Revue Romane, Bind 6 (1971) 2Quelques observations sur commePAR OLE MØRDRUP commel présente un problème intéressant en tant qu'introducteur des propositions exprimant la comparaison, le temps et la cause2, dont le dernier groupe reste toujours antéposé alors que les deux autres sont tantôt antéposés, tantôt postposés. Nous allons étudier dans cet article dans quelle mesure les différences sur le plan sémantique se traduisent sur le plan syntaxique. Le terrain que nous allons parcourir n'est pas vierge, et nous sommes surtout redevable à MM. Lorian, Sandfeld, Sten et Togeby ; mais, comme aucune de leurs études n'est exhaustive en ce qui concerne notre sujet, il vaut peut-être la peine de jeter un coup d'œil sur l'ensemble des problèmes posés par comme, dans la perspective que nous avons choisie, sans pour autant prétendre épuiser le sujet. Nous considérerons comme fondamentale la place de la proposition introduite par comme par rapport à la principale. Aussi diviserons-nous notre étude en deux parties: d'abord les propositions antéposées et ensuite les propositions postposccs. 1. Les propositions antéposéesComme les
propositions exprimant la cause et le temps présentent
de 1: Cet article reprend le chapitre sur comme dans Ole Mordrup: «Bisastningsindledere pà moderne fransk» (1970, non publié), couronné par l'Université de Copenhague. 2: En dehors de ces cas, comme introduit aussi des propositions du type: Vous ne pouvez pas savoir comme je souhaite qu'elle soit heureuse (Hougron, Scandale 150) ou ia subordonnée introduite par comme remplit la l'onction de complément d'nhjet Mais, comme ce type se distingue profondément des autres, il ne sera pas traité ici. Side 204
1.1. Les
comparatives II se dégage de
l'étude des exemples que ce groupe peut être réduit à
1.1.1. comme -\-
sujet -f- verbe + complément d'objet. Comme le dit
Chomsky (. .), l'ordre des règles syntagmatiques est un
ordre Comme le note
Emmon Bach (. .), l'idée baconienne que « . . » est
fallacieuse Comme l'a dit
Salomón Reinach, dans sa justification des Templiers,
c'est un - Non, dit
Dubreuilh. Comme vous me le disiez un jour, on ne
s'empêche Comme l'avait
désiré Jules Grévy, la République ne faisait plus peur
(Bainville, Comme il l'avait
espéré. . Simon trouva quelques libertés (Nizan,
Conspiration De plus, comme
nous allons le voir, c'est cette solution qui permet de
rendre Comme je m'y
attendais, elle me fait un tas d'appels au calme et de
morale Comme on pouvait
s'y attendre, l'aviation israélienne effectue maintenant
des Comme j'avais pu
m'y attendre, il était clair que, de l'effervescence qui
régnait Les trois
constituants de la phrase minimale appellent quelques
remarques 1.3.1.1. Le sujet
En général, un
sujet non-pronominal exige l'inversion (voir plus haut),
Comme Robien
l'avait prévu, nos ministres rougirent, quand Churchill
contempla Comme M. Laurent
l'avait dit à propos de la Norvège, c'est nous-mêmes qui
Side 205
Si la proposition
subordonnée contient un pronom personnel en plus Comme Jacqueline
te l'a dit, notre belle-sœur Hélène est donc arrivée
ici, chez 1.1.1.2. Le verbe
L'éventail des verbes reste normalement assez restreint. On trouve surtout des verbes dits d'opinion: s'attendre, avertir, calculer, désirer, dire, entendre, espérer, mentionner, noter, observer, penser, prévoir, savoir, signaler, suggérer, dont quelques-uns (dire, savoir, voir) sont les plus usités. 1.1.1.3. Le
complément d'objet Le complément
d'objet se présente toujours sous la forme du pronom
Comme on sait,
c'est surtout en phonologie qu'il a été question de ce
test Comme on sait,
tous les Juifs furent noyés dans la Dvina (Schwarz-Bart,
- Ça avancerait
qu'il serait mort. Comme dit Vincent, du moins la mort,
ça Comme dit
Descartes, il suffit de relâcher son attention pour être
envahi par Cette
construction se rencontre aussi en postposition :
Dieu existe parce
qu'il le mérite et par une sorte de surabondance d'être,
comme Ainsi que le montrent les exemples cités plus haut, les temps composés et les verbes commençant par une voyelle exigent le pronom neutre, bien qu'on trouve exceptionnellement des cas sans le, tel le suivant où la comparative est postposée : Était-elle
ailleurs, comme la sœur avait dit? Était-elle ici, près
de moi, en moi, 1.1.2. Ce modèle
est caractérisé par sa construction impersonnelle et
3: En tout cas, nous n'avons pas trouvé d'exemples avec inversion. Side 206
1.1.2.1. comme il
arrive souvent a. Au lieu de
souvent, on trouve également parfois ou un autre mot
Comme il arrive
souvent, ce fut l'intervention d'un tiers qui brouilla
les choses Au reste, comme
il arrive parfois dans les litiges entre alliés,
l'ennemi lui-même Comme il lui est
arrivé maintes fois, elle était lasse d'une vie
prosaïque (Bainville, // est
normalement choisi comme sujet dans ce genre de
construction, Comme cela arrive
souvent, le trou, dans la gorge, paraissait
disproportionné Léon Forentin
était là quand on a sonné à la porte et, comme cela lui
est b. Comme il
fallait s'y attendre, ma décision provoqua des remous au
sein des Les deux
expressions sont presque des constructions figées, et il
n'est La colère m'eût
fourni la force, comme il arrive aux hommes (Rochefort,
Franchement, ce
fut médiocre, esjniirïc il fallait s'y uuendre (Camus,
Chute <>?). 1.1.2.2. comme
+//+ être -f- adjectif (ou àH- infinitif) Comme il est
classique, l'idéalisme s'alliait chez lui à un
scepticisme qui Comme il était
normal, Mazarin fit immédiatement le nécessaire pour que
la Comme il était à
prévoir, la réprobation ministérielle s'étendait à ma
personne 4: M. Hoybye écrit (Mélanges. . M. Grevisse, Gembloux 1966, 218) que «beaucoup d'écrivains préfèrent il arrive à cela arrive» dans cette construction. M. Hoybye est sans doute trop prudent, il faut dire plutôt que l'emploi de cela à cet endroit est très rare. Side 207
1.1.3. D'autres
modèles Les exemples présentés ci-dessus constituent la grande majorité des propositions comparatives antéposées. Le dénominateur commun de tous ces cas était la simplicité de leur structure, mais il en reste qui ont des structures plus complexes. Il s'agit là de ce que Lorian (op. cit. 93) appelle «Parallélisme sémantique des deux verbes, subordonné et principal». O compagnons de
notre exil, comme les fleuves vont à la mer, toutes nos
larmes Si le
parallélisme n'est pas très explicite, il peut être
souligné par des Comme la lumière
d'un projecteur révèle soudain le monument, ainsi la
libé Comme l'Etat
authentiquement chrétien n'est pas l'Etat clérical, mais
celui 1.2. Les
temporelles et les causales Ce groupe réunit la majorité des propositions antéposées introduites par comme. Les deux aspects étant très proches, il est parfois malaisé de les séparer (cf. Sten, op. cit. 122, Sandfeld, op. cit. § 196, Lorian, op. cit. 91), mais on peut néanmoins observer quelques traits par lesquels les temporelles se distinguent des causales. D'une manière générale, on peut dire, à l'instar de Togeby (FG § 313), que les temporelles expriment quelque chose de plus concret que les causales. Il apparaît en effet que la temporelle (ou la principale correspondante, mais c'est plus rare) renferme presque toujours un verbe de mouvement. 1.2.1. Quant à
l'emploi des temps, on constate qu'il est très strict
dans Side 208
passé simple (passé composé) / comme + imparfait, tandis qu'il est moins absolu dans les causales. Du point de vue temporel, les causales expriment l'antériorité par rapport à la principale, alors que les temporelles marquentla simultanéité (cf. Sandfeld, op. cit. § 161, Lorian, op. cit. 94). Cette différence nous explique aussi l'amovibilité des temporelles (tantôt antéposées, tantôt postposées) aussi bien que l'inamovibilité des causales (uniquement antéposées), trait distinctif important pour différencier les deux types de propositions. De même que l'on peut intervertir les deux membres d'une équation (x = y <-> y = x), de même la principale et la temporelle sont interchangeables, puisque c'est la simultanéité qu'indique cette construction. Comparer par exemple: Un soldat l'a
traitée deje ne sais quoi comme elle arrivait à Chinon
(Anouilh, Elle s'est mise à
rire, elle vous a crié comme s'ébranlait la machine
(Butor, Comme je
m'approchais, l'un des hommes en uniforme se tourna vers
lui et Mais comme il
atteignait le mur d'enceinte, il perçut un léger pas
derrière lui Des exemples tels que ceux-là ne peuvent guère être interprétés comme causals, et de véritables exceptions, c.-à-d. là où la proposition introduite par comme est postposée, sont très rares. Dans le cas suivant, le premier comme est temporel, alors que le deuxième a reçu une nette nuance causale tout en restant lui aussi temporel: «Accidente», dit-elle, comme ils se retrouvent face à face, lui dans la cohue s'étant jeté à droite et elle à (sa) gauche, «Accidente», dit-elle à nouveau, mais avec un sourire a son adresse, comme ia cohue empêche que l'un de l'autre i!s se dépêtrent (Mandiargues, Marge 71). 1.2.2. La deuxième différence essentielle entre les temporelles et les causales est la négation. Eue joue un rôle important, parce que ce ne sont que les causales qui l'admettent. Nous n'avons pas réussi à trouver de temporelles négatives, ce qui ne peut, évidemment, constituer une preuve de leur non-existence. Mais les cas suivants montrent qu'une temporelle devient soit causale soit agrammaticale, si l'on ajoute une négation: Comme je (ne)
franchissais (pas) le mur, les phares de la voiture de
Gabriclle balayèrent
lentement la prairie (Cabanis, Bataille 95). Cette phrase
(en version négative) est peut-être possible dans un
certain Side 209
la proposition
introduite par comme est postposée, la construction est
Cécile s'est
éveillée comme vous (n') arriviez (pas) à Civitavecchia
(Butor, 1.2.3. Exemples
de causales: Comme il n'y put
parvenir, il demanda la rue Taitbout (Duhamel, Passion
186). Comme il n'y eut
pour ainsi dire point de ces exportations-là et que, par
contre, Or, comme on sut
bientôt quelle avait été la stupeur de Hitler devant
l'attitude Mais, comme en
juin-juillet 1715 Louis XIV manifestait son intention de
convoquer Comme elle
menaçait de recommencer à pleurer, Jacques lui coupa la
parole Comme je me
taisais, il a fini par dire (Hougron, Portes 163).
Et, comme Maigret
cherchait où il avait pu la voir, car. „ elle lui
rappelait: Comme on ne
pratiquait pas l'instantané, il y avait gagné le goût
des poses et Comme on n'a rien
pour cimenter les diverses espèces de pierre, les murs
ne «- Comme je le
connais, il n'y a pas de chance qu'il sorte cette nuit.
» (Simenon, C'est possible.
Comme je dois devenir sa femme, je le subirai (Aymé,
Clérambard Brigante
insistait surtout sur la brutalité du déchirement. Comme
il est maigre, 1.2.4.1. Par opposition à la structure plutôt complexe des causales, celle des temporelles est simple. D'ordinaire, elle correspond au modèle que voici : comme ~\- sujet + verbe (de mouvement) + (comp. circonstanciel) / principale; La seule différence pour les postposées, c'est que la principale précède la subordonnée introduite par comme: Exemples de
temporelles antéposées: Comme ils arrivaient a. hauteur de
l'immeuble, leur chant mourut sur un Side 210
Comme j'arrivais
auprès de lui, le vieux me prit à témoin de sa
simplicité Comme il
descendait la rue Pigalle, une voix très douce l'appela
dans l'obscurité Comme il
traversait la Phocide, il vit une vache marquée sur le
flanc d'un Comme un loufiat
passait d'aventure, Fédor Balanovitch lui dit: (Queneau,
Hier comme il
sortait de la Rotonde, on lui a demandé ses papiers
(Beauvoir, Le 14 juillet,
comme je passais à Londres la revue des troupes
françaises, j'y Comme nous
cheminions dans le brouhaha matinal, il harcelait Désiré
de Comme nous nous
couchons, enfin, le soleil se lève (Sarrazin, Cavale
25). Ces exemples
appellent quelques remarques supplémentaires: a. Ce sont des cas de ce genre qui sont ambigus. Ils sont tous temporels, mais il y en a où l'on ne peut exclure une nuance causale. Par exemple Schwarz-Bart, Dernier 194: leur chant mourut juste au moment de leur arrivée, mais peut-être aussi parce ¿/«'ils arrivaient là. On pourrait dire encore que s'ils n'étaient pas arrives à hauteur de l'immeuble, leur chant ne serait pas mort. La proposition introduite par comme conditionne donc la réalisation de l'action impliquée par la principale (ceci valant également pour les causales). Et c'est seulement dans les cas où il n'existe aucune relation de ce genre que le sens causal est exclu (voir par exemple Sarrr>7¡n. Cavale 25V b. L'emploi des
temps dans les trois derniers exemples est exceptionnel:
1.2.4.2. Exemples
de temporelles postposées: II arriva
justement comme Antoine et son père se levaient pour
partir (Aymé, Il finit par
s'endormir comme le monde sortait de l'ombre (Duhamel,
Passion Je la trouvai
néanmoins sur la terrasse comme elle descendait de sa
propre Olivier rentra
chez lui comme Edouard venait d'en partir, las de
l'attendre Side 211
«Non, c'est
fini», se dit-il comme la moto s'arrêtait devant l'hotel
Belzunce - Tu le vois
souvent, Scriassine? demanda Lambert comme ils
descendaient Lanzmann nous la
raconta comme nous dînions rue de la Bûcherie avec les
Je l'interrompis
comme elle disait (Mauriac, Nœud 33). Tout vous était
nouveau dans cette nuit du printemps romain comme vous
Nénette le
rejoint comme il va à la salle de bains (Anouilh,
Ornifle 233, indication - Un verre,
dit-elle, comme la serveuse est à portée de voix
(Mandiargues, Nous regagnons
notre banc comme il commence son envolée (Sarrazin,
Cavale Je trouvai mon
père sur la terrasse, comme il partait pour le village
(Sagan, 1.2.5. 11 ressort
de ces cas que l'emploi des temps dans les temporelles
Le temps le plus usuel dans les temporelles est, comme indiqué plus haut, l'imparfait. 11 traduit, ainsi que le remarque Sandfeld (op. cit. § 161), «une action ou un état pendant la durée desquels quelque chose s'accomplit. » II constitue en quelque sorte une toile de fond pour l'action de la principale mise au passé simple. On pourra ajouter que, le verbe étant normalement un verbe de mouvement (perfectif), la temporelle indique plus souvent une action qu'un état. La valeur de l'imparfait peut aussi être ce que l'on appelle «l'imparfait de conatu» (cf. Togeby, FG § 313; voir par exemple Sagan, Tristesse 167 cité ci-dessus). L'imparfait d'habitude ne se rencontre en revanche pas dans les temporelles, alors qu'il est courant dans les comparatives postposées : Elle ne m'avait
pas téléphoné comme elle le faisait d'habitude (Simenon,
Voleur Mademoiselle déplia ses bras, frappa le clavier de son crayon, comme elle faisait d'habitude depuis trente ans d'enseignement (Duras, Cantabile 68). Il leva les veux, comme il faisait toujours, vers la elace au-dessus de la chaise longue (Mauriac, Désert 98). 11 lit le tour de
la chambre, comme îi laisait toujours lorsque en voyage,
ii Side 212
1.3. Maintenant que nous avons examiné les différents types de propositions antéposées introduites par comme, il serait peut-être intéressant de voir s'il existe des cas ambigus ou si tous les exemples appartiennent univoquement aux deux catégories principales (d'un côté les comparatives, de l'autre les causales et les temporelles). Nous avons essayé de montrer qu'il n'y aurait pas de problèmes, puisque les comparatives qui se rencontrent normalement antéposées se rangent dans un petit nombre de catégories bien déterminées.s Mais il reste les cas traités sous 1.1.3., où deux facteurs interviennent: d'une part un nombre relativement peu élevé d'exemples, et d'autre part un parallélisme le plus souvent si explicite que l'on a, ou le même verbe dans les deux propositions, ou un mot-outil tel que ainsi, aussi dans la principale indiquant sans ambiguïté qu'il s'agit d'un comme comparatif. L'exemple cité
par Lorian (op. cit. 94): Comme on met un
doigt sur un ressort, avec précaution, j'avais essayé de
Dans le cas
suivant, nous avons par contre 'état - action' (en même
Comme la piaule
est toujours en désordre, je n'avais pas remarqué
l'agencement 2. Les comparatives postposéesII reste deux points qu'il nous faut aborder. Il s'agit d'une part de savoir si les comparatives que nous avons déjà traitées se placent librementpar rapport à la principale. Parlant de la construction impersonnelle(i.î.2.), nous avons mentionné plus haut que les comparatives de cette catégorie se trouvent aussi postposées et qu'il serait difficile de se prononcer sur le problème de savoir quelle position est la plus normale. En ce qui concerne les propositions traitées sous 1.1.3., il apparaît qu'elles sont, normalement, postposées. Le premier type se rencontre 5: On peut en outre noter deux faits syntaxiques: 1. Les comparatives antéposées n'admettent pas non plus la négation: toute proposition antéposée introduite par comme qui est négative est donc causale. 2. !! ne semble pas que comme comparatif puisse être repris par que ainsi que le peut comme causal ou temporel (cf. Lorian, op. cit. 96-97). Side 213
également dans
d'autres positions, d'une part postposées d'autre part
L'autre problème dont il nous faut traiter est de savoir comment distinguer les comparatives des temporelles parmi les postposées. Comme nous l'avons vu. les propositions temporelles se signalent par le fait qu'il est possible d'en donner une description assez précise: l'emploi très régulier des temps, le choix des verbes assez restreint et enfin une coïncidence sur le plan temporel entre l'action de la subordonnée et celle de la principale. En face, nous avons les comparatives que nous sommes obligé de définir négativement, c.-à-d. comme toutes les propositions introduites par comme qui ne sont pas temporelles. Il faut recourir à cette solution qui n'est ni satisfaisante, ni définitive, parce que les comparatives possèdent une structure plus complexe et moins régulière que les temporelles, ce qui fait qu'une description précise en est plus malaisée. Il reste quand même un problème qui pourrait être intéressant à aborder. Nous avons vu plus haut que le passé simple était possible dans les causales, car il faut probablement exclure cet aspect des temporelles.6 Exprimant la simultanéité, elles se mettent à l'imparfait, parce que cet aspect paraît mieux approprié à rendre le fond de décor, même s'il existe des passés simples simultanés (cf. Sten, op. cit. 98), mais, dans ce cas, ils sont sur le même niveau, alors que le propre de la temporelle est de marquer un plan secondaire par rapport à la principale. Il faut tout de même souligner que le passé simple est assez rare après comme causal, et nous voyons donc que comme exige presque toujours l'imparfait. L'emploi du passé simple dépend de la manière dont la comparative est liée à la principale. Si la comparative est rattachée au verbe et la cohésion, par conséquent, étroite, la possibilité de voir apparaître le passé simple est moindre que si la comparative est subordonnée à la principale entière. Dans ce cas, la cohésion est plus relâchée, car on ne peut constater de concordance entre les deux propositions. Pour déterminer pratiquement s'il s'agit d'une forme ou de l'autre de cohésion, on pourrait noter la présence ou non d'une virgule avant comme, de sorte qu'une virgule sera comprise comme le signe d'une cohésion relâchée. 6: De même que des comparatives antéposées. Nous n'en avons trouvé qu'un coul exemple FI exagérait beaucoup • comme Platon fit du poète. Karl chassait de sa République Vingénieur, le marchand et probablement Vofficier (Sartre, Mots 44). Side 214
Si l'on considère
seulement les œuvres que nous avons dépouillées
2.1. Relation
étroite 2.1.1. Passé
simple / comme + passé simple Cette combinaison se retrouve dans les deux tiers des cas (8). La construction dominante de cette catégorie est comme on put. Sans aucun doute, c'est le passé simple de la principale qui a entraîné le même aspect dans la subordonnée; nous avons donc ici correspondance:7 Plus tard, il
consola Nicole comme il put (Sagan, Mois 135).
Ernie l'imita
comme il put, atteint par le pathétique du cérémonial
(Schwarz- Beaucoup
d'anciens chefs des maquis, privés de responsabilités,
renoncèrent D'autres
exemples: M. Thomas Young
se leva comme dut Lazare jadis se lever de son tombeau,
J'entrai dans le
bar en titubant comme dut tituber Lazare ressuscité
(Beauvoir, En 1667, notre
armée entra en Flandre comme elle voulut (Bainville,
France 2.1.2. D'autres
temps / comme \- passé simple Dans cette
catégorie, il n'y a qu'une seule vraie exception:
a. Imparfait /
comme + passé simple !! croyait
peut-être seulement rne serrer la main comme ii crut
sans doute ne b. Présent /
comme + passé simple Celui qui meurt,
meurt comme il fut (Saint-Exupéry, Pilote 66, cit. Sten,
op. 7: La présence d'une virgule marquant une relation relâchée dans l'exemple cité par Togeby (FG § 528): Je i'empoignai ferme par le bras, comme je pus, peut être considéré comme exceptionnel (cf. Damourette & Pichón V, § 1806 et Hoybye, RR I, 1966, p. 57). Side 215
2.1.3. Participe
passé / comme + passé simple Le sabordage de
la flotte française à Toulon fut un dernier sacrifice à
la chimère Raidissement de
la rousse, qui me laisse entrer dans son bureau, ciré
comme 2.2. Relation
relâchée Les chiffres montrent clairement que les liens qui existent entre le temps de la principale et celui de la subordonnée sont assez faibles. Nous avons trouvé 11 exemples avec l'imparfait et 6 avec le passé simple dans la principale. En plus, il y a une douzaine de cas où l'on a employé le présent dans la principale et enfin un tout petit nombre d'autres temps. a. Passé simple /
comme + passé simple L'irrésistible
confident de la société chavranchaise. . eut, comme il
l'avoua Ce soir-là, comme
il en fut chaque fois que je le vis ensuite, il se
montra b. Imparfait /
comme + passé simple Lt j'ai senti
qu'on vous bafouait, comme on bafoua le Crucifié
(Montherlant, Je traversais la
mort, comme Alice traversa le miroir, et une fois de
l'autre 11 avait pourtant
l'avenir pour lui, comme le distingua tout de suite le
Sénat Et il n'avait
pas, comme j'eus à Combray dans mon enfance, des
journées La nuance était
importante et risquait de mener au moins, comme le fit
remarquer Il appartenait à
l'actuel secrétaire général de 1'0.N.U., comme le fit
avant lui Side 216
c. Présent /
comme -f passé simple Elle passe
légèrement la main dans le désordre blond de ses
cheveux, comme Contre de si
effroyables paroles, j'en appelle à tous les fils, comme
une mère Jeu s'il y a
(comme il y eut parfois, très plaisamment), l'initiative
en est à lui Quand un ministre
essaie de mettre tout le monde d'accord - comme le lit
Imaginez queje
sois séquestrée. . incapable de me taire entendre de
quiconque Bien que l'on emploie quelques constructions telles que comme ce fut le cas indépendamment du temps de la principale, il ne faut pas oublier que l'imparfait est de beaucoup le plus fréquent des deux temps. En comparant comme avec d'autres conjonctions telles que pendant que, tandis que ou alors que, il ressort cependant que comme est plus compatible avec le passé simple (selon la signification de comme) que ces introducteurs. La restriction (en excluant le passé simple) est ainsi presque absolue pour le comme temporel et le comme comparatif antéposé, elle n'est pas aussi prononcée pour le comme causal; c'est pour le comme comparatif postposé qu'elle est le plus affaiblie. Ole Mordrup
COPENHAGUE
RÉSUMÉNotre point de départ a été les différentes places de la proposition introduite par comme par rapport à la principale (d'une part les antéposées, d'autre part les postposées et les incidentes). Nous avons essayé de montrer qu'il était possible de réduire les comparatives antéposées à quelques phrases modèles. Nous nous sommes aussi posé la question de savoir dans quelle mesure il était possible de distinguer les causales des temporelles, et nous avons conclu que, puisque les temporelles se différencient des causales sur quelques points importants (elles admettent à peu près indifféremment l'antéposition comme la postposition, elles sont incompatibles avec la négation, l'emploi des temps suit un schéma assez fixe, l'éventail des verbes est restreint), il est légitime de maintenir la distinction. Pour ce qui est des comparatives postposées, nous nous sommes demandé s'il était possible d'en donner une description aussi précise que celle des antéposées, et nous sommes arrivé à la conclusion que cela ne l'était pas en raison de la structure complexe et variée des postposées. Nous avons enfin examiné la compatibilité de commi' et du passé simpie. ii est apparu que ceiie- Side 217
ci est le plus
nette dans les comparatives postposées sans que le passé
simple cesse BIBLIOGRAPHIE:Hoybye, P.: Les
concordances temporelles, Revue Romane 1, 1966pp. 46-59.
-Les Lorian, A.:
L'ordre des propositions dans la phrase française
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Syntaxe du français contemporain : II Les propositions
subordonnées, Sten, H.:Les
Temps du verbe fini (indicatif) en français moderne,
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Le Notaire du Havre. Livre de Poche, 1965. Duras,
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de, Mémoires de guerre: L'Appel. Livre de Poche, 1964.
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Faux-Monnayeurs. Livre de Poche, 1964. Grimai, Pierre,
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l'amour. Livre de Poche, 1968. Montherlant,
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conspiration. Livre de Poche, 1968. Peyrefitte,
Roger, La mort d'une mère. Livre de Poche, 1964. La fin des
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Le Temps retrouvé I. Gallimard. 1963. Un amour de
Swann. Livre de Poche, 1964. Quenau, Raymond,
Zazie dans le métro. Livre de Poche, 1966. - Dans un mois dans
un an. Livre de Poche, 1964. - La cavale.
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Jean-Paul, Les Mots. Gallimard, 1964. Schwarz-Bart,
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Jean-Jacques, Poche, - L'ami de
l'enfance de Maigret. Presses de la Cité, 1969. - Les mauvais
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Doctrines littéraires en France. Presses Universitaires,
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