Revue Romane, Bind 8 (1973) 1-2

Ihwe, Jens: Linguistik in der Literaturwissenschaft. Zur Entwicklung einer modernen Théorie der Literaturwissenschaft (Thèse). München 1972, 444 p.

Steen Jansen

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Dans la série intitulée «Grundfragen der Literaturwissenschaft, dirigée par S. J. Schmidt et où sont sortis ou annoncés des ouvrages de Gebauer, de Van Dijk, de Petôfi et de Hendricks, vient de paraître l'étude de Jens Ihwe Linguistik in der Literaturwissenschaft. L'auteur a également rédigé un recueil d'articles (soixante

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et un en tout) en trois tomes: Literaturwissenschaft und Linguistik (Frankfurt 1971), où l'on trouve rassemblés en un seul volume quelques-uns des articles les plus importants des cinquante dernières années dans le domaine des études littéraires. Le travail de rédaction de ce recueil a permis à l'auteur de se faire une documentation très vaste et très impressionnante pour l'étude dont j'essaierai de rendre compte ici.

Le double but de l'étude apparaît dès le début du premier paragraphe:

Die vorliegende Arbeit hat zwei Ziele : Einmal wollen wir eine Begriffsexplication des komplexen Begriffes des «Literaturtheorie» versuchen, in der Absicht, damit eine rationale Grundlage für eine zukünftige Literaturwissenschaft im Sinne einer modernen (d.i. : empirischen und theoretischen) Wissenschaft zu schaffen. Zum anderen wollen wir zeigen, in welcher Weise dabei die moderne Linguistik beteiligt ist, d.h. herangczogen werden kann und heranzuziehen ist. (15).

Ce double but détermine l'étude de Jl: d'une part il sert de guide, en ce sens que la présentation et la discussion des différentes théories, des différentes écoles (qui ont souvent le caractère d'un historique de l'évolution de ce qu'on a appelé et appelle la «science de la littérature» depuis le début du siècle) ont toujours en vue d'éclaircir l'apport fourni par telle ou telle école pour l'élaboration des notions et des concepts nécessaires à une théorie du «fait littéraire»; d'autre part il délimite un champ d'étude: ce sont des écoles, des recherches qui se réclament de la linguistique qui sont discutées; les noms d'Adorno, de Croce, d'lngarden, de Kayser ou de Solomon Marcus par exemple, ou bien sont écartés, ou bien ne sont pas mentionnés.

L'auteur part de l'idée que la (notion de) «Science de la littérature» doit se fonder et se régler sur les principes généraux d'une théorie moderne de la science (p. 18) - et non pas sur les principes de telle ou telle science particulière (aussi ne voit-il pas i'uûlité de la diuïotomic wauences humaines vs sciences exactes "; cf. aussi p. ?21); elle ne doit pas non plus se régler sur tel ou tel fait spécifique (texte donné, situation historique, sociale ou psychologique donnée).

C'est seulement après avoir posé cela qu'on peut se demander si et comment la
linguistique peut être utile pour l'élaboration d'une «science de la littérature». Il
s'agit de

nachzuweisen, dass es sowohl legitim wie auch notwendig ist, linguistische
Methoden und Begriffe in der LW (abréviation pour «Literaturwissenschaft »)
zu verwenden (24)

et de sortir du cercle vicieux où

Man beruft sich zur Rechtfertigung der eigenen, von der SW («Sprachwissenschaft ») in irgendeinem Sinn «iibernommenen» Méthodologie auf ihre Gultigkeit in der SW; umgekehrt beruft man sich zur Bestàtigung der Gültigkeit der lingustischen Méthodologie auf ihren «Erfolg» in den anderen humanwissenschafthchen Disziphnen. (27).

Deux aspects sont à distinguer radicalement dans cette problématique: l'importance
(ou la signification) qu'on accorde au statut linguistique du texte littéraire d'une part,

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et d'autre part la théorie linguistique qu'on choisit d'utiliser (p. 21). Si l'auteur pense que la grammaire transformationnelle est, parmi les théories linguistiques, la plus apte à être utilisée dans l'élaboration d'une science de la littérature, c'est d'abord parce que celle-ci montre l'utilisation la plus rigoureuse des principes d'une théorie moderne de la science. C'est seulement lorsqu'on a vu - à l'aide de la linguistique - si une telle utilisation est possible dans le domaine des études littéraires qu'on peut utiliser les concepts plus spécifiquement linguistiques de la grammaire transformationnelle (p. 29).

L'importance accordée à la grammaire transformationnelle a une certaine influence
sur l'appareil conceptuel de l'ouvrage comme on s'en rend compte dès la table des
matières à la fin de laquelle on trouve une liste des abréviations utilisées. La voici:


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Verzeichnis der systematischen Abkiirzungen (10).

Dans cette liste on voii aussi quels sont ies écoies et les domaines à l'intérieur de la «science de la littérature» auxquels l'auteur s'intéresse surtout; l'auteur attribue une importance primordiale au Formalisme russe qui pour lui est la première tentative vers une «science de la littérature» et qui formule déjà presque tous íes problèmes auxquels les recherches ultérieures s'attaqueront.

L'ouvrage est divisé selon un système «décimal» (1., 1.2, . . 1.2.4, . . 2.3.1, . . . . .. 3.4.6) et donc la table aussi; celle-ci est assez détaillée et très utile lorsqu'on cherche à s'orienter dans l'étude. Il est cependant dommage qu'il n'y ait pas d'index des noms, ni d'index des matières. C'est surtout l'absence de ce dernier qui est regrettable: il est, par exemple, bien difficile de suivre la discussion à travers le livre sur une distinction comme celle entre « Mikrostruktur» et « Makrostruktur» à l'aide seulement de la table - et c'est là une distinction importante.

Les «paragraphes» sont groupés en trois grands chapitres: «Theoretische Einleitung»
(pp. 15-110), «Literaturwissenschaft und Linguistik: Grundlagen» (pp.
111-297), «Literaturwissenschaft und Linguistik: Anwendung» (pp. 298-428). Ce

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qu'exprime la différence «Grundlagen» vs «Anwendungen» ne me semble pas tout
à fait clair.

Dans le premier chapitre, l'auteur cherche à cerner les différentes notions d'une «science de la littérature» en discutant leurs fonctions, leurs relations mutuelles et leurs rapports avec des notions semblables dans la grammaire transformationnelle. Les rapports qui se fondent sur le statut linguistique du texte littéraire et ceux qui se fondent sur le degré de «scientificité» obtenu par la linguistique et recherché par la «science de la littérature» sont soigneusement distingués tout au long de l'exposé. La notion de méthode est ainsi cernée :

Die Méthodologie der LW hat zur Aufgabe, in allgemeiner Weise der Bereich der LW abzugrenzen und ihren Gegenstand zu bestimmen, sowie entsprechend den unterschiedlichen Aspekten ihres Gegenstandes Teilbereiche festzulegen und Teiltheorien vorzusehen. Sie hat ferner des Verhàltnis dieser Teiltheorien zueinander (d.h. die innere Struktur der LW), ihr jeweiliges Verhàltnis zu vorangehenden Disziplinen, sowie bestimmte allgemeine Annahmen iiber den Aufbau der Teiltheorien festzulegen und zu begriinden. Eine weitere Aufgabe wáre die Reflexion iiber des Verhàltnis der LW zu anderen Kunstwissenschaften, das gemeinhin unter einem Begriff der « Àsthetik » subsumiert wird. (31).

Comme domaines partiels de la «science de la littérature» - et comme théories partielles - l'auteur considère par ex. : la théorie, l'histoire, la sociologie, la psychologie, comme il ressort de la liste des abréviations. Les problèmes que se pose la méthodologie doivent être posés en termes empiriques et ne peuvent pas encore être posés de façon très systématique ; JI se détourne ainsi d'une esthétique normativespéculative et montre beaucoup de scepticisme envers la sémiologie.

Parlant de l'objet d'une «science de la littérature», l'auteur montre qu'il n'y a pas
eu de contradiction, lorsqu'il a dit

In 1.3 hatten wir ais primaren Gegenstand der LW zunàchst das einzelne,
konkret gegebene SKW bezeichnet; in 1.4 hingegen ais primare Aufgabe der
LW die Erforschung einer bestimmten menschlichen Fâhigkeit. (33).

Toute science empirique s'occupe de faits observables en ce sens

dass sie bestimmte sinnlich-materiell (oder «physikalisch») gegebene Erscheinungen
unter bestimmten Fragestellungen ais ihr primares Datum akzeptiert

mais en faisant cela, elle se pose des questions concernant

den Gesetzmàssigkeiten, denen die beobachteten Erscheinungen unterliegen.
(34).

Il en résulte ceci:

Gegenstand der literaturwissenschaftlichen Erkenntnis sind nicht mehr langer die einzeînen, konkret gegebenen SKW, sondera die ihnen unterliegenden Gesetzmàssigkeiten, d.h. die Regeln, nach denen sie gebildet und verstanden werden; oder in einer anderen Perspektive: die Fâhigkeit des Literaturpro-

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duzenten (Autors) und -rezipienten (Publikums: Léser oder Hôrer), beliebige
SKW eines bestimmten Typs zu bilden, bzw. zu verstehen. (36).

Cette capacité («Fáhigkeit»), développée et précisée, sera plus tard nommée «la
compétence littéraire».

Une grande partie du chapitre (pp. 38-92) est consacrée à la grammaire transformationnelle;
l'auteur veut d'abord présenter:

die mit dem Ziel der Erklarungsadâquatheit verbundene empirische Hypothèse
der SW in der von der TG entwickelten AufTassung (37).

avant de discuter

ihren heuristischen Aufschlusswert und (...) ihre methodologische und
sachliche Relevanz fur die LW und die Frage ihres Aufbau (37).

Cette présentation permet de reprendre et de préciser certaines réflexions du début et d'introduire de nouvelles notions; ainsi sont précisées les relations entre les différentes théories de la «science de la littérature» (pp. 96-98 par ex); est précisée aussi la différence entre la «communication linguistique» et la «communication littéraire» (pp. 105-106): celle-ci ne peut pas présupposer que le «sujet parlant/écrivant» et «l'auditeur/le lecteur» ont les mêmes notions (ou connaissances) préliminaires.

Les deux notions les plus importantes introduites (ou précisées) ici à la fin du
premier chapitre sont sans doute celle de la compétence littéraire et celle de la
Poétique, dont il est dit

eine strenge Unterscheidung /muss/ zwischen einem môglichen literarischen Produktions- und Rezeptionsmodell und einem Modell der Kl («compétence littéraire») - also dem, was wir «Poetik» (im Folgenden abgekürzt ais P) nennen wollen - gemacht werden. P ist - analog zur Grammatik (...)- ein logisches Schema, das in Form eines Regelsystems aufgebaut ist und damit dem entspricht, was wir bisher «explizite Définition des Begriffes SKW» genannt haben. D.h. P legt fest, wclche Eigenschaften ein sprachliches Objekt haben muss, um als SKW zu gelten. (104-105).

Le premier chapitre étudie surtout les rapports entre la «science de la littérature» et la linguistique vues comme deux activités cherchant à se fonder sur les mêmes principes - ceux d'une théorie moderne de la science. Le second chapitre va discuter les rapports qui s'établissent entre elles à cause du statut linguistique du texte littéraire. Cette discussion a

einenzugleichhistoriographischenundsystematischen Aspekt. DieDarstellung der Entwicklungslinie vom RF (« Formalisme russe ») über den Prager Strukturalismus (. . .) und die Glossematik bis zum sowjetischen Strukturalismus (. . .) solí den konzeptuellen Bereich aufzeigen, innerhalb dessen die Frage der Relationierung (entre linguistique et «science de la littérature») bislang diskutiert wurde, und - aufgrund der dabei zu konstatierenden Mângel und Unklarheiten - den Lôsungsvorschlag im Rahmen der TG vorbereiten und rechtfertigen. (114).

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II y a donc ici d'une part un historique où se trouvent présentées et discutées les théories de Ejchenbaum, de Mukafovsky, de Jakobson, de Svend Johansen, de Wunderlich, de Bierwisch, de Van Dijk, etc. C'est un aperçu assez impressionnant. D'autre part il y a une présentation systématique qui, partant delà notion de «langage poétique» opposée à celle du «langage quotidien ou pratique», passe par le modèle de Jakobson, jugé insuffisant (p. 155), pour aboutir à l'élaboration d'une notion de TEXTE comme fondement de la Poétique.

Le chapitre se termine sur quelques «Bemerkungen zum Aufbau, Status und zur
Funktionsweise der Poetik als literaturtheoretisches Konstrukt» (la table, p. 8), y
compris un certain nombre de diagrammes, ainsi les deux «machines» que voici:


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(292).

Cette «machine» montre que

die Définition des SK.W vor allem in den Ausdrücken seiner makrostrukturellen Organisation erfolgen muss : (Pitas) spezifiziert demnach die Eingabe in einen TEXT-Generator T und legt die globale Textstruktur des SKW fest. Die einzelnen Sàtze eines SKW werden dann in Abhàngigkeit von (Pmis) von einem Satz-Generator S erzeugt, der Satzpaare

(93) si

S'i S2

S"i S*2 S3

ausgibt, zwischen denen strukturelle Beziehungen im Sinne der Isotopie und
Kohárenz, Konnexitàt etc. bestehen. (293).

L'autre «machine» sert à préciser le rapport entre «Makrostruktur» et «Mikrostruktur». La distinction se rapproche - comme le montre la citation cidessus - de celle entre «structure profonde» et «structure de surface»; l'auteur parle ici de «der makrostrukturellen Organisation (im Sinne der thematischen und narrativen Struktur . . .)» (p. 296), et il dit de l'autre

Der Ebene der Mikrostruktur fàllt insbesondere, (...) die Aufgabe zu, die Selektionsprozesse in der TEXT- und Satz-Organisation zu steuern, deren Résultat umgekehrt die formale Grundlage fur die «(Wieder)Herstellbarkeit» der Makrostruktur abgibt. (296).


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(.94)

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MatrizeMas und MatrizeMis spezifizieren zusammen die literaturwissenschaftlich zu beschreibenden Bedingungen an TEXTE bzw. Satzfolgen si, . . „ sn (mit n 1). Die Ausgabe von (94), bzw. (92) ist somit die potentiel unendliche (Teil-)Menge literarischer TextesKW- (297).

La discussion dans ce chapitre est très bien documentée et très serrée, c.-à-d. souvent très difficile à suivre. Si les notions théoriques avaient été appliquées de temps à temps à des textes concrets, les raisonnements et les conséquences de cette élaboration théorique auraient peut-être été plus faciles à saisir. Mais il n'y a pas de telles applications, de telles analyses concrètes; c'est peut-être une conséquence de la prise de position de l'auteur, souvent répétée, à savoir que les réflexions théoriques ne doivent pas retomber dans l'erreur qui (à l'époque où dominait le structuralisme traditionnel) faisait de l'élaboration de la théorie une activité ayant surtout pour but de fournir un appareil descriptif; cf. par ex. P«Exkurs 5» (pp. 306-310) et la critique, tout au long de l'ouvrage, de la conception du Formalisme russe formulée par Todorov.

Le troisième chapitre commence ainsi

Wir haben in den vorigen Kapiteln die Grundlagen umrissen, auf denen wir die LW als eine empirische und theoretische Wissenschaft aufbauen wollen. Itn Folgenden geht es nun um den Aufbau der LTh. Unsere Absicht ist dabei zugleich historiographischer wie systematischer Natur (cf. 1.2.): es geht uns darum zu zeigen, wie sich die uns interessierenden literaturtheoretischen Fragestellungen herausgebildet haben, und wieweit wir in der Klârung der Grundprobleme der LTh heute gekommen sind bzw. kommen kônnen. (298).

Passant ainsi de la «science de la littérature» à la théorie de la littérature, il s'agit
surtout, si j'ai bien compris les pages qui suivent, d'un approfondissement d'une
problématique fondamentale dont il a déjà été question dans les chapitres précédents.

Comme il ressort de la citation, le troisième chapitre est à la fois historique et systématique, comme le second. Seulement l'auteur se limite ici à deux écoles: le Formalisme russe et le Structuralisme soviétique, et le chapitre est «dominé» par trois noms: Sklovskij, Lotman et ¿olkovskij:

Wir werden beim Russischen Formalismus (RF) beginnen, nicht nur, insofern hier die LW erstmalig im Sinne der WT aufgefasst wurde, sondern auch, weil hier der erste umfassend ausgefiihrte Entwurf einer solcherart konzipierten LW vorliegt. (298).

Le Structuralisme soviétique donne:

eine systematische Auseinandersetzung mit den Grundannahmen des RF auf der Basis einer sich formierenden rationalen materialistischen Âsthetik und /nachholt/ damit die in den 30er Jahren unterbundene Diskussion, und /verbindet/ dies mit der Sichtung, Aufarbeitung und Weiterentwicklung der konkreten Ergebnisse und Einsichten des RF. (299).

La notion fondamentale du Formalisme russe est celle de procédé («Verfahren»):

Mit seiner Hilfe wird es môglich, die Thèse, dass die differentia specifica der

Literatur nicht in den in das SKW eingehenden Elementen (in seinem « Mate-

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rial«) zu suchen sei, sondern in dem besonderen Gebrauch, der im SKW von
ihnen gemacht wird (...), zu prâzisieren. (310).

Cette notion de procédé est liée (par Sklovskij) au couple «automatisation de la perception vs désautomatisation de la perception » (311 ss) ; notre perception est rendue automatique par l'habitude, et la désautomatisation, que vise le procédé choisi par l'auteur, nous réapprend à voir les choses et non pas seulement à les reconnaître.

Les notions d'«automatisation vs désautomatisation» sont étroitement liées à la
notion d'évolution, puisque la forme littéraire qui a une fois servi à désautomatiser
la perception devient à son tour, plus ou moins vite, quelque chose d'automatique:

Wenn Literatur nur durch Verfahren wirksam wird und wirksam bleibt, miissen die auf diese Weise entstandenen neuen Formen, sobald sie ihrerseits kanonisiert und damit automatisiert worden sind, selbst wieder verfremdet werden. Die Théorie der Verfremdung mündet in eine Théorie der literarischen Evolution als einer «Tradition des Traditionbruchs» (. . .). (314).

(Cf. aussi p. 361 et p. 348).

La théorie littéraire et l'histoire littéraire sont ainsi intimement liées:

die LGe (l'histoire littéraire) schliesst für den RF die LTh ein und das Fernziel wáre offensichtlich eine einheitliche und systematische Darstellung der Nationalliteraturen als einer nach ganz bestimmten regularen Prinzipien erfolgenden Abfolge von Systemen, (370)

et le problème qui reste à résoudre est celui de montrer :

dass und wie eine in einem gewissen Sinne «statische Définition » der Literatur
trotz dem «Faktum der Evolution» môglich und notwendig ist. (358).

C'est à quoi sert la présentation et la discussion du Structuralisme soviétique.

Chez Lotman on trouve

der Ansatzpunkt fiir eine «strukturelle Poetik» bezeichnet, die zwar zwischen inner- und aussertextlichen Strukturen unterscheidet, fiir die aber die Relationen zwischen diesen für den Aufbau und das Verstàndnis eines SKW konstitutiv sind. (378).

Lotman fait évoluer le schéma de Sklovskij, lorsqu'il place parmi les structures
externes au texte :

nicht nur sprachliche, literarische, und/oder ásthetische Strukturen, sondern
auch «ideologische» Strukturen und Strukturen der Faktizitàt. (379-380).

L'unité entre les structures internes et externes du texte est assurée parce que:

die Kunst zwar aufgrund ihres kommunikativen Charakters zu den Zeichensystemen gehôrt, sich aber dadurch grundlegend von anderen Zeichensystemen unterscheidet, «dass die Bedeutung in der Kunst hier durch die gesamte modellierende Struktur des Werks iibermittelt wird». (380).

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En outre le signe, lorsqu'il s'agit du texte littéraire (qui est lui un «super-signe»),
n'est plus arbitraire; il fonctionne comme un modèle. Il en résulte deux choses:

dass das künstlerische Modell «gleichzeitig das Modell zweier Objekte - eines
realen Gegenstandes und der Persônlichkeit des Autors /- ist/» (380).

et:

dass seine Struktur (du «super-signe» artistique) nicht (nur) Mittel der Informationsübertragung ist (wie im Falle der normalsprachlichen Àusserung), sondern als solche bereits den Inhalt der «Information» darstellt, «c'est-àdire son but». (381).

Le problème pour Lotman est alors de montrer

wie sich iiber der normalsprachlichen Bedeutungsstruktur eines literarischen
Textes eine weitere, aussersprachliche Bedeutungsstruktur ausbilden kann,
die seine «zusâtzliche Hyperstruktur» konstituiert. (382).

Le problème se résout à l'aide de la notion de «Monosemierung», qui dans l'énoncé normal sert à rendre les mots univoques (p. 383); dans le texte littéraire, la «Monosemierung» fonctionne dans une interprétation instable, «en spirale», c'est-à-dire une compréhension des parties à l'aide d'une compréhension du tout, et une compréhension du tout à l'aide d'une compréhension des parties (p. 387). L'information qui en résulte (cf. la citation ci-dessus) a pour contenu un ou plusieurs «types de code culturel», notion qui se rapproche de celle de «vision du monde» chez Goldmann (p. 393 ss).

Les recherches de ¿olkovskij se distinguent de celles de Lotman, selon JI, en ce que la démarche de celui-ci se fonde sur des idées plus générales, cybernétiques ou sémiologiques, tandis que celui-là part de données plus concrètes et d'expériences plus méthodiques faites à l'intérieur des domaines partiels de la linguistique et de la «science de la littérature».

2olkovskij s'oppose plus nettement que Lotman au(x) «Subjektivismus und Impressionismus», et pour lui, la littérature n'est pas d'une nature en principe différente de celle d'autres objets de la science (398). Il exprime clairement le vœu de suivre les voies déjà expérimentées dans d'autres sciences:

Was die Versuche anbetrifft, von vornherein Begriffsdefinitionen zu geben, «Typoiogien»(!) jeder Art zu errichten und ein verzweigtes Gerippe der Literaturwissenschaft auf rein deduktiver Basis (!) aufzubauen, so scheinen sie verfriiht und wenig intéressant. Mit unserem «programmatischen Empirismus» (von Beschreibung zu Beschreibung, von Modell zu Modell, aber nicht von Doktrin zu Doktrin) gehorchen wir der Notwendigkeit und lassen uns vor allem von der jiingsten Geschichte der strukturellen Linguistik leiten. (399).

Cela est dit contre:

die AnwendungdergesamtenSkala «moderner » Begriffe, die beim «Zeichen»
und der « Molekularebenen » beginnen und mit dem «globalen Modell », dem
«modellierenden System» und «semiotischen Experimenten» enden. (399).

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¿olkovskij, et son collègue Sceglov, arrivent à la conclusion - citée comme ce qui
précède par JI - que

die strukturellen Beschreibung eines Kunstwerks nichts anderes ist als die
Démonstration seiner Generierung aus bekanntem Material und bekanntem
Thema unter Anwendung gewisser konstanter Regeln. (414).

On voit qu'eux aussi s'inspirent de la grammaire transformationnelle. Et même si JI exprime des réserves sur deux points essentiels: il faut distinguer nettement modèle de la production et modèle de l'œuvre (415), et la Poétique est le modèle de la compétence littéraire et non pas d'un ensemble donné de textes littéraires (416), il semble bien qu'il considère cet «empirisme programmatique » comme l'aboutissement des recherches les plus cohérentes et les plus fructueuses menées jusqu'ici, et y voit le point de départ de la Poétique generative qu'il cherche à élaborer.

Les dernières pages de l'ouvrage me semblent moins claires qu'aurait pu l'être une conclusion: la fin aurait gagné à ce que les notions soient davantage explicitées ici; ainsi je ne suis pas sûr d'avoir saisi, de façon précise, ce que «couvre» exactement l'expression «Die Strategie generative Narrativik - interpretative Thematik» qui surgit en bas de la page 420. De même, j'aurais aimé une «explication» plus développée (il y a surtout des renvois, et pas toujours très précis) de l'ensemble de règles présenté à la page 425 : bien que cet ensemble soit introduit presque comme dans un appendice (cf. p. 423 en haut), il se présente dans cet ouvrage un peu comme l'aboutissement des efforts de «formalisation» auxquels tout le livre est consacré.

Cette fin m'a donc paru un peu décevante. Mais on peut dire aussi qu'elle souligne comme d'autres parties de l'ouvage le caractère inachevé - au sens positif - des recherches de l'auteur: celui-ci n'a pas voulu présenter des solutions, mais il a déblayé un terrain; c'est un Uvre difficile, et à cause de sa documentation très variée, et à cause de la complexité des raisonnements, mais il permet vraiment au lecteur de se faire un aperçu organisé des efforts faits et des résultats obtenus dans ce domaine au cours des soixante dernières années. Il devrait - ainsi que le recueil d'articles dont j'ai parlé au début - être traduit en d'autres langues.

Ainsi l'ouvrage invite le lecteur à poursuivre les recherches - ce que j'essaierai de faire en terminant par quelques réflexions sur un certain nombre de problèmes, que JI mentionne et qu'il discute parfois, mais auxquels il n'attribue pas la même importance que moi.

Dans une «science de la littérature » il y aura deux sortes de textes qu'il faut - à mon avis, et JI doit certainement penser la même chose - distinguer très nettement: les textes qui servent de données, de faits empiriques (cf. la citation de la page 33) et les textes qui se présentent comme des descriptions des premiers.

Nous appellerons les premiers textes textes littéraires, et je me demande si on ne peut pas les caractériser en disant que le texte littéraire est littéraire dans la mesure où il n'est pas considéré comme moyen de communication d'un message; c'est peut-être un point de vue plus radical que celui de JI qui conçoit encore la situation «idéale» où le lecteur chercherait à conformer sa productivité lisante à la productivité écrivante de l'auteui (p. 106). Mais je croib qu'on se fait une illusion lorsqu'on pense pouvoir «retrouver» une productivité écrivante de l'auteur (ou son écriture, ses idées maîtresses,ses types de code culturel, sa vision du monde) à travers le texte littéraire seulement - et même ce ne serait peut-être pas intéressant. Jouvet avait raison de

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dire, lorsqu'on lui demandait si sa mise en scène de Tartuffe était vraiment ce qu'avait voulu Molière, que le numéro Molière 0-0-0 ne répondait pas (ou plus) si on lui téléphonait. Cela veut dire qu'on ne pourra parler de l'information et de la significationque «véhicule» le texte littéraire, comme on parle de l'information d'un énoncé dans la langue quotidienne, pratique; ce n'est pas quelque chose qui passe d'un sujet à un autre ou qu'un sujet reçoit d'un autie.

A un certain moment, et pour une certaine période, on abandonna, dans la linguistique, l'idée qu'il fallait d'abord expliquer comment les langues étaient nées, si l'on voulait comprendre comment elles se comportaient; on se rendit compte qu'il était possible de décrire de façon satisfaisante (satisfaisante à l'époque) comment fonctionnait la langue sans avoir une idée sur sa «naissance».

Peut-être serait-il utile et fructueux de faire de même si l'on veut élaborer une «science de la littérature», c'est-à-dire, oublier, pour un certain temps du moins, que le texte littéraire peut être rapporté à une certaine personne (ou époque) donnée, appelée 'auteur', pour pouvoir intensifier les recherches sur le rapport entre le texte littéraire et le lecteur.

Ce qu'on pourrait alors appeler l'information du texte littéraire serait le résultat, le «contenu » d'une interprétation du texte, liée, elle, à la fonction du texte par rapport au lecteur. Je proposerais de concevoir cette fonction comme liée à (ou déterminée par) la «capacité» du texte littéraire de contribuer à une «organisation du monde», c'est-à-dire de rendre possible pour le lecteur d' «organiser » (de structurer) la situation dans laquelle il se trouve, éventuellement de résoudre les problèmes qu'il y trouve. Ainsi conçu, le texte littéraire devient un objet, un outil dont se sert le lecteur comme il veut ou comme il peut - un peu comme le metteur en scène se sert d'un texte dramatique. Pour les deux, le texte offre les mêmes libertés et les mêmes restrictions; et ni pour l'un ni pour l'autre, il ne s'agit nécessairement d'essayer de «retrouver» ce qu'a voulu l'auteur.

Les différents domaines (et théories partielles) de la «science de la littérature»
se détermineraient par rapport à cette fonction. Ainsi l'histoire littéraire par exemple
doit montrer comment différents textes l'ont remplie dans différentes situations
historiques (sociales, idéologiques, politiques, etc.): les romans de Stendhal
trent» pas dans l'histoire littéraire au moment où il les a écrits, mais dans la période
où l'on a commencé à s'en servir; l'histoire littéraire montrerait comment les tragédies
de Racine (et/ou leur langue) ont pu continuer de «désautomatiser la perception »
malgré «l'évolution» qui devrait en faire quelque chose d'automatique, une forme
«traditionalisée».

Les autres textes sont ceux qui se présentent comme les descriptions des textes littéraires. Ces descriptions se placent à des niveaux très divers de généralisation (par rapport à tel ou tel texte littéraire concret) ; mais si on les veut scientifiques, cela implique qu'on essaie, ou qu'on examine s'il est possible, de les rendre conformes à une exigence fondamentale (ou minimale) de la conception (ou la théorie) moderne de la science, à savoir que l'énoncé scientifique doit être une proposition qu'on peut ou pourra dire vraie ou fausse. (Cela n'empêche pas que deux propositions différentes portant sur un même objet puissent être toutes les deux vraies (peut-être diffèrent-elles par leur capacité explicative); mais la même proposition ne doit pas pouvoir être dite et vraie et fausse, ou ni vraie ni fausse. Je n'entre pas dans une discussion plus détaillée du fondement, des raisons de cette exigence.)

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Les descriptions des textes littéraires sont encore loin d'atteindre ce but; il est possible que la notion de «Poétique generative» telle que la présente JI puisse nous aider à nous en rapprocher; nous suivrions ainsi l'exemple de l'évolution qui a eu lieu en linguistique pendant la dernière décennie.

Mais on pourrait aussi se demander si une telle démarche, c'est-à-dire de vouloir passer dès maintenant à une «Poétique generative», ne serait pas un peu prématurée. Il ne faut pas oublier que la grammaire generative s'est constituée comme le dépassement d'une grammaire taxonomique ou structurale, mais sans les résultats de laquelle la grammaire generative n'aurait jamais pu s'établir.

En ce qui concerne les études littéraires, nous n'avons pas de «poétique taxonomique ou structurale » qui offre des résultats suffisamment expérimentés pour pouvoir servir de base (de point de départ, de matériel) à l'élaboration d'une «poétique generative». Lorsqu'un jour on eut l'idée d'écrire «S->NP VP», on savait déjà ce que voulait dire «S», «NP» et «VP», et l'on pouvait mettre les notions désignées par ces initiales en rapport avec des unités identifiables, localisables dans le texte, la phrase, à décrire. Il n'en est pas de même, aujourd'hui, lorsqu'on écrit, par exemple, «T-Spezifikator -»• Ereignis || Deskriptoren || »; et cela réduit quelque peu, je trouve, la valeur, l'utilité de cette formule.

Au stade où se trouvent actuellement les recherches d'une «science de la littérature », il me semble donc nécessaire de faire pour quelque temps encore de sérieux efforts en vue d'élaborer et d'expérimenter une «poétique taxonomique (ou structurale ou descriptive)».

Tout cela à condition, bien sûr, qu'on croie utiles les descriptions scientifiques des textes littéraires. JI formule à deux reprises, dans deux notes (p. 17 et p. 97), sa conception du but d'une «science de la littérature»: elle doit servir à rendre moins mystique, moins arbitraire, plus rationnelle la façon dont nous utilisons et pourrons utiliser la littérature dans une société moderne.

Si l'on ne croit pas que les énoncés scientifiques sur la littérature peuvent nous y aider, ou si l'on ne pense pas que ce soit là le problème que nous pose aujourd'hui le «fait littéraire» - alors ce n'est pas la peine de chercher à élaborer une «science de la littérature». On peut parler de la littérature de bien d'autres manières, également

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