Revue Romane, Bind 9 (1974) 2

Peter Behnstedt: Viens-tu? Est-ce que tu viens ? Tu viens ? Formen und Strukturen des direkten Fragesatzes im Franzôsischen. Tübinger Beitráge zur Linguistik, 1973. 325 p.

Knud Togeby

Side 315

Voici un livre vraiment utile, que je ne ferai guère que résumer, pour être utile à mon tour. Peter Behnstedt y établit, en se basant sur les enquêtes et statistiques d'autres auteurs, comme le Français Fondamental, Pohl, Renchon, Soli, et sur les siennes propres, le rapport qui existe entre les différentes constructions interrogatives directes du français parlé. Il distingue trois niveaux, langue populaire, langue familière et langue de la radio. Il aurait mieux fait de commencer par la langue familière, qui est une sorte de moyenne neutre, et c'est ce que je ferai dans mon résumé.

I. Dans la langue familière, les interrogations totales sont exprimées par la seule intonation: Tu viens? dans 90-95% des cas. Dans 3-8 % des cas on emploie Est-ce que tu viens ? L'inversion Viens-tu ? n'apparaît que sporadiquement. L'inversion complexe Ton père vient-il? étant totalement sortie de l'usage, elle est remplacé par l'interrogation segmentée: Ton père, il vient ?

Dans les interrogations partielles, l'ordre direct domine également. On a le type Où il est ? dans 47 % des cas, // est où? dans 32%. Il ne reste pour est-ce que que 13 %, pour Où c'est qu'il est ? 4%, et pour Où est-il? 4%.

L'ordre direct, Comment tu les trouves ? s'emploie surtout après pourquoi et comment. On ne l'utilise pas après quand, pour éviter la collision avec la proposition temporelle Quand il vient. . .

La postposition des pronoms interrogatifs, // est où?, se fait surtout avec combien, quand, quoi, rarement avec comment, pas du tout avec pourquoi.

La périphrase est-ce que se met surtout
après où et quand, qui sont seuls à se
construire avec c'est que.

L'inversion Où est-il? a été conservée surtout dans des expressions toutes faites introduites par comment: Comment allezvous ? Elle est relativement fréquente après où: Où vas-tu?

L'inversion nominale, Où est ma valise ?, est rare, mais nécessaire après quel: Quel est ton horaire ?, à moins de tourner la question autrement pour éviter le mot quel. L'inversion complexe, Où tes parents habitent-ils?, a totalement disparu dì la langue familière.

11. La langue populaire ne se distingue que légèrement de la norme de la langue íamüiere. Dans ie;> interrogations totales, l'intonation exprime la question dans plus de 95 % des cas. On se sert parfois ds est-ce que, tandis que l'inversion est presque totalement abandonnée. La forme -ti, dont on a cru qu'elle allait se généraliser, n'existe pas dans la langue populaire, mais seulement dans des parlers régionaux.

Dans les interrogations partielles, le type Où qu'il est? est presque aussi fréquent que Où il est ? Ce que, dont l'origine est mal éclaircie, s'emploie surtout après pourquoi, quel. . „ comment, combien, qui, moins souvent après où et quand.

111. La langue de la radio est une langue littéraire. Cependant, l'interrogationexprimée par la seule intonation dominetoujours avec 41 %. suivie de est-ce

Side 316

que 39 %, et de l'inversion 20 %. Et dans ce dernier cas, l'inversion complexe, qui n'existe pas dans la langue familière, est tout aussi fréquente que l'inversion simplementpronominale. L'inversion s'emploiesurtout à la 3e personne, au présent et au futur (!), et avec des formes verbales à une ou deux syllabes.

Copenhague