Revue Romane, Bind 11 (1976) 1

Arne Halvorsen : Essai d'une analyse des formes dites 'de futur' en roumain moderne. Contributions norvégiennes aux études romanes, n° 3. Universitetsforlaget, Bergen - Oslo - Tromso, 1973. 80 p.

Povl Skårup

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L'ouvrage d'Arne Halvorsen se divise en
deux parties, une première partie théoriqueet
une seconde partie pratique ou

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empirique. Dans la partie théorique, A. H. s'applique à montrer que les types voi cìnta, oi cinta, o sa cînt et am sa cînt ne sont pas des formes verbales au même titre que cînt, cîntam, cintai, cîntasem, mais des groupes constitués par un verbe fini et un infinitif, ou une subordonnée introduite par sa, au même titre que pot cinta et pot sa cînt. A.H. identifie am dans am sá cint avec am dans am o carte, ce qui est évident, et il identifie aussi voi, oi et o avec vreau, ce qui est douteux du point de vue synchronique. Les auxiliaires seraient donc des formes du présent, et l'emploi des quatre groupes pour exprimer l'avenir serait «métaphorique». Si la rigueurde toute la discussion théorique laisse à désirer, nous avons là une réaction bienvenue contre une certaine tendance à traiter voi/oi cìnta et o/am sa cînt exclusivementcomme des unités. En décrivant ces constructions - et en général tous les signes composés - il faut faire deux choses : les analyser et décrire les autres emplois des mêmes composants et les autres signescomposés ayant une structure analogue,et il faut aussi décrire l'emploi du signe composé comme une unité. Certains grammairiens avaient un peu oublié la première chose.

De son côté, A.H. n'oublie pas la seconde chose. En effet, dans la dernière partie de son étude, il décrit l'emploi des quatre constructions dans un corpus recueilli à partir de deux romans et de treize pièces de théâtre modernes. Dans ce corpus, dont il souligne lui-même la faible étendue et le caractère littéraire, il a fait les observations suivantes: II n'y a pas constaté de différence régionale entre o sa cînt et am sa cînt, mais une différence nette selon les personnes grammaticales; le dernier type s'emploie surtout à la première et à la deuxième personne du singulier, moins souvent à la troisième pers. du sing. et du plur., et pas du tout à la première et à la deuxième pers. du pluriel. Le type voi cìnta est littéraire, mais dans le corpus d'A.H. il est employé «même dans les pièces de théâtre où les répliques sont supposées reproduire aussi fidèlement que possible la langue parlée» (p. 63). Dans la narration, les romanciers emploient surtout voi cìnta et o sa cìnt; dans les dialogues, on relève les quatre types, parmi lesquels o sa cînt est le plus fréquent. On emploie les quatre types aussi bien dans les propositions introduites par cînd et dacâ que dans les propositions principales. A.H. n'a pas pu constater de différence sémantique entre les quatre types (mais bien entre les trois personnes du sing. et du plur.).

C'est dans cette partie empirique que réside la valeur du livre. Il est vrai que le corpus étudié est trop restreint pour permettre des résultats définitifs, et A.H. le sait bien. Mais il suffit pour nous faire exiger des grammairiens qui contesteront les résultats provisoires d'A.H., qu'ils ne négligent pas de fonder les leurs sur des bases plus solides.

Ârhus