Revue Romane, Bind 6 (1971) 1Articles et négationPAR DAVID GAATONE La comparaison des deux énoncés j'ai des amis / je n'ai pas d'amis fait apparaître dans le second une variation formelle, de (d') au lieu de des, entraînée, du moins dans cet exemple, par la présence de pas. Ce phénomène bien connu de la syntaxe du français pose des problèmes d'interprétation assez complexes. Mais tout essai d'interprétation doit s'appuyer sur une description exhaustive et détaillée de l'ensemble des contextes dans lesquels se produit ou peut se produire la variation formelle en question. Tout d'abord, si l'on prend comme point de départ la phrase positive,cette variation ne concerne que des syntagmes nominaux à article indéfini ou partitif, c'est-à-dire, en somme, précédés par l'un des mots un{e), des, du, de la.l Une seconde restriction porte sur la fonction du syntagme nominal. Seul, en effet, l'objet direct indéfini est sujet aux variations formelles liées à la négation. Les attributs, en dépit de leur ressemblance avec l'objet direct, sont donc exclus de cette transformation:Ce sont des amis/Ce ne sont pas des amis. D'autre part, les séquencesdes verbes impersonnels (autrement dit, le sujet «réel» du verbe impersonnel de la terminologie traditionnelle) sont à considérer, de ce point de vue, comme des objets directs. Enfin, cette variation est liée non seulement àla présence de ne... pas, mais également à celle de toute une série de termes qui, par là même, peuvent être considérés comme constituant une catégorie de mots négatifs, possédant une caractéristiquesyntaxique commune. Ces mots sont: pas, point, jamais, 1: Spécifions qu'il est nécessaire de faire la distinction entre des, du, de la, prédéterminants et parties du syntagme nominal, et les mêmes mots, formes amalgamées d'une préposition et d'un article (même si, diachroniquement, ces formes sont identiques). Contrairement à ce qu'affirme J. Dubois (Grammaire structurale du français, nom et pronom, Larousse 1965, p. 153-154), il ne nous semble pas que le fonctionnement soit le même quelle que soit l'exploitation sémantique. Par exemple, du point de vue de la substitution pronominale, le syntagme prépositionnel des enfants dans la phrase je m'occupe des enfants ne tonctionne pas comme le byntagme nominal indéfini des enfants dans jp vois des enfants. On aura, pour le premier, je m'occupe d'eux, pour le second, j'en vois. Side 2
la locution «de -\- article défini ou adjectif possessif -j- vie», plus, guère, nulle part, rien, personne, aucun, nul, pas un, sans (sans que), ni. .. ni. Voici quelques exemples d'emploi de de, chacun avec des mots négatifs, tant dans le cas d'un objet direct proprement dit que dans celui d'une séquence directe de verbe impersonnel: pas ... son cocher le
regardant lui demanda s'il n'était pas malade ou s'il
n'était point Comme jadis, il
semble bien qu'il n'y ait point pour cet indifférent de
questions jamais Jamais je ne lui
chante de chansons, dit Anne Desbaresdes. (M. Duras,
Moderato Il ne vient donc
jamais de Français, chez vous? (J.-P. Sartre, La Mort
dans de + art. défini /
adj. possessif + vie De ma vie, je n'ai
donné d'ordre sans rire.» (Id., Les Mots, Gallimard,
1964, plus Depuis que je n'ai
plus de servante . . . (G. Bernanos, Journal d'un curé
. . . si je vais
chez vous, il ne me restera plus de temps. (M. Butor,
L'emploi guère Tout cela n'avait
guère duré de temps. (L. Aragon, op. cit., p. 398)
A cette époque,
sur l'action d'Eismont-Tolmatchev, il n'est guère donné
nulle part
.. . et nulle part
on ne voyait de drapeaux blancs ... (L. Aragon, La
Semaine .. . ils allaient
se quitter et nulle part il ne subsisterait de lien qui
les rattachât A cette liste
d'adverbes de négation, il faudrait encore ajouter
nullement Sans doute il y
avait dans l'exagération de nos sentiments l'un pour
rautre, Side 3
... un peu de
faste, mais nullement d'hypocrisie ... (A. Gide, Si le
grain rien Si l'on ne croit à
rien, si rien n'a de sens et si nous ne pouvons affirmer
personne ... personne n'y
a attaché d'importance ... (M. Proust, op. cit., V. 11,
p. 271) Delhostal ... se
retournait pour voir s'il ne venait personne. (J.
Romains, aucun Le général se fit
assurer que le groupe A. A. ne faisait de publicité
d'aucune il n'y a d'avenir
de puissance pour aucun de nous pris séparément.
(L'Express, nul Nulle précaution
n'a d'efficacité certaine. (H. de Montherlant, Romans,
pas un J'ai fait en
trente ans trois romans ... dont pas un n'a eu de
succès. (J. sans / sans que
Le barman le
servit sans faire d'observations. (J.-P. Sartre, L'âge
de raison, Dans une société
idéale, un travailleur devrait pouvoir prendre une
poignée Remarquons, à propos de sans, que de ne précédera jamais le régime de cette préposition, sans l'intermédiaire d'un verbe ou d'un autre mot («sans accent», mais «sans presque d'accent», ex. cité par M. Grevisse, Le Bon Usage, p. 874) ni ... ni Ni la disposition
des lieux, ni leur orientation, ne fournissait d'indice
suffisant. La locution ne ... que soulève un problème plus complexe. Malgré la présence de ne qui, au point de vue historique du moins, constitue la négation par excellence, ne.. . que n'a pas de valeur négative, ne serait-ce que parce qu'il s'oppose, en français moderne, à ne .. . pas que. Cependant, un syntagme nominal objet direct, intercalé entre les deux éléments de la locution, se comporte, du point de vue de l'article, comme avec un mot négatif: Side 4
Vous avez tous ici
... une certaine tendance à ne voir d'héroïsme que dans
. . . il
n'arrivait de mésaventures qu'aux gens ridicules et
stupides. (S. de Dans les cas où la
langue, et en particulier la langue littéraire, autorise
C'était alors
comme si une étrangère eût vécu en moi, et je n'aurais
de repos II n'est pas de
journal qui ne réserve de rubrique aux problèmes de
langage. II est important de noter que l'influence du terme négatif sur le prédéterminant du syntagme nominal peut s'exercer même à une certaine distance du verbe négatif. On rencontrera donc des phrases où le syntagme nominal objet direct d'un verbe à la forme positive se trouve précédé par de négatif, en particulier lorsqu'il s'agit d'un infinitif ou d'une proposition subordonnée, eux-mêmes objets d'un verbe principal négatif: Ils n'avaient pas
la mine à vous faire de cadeaux. (L'Express, no. 868, p.
14) Pardonnez-moi.
L'autre fois, je n'ai pas songé à vous offrir de
cigarettes. II a ajouté que
son gouvernement ne comptait pas prendre de mesures de
II ne faut pas que
je prenne d'alcool ce soir. (J.-P. Sartre, L'âge de
raison, ... puis comme
Henry insistait, il en est venu à lui déclarer qu'il ne
voyait Je ne veux pas
qu'il t'arrive d'embêtements. (C. Audry, On joue
perdant, Je ne pense pas
qu'il existe de garçon aussi bien que Pradcllo,
ajouta-t-eile On ne voit plus comment on pourrait établir de relation significative entre la plus ou moins grande probabilité d'occurence d'une phrase dans les corpus et sa grammaticalité. (N. Ruwet, Introduction à la grammaire générative, Pion, 1967, p. 39) Avec d'autres mots
négatifs: Je n'ai jamais
l'air d'attacher d'importance à ce qu'on dit devant moi.
(J. Mais il ne pouvait
guère en résulter de désaccord ... (Ibid., p. 1042)
Side 5
de réponse? (A.
Robbe-Grillet, op. cit., p. 141) Dans tous les
autres domaines, elle partageait les idées de mon père,
sans Une question
l'obsédait sans qu'il sût trouver de réponse
satisfaisante. (A. II ressort de ces exemples que la portée de la négation peut déborder le cadre de la proposition où elle se trouve et atteindre des groupes verbaux (infinitifs ou autres) étroitement liés, du point de vue syntaxique, au verbe négatif. Il faut cependant ajouter que l'emploi de de négatif dans les contextes mentionnés ci-dessus ne paraît pas contraignant. Dans toutes ces phrases, les articles indéfinis ou partitifs semblent parfaitement acceptables. Nous reviendrons plus loin sur cette question. Le fait que la fonction du syntagme nominal objet direct soit marquée avant tout en français par sa position derrière le verbe peut entraîner, par analogie, l'emploi de de négatif devant un syntagme nominal sujet en position d'inversion: Comme il essayait
d'obtenir plus, elle refusa de donner ses lèvres sans
Aux variations des
prépositions de/du et à/au ne correspond pas de forme
On peut donc se
demander si au syntagme substantif ... ne correspond pas
Le deuxième
vicaire en termine avec un autre baptême: celui d'un
braillard Il existe une
espèce de phrase comparative dans laquelle ne se trouve
pas Longtemps dans la
nuit, ils poursuivirent leur dialogue ... mais sans
qu'intervînt Si cette tendance
analogique paraît assez forte, il n'en reste pas
On a déjà dit qu'à
l'analyse syntaxique ne correspondait pas une analyse
On appellera
morphologie ... l'étude de toutes les variations de
lorme du Side 6
... aucune
sélection ne sera pratiquée parmi les bacheliers tant
que n'existeront Au niveau de la langue littéraire, on rencontre l'emploi de de négatif sans qu'il y ait toujours conditionnement syntaxique. Un simple contexte sémantiquement négatif, ou même proche de la négation peut suffire. Mais il est vrai que les exemples en sont très rares: II ya rarement eu
d'édition sans objectifs commerciaux ... (J.-F. Revel,
in II vit des groupes
de valets, ou de gardes, si bizarrement vêtus qu'il
paraissait Quelle fut ma surprise chez Mme Verdurin de le voir s'incliner très bas devant moi, et devant moi seul, et d'entendre, avant même qu'il eût prononcé d'autre parole, les mots de respect ... à moi adressés. (M. Proust, op. cit., V. 11, p. 909) L'emploi de
l'article ordinaire eût été également possible (ou, pour
A quelques rares exceptions près, il se dégage de tous ces exemples que de se substitue aux articles indéfinis et partitifs, sous l'influence, d'une négation formelle et cela même sans contact direct avec cette négation. On a vu (p. 4) que ne seul, utilisé quelquefois dans la langue écrite comme négation absolue, variante littéraire de ne ... pas, peut aussi créer un contexte d'emploi de de négatif. Le ne dit explétif n'est évidemment pas dans ce cas. En dépit de leur identité formelle, ces deux particules diffèrent profondément par leurs propriétés syntagmatiques et paradigmatiques. ne seul, négatif, résulte d'un choix libre2 du locuteur, et son emploi ou non-emploi est donc distinctif. En revanche, ne se trouve avec ne . . . pas en opposition libre, de valeur stylistique (distinguant des niveaux de langue). Il n'en va pas de même pour ne explétif, dont îa présence dans ía phrase est conditionnée par celle de certains termes (mots de crainte, comparatifs d'inégalité, conjonctions telles que à moins que, avant que, etc. . .), dont la suppression, toujours possible, ne change rien au contenu de la phrase (j'ai peur qu'il ne pleuve/qu'il pleuve) et qui se trouve avec ne . . . pas en opposition distinctive (j'ai peur qu'il ne pleuve/qu'il ne pleuve pas). C'est donc
l'article plein qu'on rencontrera devant le syntagme
nominal 2: Mais libre seulement dans un nombre limité de contextes. Side 7
Tu ne crains pas
que si cela vient à se savoir, il n'en résulte des
ennuis? (J. Mais si j'ai bien
saisi ce qu'ils m'insinuaient, ils craignent qu'il n'y
ait des ... l'anomalie
même de l'histoire' empêche qu'elle n'y attache de
l'importance. On peut cependant remarquer que, dans la dernière phrase par exemple, l'emploi de de au lieu de de V ne paraît pas impossible. On aurait alors affaire à un cas d'emploi de de en contexte négatif seulement par le sens (voir exemples, p. 4-5). De toute façon, ce n'est pas le ne explétif qui serait responsable ici de cet emploi, puisqu'il peut être omis sans rien changer au sens négatif implicite créé par le verbe empêcher. Voici un autre exemple du même type: Dans le deuxième (cas), on contraste la langue que l'on suppose affectée par des contacts, avec des segments ou des périodes juxtaposés de cette même langue avant qu'elle ait subi d'altérations. (Le Langage, op. cit., p. 654) La même analyse est valable dans le cas de mots négatifs employés positivement. On sait que, dans certains contextes, que l'on pourrait définir sémantiquement comme des contextes négatifs ou dubitatifs, des mots tels que jamais, rien, personne, etc. . . apparaissent sans la particule préverbale redondante ne. Dans ce cas, les oppositions ne . . . jamais/jamais, ne . . . rien/rien, etc. . „ en général d'ordre contextuel {ne. .. jamais en contexte verbal, jamais en contexte non verbal), deviennent distinctives (je doute qu'il accepte jamais/qu'il n'accepte jamais). Employés positivement, les mots négatifs n'entraînent pas la substitution de de aux articles: Mais suis-je un
homme à avoir jamais des heures noires? (H. de
Montherlant, Je doute si
j'aimerai jamais un homme ... (L. Bellocq, La porte
retombée, Comment les femmes
auraient-elles jamais eu du génie alors que toute
Quant à Albertine,
je ne peux pas dire que nulle part, au Casino, sur la
Side 8
Cependant, là où le mot négatif apparaît dans une proposition posisive mais en dépendance étroite d'une négation, c'est-à-dire, surtout, avec un infinitif ou un autre verbe subordonné à un verbe principal négatif, l'emploi de de devient possible: . . . elle était
si belle qu'il ne se souvenait pas avoir jamais
rencontré de . .. car il ne
soupçonna pas un instant qu'elle eût jamais pu recevoir
d'argent A vrai dire, il ne
semblait pas qu'il y eût jamais eu d'orage. (M. Aymé, Le
Mais on recontre
aussi l'article plein: II n'est même pas
sûr qu'il ait jamais existé des sourires, des regards
Même en contexte formellement négatif, l'emploi de de est encore lié à une autre restriction dont il est nécessaire à présent de faire état. Il faut en effet que le syntagme nominal objet direct soit lui-même visé par la négation, autrement dit, que son existence soit niée par le terme négatif de la phrase. Il n'en est pas nécessairement toujours ainsi: la négation peut ne porter que sur le verbe, ou sur le rapport verbe-objet sans que l'existence de ce dernier soit niée, ou même sur un tout autre terme. Dans ce cas, l'emploi de de devient impossible Le nouveau siècle
n'est pas sentimental. Ce qui n'empèchc pas des formes
Il y avait bien un
peu de cela; car on n'imagine pas des fonctionnaires
arrivant Elle n'évitera pas
un index de tôle carminée qui lui donne une chiquenaude.
Dans les exemples
suivants, la place du terme négatif est sans rapport
Cette situation ambiguë est due, pour une large part, au fait que les nations occidentales et la France en particulier n'ont pas adopté une attitude claire en ce qui concerne le rôle de l'État dans la vie économique. (La France d'aujourd'hui, Hatier, 1964, p. 224) On pourrait paraphraser: la France a adopté une attitude pas claire. L'existence de attitude n'est pas niée, c'est sur claire que porte la négation. C'est encore sur des épithètes de l'objet direct, et non sur cet objet même, que porte la négation dans les exemples suivants: Side 9
Vivante certes,
dans les revues spécialisées, les innombrables
plaquettes, les Les journaux ne
font pas une campagne utile. (J. Romains, op. cit., V.
11, p. Dans la phrase
suivante, c'est une autre expansion que l'objet direct
Une seconde
question est celle de la forme exacte du verre: on
n'offre pas Ce n'est pas dans
une coupe qu'on offre du sherry. Pour des raisons Il comprit
rapidement que ses disciples ne lui demandaient pas de«
critiques, N'est-ce point
Pascal qui disait que nous n'aimons jamais des
personnes, Tout se passe en
fait comme si de représentait une sorte de
prédéterminant Les cas d'emploi ou de non-emploi de de négatif semblent donc s'ordonner selon des règles bien nettes. Malheureusement, il n'est pas difficile de trouver une foule d'exemples qui viennent déranger cette apparente harmonie. On constate en effet que. dans de très nombreux cas, aucune règle précise ne peut justifier le choix de l'article plein au lieu de de ou vice-versa. Il est clair que l'usage est hésitant. Mais ces hésitations sont elles-mêmes liées à certains contextes. Il apparaît, par exemple, que le non-emploi de de est facilité par l'éloignement dans la phrase du substantif objet direct relativement à la négation: Si je n'ai pas
sollicité un prêt de mes associés, c'est que je ne
voulais pas Elles n'avaient pas le temps non plus de nouer des relations. (Ibid., p. 798) Les premiers jours, Quinette, bien qu'il n'aime guère introduire des gens chez lui, s'est fait aider ... par une femme du voisinage ... (Ibid., V. 111, p. 345) Le non-emploi de
de semble également plus facile avec des mots
Je ne vous dirai
pas que je nie sens des droits ;>ui vuus, pai ce que
je ne Side 10
Personne n'a des
nouvelles de Moravagine. (B. Cendrars, Moravagine,
Grasset, Je suis rentrée,
la mort dans l'âme, sans avoir trouvé une solution. (E.
Triolet, ... elle en vint
presque aussitôt, sans se faire aucunement prier, sans
chercher La neige était
tombée brutalement à la mi-octobre, après huit mois de
sécheresse, A condition qu'il
soit bien entendu que sa présence est tout-à-fait
exceptionnelle, Sammécaud ... ne
trouvait du charme à cette activité de Marie qu'en y
II faut mettre à
part l'exemple suivant, assez exceptionnel d'ailleurs,
Ce n'est pas que
je n'aimerais pas voyager, non, mais sans des affections
L'article indéfini est, en règle générale, omis entre la préposition sans et le substantif indéfini suivant. Sa présence ici s'explique, nous semble-t-il, par l'expansion qui m'attendraient dont le pronom relatif exige comme antécédent un substantif déterminé. L'emploi de de serait ici impossible. Les hésitations de l'usage sont bien plus fréquentes encore lorsque le substantif objet direct du verbe négatif ne vient pas seul, mais est accompagné d'une expansion quelconque. A rencontre des cas étudiés plus haut, aucune nuance de sens ne peut expliquer la plupart du temps le choix de l'auteur. Les exemples abondent; nous nous limiterons à quelques-uns, en faisant alterner dans la mesure du possible, des exemples assez proches, avec et sans de: Profitant d'une
allusion qu'il avait lancée lui-même, j'ai tâché de le
faire parler de l'un et
de l'autre décès ... La manœuvre n'a pas eu des
résultats 11 faut enfin
noter que les expériences . . . n'ont pas donné de
résultats concluants II a même ajouté
qu'elle tenait un bureau d'esprit, ajouta mon père
impressionné fois dans des
Mémoires, mais à laquelle ii n'attachait pas un sens
précis. Side 11
Autrement dit, le
problème de la révolte occidentale ne semble prendre de
Les vitraux,
auxquels je n'avais pas accordé d'attention particulière
cette Charles Rossett
n'accorde pas une attention particulière à ce regard.
Quand on n'a pas
des domestiques assez bien stylés pour savoir placer un
A l'Université
cependant, les professeurs n'ont pas des préoccupations
aussi Quand le bébé
mourut en naissant, je crois que je n'eus pas de
véritable Et pas plus que
Théodore, ils ne s'étaient trouvé des raisons de le
faire. Mais, pas plus
qu'en biologie, ceci n'implique de profession de foi
finaliste. Les mêmes
hésitations se retrouvent avec d'autres termes négatifs.
Jamais aucun
spectacle n'avait attiré des foules comparables à celles
devant D'autant plus que la prononciation en à est souvent purement mécanique ... ce qui revient à dire qu'elle ne supporte plus une fonction distinctive dam tous ces cas. (A. Sauvageot, Français écrit français parlé, Larousse, 1962. p. 155") Dans l'ensemble cependant, nulle part on ne constate en ce qui concerne l'analyse des sons des langues un véritable progrès qualitatif immédiat qui serait le bénéfice visible de ces activités. (G. Mounier, Histoire de la linguistique, P.U.F., 1967, p. 103) et d'autre part:
Je n'ai jamais
connu de personnes aussi ignorantes, qui n'avaient
absolument N'y voyant pas non
plus de sonnette, elle frappe, sans obtenir de meilleurs
II faut remarquer
que cette coexistence de l'article indéfini ou partitif
L'usage est
hésitant également dans le cas de questions négatives
3: Sauf, peut-être, avec certaines négations autres que pas (voir p. 10) Side 12
Vous ne craignez
pas une dégénérescence progressive de l'action commune
Avec d'autres
n'avais-je pas des causeries plus étendues? (M. Proust,
op. et avec de:
Vous ne connaissez pas
de maçons? (J. Romains, op. cit., V. I, p. 1036)
Parfois
Jerphanion s'est demandé s'il ne ferait pas de
politique. (Ibid., p. 91) Un ami charitable à qui on décrit une jeune fille qu'on a vue au bal, a reconstitué qu'elle devait être une de ses amies et vous invite avec elle. Mais entre tant d'autres et sur un simple portrait parlé, n'y aura-t-il pas eu d'erreur commise? (M. Proust, op. cit. V. 111, p. 564) Dans ces derniers exemples, les articles indéfinis (ou partitifs) seraient parfaitement acceptables. Il arrive d'ailleurs qu'on rencontre côte à côte, en coordination dans la même phrase, l'emploi de de négatif et celui de l'article plein: D'autres qui n'ont
rien pris au départ dévalisent les estaminets, demandent
C'est au contraire
une excellente créature qui n'a jamais dit du mal de
Ces différences d'emploi ne peuvent s'expliquer par des différences de sens. On pourrait, au mieux, alléguer Téloignement du syntagme du pain dans la première phrase, par rapport au verbe négatif, et, dans la seconde, invoquer des raisons d'euphonie (éviter la répétition de de devant et derrière mal). Mais ce qui est important, c'est que ces facteurs secondaires ne peuvent jouer que grâce au relâchement de la contrainte grammaticale imposant l'emploi de de devant un substantif Oujct négatif et inuefini. Nature de de.
Certaines grammaires d'usage voient dans ce de négatif une réductionde l'article à son élément prépositionnel. Une telle analyse suppose l'introduction d'un critère diachronique: ce n'est qu'en se référant à l'histoire de la langue qu'on peut reconnaître une préposition dans les formes du, de la, des fonctionnant comme prédéterminants. D'autre part, on risque ainsi d'écarter de l'analyse, l'article indéfini (ou le numéral)un(e), qui s'oppose pourtant lui aussi à de dans les phrases: Side 13
j'ai un ami, je n'ai pas d'ami.* La plupart des grammaires conçoivent la substitution aux articles indéfinis et partitifs d'un élément de, comme l'emploi d'une préposition de (qui s'explique à nouveau diachroniquementpar l'origine substantive des mots négatifs pas, point, et la fonctionde complément de nom que remplissaient les substantifs, régimes de ces mots négatifs) suivi de la suppression ou de l'omission de l'article.Ce point de vue nous paraît présenter un inconvénient majeur: il obligerait à considérer le syntagme nominal indéfini objet direct d'un verbe positif comme objet indirect dans une phrase négative, c'est-àdirequ'il faudrait postuler un changement de la transitivité du verbe accompagnant le passage à la forme négative. Cela compliquerait inutilementla grammaire, d'autant plus que ce changement de transitivité ne s'opérerait que dans le cas d'un substantif indéfini (ou partitif) et ne serait pas valable pour un substantif défini. Une autre solution, beaucoup plus attrayante, consisterait à faire de de un élément du groupe (ne) . . . pas de, fonctionnant comme un quantitatif ordinaire. (ne) . . . pas de représenterait alors la quantité nulle dans une série de quantitatifs comprenant peu, beaucoup, assez, trop, combien, etc. . „ dont la variante contextuelle devant un substantif qu'ils déterminent comporte toujours de. On pourrait comparer ainsi: Je trctVaiiiC pCU
— JC yliCj tiaVtiiiiC pâS Je suis peu
travailleur - Je (ne) suis pas travailleur T;u peu de travail
- Te CrTiai pas de travail Cette description serait valable également pour d'autres adverbes négatifs, tels que point, jamais, plus, guère (et, éventuellement, nullementet aucunement). Il est à remarquer que les groupes peu de, pas de, etc.. . sont à considérer comme de véritables prédéterminants de substantifs, des «articles complexes» comme les appellent J. Damouretteet E. Pichón.s Orientés vers le substantif qu'ils précèdent, ils font partie du syntagme nominal dont celui-ci est le centre. On interpréteradonc différemment, dans les exemples suivants, les phrases de 4: Je n'ai pas un ami est également possible. Mais on a affaire dans ce cas à la négation (ne) .. . pas un = (ne) ... pas un seul. Ou bien, dans un contour d'intonation différent, il s'agirait alors d'une opposition à termes antithétiques: Je n'ai pas un ami. mais plusieurs ("voir p. 9). un porterait alors un accent d'intensité. 5: Essai de Grammaire de la langue Française, d'Artrey, Paiib, ±911-1940, T. 6, p. 218 Side 14
gauche, où
l'adverbe porte sur le verbe ou plutôt sur le syntagme
verbaltout Je vois beaucoup
les voisins - Je vois beaucoup de voisins Je (ne) vois pas
les voisins - Je (ne) vois pas de voisins C'est là, sans
doute, ce qui explique le non-emploi et même
l'impossibilité Madame, lui
dis-je, même en ce monde, il suffit d'un rien, d'une
pauvre Le caractère de
prédéterminant quantitatif que peut revêtir pas de
Aux cérémonies du
mois prochain, aucune délégation étrangère n'a été
invitée. Entre nous, je
préférerais une femme qui me fasse souffrir à pas de
femme Il y avait là, les
uns contre les autres, serrés, presque pas d'espace
entre les Notons encore ces
deux exemples, tirés d'une langue plus familière, Ce qui m'attend
chez moi, c'est pas de feu et tout seul pour manger mon
Je trouve que
c'est vraiment pas de veine ... (R. Merle, Week-end à
Zuydcoote, Cependant, cette
analyse de de dans les phrases négatives, comme
6: Présentée sous une forme quelque peu différente, c'est aussi l'une des solutions suggérées par M. Gross, dans son article «Sur une règle de cacophonie» {Langages no. 7, septembre 1967, pp. 105-118). Il y est proposé d'insérer ne ... pas dans la phrase-source pour effectuer la transformation négative. Cette règle, appliquée à j'ai du pain donnerait *je n'ai pas de du pain, corrigée en je n'ai pas de pain par la règle de cacophonie qui efface les formes du, de la, des (indéfini pluriel et partitifs) derrière la préposition ou selon la formulation de M. Gross: [RC]: de de Artg -*- de). La même règle étant valable pour de nombreux cas autres que celui-ci, la variation formelle de l'article en contexte négatif ne reste pas un phénomène isolé. Mais elle reste inexpliquée dans le cas de l'article indéfini singulier et de phrases négatives sans pas (avec rien, personne, etc. . . .). L'autre solution consiste à insérer ne ... pas et à effacer ensuite l'article générique (le, la, les) second élément des articles partitifs et indéfini pluriel. Mais ce n'est là qu'une autre façon de parler de la réduction de l'article à son élément prépositionnel. Cette solution serait peut-être meilleure, car elle pourrait s'appliquer aussi, à peu de choses près, à l'article indéfini singulier (bien que le cas ne soit pas étudié par M. Gross). En postulant pour cet article une forme sous-jacente un de (ce que fait M. Gross dans sa Grammaire transformationnelle du français, Larousse, 1968, p. 55), forme qui permet entre autres de rendre compte de la substitution par en (j'ai un ami, j'en ai un), on pourrait aisément expliquer la forme de en phrase négative, puisque l'article indéfini singulier comporterait lui aussi un élément prépositionnel. Mais il faudrait utiliser ensuite une règle d'effacement de l'article en général, et non pas seulement de l'article générique (qui ne pourrait effacer de). L'emploi de de avec rien, personne, etc. ... s'expliquerait par l'inveì lion de ut ... pus, avec effacement ulteneui de pas s>oui l'effet d'autres mots négatifs. Il subsisterait cependant encore un problème: comment rendre compte de l'emploi de de à distance du verbe négatif? Side 15
liaison avec des
adverbes de négation (pas de, plus de, jamais de,
6: Présentée sous une forme quelque peu différente, c'est aussi l'une des solutions suggérées par M. Gross, dans son article «Sur une règle de cacophonie» {Langages no. 7, septembre 1967, pp. 105-118). Il y est proposé d'insérer ne ... pas dans la phrase-source pour effectuer la transformation négative. Cette règle, appliquée à j'ai du pain donnerait *je n'ai pas de du pain, corrigée en je n'ai pas de pain par la règle de cacophonie qui efface les formes du, de la, des (indéfini pluriel et partitifs) derrière la préposition ou selon la formulation de M. Gross: [RC]: de de Artg -*- de). La même règle étant valable pour de nombreux cas autres que celui-ci, la variation formelle de l'article en contexte négatif ne reste pas un phénomène isolé. Mais elle reste inexpliquée dans le cas de l'article indéfini singulier et de phrases négatives sans pas (avec rien, personne, etc. . . .). L'autre solution consiste à insérer ne ... pas et à effacer ensuite l'article générique (le, la, les) second élément des articles partitifs et indéfini pluriel. Mais ce n'est là qu'une autre façon de parler de la réduction de l'article à son élément prépositionnel. Cette solution serait peut-être meilleure, car elle pourrait s'appliquer aussi, à peu de choses près, à l'article indéfini singulier (bien que le cas ne soit pas étudié par M. Gross). En postulant pour cet article une forme sous-jacente un de (ce que fait M. Gross dans sa Grammaire transformationnelle du français, Larousse, 1968, p. 55), forme qui permet entre autres de rendre compte de la substitution par en (j'ai un ami, j'en ai un), on pourrait aisément expliquer la forme de en phrase négative, puisque l'article indéfini singulier comporterait lui aussi un élément prépositionnel. Mais il faudrait utiliser ensuite une règle d'effacement de l'article en général, et non pas seulement de l'article générique (qui ne pourrait effacer de). L'emploi de de avec rien, personne, etc. ... s'expliquerait par l'inveì lion de ut ... pus, avec effacement ulteneui de pas s>oui l'effet d'autres mots négatifs. Il subsisterait cependant encore un problème: comment rendre compte de l'emploi de de à distance du verbe négatif? Side 16
Tout le monde rit du récit de la duchesse et d'autres analogues, c'est-à-dire, j'en suis convaincu, de mensonges, car ¿'homme plus intelligent, meilleur, plus fin, tranchons le mot, plus exquis que ce Luxembourg-Nassau, je n'en ai jamais rencontré. (M. Proust, op. cit., V. 11, p. 539) Mais de décision,
elle n'arrivait pas à en prendre, de peur de
m'influencer De
blanchisseuse, un dimanche, il ne fallait pas penser
qu'il en vînt. (Ibid., II n'est pas impossible cependant que les nombreuses hésitations de l'usage, en particulier avec des termes négatifs non adverbiaux (voir p. 9-10) ou à distance du terme négatif (voir p. 9), aboutissent à la création d'un nouvel état de langue où pas de, plus de, etc. .. soient encore beaucoup plus proches des quantitatifs, dont ils pourraient être considérés commer un sous-groupe. Avec la lente mais sûre disparition de ne préverbal, marque de redondance des négations, on assisterait alors à la dislocation de la négation française en tant que système de mots liés par des caractéristiques syntaxiques communes. Dans la langue parlée familière, ce processus semble déjà assez avancé. David Gaatone
TEL-AVIV RÉSUMÉUne des règles syntaxiques liées au fonctionnement de la négation est le remplacement par de des articles indéfinis et partitifs déterminant un syntagme nominal en fonction d'objet, et cela même à une certaine «distance» de la négation. D'un point de vue strictement synchronique, il semble bien qu'il faille voir dans ce de un véritable prédéterminant, faisant, au même titre que les articles qu'il peut remplacer, partie intégrante du syntagme nominal. D'autre part les hésitations de l'usage révèlent un relâchement de cette contrainte grammaticale dans certains contextes. Un rapprochement semble s'amorcer entre les séquences formées d'un adverbe de négation suivi de de {pas de, plus de) et des quantitatifs positifs (beaucoup de, peu de). |