Revue Romane, Bind 6 (1971) 2

Michel Olsen: Moderne fransk litteratur. 190 pages - 29,85 couronnes - Éditions Christian Ejlers, Copenhague, 1970.

Knud Togeby

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Ce manuel de la littérature française depuis la seconde guerre mondiale est malheureusementécrit en danois et non en français, mais c'est là presque son seul défaut. L'auteur - attaché à l'université de Ârhus - nous y présente, en moins de 200 pages, environ 250 auteurs français et presque 1000 livres. Il va de soi que, bien souvent, il ne peut consacrer à un ouvrage qu'une ligne ou deux, mais même dans ce cas on doi admirer la précision de ses renseignements et la justesse de son jugement. Michel

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Olsen n'est partisan d'aucune école, ni du marxisme ni du structuralisme, et peut
ainsi parler des deux avec une impartialité sceptique et souriante.

Il s'agit, d'après la préface même de l'auteur, de la littérature après 1945. Si l'on rencontre dans son exposé des auteurs tels que Anouilh, Audiberti, Aymé, Hériat, Montherlant, Simenon, Vialar, Louise de Vilmorin, on pourrait se l'expliquer par leur production d'après-guerre, mais pourquoi Achard, Arland, Céline, Malraux, Pagnol n'y ont-ils pas trouvé place? Quant aux auteurs qui appartiennent en propre à la période il n'y a guère de lacune à signaler, si ce n'est les noms de quelques auteurs de reportages comme Peyrefitte et Lartéguy.

M. O. a composé son manuel en partie selon la chronologie, en partie selon les genres. Après un premier chapitre sur l'existentialisme, il consacre trois sections à la poésie, au roman et au théâtre pour terminer par un chapitre sur le structuralisme. On peut se demander s'il n'aurait pas mieux fait de s'en tenir à la division en décennies, pour banale qu'elle soit. C'est la meilleure façon d'établir les rapports avec les événements historiques, politiques et sociaux, auxquels M. O. attache une forte importance. Cela serait d'autant plus nature! que nous connaissons déjà assez bien l'existentialisme des années 40, le nouveau roman et le théâtre absurde des années 50. Mais on connaît beaucoup moins bien le visage des années 60, le rôle du groupe Tel Quel et de Philippe Sollers, qui ne donnent matière qu'à une seule page à la fin du livre.

M. O. reconnaît lui-même que sa division selon les genres est impossible, par exemple dans le cas de Beckett, qu'il place sous le théâtre, mais qui est autant ou davantage un romancier. Il en est de même de Boris Vian. Et chez un auteur comme Marguerite Duras, on voit combien la distinction des genres est artificielle puisqu'elle s'amuse à assimiler le roman au drame et inversement. Après avoir lu son dernier roman « Détruire, dit-elle », on trouve, à la dernière page, des indications pour jouer ce roman sur la scène. La situation de lonesco est presque la même puisqu'il commence toujours par écrire des nouvelles, qu'il transforme ensuite en drames.

La partie la plus originale du manuel de M. O. : sa présentation des poètes lyriques qu'il caractérise avec une précision d'autant plus impressionnante que ce genre est très difficile à analyser. Nous rencontrons ici Guillevic, poète des objets, Frénaud, dont le thème favori est le non et le oui, et Isou, dont le lettrisme est une théorie de l'écriture - avant la lettre.

Les deux autres chapitres substantiels sont consacrés au nouveau roman et au théâtre d'avant-garde. Pour M. 0., le noveau roman a pour précurseurs Reverzy, Blanchot et Cayrol, ce qui étonne un peu puisque leurs œuvres ne sont pas antérieures aux premiers ouvrages de Beckett, de Nathalie Sarraute et de Claude Simon!

COPENHAGUE