Revue Romane, Bind 9 (1974) 2Karl Peter Linder: Studien zur Verbalsyntax der altesten provenzalischen Urkunden und einiger anderer Texte mit einem Anhang uber das konditionale QUI. Tübinger Beitràge zur Linguistik 12. Tubingen 1970. XI ~\- 109 p.Michael Herslund
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La parution d'un livre consacré à l'étude
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fisante.L.a eu la bonne idée d'examiner, dans les chartes provençales, des structuressyntaxiques comportant le verbe jurar ou des verbes de sens apparenté (je les désignerai par JURAR), et des périphrasesdu type verbe modal + infinitif. Les constructions avec JURAR comportentsouvent le subjonctif dans la complétive,construction apparemment inconnue de l'ancien français, selon L. ; les exemplesdes chartes françaises cités p. 28 ont, en effet, tous le futur. Mais la constructionse trouve en français aussi : jurt e afit le vassal que l'ost maintienge e aint et guart (Troie, Tobler-Lommatsch 1878.30), Je vos an promet a devise que je me mete an vostre servise (Charr., T-L 1972.2). L. ne tire pas les conclusions qui, à mon sens, s'imposent après examen de ces constructions, à savoir qu'elles ne constituentqu'un cas particulier d'un ensemblede faits syntaxiques qui semblent montrerqu'un trait fondamental du subjonctif gallo-roman (nous voilà revenus à notre point de départ) est celui d'exprimer la futurité par rapport au verbe régissant fie premier chapitre est justement intitulé «Der Konjunktiv als Zeichen des Futurs»),point qui sera développé plus bas. Dans son examen des constructions avec JURAR, L. ne semble pas distinguer les deux types JURET que fos et JURET que sia (les deux sont traduits par «er schwor dass er sein werde») qui se trouvent combinés sous 3.3.1. et 3.3.2. Il semble présupposer le mécanisme de la consecutio temporum, ce qui n'est naturellement pas tout à fait faux, mais ce point de vue n'est pas entièrement correct non plus: il paraît toujours possible d'employer le présent. Je ne peux pas toujours être d'accord avec L. dans l'interprétation des détails; ainsi, dans l'exemple p. 27: Tot aizo vos donam e-us autorgam, per aras e per jase, que jamais re no-us queiram ni-us i demande m, nos ni om ni fe mena per nos (Chartes 379,8). L. voit dans la subordonnée une proposition modale (trad. par «ohne dass»). Mais les propositions modales n'ont pas d'ordinaire le subjonctif après une proposition positive, mais seulement après une négative : prov. e neis li fazian motas afliccions, que no-n la podían maure (Appel 119.71), anc.fr. En telle maniere errèrent parmi la mer lone tens que il ne savoient ou Dex les menoit (Queste 273.29), prov. Non es romazut aur ni argen nipeyras presiozas que tot non aiam manjat (Appel 118.23), anc.fr. gè croi que jamés dame ne ferroiz qu'il ne vos en souviengne (Mort Artu 174.39). 11 serait donc plus naturel d'interpréter cette subordonnée comme une complétive (anticipée par totaizo), vu le mécanisme JURAR que + subj. (futurité). Cette construction est vivante dans certains parlers occitans modernes {aquitain, gévaudanais, cf. note 1, p. 33). Ici, L. est sur les traces d'une généralisation importante que, malheureusement, il ne poursuit pas (les textes examinés ne sont sans doute pas favorables à une extension de l'analyse au-delà de JURAR). Comme je l'ai déjà signalé, un des traits fondamentaux du subjonctif en gallo-roman, c'est le sens de iutunte par rapport au verbe régissant. Cette hypothèse est corroborée par la syntaxe modale de prov. JURAR analysée par L. Mais à y regarder de plus près, on s'aperçoit que plutôt que d'un rapport temporel il s'agit bien d'un rapport présuppositionnel: l'indicatif exprime une présupposition positive (nécessairement «antérieure»), le subjonctif une présupposition négative ou absence de présupposition, cf. anc.fr. // cuida qu'il dormoit (Prés. : ' // dormait') / il cuida qu'il dormisi (Prés. : ' il ne dormait pas, il était mort, etc. ') ; prov. : mas il me fai cujar qu'avinen fos (Folquet de Marseille VII, 40, éd. Stronski, Cracovie 1910) / yeu eug que vos n'es cofraire (ib. XV, 50). La syntaxe modale du gallo-roman peut être schématisée (très approximativement):
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Dans cette perspective, la rection modale de JURAR n'est pas du tout aussi étrange que L. veut nous le faire croire. Et remarquons tout de suite que cet emploi du subjonctif se retrouve en ancien italien: Vi giuro che già mai non ruppi fede (Inf. 13.74: Prés.pos.), Giurato si sarìa cliel dicesse 'Ave!' (Purg. 10.40: Prés.nég.), et en ancien portugais : Me jurou que nunca se ja de mi partisse (cit. Huber, Altport. Elementarbuch § 464, Heidelberg 1933. Prés.négative: 'partiu'; sous forme positive puisque le posé est négatif {nunca)). Loin d'être un phénomène isolé, comme le prétend L., p. 23, le tour JURAR + subj. se trouve aussi dans la langue des troubadours. «Gegen Ende des 12. Jahrhunderts wurde unser System zum Ausdruck des Futurs nicht mchr verstanden » (L. p. 23). Mais voici un exemple relevé chez le troubadour Folquet de Marseille (1178-1231): aissi cum cel qua tot perdut e jura que mais non joc (X1,2). La plus grande partie du livre s'occupe des périphrases verbe modal -\- inf. Un des traits les plus intéressants, relevés dans cette étude, est l'emploi de dever + inf. au lieu du subjonctif simple: e prec vos que-m deiatz défendre als anemicx et a las enemigas (p. 59, Biograph. 386,15). Le tour semble très fréquent dans les Vidas des troubadours après pregar, et L. y voit une influence italienne (la langue des Vidas est, comme on le sait, teintée d'italianismes). L'appendice est consacré aux propositions introduites par qui à signification conditionnelle (= si Fon, si quelqu'un), et L. renonce, de parti pris, à trouver une explication à cette construction. Il se contente d'exposer ses matériaux et les différentes théories avancées à ce sujet. Ce qui est intéressant, c'est que le tour, si fréquent dans le style formulaire des chartes provençales (p. 103: E qui re vos i quería ni-us amparava, de ve m vos ne esser guirent a dreg (Chartes 192,9). Remarquez la coordination par ni: ce ne sont donc pas deux propositions relatives ordinaires), est totalement absent des chartes en latin, où l'on ne trouve que si quis, si ullus homo. Copenhague |