Revue Romane, Bind 9 (1974) 2

Oskar Pausch: Das ailteste italienischdeutsche Sprachbuch. Eine Uberlieferung aus dem Jahre 1424 nach Georg von Nurnberg. Mit 15 Abbildungen und 1 Karte. Wien 1972. Ôsterreichische Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-historische Klasse. Denkschriften, III Band. 332 pages.

Poul Høybye

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Sauf dans des procès-verbaux, il est rare de trouver des textes vénitiens du moyen âge en langue parlée. Les méthodes italoallemandes en fournissent bien davantage. La première publication de ce genre est Oscar Brenner: Ein altes italienisch-deutsches Sprachbuch (Bayerns Mundarten 11, 1893). Mais comme l'italien ne l'intéressait pas, ce dialectologue allemand omit la partie italienne des dialogues. J'ai cherché à combler partiellement cette lacune en publiant les dialogues italo-allemands du même manuscrit (Studi di filologia italiana 1964, pp. 167-204), laissant de côté la première partie qui contient le lexique et la morphologie.

Avec une belle édition complète du manuscrit-jumeau du même texte, Oskar Pausch vient maintenant de combler pour de bon cette lacune. La transcription diplomatique du texte est très soignée.

Malheureusement, le brave Maître Georges (Maistro Zorzi) est un homme très peu systématique. 11 mélange des chapitres lexicologiques et grammaticaux et, partout, il se permet de nombreuses digressions, d'ailleurs souvent très amusantes.

Ce qu'il y a de plus instructif et de plus attrayant, ce sont les dialogues (14 feuilles). La plupart des conversations roulent sur le commerce (surtout de tissus). Là, nous assistons aux discussions

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d'un Allemand, d'un jeune commerçant vénitien et d'un courtier. Ce sont des marchandages, des disputes, des plaisanteries,des taquineries, comme on en peut entendre encore à Venise.

La deuxième partie des dialogues traite de la vie des élèves à l'école et au dehors. Le maître a appris que les jeunes gens vont aux maisons de jeu, au lieu de rentrer sagement à la maison. {Qu'en disent vos pères ? - II ne nous posent pas de questions). Les étudiants s'amusent aussi avec les belles filles de Venise. L'un d'eux propose à ses camarades que chacun présente son amie ou qu'on ira aux bains ensemble.

Le plus beau morceau vient à la fin, lorsque Maistro Zorzi fait de la réclame pour son école. Il fait dire à un écolier que le maître est un homme très gentil, qui ne se fâche jamais.

C'est un manuel où, malgré le manque
de méthode, on peut encore apprendre
beaucoup de vénitien.

L'ouvrage du Dr. Pausch est avant tout une édition de texte. Mais il donne d'excellents commentaires pa.ïéugrdpliiqu.cs, sociologiques, géographiques, historiques, etc. Et i! approfondit ;üi«í l'étude du dialecte

La bibliographie (pp. 13-21) est très riche et semble pratiquement parlant exhaustive. Signalons pourtant une seule omission. Depuis 1873, le meilleur commentaire mentairedu texte en question est le chefd'œuvre de Adolf Mussarla: Beitrag zur Kunde der nord-italienischen Mundarten im XV. Jahrhunderte. Or OP ne mentionne pas que cet utile instrument de travail a été réédité, avec des index complets par Fritz Gysling (Aldo Forni, Bologna 1964).

Naturellement, cet ouvrage a besoin de suppléments et OP nous en a déjà donné beaucoup et il nous a promis de continuer ses études. Pour ma part, je compte publier prochainement un modeste supplément d'environ 450 lemmes, basé sur l'étude d'un plus grand choix de textes analogues de la même époque, surtout du manuscrit Pal. Lat. 1789 de la Bibliothèque Vaticane, qui a pour auteur un jeune duc Jean de Bavière, fils du prince électeur Otton ler et cousin du roi de Danemark Christophe de Bavière.

Il faut féliciter Oskar Pausch de son ouvrage, qui, sans doute, éveillera de l'intérêt pour le vénitien médiéval chez bien des jeunes romanistes et qui sera étudié par tous ceux qui s'occupent de ce dialecte, branche importante dans l'étude de l'italien.

Je me permets de renvoyer les curieux
au compte rendu plus détaillé que j'ai
publié dans Lingua Nostra.

Copenhague