Revue Romane, Bind 9 (1974) 2

Contexte et liberté

Uno scrittore che non si occupi della donna non sarà mai letto da nessuno.

Jørgen Schmitt Jensen

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(Brancatil)

Dans son article Vorrei una moglie che mi amasse. Rection secondaire!2, Lennart Carlsson examine et critique l'analyse que je propose dans mon livre sur le subjonctif italien3, à propos d'un type de constructions relatives. Je lui suis reconnaissant d'avoir ainsi relevé des points qui me paraissent très importants et d'un intérêt assez général, en m'offrant la possibilité de les préciser - et de dissiper, en même temps, quelques malentendus. Je dois m'excuser un peu du manque de modestie que je montrerai, dans ce qui suit, en me citant parfois moi-même, et en reprenant des analyses et des idées que j'ai déjà traitées ailleurs, - mais l'article de LC m'y invite, les points d'interrogation parsemés dans sa discussion demandent une réponse - et sa grande préoccupation, bien connue, du rôle de la sémantique exige une explication. Cette préoccupation semble en effet presque être un souci pour la liberté de l'homme vis-à-vis d'un prétendu esclavage que veulent lui imposer des formalistes désireux de tout réduire à un mécanisme horizontal aveugle, absurde, et ennemi de tout sens libre et vertical. Cette peur profonde est probablement la raison pour laquelle LC n'a pas vu que ce qui me préoccupe le plus, dans le livre cité, c'est justement de dégager les mécanismes qui permettent au locuteur d'exprimer le sens qu'il choisit, de sorte que son interlocuteur puisse saisir exactement la nuance qu'il a voulu exprimer.

Il s'agit donc ici du rôle du subjonctif dans des constructions italiennes du type:
vorrei una moglie che mi amasse, immagino una lettera che suoni così, temo una lettera
che suoni così, (mais non pas *è una lettera che suoni così).

Avant d'aborder les deux questions qui se posent (quand peut-on mettre le subjonctif?et: qu'est-ce qu'on peut obtenir en l'employant?), il faut bien souligner - comme je l'ai fait dans S&H - que là où l'on peut mettre le subjonctif, il y a, en principe, dans une large mesure un choix, bien que, dans certains contextes, l'un ou l'autre mode soit plus ou moins de mise. Nous avons ici une situation assez analogue à celle du choix modal après comprendre, p. ex., qui tout en étant en principe libre, peut être conditionné par le contexte. Je ne pense pas tellement, à cet égard, aux contraintes «formelles» décrites par Boysen4, mais davantage aux facteurs «sémantiques» du contexte, difficilement formalisables au delà d'une certaine limite, qui montrent que comprendre a son sens «subjectif» (|| + subj.) ou son sens plus «objectif» (|| + ind.). C'est justement grâce à la présence de ces facteurs indiquant déjà le sens général de l'énoncé que nous sommes capables, dans de nombreux passages, d'analyser nos exemples en décrivant le sens qu'a comprendre + le subj. ou comprendre + l'ind. Il y



1: Cit. JSJ, op. cit. infra, p. 549.

2: Revue Romane, tome VIII (1973), pp. 26-33.

3: Subjonctif et hypotaxe en italien. Une esquisse de la syntaxe du subjonctif dans les propositions subordonnées en italien contemporain. Odense 1970. Sera par la suite abrégé à S&H.

4: Gerhard Boysen: Subjonctif et hiérarchie. Odense, 1971.

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a liberté, oui, mais le choix du sens général est souvent fait bien «avant » qu'on n'arrive au mode de la subordonnée. Tout comme c'est seulement dans les limites du contexte déjà existant qu'un verbe comme comprendre peut «régir» deux modes différents, en insistant ainsi sur l'une ou l'autre de deux nuances différentes, et tout comme certaines prépositions dans certaines langues peuvent «régir» deux cas différents correspondant à deux (ou plusieurs) sens différents uniquement si le sens produit n'est pas en contradictionavec celui du reste du passage, de même il y a aussi des limites contextuelles pour le choix modal dans une relative italienne. On peut, en y mettant le subjonctif, la rattacher à une racine dans la principale en produisant ainsi une nuance ou un sens spécifique dépendant de la racine en question. Mais il y a grosso modo les mêmes restrictionsque dans le cas de comprendre «régissant» deux modes et des prépositions «régissant»deux cas. - On a vu que j'ai mis «régissant» et «régir» entre guillemets, et la raison en est que la signification du terme régir comporte souvent une contrainte absolue: vouloir régit le subjonctif, cum régit l'ablatif, etc. C'est pourquoi le terme régir peut être ambigu à propos de comprendre, in, etc. (si l'on parle du système et non d'un contexte défini, mais même là le terme peut être peu heureuxj. Voilà, d'ailleurs, un des motifs pour lesquels, dans S&H, j'ai préféré parier d'une subordination secondaire (ou mieux: supplémentaire) à propos du type italien en question plutôt que d'une «rection secondaire». Là où, pour d'autres raisons, j'emploie le terme rection secondaire,c'est normalement entre guillemets: II y a justement, je le répète, souvent un choix, avec les réserves quant au sens général faites ci-dessus! Il n'y a pas «servitude grammaticale», il n'y a pas automatisme complet, ce qui ressort très nettement de nombreux passages du chapitre en questions.

Dans les pages suivantes, je me bornerai à esquisser très brièvement mes analyses du jeu modal dans nos propositions, tout en renvoyant à S&H pour les détails et pour Voptique choisie eu général, et ensuite je répondrai à la critique de ï C J'espère que la discussion aura un certain intérêt aussi pour d'autres personnes, à plus forte raison si, comme je !c crois, elle aboutit à quelque chose: Je dois avouer que j'ai l'impression - peut-être erronée - que notre désaccord n'est pas aussi grand que LC aime le laisser paraître. Sa remarque finale6 le suggère.

Passons maintenant aux deux problèmes formulés plus haut: quelles sont les conditions pour l'emploi du subjonctif et quels sont les résultats produits par ce mode dans les relatives italiennes du type : Vorrei una moglie che mi amasse ? - En italien, la propositionrelative adjective est normalement à l'indicatif. A part quelques cas spéciaux, types figés7, le subjonctif apparaît dans trois catégories de constructions: I: Le type £" il miglior libro che abbia mai scrittoß, où le subjonctif est en rapport avec un antécédentcontenant un superlatif ou une expression superlative. II: La catégorie dont nous nous occupons ici: Vorrei una moglie che mi amasse, dans laquelle je groupe aussi es types un servo che mi mancasse di rispetto, lo guarderei senza dispetto et le [sue]



8: Cf. Lennart Carlsson: Le type C'est le meilleur livre qu'il ait jamais écrit, en espagnol, en italien et en français Upsal. 1969.

5: Cf. p. ex. pp. 540, 546, 552, 554, 556, 574-582.

6: Art. cit., R.R. VIII (1973), p. 33.

7: S&H, pp. 583-586.

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labbra erano fredde come quelle di una bambina che abbia fatto una corsa (voir ci-dessous et S&H pp. 549 et 551). Ili: Les relatives après une principale négative, interrogative ou hypothétique: non c'è nessuno che ci senta.lAvete mai incontrato un toscano che sia contento di sé?/se si trovasse un grande regista che facesse. . . (Cf. S&H pp. 556-562) (cette catégorie appartient en dernier lieu à II).

Il est évident que le subjonctif dans I et 111 est rendu possible (nécessaire, éventuellement)
par un élément dans la principale. Pour moi, il est évident que c'est aussi le cas,
dans 11. Voici pourquoi:

(1): Le subjonctif n'est pas indépendant du verbe principal, cf.:

(a) Aspetto una lettera che suoni così

(b) Temo una lettera che suoni così

(e) Immaggino una lettera che suoni così

tandis que, sans autres éléments subjonctivigènes dans le contexte:

(d) *-E' una lettera che suoni così
est impossible (Cf. S&H, p. 67).

C'est visiblement aspettare, temere, immaginare, qui, dans une complétive sont suivis
du subjonctif, qui permettent ce mode dans la relative.

(2) : La sémantique spécifique de chaque construction : Le sens produit par le subjoncti f n'est pas un sens final (- ou «comparatif-hypothétique»9) dans tous ces cas. Le sens de la construction dépend de la sémantique du verbe auquel, par le subjonctif, est liée étroitement la relative.lo

Heureusement, l'auditeur connaît ce système, il n'est pas forcé de choisir plus ou moins par hasard entre tous les sens qu'on trouve dans des contextes au subjonctif (et qu'on attribue souvent, comme LC, art. cit., à ce mode même). Il «sait» que l'importance du verbe principal est absolue. Celui-ci crée la possibilité d'établir une dépendance secondaire entre la relative et le verbe principal en subordonnant celle-là d'une façon supplémentaire à celui-ci. A part sa fonction adjective, la relative prend ainsi, en second lieu, une fonction de complétive. Et ceci est possible grâce au subjonctif qui indique qu'un tel rapport entre le verbe principal et la relative a été établi. Grâce à ce moyen fonctionnel et à la présence d'un verbe régissant le subjonctif, dans la principale, il y a un (certain) choix (dans le sens adopté ici!) entre une relative «empreinte» du sens du verbe principal (de la racine principale) par le fait syntaxique de la subordination supplémentaire, établi par un subjonctif, et une relative sans une telle dépendance syntaxique - et par là sémantique- C'est là la «rection» secondaire. Qu'on me permette d'illustrer le mécanisme par une citation de S&H (pp. 103-104):

«Nous nous bornerons à citer trois exemples-types de cette fonction double que peut avoir une relative comme remplissage d'une place émise par un substantif (relativité ¡| l'adjectif) et comme remplissage «à moitié» d'une place émise par un verbe (complétivité :¡ un substantif) - place qui, du reste, en général contient déjà un remplissage «plein»: nel pomeriggio Garofolo ci pensava ancora e concluse di cercare una di quelle della strada, che, anche per l'avvenire, fosse a



9: Cf. LC, art. cit., p. 33.

10: Cf. la citation que fait LC de S&H dans son article, RR VIII, pp. 27 (S&H, p. 532)

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portata dei mezzi a"Amelio (Pavese, Racconti, 262). Le subjonctif, fosse, indique que la relative a un rapport supplémentaire avec cercare qui produit ce subjonctif. C'est un type qu'on conçoit normalement comme une «relative finale», dont le mode est le résultat d'une «rection verticale», c'est-à-dire d'une influence libre, sémantique, comme le subjonctif des principales.

Cf. si illuse di essere un gattopardo imponente dal pelo liscio e profumato che si preparasse a sbranare uno sciacalletto timoroso (Lampcdusa, Gattopardo, 149). L'effet sémantique de la subordination supplémentaire à si illuse, établi par le subjonctif, n'est plus - comme dans Pav. 262, une finalité - mais une non-réalité, une partie de son illusion. C'est que dans le premier cas le subjonctif- purement formel - attache la relative à cercare, de sorte qu'elle devient bien finale, tandis que, dans la dernière phrase c'est si illuse qui donne la nuance obtenue à travers le subjonctif, qui n'est qu'un moyen pour établir ce «contact sémantique». Le résultat sémantique peut être illustré à peu près ainsi: e si illuse che questo gattopardo sì preparasse...»

Et à propos du type un servo che mi mancasse di rispetto

«Un nexus peut être subordonné au verbal comme un adverbial (de phrase, c.-à-d. comme un membre primaire) par le subjonctif seul: succedesse a me sarei rovinato (Pratolini Scialo 387). Le conditionnel précise la condition-hypothèse. (Pour plus de détails, voir le traitement de la spécialisation des divers membres primaires en forme de phrase pg. 348 sv.).

Une relative peut aussi, dans certaines conditions, avoir le rôle supplémentaire d'un adverbial de phrase: «un servo che mi mancasse di rispetto nel modo più triviale, lo guarderei con minor disprezzo di corne Sangiorgi guardb Neri (Pratolini Scialo 609). Le subjonctif établit ce rapport supplémentaire - et comme il n'y a pas de racines dans la principale qui puissent provoquer ce subjonctif - autrement dit: comme la relative ne peut pas avoir la fonction supplémentaire d'un sujet, d'un ob|et, etc. — elle tomoe <acii sctuml li^u// Jaao la. place de l'adverbial de phrase. Le conditionnel et le fait que la relative précède le verbe principal, sont d'autres facteurs qui, ici, contribuent à assurer cette situation syntaxique.

Nous pouvons expliquer le résultat sémantique par la phrase suivante: mi mancasse
un servo di rispetto. . „ lo guarderei. . . »

Le mécanisme est le même que tout à l'heure: il y a subordination supplémentaire

Ajoutons qu'on n'a pas toujours le conditionnel dans la principale, cf.: Un funerale al quale prenda parte un toscano diventa un rito ironico (Malaparte, cit. S&H, 549). Cf. : prenda parte a un funerale un toscano, diventa un rito ironico. : A cause de la combinaison «normale» (succedesse a me sarei rovinato), où l'adverbiale au subjonctif entre dans une hypothèse créée par le conditionnel, le subjonctif dans Lo aspetterò, dovessero passare altri tre anni (Cassola, cit. S&H, p. 351), «induit» une valeur conditionnelle dans le verbe principal, qui pour d'autres raisons est à une forme autre que le conditionnel (résultat sémantique: Lo aspetterò - e lo aspetterei anche. . .). (Cf. S&H, pp. 350-351 et 381). Le même mécanisme se retrouve dans les relatives qui forment, d'une façon secondaire une construction conditionnelle: prenda parte un toscano +Un funerale al quale prende parte... :Un funerale al quale prenda parte un toscano, diventa. . . De même la citation de Branoaii que j'ai mise en tête de cet article.

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On trouve aussi des relatives affirmatives au subjonctif après des verbes qui ne peuvent pas, normalement, régir une complétive. Par conséquent, on ne peut pas caractériser ces verbes comme des verbes régissant le subjonctif: Comprerai anche libri e giornali che parlino di lui (Brancati, cit. S&H, p. 539). Pianterò l'albero di Nata/e sulla fossa fresca d'un bambino morto. Un albero che nasconda tra i rami tante fiamelle nere. (Répaci, cit. S&H, p. 539). A première vue, on pourrait évidemment conclure de ces exemples que le subjonctif, après tout, est libre, «vertical», c'est-à-dire: non «régi» de terme à terme, mais mis indépendamment de toute «rection» pour exprimer par lui-même une finalité. Or nous savons que n'importe quel verbe, dans la principale, ne permettrait pas, à lui seul, un tel subjonctif, - et nous savons que le sens, ici nettement final, ou: intentionnel, n'est pas le seul possible, dans ces relatives. Quoi donc de plus naturel, d'après nos expériences précédentes, que d'y voir une subordination supplémentaire, établie à l'aide du subjonctif (purement fonctionnel) à la racine du verbe principal? Pour comprare, on arriverait encore à construire une complétive prouvant sa rection subjonctive {Compra pure gli impieghi. leri ha pagata la somma di 5 millioni! - E che cosa ha comprato ? - Ha comprato che suo figlio fosse consulente delle società ABC. Exemple construit. (Voir S&H, p. 538-539). Pour piantare ce n'est guère possible. - Nous pouvons constater que, dans ces cas, il s'agit surtout de verba faciendi, et que le sens global correspond à celui qu'on aurait eu si le verbe faire s'était trouvé dans la principale. Quoi de plus naturel, alors, que d'analyser, très grossièrement, la racine de ces verbes comme fare + «quelque chose» (= p. ex. piantare), en supposant que c'est le sème fare qui provoque (peut provoquer) le subjonctif dans la relative? fare régit justement le subjonctif (cf.: Un tic, . . „ faceva che volgesse o alzasse a ogni attimo il capo. . . [A. M. Ortese, cit. S&H, p. 140]). Une telle analyse «sémique» expliquerait aussi le sens produit par le subjonctif: «... .et faire que, faire de telle sorte que. . . ». (Voir aussi la discussion, S&H, pp. 538-540).

Lennart Carlsson traite cette explication et d'autres du même type de subterfuges
{art. cit., p. 30). Pour moi, c'est simplement se rendre à l'évidence - étant donné le
sens produit et la possibilité modale créée.

Je laisse ici de côté toutes les questions concernant le caractère «indéfini» ou «défini» de l'antécédent des relatives sujettes à subordination supplémentairell. Je me bornerai à citer quelques cas qui montrent les effets qu'on peut obtenir par le choix modal dans le type qui nous intéresse ici:

Allora ebbi per la prima volta l'impressione che qualcosa mi trascinasse via coi
miei pensieri e i miei sentimenti che non volevo più partecipare ad alcuno.
(Alba de Céspedes, Invito a pranzo 74)

La relative n'est pas subordonnée spécialement à l'impressione, elle ne fait pas
partie de l'impression - on présente comme un fait objectif que «non volevo
più participare i miei sentimenti ad alcuno ».

L'indicatif «rompt» également l'impression subjective dans la deuxième relative
de l'exemple suivant:

Gli pareva che la signora fosse lontanissima, in mezzo al tramonto della laguna,
e con un dito sulle labbra lo invitasse su, a un treno che attraversava le nuvole.
(Vittorini, Piccola borghesia, 147)



11: Cf. S&H, pp. 574-581.

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Le subjonctif aurait été naturel, mais la relative devient ici plus indépendante. La scène se passe dans un train qui longe des lagunes. Sur la valise de la dame, on voit des images de nuages et de lagunes. Nous sommes en train de rentrer dans ce qui est décrit comme réel, indépendamment de pareva. L'indicatif coupe. Deux exemples parallèles:

e riprese come se non parlasse di sé, ma decifrasse immagini che vedesse comporsi
e scomporsi nella brace. (Alba de Cés. 73):

la relative est subordonnée à come (se), d'une façon supplémentaire.
Qui è come se ci fosse qualcosa che fa diventare tutti cattivi, tutti sospettosi.
(Alba de Cés. 45):

[qualcosa che. . .]: c'est une unité, traitée comme «un facteur rendant méchant, etc.». Remarquez le presente fa. Autre nuance, un peu différente, mais possible: l'interruption de la subordination (supplémentaire) à corne se après qualcosa donne pour résultat que, indépendamment du reste, il est indiqué qu'on devient réellement cattivi e sospettosi, et c'est «corne se ci fosse qualcosa» qui provoque ce procès. On voit que c'est l'existence ou non d'une subordination supplémentaire qui produit les différentes nuances sémantiques.

Chez le même auteur nous trouvons un cas où la première relative n'est pas
spécialement subordonnée à un élément subjonctif, tandis que la seconde l'est
nettement (subordination supplémentaire à sperando) :

indaga con lo sguardo aguzzo, le narici dilatate, fruga, annusa, sperando di
trovare qualcosa che non va e che possa essere attribuito alla trascuratezza di
Celeste, alle sua fretta di uscire, di scappare. (Alba de Cés. 80)

(Qualcosa che non va = qualcosa di sbagliato.)

Terminons par un exemple à l'indicatif où l'on aurait attendu un subjonctif:
temeva d'aver faiio qualche altra v-o=>a che non gli andava b;ne. (Parise, Prete 197)

II paraît que l'indicatif ne comporte aucun changement de sens. Il est «plutôt
populaire « (Cit S&H. nn

Après cet exposé sommaire de mes analyses, je répondrai aux questions et aux critiques avancées par LC dans son article. - II présente d'abord une série d'exemples auxquels «ce principe d'explication. . . peut être appliqué avec profit». Aucune raison de les discuter. Ensuite, il cite quelques cas où le verbe principal est un verbum faciendi du type construire (et même far costruirei), en citant l'explication proposée ci-dessus, tout en déclarant «n'être pas pleinement convaincu». De là il passe aux cas où, à son avis, on arrive aux subterfuges, à savoir là où je prétends que la préposition con peut établir une possibilité de subjonctif dans la relative, parallèlement à celle qu'établissent per et senza. Au lieu de reproduire ici le trop bref résumé que fait LC de ces analyses, je citerai directement le passage en question de S&H (p. 555):

11) « Rection » supplémentaire des prépositions :
per:

Remo frugava in dispensa per scovare qualche cosetta che potesse servire a
stuzzicare i denti nell'attesa. (Palazzeschi, Sorelle, 236)

senza:

Pin farà il pariigiauo pcr conlo suo, con. la sua. pistola, scnza nessuno che gli
storca le braccia fino quasi a rompergliele. CCalvino. Sentiero, 198) . . .

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con :

(guère réalisable avec une complétive directe).

Felice, come tutte le dame torinesi, di parlare ogni tanto in francasse e di

mangiare Terre, la Vietti sospirò con un istintivo gargarismo che avesse anche
esso qualcosa di gallico. (Soldati 117)

(¡| facendo un istintivo gargarismo e facendo che avesse/procurando che avesse.

Pur des remplacements, on peut montrer qu'il y a une subordination supplémentaire
à con, et une «traduction» de con avec facendo montre le résultat
sémantique (consécutive finale) et illustre la mécanique de 3), pg. 538.

même:

E questa c stuta la sua forza. Contraddirc quclla ch'cra Fapparenza d'un prcmio
da ostcria cou una scelta serissima che rivelasse o confermasse uno scrittore.
(Répaci 119)

Per (cf. cercare) et senza (négation) ne choqueront personne. Pourquoi alors con (cf. fare)? Cette préposition n'est pas réalisée dans une construction conjonctionnelle (comme perché, senza che), tout comme certains verbes ne peuvent pas régir une coni plétive, mais cela n'empêche pas du tout qu'elle puisse avoir une «rection» modale dans une autre construction.

Suivent chez LC trois exemples, dont le premier est du type «fare + » {prendere) :
A diciotto anni, infine, prese di nuovo qualche lezione che lo aiutasse specialmente
nella parte tecnica (Epoca).
- Cf. . . .fece . . . degli studi che lo aiutassero....

On peut naturellement penser que l'explication est «tirée par les cheveux». Mais les
faits sont là: possibilité du subjonctif- sémantique globale plutôt finale!

Le deuxième représente la valeur finale produite souvent par les verbes de mouvement
(-F- action verbale):

Per due mesi, Johnston e Ridgway girarono tutta l'lnghilterra consultando esperti
che dessero loro consigli tecnici sullo scafo e le attrezzature (Tempo).

Girare + consultando correspond approximativement à girare per consultare, ce qui peut être formalisé (généralisé^ par: verbe de mouvement h gérondifl2. On n'a pas besoin de subterfuges ici - et notons en passant que l'importance décisive du verbe de mouvement ressort du fait que *consultarono esperti . . . che dessero est agrammatical: ici seul l'indicatif est possible: consultarono esperti che davano!diedero. . .13

I.e troisième exemple est, je l'avoue, gên

Culle, lettiní . . . occupavano pareti inadatte, angoli da cui una porta o una

finestra fossero più o meno visibili (Anna Banti, La casa piccola, p. 38).

Le subjonctif, fossero, de la relative ne dépend pas directement d'un élément précédent
dans la principale, et se trouve être, par conséquent, un subjonctif libre, «vertical».



12: Pour l'effet modal («final») spécial des verbes de mouvement, voir aussi S&H, p. 375.

13: 11 faut pourtant reconnaître qu'un imparfait: consultavano . . .che dessero . . „ dans un contexte qui confère à ce verbe une valeur de cercare, n'est pas tout à fait exclu (un peu comme «fare — »).

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Pourtant, ce n'est pas un cas tout à fait normal. C'est de l'italien, mais cela représente une syntaxe extrêmement «comprimée». C'est seulement dans un contexte plus large (presque toute la page qui précède cette phrase), qu'un Italien a réussi à comprendre, sa première réaction ayant été de croire qu'«il manquait quelque chose dans la construction». Comme un subjonctif normalement présuppose un verbe régissant qui permette d'établir une subordination supplémentaire, et comme la solution adverbiale («hypothétique») est exclue {occupavano et fossero visibili ne peuvent pas - ici - être combinés dans une construction conditionnelle, bien que, à première vue, on «essaie» réellement cette solution pour résoudre l'énigme), le subjonctif, ici, fait «supposer» la présence d'une tournure comme p. ex. / figli avevano messo culle etc. . . . in modo che occupassero (pareti inadatte), angoli da cui una porta o una finestra fossero più o meno visibili. Il s'agit presque d'un zeugma «à rebours»: pareti inadatte exclut toute intentionnalité, à cet égard, dans l'emplacement des meubles, tandis que angoli, mis parallèlement à pareti, grâce au subjonctif, la présupposerait. L'impression de lacune, qui est celle d'un lecteur italien, correspond à un changement de construction, survenue «après coup» pendant la production de la phrase. C"est un mécanisme d'induction du même genre que celui décrit a propos des adverbiales hypothétiques (voir ci-dessus). Seulement, là c'était une règle disponible, - ici c'est une exception. C'est à cause de la construction normale, celle de la subordination supplémentaire (vorrei una moglie che mi amasse), que cette construction nettement marginale, presque une anacoluthe, a pu fonctionner. Et ce qui prouve que cette explication n'est pas un simple subterfuge, c'est justement le fait que seulement dans un contexte plus large on comprend que l'effet sémantique de ce subjonctif doit être final: il ne l'est pas en soi, seulement ce qui précède indique le procès décrit - et suggère à quoi il faut l'attacher. Cet exemple intéressant, - et je remercie vivement LC de me donner ainsi l'occasion de l'utiliser -, caí. tout à fait particulier et démontre juste^e^t par son anomalie le mécanisme normal : Le subjonctif tout seul, dans la citation limitée, ne signifie rien du tout (par lui même) - sauf une dépendance syntaxique, et par là «sémantique». (On pourrait évidemment le comparer à celui des verbes "fare -->-- », mais là nous avons affaire à un procede assez courant du système qui fonctionne à l'intérieur d'une seule phrase, - ici c'est un cas plutôt isolé).

Je ne peux donc pas conclure avec LC que ces cas prouvent que, dans certaines phrases, «le subjonctif peut effectivement être le seul porteur du sens volitif, final, etc. » (sic!). Mais je suis bien d'accord avec lui en ceci: que le subjonctif lui-même n'est pas une conséquence automatique du contexte, comme il ressort de tout ce qui a été dit et cité jusqu'ici. Il y a (souvent) un choix réel!

LC souligne (art. cit., pp. 30-31) que l'usage modal dépend de l'idée que se fait le locuteur des possibilités de distinction qui lui sont offertes par le système de la langue. Il est difficile de ne pas être d'accord avec lui, là aussi. Et c'est bien la tâche du grammairiende décrire ce système - et les possibilités qu'il offre. Et si, selon LC, «c'est la sémantique qui est le facteur décisif», il faut bien rendre compte de la façon dont la sémantique «voulue» par le locuteur est assurée dans son énoncé, dans les limites des possibilités de la langue, - et comment celui-ci peut être «décodé» d'une manière univoque par son interlocuteur. Et c'est là. me semble-t-il, que l'analyse, après tout, la plus simple - et la plus cohérente - est celle qui attribue au subjonctif une fonction, qui est toujours la même, celle d établir une subordination supplémentaire allant d'un élément sémantique dans la principale à la relative - avec les divers résultats sémantiquesqui

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tiquesquidécoulent des diverses combinaisons. (Si l'on fait de la sémantique - et c'est dans une grande mesure ce que nous faisons ici - il faut aussi rendre compte de la façon dont se produit le sens!). Je ne trouve nullement que tout ceci constitue une vérité «triste» (cf. LC, art. cit., p. 30). Mais je trouve dans cette analyse Vexplication du fait que ce subjonctif, qui, pour la forme n'est qu'un, peut produire tant de sens différents, mais, pratiquement toujours, dans les cas concrets tout à fait clairs. Et je n'ai pas là l'impression de «défendre ma théorie in absurdum».

LC finit par ce qu'il appelle «un autre point discutable, très important pour qui cherche dans son [i.e.: de JSJ] étude des renseignements précis sur l'usage même du subjonctif italien». II s'agit des constructions relatives après parère ou sembrare (E pare un vecchio cane morente che aspetti Vultima carezza dal padrone. [Guerra, cit. S&H, p. 538; LC, art. cit., p. 31]). Dans S&H, après une série de huit subjonctifs de ce type, je cite (p. 538) deux exemples à l'indicatif en les qualifiant de «nettement populaires». Pour LC, la raison en est qu'ils sont rebelles à ma théorie de la «rection» secondaire - et que je m'en débarrasse ainsi d'une façon facile, «probablement parce que» je «postule, sans le dire expressément ... un parallélisme complet dans l'usage modal entre pare, sernbra che -)- complétive et pare, sembra un uunio che + relative». Je suis heureux que LC me permette de corriger une telle impression, car ce raisonnement serait d'autant plus absurde que je cite très souvent - on en a déjà vu des exemples - des cas où la possibilité de subordination supplémentaire («rection» secondaire) n'a pas été utilisée, et l'effet sémantique d'une telle construction par rapport à celle qu'on aurait obtenue en mettant le subjonctif. Mais dans les contextes donnés, le subjonctif aurait été plus normal, dans la langue littéraire, que l'indicatif, ce qui a été confirmé par des Italiens «indigènes» consultés dans ces cas-ci comme dans toutes les autres discussions d'ordre stylistique dans le livre. - Mais je ne peux pas contredire LC quand il déclare que le procédé qu'il m'attribue - faussement - constitue «une manière absolument inadmissible d'utiliser la technique de description préconisée par Schmitt Jensen». Bien qu'on n'ait même pas besoin d'affirmer une telle évidence, j'y insiste néanmoins, parce qu'il m'importe beaucoup de souligner jusqu'où va le mécanisme décrit. Dans le texte d'où proviennent beaucoup des exemples les plus populaires de mes matériaux, La Capria: Ferito a morte, je cite, S&IL p. 554, un exemple à l'indicatif (après corne, type qui, selon LC, appartient à la même catégorie sémantique que pare et sembra, celle des comparaisons. Le commentaire donné de cet exemple montre nettement qu'un indicatif, même dans un texte «populaire», n'a pas besoin d'être de type populaire. Je cite (KXfU ™ <<4)-

Dans:

benevolo, disinteressato, come uno che non s'impegna, (La Capria, 59)
il n'y a pas une subordination supplémentaire: uno che non s'impegna est traité
comme une unité - qui dépend «une seule fois» de come.

C'est la même explication qui, à l'intérieur du système, rend compte de deux des
exemples cités par LC (art. cit. p. 32):

Osvaldo era rumoroso, tempestoso, lavandosi pareva un delfino che getta acqua
dalle narici (Palazzeschi)

Sembriamo due agenti che fanno la ronda notturna (Alba de Céspedes)

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Un delfino che getta acqua dalle narici et due agenti che fanno la ronda notturna
sont des types connus, des unités (cf. qualcosa che non va = qualcosa di sbagliato, dans
la citation ci-dessus).

Il en est un peu autrement de:

e, di lontano, la traballante corriera pare un'oasi che cammina (Sanminiatelli)

Cela n'est pas très élégant, - bien qu'on puisse considérer l'antécédent 4- la relative comme équivalent de «un'oasi camminante». Mais ce n'est pas un type bien connu! De même, dans un des exemples que LC me reproche de citer comme «populaires», l'indicatif, toujours peu littéraire, pourrait s'expliquer comme correspondant à un participe présent (passi che si avvicinano = passi «avvicinantisi»). Pourtant, il faut signaler que ces deux exemples ne sont pas d'un niveau stylistique bien inférieur à celui qu'auraient représenté des subjonctifs, et le sens des deux constructions est sensiblement le même. On ne peut guère s'étonner de voir que beaucoup des exemples de ce type à l'indicatif sont au présent (cf. LC, art. cit. p. 32). Cela a trait à la valeur gnomique de ces expressions, là où substantif + relative apparaissent comme une unité. Plus la subordonnée est rattachée à un verbe au passe dans la principale et plus elle est sujette à la concordance des temps. Par contre, plus elle est indépendante, par rapport au verbe principal, plus elle peut insister sur le présent «éternel» de son énoncé («présent gnomique»). Ces tendances ne constituent aucunement une règle fixe. (Cf. des effets sémantiques parallèles produits par une rupture de la concordance des temps dans des complétives ou relatives danoises du même type que celui qui a été étudié ici. Le temps peut là jouer le même rôle que le mode [et le temps] en italien [et en français]).

Ajoutons qu'il reste naturellement beaucoup à faire encore dans ce domaine. Ce quii faudrait surtout éiudier, Cc*i la façon dont on pourrait déterminer plus précisément les contextes qui correspondent plutôt à la sémantique représentée par le subjonctif, c'est-à-dire !à nù un indicatif semblerait «peu correct». - tout en précisant davantage les divers niveaux stylistiques et leur usage modal. Ce qui n'empêche pas que le jeu modal, dans les grandes lignes, semble correspondre à ce qui a été déjà esquissé ici d'après la description plus détaillée dans S&H. -

LC termine par une série d'exemples portugais cités à l'appui de sa théorie, selon laquelle le subjonctif n'est pas imputable au verbe de la principale («il faut éviter d'invoquer l'existence d'une tournure parecer -f complétive, fait entièrement sans pertinence » [art. cit. p. 33]). Je ne connais pas suffisamment la syntaxe modale du portugais pour juger s'il a raison. Mais je sais qu'elle diffère sur plusieurs points essentiels de l'italien, et il est possible que, en tenant compte de ces différences, on puisse, à l'intérieur du système portugais, voir aussi un mécanisme de «rection» secondaire. De toute façon, je ne comprends pas comment on pourrait prouver quoi que ce soit pour l'italien par des exemples portugaisl4. Ici, comme dans S&H, c'est de l'italien que je parle. Et là je suis toujours convaincu de la valeur du principe proposé dans S&H et ici, celui de la «rection» secondaire. Surtout pour la sémantique. Soulignons qu'il y a sûrement des cas presque automatiques dans un vaste contexte donné: p. ex. Vorrei una moglie che mi amasse, où le subjonctif, probablement, s'impose, à condition que una (moglie) indique un être inconnu (cf. S&H, p. 574-81). Autrement dit: un indicatif, ici, comporterait forcément un antécédent précis, connu d'avance; et encore faudrait-il que cela soit possible dans le (grand; contexte dans lequel se trouve le passage!

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Concluons que la subordination supplémentaire («rection» secondaire) est, dans la très grande majorité des cas, (en italien!) le mécanisme qui rend compte de l'emploi du subjonctif dans ces constructions - et des sens qu'on obtient par là. Il me semble avoir démontré que ce jeu fonctionne aussi dans les cas où une racine précédente s'y prête sans être complètement identique à une racine pouvant normalement régir le subjonctif dans une complétive (fare +, cercare -(- -\- ??, con), et même dans des cas extrêmes, nettement marginaux, où l'élément subordinateur n'est pas concrètement présent, mais suggéré par le contexte (dans ses rapports avec le subjonctif). Seulement ainsi, me semble-t-il, on arrive à expliquer les résultats sémantiques de l'emploi de ce mode dans les relatives en question (ce qui ne semble donc pas être une idée complètement étrangère à LC, cf. la conclusion de son article). Si ce mécanisme fonctionne, c'est justement parce que dans la très grande majorité des cas avec le subjonctif il y a subordination supplémentaire concrète à une racine concrète. Les très rares constructions où cela n'est pas le cas, et où il y a donc «induction», ne doivent pas nous faire renoncer à la règle grâce à laquelle fonctionnent aussi les «exceptions».

Qu'il me soit permis de citer un dernier exemple, qui illustre bien le mécanisme discuté :

Allora immaginò forze occulte ma naturali che collegassero volontà e materia.
(Soldati, cit. S&H, p. 534)

(Sphère sémantique «prolongée» par le subjonctif dans la relative: «imagination»).
Il va sans dire que, dans le contexte de cet article, je préfère terminer la discussion en

supprimant - c'est-à-dire: en n'établissant pas - la «rection» secondaire:
immaginò forze occulte ma naturali che collegano {collegavano) volontà e materia.

Et, ici, je suis libre de le faire!

Jor gen Schmitt Jensen

Aarhus



14: Ce qui n'empêche pas, je le répète, qu'on pourrait trouver des mécanismes communs et ainsi comparer leurs effets sur des systèmes différents. En français, p. ex. on peut arriver assez loin dans l'analyse des relatives par le principe de la subordination supplémentaire, mais on y trouvera de nombreuses différences par rapport à l'italien.