Revue Romane, Bind 9 (1974) 2

Bengt Hasselrot: Etude sur la vitalité de la formation diminutive française au XXe siècle. Studia Romanica Upsaliensia 8, Uppsala, 1972. 112 p.

Knud Togeby

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La vitalité des études romanes en Suède au XXe siècle est chose bien connue. Vers le milieu du siècle elles ftorissaient à Gòteborg autour de Michaëlsson, à Lund autour de Lombard, à Stockholm autour de Tilander, et à Upsal autour de Hasselrot. Ce dernier, après s'être fait des élèves et des amis au Danemark au cours des années 40, avait célébré le tournant du demisiècle en revenant à son cher Upsal. Il y publia, en 1957, ses «Etudes sur la formation diminutive dans les langues romanes», qu'il fait suivre maintenant d'une «Etude sur la vitalité de la formation diminutive française au XXe siècle», huitième volume de la série de Studia Romanica Upsaliensia, quïi édite depuis 1961.

BH est moitié suédois, moitié suisse, moitié danois - l'addition de ces fractions donnera la preuve de sa vitalité. Et il écrit dans un français délicieux, qui pourrait le faire prendre pour un natif de l'hexagone. Il s'en sert pour parler, avec un scepticisme souriant, de tous ces linguistes modernes qui croient avoir trouvé la solution définitive de la linguistique, les structuralistes et les générativistes-transformationnistes. C'est surtout Jean Dubois qui est servi cette fois-ci.

BH s'est fait le botaniste des diminutifs français qu'il cueille depuis de longues années dans un champ d'un milliard et demi de mots, et dont il a pu rassembler 500 cas. Depuis son premier grand ouvrage sur les diminutifs romans, en 1957, BH a récolté 139 nouveaux diminutifs véritables en -et(te), ce qui prouve que, malgré les fréquents bulletins de mauvaise santé, la formation diminutive française reste vivante et même bien portante.

Et ce chiffre est d'autant plus impressionnant que, depuis les années 60, le suffixe diminutif doit subir la concurrence du préfixe diminutif mini-. Cette concurrence est d'ailleurs une preuve supplémentaire de l'équivalence systématique du préfixe et du diminutif, qui sont tous les deux des dérivatifs homogènes, sans influence sur la base, par opposition au suffixe proprement dit, qui fait passer la base d'une partie du discours à l'autre. Chose amusante, de même qu'on peut mettre petite devant -ette, on peut combiner les deux dérivatifs diminutifs en concurrence. BH. reproduit dans son texte une publicité pour la mini-poubelette - mot qui ne figure pas dans sa liste complète des diminutifs en -et(te) !

Parmi les diminutifs, BH ne compte, logiquement, que ceux qui indiquent vraiment la petitesse. Il n'enregistre donc ni majorette ni midinette ni nuisette ni balancette (Albertine Sarrazin, La Cavale 13).

J'aurais aimé apporter, en hommage à BH, de l'eau à sa moulinette, mais c'est un tantinet duret. Voici quand même deux exemples qui pourraient peut-être lui faire plaisir. Pour BH, menotte n'est pas un diminutif, le mot ne signifiant pas «petite main». Or, c'est bien ce sens qui ressort de l'exemple suivant: la menotte d'Eveline dans ma main (Merle, Malevil,

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1972, p. 329). Et BH a cherché en vain sallette, mais en voici un exemple: ce champignonnement de salles et sallettes qui métamorphosent aujourd'hui le Quartier Latin en cinémathèque permanente (Bory, Nouvelles Littéraires 3-9-73, p. 2).

Copenhague