant, une réponse concluante à cette question requiert des investigations beaucoup plus poussées. Un autre problème est la combinaison pas + rien qu'on trouve dans une phrase comme // ne se contentait pas de rien, à laquelle correspond la phrase positive sans pas et sans ne : // se contentait de rien (toutes les deux différentes de // ne se contentait de rien, qui présente un emploi «normal» de rien). Il faut probablement rendre compte de ces phrases en postulant un deuxième rien, un rient, qui serait l'équivalent de zéro ou de une quantité nulle et qui pourrait être employé comme régime d'un syntagme prépositionnel ou comme attribut du sujet dans l'expression ce n'est pas rien (cf. Sandfeld 1928, Side 105
§ 256; Sten 1938, 110-112; Gaatone 1971,167-168). Cette analyse, pourtant, laisse subsister des énigmes. Pourquoi est-ce seulement rien qui peut prendre cette deuxième signification ? Pourquoi pas personne ? Pourquoi cet emploi est-il impossible quand rien fait fonction de sujet ou d'objet? L'emploi de pas avec les auxiliaires négatifs composites dans le langage populaire: J'ai pas rien trouvé (cf. Bauche 1946, 121 ; Sandfeld 1928, § 241) ne s'explique évidemment pas à l'aide du cadre théorique proposé ici. On est là en présence d'un système différent avec ses caractéristiques propres. 6.2. guèreLa décision de considérer guère comme un adverbe de négation, donc un auxiliaire négatif simple, au même titre que pas (cf. § 4.1), ne va pas sans difficultés. De cette manière, la combinaison plus guère (cf. (56.a)) reste un fait inexpliqué, les autres auxiliaires simples ne se combinant pas avec un (autre) auxiliaire négatif. Grevisse 1964 (§ 850) range guère parmi les adverbes de quantité. D'un point de vue sémantique, il est certainement tentant de concevoir guère comme un beaucoup négatif, et en même temps plus guère deviendrait compréhensible, puisque nous avons aussi plus beaucoup : (56) a. Elle n'y
pense plus guère. Cela équivaudrait cependant à faire de guère un auxiliaire négatif composite, c'est-à-dire à prédire sa compatibilité avec tous les autres auxiliaires composites et pas seulement avec plus. Or il semble qu'aucune des autres combinaisons imaginables ne soit franchement acceptable. Ici, toutefois, les jugements portés sur les phrases par les informateurs présentent des divergences considérables, de sorte qu'il est très difficile d'en conclure quoi que ce soit avec certitude. Tous les informateurs rejettent catégoriquement les phrases (57), où guère est combiné avec rien et jamais. L'unanimité n'est plus complète pour (58), et il semble que les phrases de (59) soient un peu meilleures que celles de (57) : (57) a. Ton fils
ne mange guère rien. (58) a. ?*Depuis
la mort de sa femme, il ne s'est guère montré nulle
part, Side 106
(59) a. ?Personne
n'y pense guère. Je ne trouve pas
d'explication à ces faits. Il faut noter que
le fait de considérer guère comme un adverbe de quantité
beaucoup C'est pourquoi il
me semble nécessaire de le ranger, provisoirement du
6.3. plusGaatone (1971,
180) a trouvé des exemples de plus un antéposé. Il
faudrait On peut avoir l'ordre plus jamais ou jamais plus, plus guère ou guère plus, tout comme on peut avoir encore aujourd'hui ou aujourd'hui encore, etc. Il s'agit là vraisemblablement d'un problème spécifique des adverbiaux temporels, et non d'un problème relevant des auxiliaires négatifs. 6.4. Positions postverbalesQuand il s'agit de quelques-unes des positions postverbales, l'analogie qu'on peut établir entre les auxiliaires négatifs composites et des entités positives n'est pas toujours totale. Quelquefois, et pour des raisons que je ne m'explique pas, les restrictions sur la position des entités positives sont moins sévères que celles qui pèsent sur leurs correspondants négatifs. La place normale du tout objet est avant le participe passé (cf. (44)), mais il est quand même possible de le placer, avec une insistance particulière, après le participe, alors que pour rien cela est complètement exclu, cf. (61) et Kaync 1975, 11 et 39: Side 107
(61) a. Raymond a
compris tout, C'est à tort que
la formulation de Blinkenberg 1928, 165, laisse entendre
que De même, ies
adverbes temporels encore et toujours peuvent, avec une
intonation (62) a. Il a été
encore inquiété par la police, (63) a. Pierre a
été toujours aimé de Marie, Pour rien et jamais pourtant, la restriction sur la position postparticipiale n'est pas aussi sévère que le font croire les exemples cités. En effet, on trouve, dans les textes littéraires, des exemples marginaux tels que Le dîner s'acheva sans qu'on eût dit rien à retenir (Maupassant, cit. Blinkenberg 1928, 165), Celle-ci n'avait ensuite conçu jamais qu' Albertine pût me quitter d'elle-même (Proust, cit. Gaatone 1971, 138). 7. ConclusionJ'espère avoir
montré que la théorie de l'encadrement, qui veut que les
deux Par contre, en faisant intervenir systématiquement la fonction syntaxique des auxiliaires négatifs, on arrive à un système qui n'a pas besoin de règles particulières pour rendre compte de la position des auxiliaires négatifs. Ceci, à une exception près, les adverbes de négation (pas, aucunement, nullement, guère), qui justement sont spécifiques des constructions négatives et n'ont pas de correspondants positifs, et qui, d'ailleurs, se distinguent des autres auxiliaires négatifs de plusieurs autres manières. A mon avis, ces résultats ont des conséquences non seulement sur le plan théorique, mais aussi sur le plan pratique, c'est-à-dire pour les grammaires pédagogiques. Car, dans l'état actuel des choses, il faut croire que, si les étudiants de français arrivent à maîtriser les constructions négatives, ce n'est pas grâce aux règles des grammaires, mais en dépit de ces mêmes règles. Cari Vïkner
Copenhague
Side 108
RésuméL'article propose
de répartir les auxiliaires négatifs dans les classes
suivantes: I. Simples
1. Adverbes de
négation: pas, aucunement, nullement, guère. IL Composites
2. Adverbes de
temps négatifs: plus, jamais. Pour le placement des adverbes de négation, il faut formuler des règles spécifiques. Pour les autres, il n'y a pas de règles spécifiques: ils se comportent comme des adverbes de temps ou de lieu positifs, et comme des pronoms indéfinis positifs. Les auxiliaires négatifs simples sont incompatibles avec d'autres auxiliaires négatifs, alors que les composites se combinent librement entre eux. Ces faits sont expliqués par les relations entre la structure profonde et les deux types d'auxiliaires négatifs. BibliographieBauche, Henri
(1946): Le langage populaire, Paris, Payot. Blinkenberg,
Andreas (1928): L'ordre des mots en français moderne,
Première partie, Blinkenberg,
Andreas (1933): L'ordre des mots en français moderne,
Deuxième partie, Ducrot, Oswald
(1972): Dire et ne pas dire. Principes de sémantique
linguistique, Paris, Caatone, David
(1971): Étude descriptive du système de la négation en
français contemporain, Grevisse, Maurice
(1964): Le Bon usage, Gembloux, Editions J. Duculot, 8e
édition. Hanse, Joseph
(1949): Dictionnaire des difficultés grammaticales et
lexicologiques, Kayne, Richard S.
(1975): French Syntax. The Transformational Cycle,
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Vikner (en préparation) «Nogle tidsadverbialer i moderne
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(1968): Grammaire pratique du français d'aujourd'hui.
Langue parlée, langue Muller, C.
(1975): «Remarques syntactico-sémantiques sur certains
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(1976): Une analyse non-transformationnelle des adverbes
en -ment, Revue Pedersen,
Spang-Hanssen, Vikner (1970): Fransk syntaks, Kobenhavn,
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Champion. Sten, Holger
(1938): Nœgtelserne i fransk. En historisk-syntaktisk
fremstilling, Kebenhavn, Stockwell,
Schachter, Partee (1973): The Major Syntactic Structures
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(1965): Fransk grammatik, Kobenhavn, Gyldendal. Wagner, R. L. et
J. Pinchón (1962): Grammaire du français classique et
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