Revue Romane, Bind 11 (1976) 2

Dictionnaire étymologique de l'ancien français, publié par Kurt Baldinger avec la collaboration de Jean- Denis Gendron et Georges Straka: Fascicules G1-G3 [G - genoil], Index G1-G3, Complément bibliographique 1974. Presses de l'Université Laval, Québec, - Niemeyer, Tubingen, - Klincksieck, Paris, 1974; xliv p. + 504 col., vi p. + 134 col., xii p. + 145 col. Prix: $ 14 le fascicule.

B. Munk Olsen

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C'est sans trop de regrets qu'on retire des rayons le petit fascicule brun, provisoire et solitaire, du DEAF, sorti en hâte en 1971 à l'occasion du congrès de Québec (cf. le compte rendu qu'en a fait Povl Skàrup dans cette revue, t. VII (1972), p. 331-334), pour y mettre à la place les cinq nouveaux fascicules qui ont paru coup sur coup en 1974 et dont la couleur bleu céleste, plus gaie et plus optimiste, semble de bon augure pour cette grande entreprise

Les trois ans qui se sont écoulés depuis n'ont pas été perdus: l'équipe de Québec en a profité pour mettre au point la techniquede photo-composition, améliorer la présentation des articles et perfectionner le système des sigles, qui a maintenant trouvé sa forme définitive. Les articles du premier fascicule provisoire ont été soigneusementvérifiés et revus de près, ainsi qu'en témoignent les nombreuses additionset corrections qui ont été introduites dans ia seconde édition. Une attention particulière a été portée aux mots fantômes,qui ont eu la vie dure et dont une douzaine sont enterrés définitivement dans les trois premiers fascicules; en général,il s'agit de fautes de copie (gausseté pour fausseté, etc.), de fautes de lecture banales (gadué pour gadne, etc.) ou de

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variantes graphiques ou dialectales de mots parfaitement connus (p.ex., ganler = jangler dans le Roman de Renart, 8.334). L'innovation la plus importante est certainementque les rédacteurs se sont rendusà l'évidence pour constater qu'un «dictionnaire sans exemples est un squelette»et bien que le DEAF veuille être avant tout un dictionnaire linguistique comme le FEW (Franzôsisches etymologischesWôrterbuch de W. von Wartburg), les exemples, judicieusement choisis, se font de plus en plus nombreux à partir du second fascicule.

Même si les mots du dictionnaire ne sont pas réunis sous les étyma (comme c'est le cas pour le FEW) mais sous les mots d'ancien français qui en descendent directement, des index sont d'une grande utilité, surtout à cause des nombreux dérivés préfixés qui sont traités dans les articles, et à cause des variantes graphiques qui y sont inventoriées scrupuleusement et qui posent souvent des problèmes aux débutants. En plus de l'index de tous les mots d'ancien français traités ou cites dans les articles, avec des renvois aux mois qui constituent les en-tetes et, en principe, aussi aux tomes et aux colonnes du dictionnaire, le fascicule Index GJ-G3 comprend une liste des mots étrangers cités (latins, grecs, romans, germaniques, etc.) et une liste des étyma retenus, proposés ou rejetés. Comme l'équipe de rédaction a eu à souffrir elle-même du caractère fragmentaire et incomplet des index du FEW, elle en prévoit un nombre considérable pour le DEAF: index de chaque fascicule, index cumulatif probablement par cinq fascicules, index pour chaque tome et, enfin, un index pour l'ouvrage entier.

Le Complément bibliographique 1974 est la premiere ü'une serie de liâtes bibliographiquesqui seront mises à jour et publiées régulièrement, de manière que chaque nouvelle édition remplacera entièrementla

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trois premiers fascicules. On peut espérer qu'on tiendra compte également, dans les éditions à venir, des sigles de revues, qui ne sont donnés que très sporadiquement et qui ne sont pas toujours évidents.

Dans le prospectus qui annonçait, en 1971, la sortie du premier fascicule, les éditeurs avaient prudemment indiqué que le DEAF comprendrait «selon toute probabilité, au moins, quatre à cinq volumes de 1000 pages chacun, dont la parution s'échelonnera sur une dizaine d'années au minimum». Il faudra certainement prendre au pied de la lettre les restrictions «au moins» et «au minimum», les 250 pages des trois premiers fascicules nous ayant seulement menés, en trois ans, de G à genoil. Mais festina lente est une bonne devise pour la rédaction d'un dictionnaire et l'essentiel est que nous aurons un jour un instrument de travail digne de confiance et qui se rapprochera le plus possible d'un dictionnaire définitif de l'ancien français. Même s'il ne remplace peut-être pas le TL (pour l'aspect philologique) et le FEW (pour l'aspect linguistique), le DEAF sera sans aucun doute le dictionnaire qu'on consultera désormais en premier lieu, certain d'y trouver toujours des informations sûres et l'état actuel de la question.

Copenhague