Revue Romane, Bind 12 (1977) 2A propos d'un compte renduPalle Spore Side 327
Henrik Prebensen, de l'université de Copenhague, a honoré ma grammaire italienne (Italiensk Grammatik (Odense 1975)) d'un compte rendu très étoffé (Revue Romane XI (1976) 374-381). Bien que sa critique soit plutôt négative à l'égard du livre, il ne me viendrait pas à l'idée de la discuter. Pourtant, elle contient quelques affirmations bizarres; ainsi, à deux reprises, Prebensen m'accuse de donner des exemples tronqués. Il semble ignorer que sont dites tronquées les citations «séparées de leur contexte et prises dans un sens différent» (définition du Lexis, p. 1849). Les miennes étant marquéesdu signe (.. .), lequel indique clairement une omission, et le sens n'en étant pas à mon avis altéré, ne devraient pas entrer dans cette catégorie. De même, on y trouve certains reproches non explicités, p. ex.: «La confusion s'accroît du fait que Spore se trompe parfois dans ses analyses» (p. 381,1). Je ne doute pas que, dans l'énorme masse d'exemples que j'utilise, il ne se soit glissé quelques erreurs d'analyse - d'autant moins que le propre compte rendu de Prebensen, de dimension beaucoup plus modeste, n'en Side 328
est pas exempt - mais j'aurais aimé, je l'avoue, qu'il donnât des exemples de ces analyseserronées. En marge de cette critique, Prebensen aborde une série de problèmes théoriques qui mériteraient une discussion plus approfondie. Il en est conscient luimême,puisqu'il dit n'avoir «pas la même conception de la grammaire que Spore» (p. 376,2). Dans l'intérêt général des grammairiens, je propose qu'on examine d'un peu plus près les points essentiels qui nous séparent. Io J'ai appelé «déterminants» les indices de l'infinitif a, da, di, ce qui ne plaît pas à Prebensen à cause de l'homonymie - volontaire de mon côté, cela va sans dire - avec les déterminants du syntagme nominal. Mais Prebensen oublie que l'article défini iljlo peut en italien - contrairement à ce qui est le cas en français - occuper la même place que l'indice (surtout après con et iti), et qu'ils s'excluent réciproquement. Les placer dans la même catégorie syntactique est donc conforme aux principes structuralistes de l'école de Copenhague. 2° Je suis le premier à reconnaître qu'il est en apparence illogique de donner un contenu différent au syntagme verbal et au syntagme infinitif, ce dernier comprenant dans mon exposé également les membres nominaux qui dépendent de l'infinitif, tels l'objet direct, l'objet indirect, etc. (cf. p. 377). C'est une liberté queje me suis permise, rejoignant par là le point de vue de la Fransk Syntaks (John Pedersen, Ebbe Spang-Hanssen, Cari Vikner: Fransk Syntaks (Copenhague 1970)), laquelle, dans Je voulus rejoindre Bordeaux (p. 37, note), considère comme syntagme infinitif l'ensemble rejoindre Bordeaux. Bien sûr, le problème est beaucoup plus complexe, comme il ressort de ma communication au Vle Congrès des Romanistes Scandinaves tenu à Upsal en août 1975 (les Actes de ce congrès doivent être publiés dans le courant de l'année 1977), mais il a fallu simplifier en réduisant à un nombre abordable les quelque trente syntagmes existants. Autrement dit, nous avons là un des nombreux cas où il y a opposition entre scrupule scientifique et utilité pédagogique. Personne n'a encore réussi à accorder constamment ces deux exigences. 3° Prebensen me reproche de consacrer seulement sept pages au problème des prépositions. La raison en est simple: je considère - du moins sur le plan d'une grammaire générale - que le choix des prépositions est un problème essentiellement lexicologique et non grammatical. En revanche, l'emploi de di après telle préposition, lui, ressortit à la grammaire. Ici comme ailleurs, j'ai voulu réduire au minimum le point de vue sémantique, qui a trop encombré, voire faussé les grammaires d'autrefois. En lisant le compte rendu de Prebensen, on finit par croire qu'il aurait aimé voir une édition élargie de la célèbre grammaire italienne de Kristoffer Nyrop. Il s'est pourtant passé des choses, tant sur le plan linguistique que sur le plan pédagogique, depuis l'époque de Nyrop. Essayons donc de chercher de nouveaux chemins - même au risque de tomber dans des impasses - plutôt que de décourager les collègues dont les principes directeurs sont différents, et peut-être même moins traditionnels que ceux que prônent certains «modernistes». Odense
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