Revue Romane, Bind 9 (1974) 2ARGILE. Cahiers trimestriels. Maeght éditeur, Paris. Le numéro: 25 F. (étranger 26 F.). Abonnement annuel: 75 F. (étranger 78 F.).François Marchetti Dans un pays où l'on dit qu'il y a seulement 5000 lecteurs de poésie pour 50.000 poètes, il paraît hasardeux d'augmenter d'une unité un nombre déjà considérable de revues poétiques, dont beaucoup sont d'intérêt purement local et ne doivent leur survie qu'à l'aide de l'Etat. C'est pourquoi Claude Estéban et Jean-Claude Schneider ont voulu voir différemment et aller pius iuiu. En créant Argile, ils ont tenu à faire, à côte de la poésie française contemporaine, une lartre place aux poésies étrangère;, actuelles, présentées dans leur langue originale avec la traduction française en regard. Il me semble que jusqu'à présent seule Poésie Vivante avait adopté une solution comparable. Argile se propose de servir une poésie sans frontières, mais qui ne soit ni grammairienne, ni engagée (ou seulement engagée). De plus, elle cherche à établir une continuité entre l'écriture et les arts graphiques. En ce sens, Argile n'est pas une simple revue poétique illustrée, mais un véritable livre d'art où l'illustration est poème au même titre que le texte. Pour mieux renforcer cette impression, les illustrations (dessins, tn^rci, etc.) sont groupées par auteur en des suites «poétiques» qui font contraste avec les textes sans nuire à l'harmonie de Tensembie. Les deux premiers numéros publiés répondent parfaitement aux ambitions des deux fondateurs, l'un et l'autre poètes et traducteurs de grand talent. J'ai relevé dans le rT 1 des inédits de René Char et de Martin Heidegger, d'admirables traductions de Yeats par Yves Bonnefoy, des poèmes sensibles et vigoureux de Claude Esteban et de Jean-Claude Schneider, huit beaux dessins inédits de Georges Braque et des encres très évocatrices d'Arpad Szenes. Le n° 2 m'a paru encore plus réussi: une suite poétique de Jorge Guillen (trad. par Claude Esteban), des dessins de Tiian Gris, des notes inédites sur la poésie par Pierre Reverdy, des textes de Rosmarie Waldrop (trad. par Roger Chiroux), d'Eugenio Montale (trad. par Claude Esteban) et de Max Hòlzer (trad. par Henri Thomas), des poèmes de Bernard Noël et des graphismes de Palazuelo. Par sa portée internationale, Argile est notamment appelée à prendre la relève de Botteghe oscure, qui publiait des textes étrangers, mais sans en donner la traduction. La présentation luxueuse, la grande qualité textuelle et iconographique, le goût et l'intelligence qui président à la conception de chaque numéro, autant d'atouts pour Argile, qui, malheureusement, coûte cher. Mais n'est-ce pas un corollaire de toutes les qualités qui en font le prix? Copenhague |