Revue Romane, Bind 6 (1971) 2

Poul Hoybye: Arabisk kompendium (72 + 16 pages). Kobenhavns Universitets Fond til Tilvejebringelse af Laeremidler. 1968, 13,80 cour. dan.

Chr. Ræbild

Le professeur en langues romanes Poul Heybye a écrit à l'intention des romanistes danois et plus spécialement des hispanisants un Abrégé d'Arabe avec un Choix de Textes en annexe, le tout conçu comme «essai de donner au lecteur un aperçu de ce qu'est la langue arabe». Ce n'est pas sans scepticisme qu'on accueille au premier abord pareille tentative, dès lors même qu'elle regarde une des langues les plus difficilement accessibles, scepticisme qui ne fait que s'accroître lorsqu'on s'aperçoit que l'acquisition proposée doit se faire par le truchement de textes transcrits. Cette crainte est vaine puisqu'on ne tarde pas à découvrir que le linguiste et le pédagogue se sont idéalement rencontrés dans cet opuscule. Etonnante, en effet, la quantité de faits grammaticaux qu'on y trouve, non moins étonnant qu'un non arabisant ait pu s'atteler à cette tâche, où la seule transcription des textes témoigne d'une rare probité.

Dans son introduction, l'auteur explique de façon convaincante pourquoi et combienil est utile de connaître l'arabe: à l'aide d'exemples, il montre comment s'est effectué le passage de certains mots de la culture arabe, en espagnol d'abord, cela va de soi, mais aussi en italien et dans l'idiome parlé en Sicile, de même qu'en anglais et en roumain par le biais du turc. A ce propos, Poul Heybye cite les ouvrages essentielsqui ont traité de l'influence arabe dans les langues romanes. A titre d'exemple montrant comment «un Simple radical âi'ùbc peul souvent expliquer des ciouzaines de mots autrement inexplicables dans toutes les langues romanes Ot autres)", l'auteur mentionne les dérivations de la racine s-r-b «boire» et de la racine s-l-m «paix». L'alphabet arabe sous une forme transcrite est étudié dans un chapitre intitulé «Sons et graphies». Poul Hoybye aime le terme de translittération, mais peut-on dire que les voyelles soient des «litterœ»? Plus loin, p. 33, il note la difficultéqu'il y a à ne pas pouvoir disposer d'une méthode de transcription ferme et établie, universelle en somme: il semble que chaque pays ait !a sienne, ce qui est loin de faciliter la lecture de textes transcrits. A cet égard, Poul Hoybye reconnaît franchement que «la seule chose à faire, c'est de s'habituer soi-même à écrire l'alphabetarabe», constatation fort louable. Chercher des mots dans un dictionnaire arabe, c'est déjà toute une affaire, mais les chercher sur la base des seules transcriptions,voilà qui semble impossible. L'abrégé de Poul Hoybye recourt au système allemand, mais là aussi il y a des flottements. La grammaire de Brockelmann - du moins la 9e édition en usage dans les années 20 - indique k u et / pour kâf (qâf), udu (wâw) et [â (yâ); l'abrégé note q, w et y - indéniablement un progrès. - Les

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phonèmes sont expliqués et illustrés d'exemples. Y succède un chapitre sur la prononciation des voyelles, l'accent tonique, les diverses graphies: remarquons au passage une très belle calligraphie des nombreuses formes et combinaisons consonantiques,etc. Pour qui souhaiterait apprendre à lire dans la graphie originale, un chapitre intitulé «Exercices de lecture» présente toute une série de mots facilementreconnaissables en langue européenne, calligraphiés en arabe sous le texte transcrit - ceux-ci étant, en outre, non vocalises. Le chapitre suivant, «Sur la structurede la langue», renferme une étude concise, trop peut-être, de la morphologie arabe - là, quelques paradigmes seraient les bienvenus. La syntaxe est réduite à une note sur les propositions relatives.

La troisième partie de ce compendium d'arabe comprend neuf textes «translittérés» avec traduction et commentaire. Ces textes proviennent d'autres manuels ainsi que des «Mille et une nuits». Un petit extrait du Coran n'aurait pas déparé l'ensemble.

Dans l'annexe, on trouvera les textes en arabe, les trois derniers sur «Aladin»
sous une forme non vocalisée. Une postface renvoie les étudiants à un certain nombre
de manuels et de dictionnaires arabes en langue européenne.

Il ne fait pas de doute que cet abrégé vient combler un vide - notamment pour les étudiants d'espagnol. Mais il faut également souligner que c'est la toute première fois que les Danois disposent d'un outil capable de les initier au dédale de la langue arabel.

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