Revue Romane, Bind 4 (1969) 2

Trois contes français du XIIIe siècle tirés des «Vies des pères»: De /'ermite qui sala son pain — De rermite que le deable conchïa du eoe et de la geline — De Nostre Dame qui vint el prael ou la dame estait, publiés par Göran Bornäs. Coll. «Etudes romanes de Lund», vol. XV. Lund 1968, 242 p.

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Le recueil de 74 contes pieux qui porte habituellement le nom de Vies des (anciens) pères a assez peu retenu l'attention des médiévistes.1 Dans son célèbre article du t. 33 de Y Histoire littéraire de la France (1906) : Versions en vers et en prose des « Vies des pères» (p. 254-328), Paul Meyer s'occupe presque uniquement des traductions et des adaptations des Vitae patrum latines auxquelles remontent seulement six de nos contes. C'est Amaury Duval qui avait été chargé de les traiter dans le t. 19 de F Histoire littéraire de la France (1838), ce qu'il a fait, à contrecœur semble-t-il, dans une notice très superficielle et très négative (p. 857 861), où il saisit toutes les occasions de manifester son mépris pour ces «tristes monuments des aberrations de l'esprit humain» (p. 842). Legrand d'Aussy a été plus compréhensif dans les Préliminaires du t. V de ses Fabliaux et contes, fables et romans du XIIe et du XIIIe siècle (3e éd., Paris 1829), mais il s'en prend en revanche sans pitié à Gautier de Coinci qui, d'après lui, a éclipsé injustement pendant des siècles les Vies des pères - ce qui n'est peut-être pas absolument faux: «Comsi [c'est-à-dire Gautier de Coinci] m'a paru simple et naturel, mais niais, plat, sans imagination et sans aucun charme,

. . . l'auteur de la Vie des pères, indépendamment du mérite de mieux choisir ses sujets et de mieux narrer, a encore celui d'écrire beaucoup mieux. 11 avait l'oreille vraiment poétique.. .» (p. 12). En tout cas ces contes sont d'une lecture agréable et méritent pleinement d'être mieux connus.

Comme le nombre et l'ordre des contes diffèrent le plus souvent d'un ms. à lautre, on utilise pour les rétérences, a la suite de Weber, les numéros qui correspondentaux places des contes dans le ms. A (B.N. fr. 1546). Quoique bien des philologues se soient servis de ce ms., M. Bornas est le premier à avoir remarqué qu'il ne nous a pas conservé l'ordre primitif: le cahier qui renferme les contes 45-63 et qui aurait dû venir à la fin du recueil, comme dans le modèle, a été inséré après le conte 44 pour des raisons techniques de transcription (p. 10-11). Pour faciliter les recherches Gaston Paris avait eu la bonne idée de donner, dans une notice insérée dans l'article de Schwan (p. 240), un nom à chaque conte; ce sont des désignations brèves qui ne donnent peut-être pas une idée très exacte du contenu,mais une fois qu'on a lu les Vies, elles sont tout à fait commodes. Le seul ennui, c'est que Paris a donné à trois reprises le même nom à deux versions différentesd'un thème: ainsi les nos 4et4B du Renieur correspondent, chez Ward et



1 : Le premier travail sur la tradition manuscrite et sur la composition du recueil est celui d'Alfred Weber, Handschriftliche Studien auf dem Gebiete romanischer Literatur des Mittelalters, t. I: Untersuchungen iiber die «Vie des Anciens Pères», Frauenfeld 1876. L'étude de ba.be sur ees questions icste l'article d'Edouaid Schwan, La Vie def ancien*; Pères- Romania, t. 1? C1884), p. 233-26?.

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Herbert2, à «Love gained by black arts» et à «Christ denied, but not thé Virgin», et les nos 41 et 71 de Y Image du diable à «Sacristán deceived by devii» et à «Thé painter and thè devii». Le cas de «Ave Maria» (nos 14 et 57) est plus compliqué et je me permets de renvoyer aux analyses des contes données par Herbert3 et par Weber*.

Déjà Alfred Weber s'était aperçu que le recueil complet se compose de deux Vies différentes. La première Vie (nos 1-42), qui a été écrite dans la première moitié du XIIIe siècle par un auteur anonyme, a eu le plus de succès comme l'attestent le nombre de manuscrits parvenus jusqu'à nous et les traductions latine et italienne qui ont été faites d'une partie des contes5.

La deuxième Vie, composée vers le milieu du XIIIe siècle, comprend les contes 43 à 74 qui présentent une autre structure que ceux de la première Vie et qui font une place beaucoup plus grande aux miracles de la Vierge. On a envisagé également l'existence d'une troisième Vie interpolée dans la deuxième et comprenant 13 contes (nos 51-63), qui, à une exception près, sont des miracles de la Vierge. Ce groupe ne se retrouve que dans peu de mss (entièrement dans 4 mss et partiellement dans 4 autres). Mais jusqu'à présent il a été impossible de trancher la question.

En s'appuyant sur un passage de l'épilogue du conte n° 66 («Ce dit Frère Ernoul de Laingni:. . . »), Joseph Morawski annonça triomphalement en 1921 qu'il avait trouvé l'auteur de la deuxième Vie6. M. Bornas est plus sceptique et préfère considérerle frère Ernoul comme un personnage important dont l'auteur a voulu citer le nom «pour appuyer ses conseils édifiants» (p. 16-17). Sans avoir des statistiques complètes sous la main, j'ai l'impression que les auteurs de contes introduisent volontiers leur nom à la troisième personne même s'ils utilisent ailleursla première personne du singulier ou du pluriel pour des remarques personnelles;c'est ainsi par exemple que Jehan de Saint-Quentin, qui s'est inspiré des Vies pour plusieurs de ses Dits, se nomme à la fin du Dit du chevalier et de l'escuter:



6: L'auteur de la «Seconde Vie des pères»: Romania, t. 47 (1921), p. 381.

5: Les traductions latines se trouvent dans un ms. du British Muséum: Harley 268 (2e moitié du XIVe s.), cf. Herbert, Catalogue of Romances, t, 111 (1910), p. 563; il s'agit des contes 2, 3, 4, 15, 16, 23, 24, 25, 30, 31, 35 et 40. La traduction italienne, qui se trouve dans le ms. 2650 de l'Univ. de Bologne (XIIIe s.), a été publiée par F. Zambrini, Dodici conti morali d'anonimo senese: Scelta di curiosità letterarie inedite o rare, t. 9, Bologne 1862, et par Alberto del Monte, Volgarizzamento senese delle «Vies des Pères»: Studi in onore di Italo Siciliano, t. I, Florence 1966, p. 329-383; II s'agit des contes 1 (fragment), 3, 7, 14, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 28 et 30 (fragment). Les contes 18, 19, 21, 28 et 38 ont été imprimés également par C. Segre dans le vol. Ili de la «Letteratura italiana. Studi e testi»: La prosa del duecento, Naples 1959, p. 489-509.

4: Zu den Legenden der «Vie des peres»: Zeitschrift für rom. Philologie, t. I (1877), p. 362.

3: Op. cit., t. 111 (1910), p. 342 (= n° 17).

2: Catalogue of Romances in thé Department of Manuscripts in thé British Muséum, vol. II et 111, Londres 1893 et 1910.

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«Jehan de Saint-Quentin dit que l'en doit servir...»7. L'assertion de Morawski
n'a donc rien d'invraisemblable. Le point délicat, à mon avis, est le deuxième
passage qui contient un nom de personne:

«Par la prière mestre Hernaut
Sera en nostre livre escrit

Cil miracles et cel biau dit. . . » (Conte n° 59)

Si mestre Hernaut est le même personnage que frère Ernoul du conte 66 (les graphies des mss varient), le passage de la troisième personne du singulier à la première personne du pluriel (nostre) est insolite et il vaut peut-être mieux adopter l'interprétation de M. Bornas. Mais même si les deux noms sont identiques, il ne faut pas oublier que le n° 59 se trouve dans la série de contes que certains considèrent comme une troisième Vie; un renvoi à l'auteur de la deuxième Vie y serait donc tout à fait naturel.

Grâce à l'initiative et à l'inspiration de M. Félix Lecoy, qui a consacré de nombreux cours au Collège de France et à l'Ecole des Hautes Etudes au texte des Vies des pères et aux thèmes des contes pieux du moyen âge, cette littérature est revenue à la mode et un nombre important de Vies sont en cours d'édition surtout sous forme de thèses ou de diplômes d'études supérieures. M. Bornas est le premier de cette nouvelle vague à nous offrir une édition imprimée de trois contes de la deuxième Vie. En 1968 également, M. Jacques Chaurand a soutenu, comme thèse complémentaire de doctorat d'Etat, une édition du conte du Fou de la première Vie. M. Anders Zetterberg a annoncé enfin, pour les Etudes romanes de Lund, une édition de trois contes de la première Vie: n° 4 (Renieur), n° 17 (Image de pierre) et n° 20 (Noël).

Comme le Manuel bibliographique de la linéraiure française du muyen âge de Robert Bossuat (1951) n'est pas d'un grand secours pour les éditions partielles8, ¡! ne serait peut-être pas inutile de les rappeler ici avec les numéros d'ordre du ms. A et les titres abrégés de Gaston. Paris:

PREMIERE VIE:

1 (Fornication imitée) - 2 (Juitel): E. Wolter, Der Judenknabe: Bibliotheca Normannica,t. II (1879), p. 86-107. - 3 (Sarrasine): A. Keller, Zwei Fabliaux aus einer Neuenburger Handschrift, Stuttgart 1840, p. 7-23. - 4 (Renieur): Zetterberg in spe. - 5 (Copeaux): A. Weber, Handschriftliche Studien I, Frauenfeld 1876, p. 60-78. - 6 (Thaïs) - 1 (Miserere): J. Le Coultre, Contes dévots tirés de la «Vie



7: A. Jubinal, Nouveau recueil. .., t. I, Paris 1839, p. 126.

8: Ce n'est qu'incidemment qu'il mentionne une seule édition (n° 3462: Schultz- Gora); la section consacrée à la «collection de contes dévots improprement désignés sous le nom de Vie des Pères» (p. 322, nos 3445-3454) mentionne uniquement des articles sur les mss; la seule exception est le n° 3454, mais il s'agit ici de la thèse de B. A. O'Connor sur une traduction des Vitae patrum (comme il ressort du sous-titre qui a été omis): Henri d'Arci, «.Vitas patrum». A Thirteenth-Century Anglo-Norman Rimed Translation of thé «yerba semorum», Washington 1949.

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des Anciens Pères, Neuchâtel 1884, p. 27-44 (ms. N). - 8 (Jardinier): G.-A. Matile, Conte du XIIe s. découvert à Neuchâtel: Revue suisse, t. 2 (1839), p. 297-306. - 9 (Haleine): M. Méon, Nouveau recueil de fabliaux et contes inédits, t. 11, Paris 1823, p. 331-361. - 10 (Fou): A. del Monte, Volgarizzamento senese delle «Vies des Pères»: Studi in onore di Italo Siciliano, t. I, Florence 1966, p. 366-374 (910 v., ms. A); J. Chaurand, «La Vie des Pères»: Fou. Conte pieux du XIIIe s., édité avec variantes, notes et glossaire et précédé d^une introduction littéraire, t. I-11, Paris 1968, 498 p. (thèse complémentaire dactylographiée: Bibl. de la Sorbonne W 1968 (291-2) 4°). - 1 1 (Impératrice) - 12 (Meurtrier): Méon, op. cit., p. 202-215. - 13 (Sacristine): Méon, op. cit., p. 154-172. - 14 (Ave Maria): Carón, Notices et extraits de livres imprimés et manuscrits de la Bibl. de la Ville d' Arras, n° 5: Mémoiresde l'Acad. d'Arras, t. 28 (1855), p. 290 297. - 15 (Queue) - 16 (Crapaud): P. Meyer, Fragments de la Vie des Pères: Romania, t. 35 (1906), p. 34-35 (v. 1-54, fragment de Maçon). - 17 (¡mage de pierre): Méon, op. cit., p. 293-313; F. Castets, Le «Romani de ¡a vie des pères hermites»: Un miracle de Notre Dame: Revue des langues romanes, 3e3e sér. t. 4 = t. 18 (1880), p. 53-75 (ms. h); Zetterberg in spe. - 18 (Baril): O. Schultz-Gora, Altfranzosische Dichtungen, Halle 1899, p. 111-122 (ms. M); A. del Monte, op. cit., p. 343-346 (ms. A). - 19 (Abbesse grosse): Méon, op.cit., p. 314-330; Legrand d'Aussy, Fabliaux ou contes..., 3e3e éd., t. V, Paris 1829, Appendice p. 1-7; A. del Monte, op. cit., p. 349-352 (370 v., ms. A). - 20 (Noël): A. del Monte, op. cit., p. 356-358 (312 v., ms. A); Zetterberg in spe. - 21 (Vision d'enfer): Baron de Reiffenberg, Fragment d'un ancien fabliau: Bulletin de l'Acad. royale ... de Belgique, t. 13, II (1846), p. 306-311, réimprimé dans Annuaire de la Bibliothèque Royale de Belgique, t. 11 (1850), p. 31-36 (95 v.); A. del Monte, op. cit., p. 377-381 (454 v., ms. A). - 22 (Malaquin): Méon, op. cit., p. 279-292; A. del Monte, op. cit., p. 382-383 (116 premiers vers, ms. A). - 23 (Vision de diables) - 24 (Ermite accusé): Méon, op. cit., p. 129-138. - 25 (Brûlure): Keller, op. cit., p. 24-39. - 26 (Crucifix) - 27 (Païen) - 28 (Goliard), Méon, op. cit., p. 447 458. 29 (Gueule du diable) -30 (Colombe) -31 (Sénéchal): Méon, op. cit., p. 256-278. - 32 (Prévôt d'Aquilée): Méon, op. cit., p. 187-201. - 33 (S. Paulin): Le Coultre, op. cit., p. 45-62 (ms. N). 34 (Nièce) -35 (Ivresse), Méon, op. cit., p. 173-186; Legrand d'Aussy, op. cit., App. p. 13-17. - 36 (Rachat) - 37 (Usurier) - 38 (Feuille de chou) - 39 (Demi-ami): P. Meyer, Fragments. . . : Romania, t. 35 (1906), p. 384 (108 v., fragment de Cambridge). - 40 (Inceste): Méon, op. cit., p. 394-410. 41 (Image du diable): Méon, op. cit., 411-426. -42 (Merlai): Méon, op. cit., p. 236-255; Legrand d'Aussy, op. cit., App. p. 7-13.

DEUXIEME VIE:

43 (Sel): G. Bornas, p. 88-102. - 44 (Enfant jureur) - 45 (Image N.D.) - 46 (Frères) - 47 (Crâne) - 48 (Renieur): J. Morawski, Mélanges de littérature pieuse 11: Romania, t. 61 (1935), p. 341 (31 v., ms. A). 49 (Deux morts) -50 (Confession) -51 (Pied guéri) -52 (Ecoliers) 53 (Enfant pieux) -54 (Brandons) -55 (Prêtre pécheur) - 56 (Ame en gage): Méon, op. cit., p. 427-442. - 57 (Ave Maria) - 58 (Fenêtre) 59 (Femme aveugle) 60 (Nom de Marie) -61 (Enfant sauvé) -62 (Purgatoire) - 63 ( Vilain) - 64 (Coq): Méon, op. cit., p. 362 393; G. Bornas, p. 103-144.65 -66 (Patience) -67 (Infanticide) -68 (Piège au diable) -69 (Anges):

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Bornas, p. 145-165. - 70 (Sac) - 71 (Image du diable) - 72 (Ange et ermite): Méon,
op. cit., p. 216-235; Legrand d'Aussy, op. cit., App. p. 17. - 73 (Pain): J. Morawski,
Mélanges. . . IH: Romania, t. 64 (1938), p. 478-479 (30 v., ms. A). - 74 (Sermon).

On est étonné que la deuxième Vie ait suscité si peu d'éditions, mais comme le
nombre de mss est nettement moins élevé que pour la première Vie, on peut espérer
qu'elle retiendra davantage l'attention des futurs éditeurs.

Il est malheureux mais apparemment inévitable que ces contes aient toujours été publiés d'une manière si dispersée et qu'il soit nécessaire aux amateurs de courir à droite et à gauche afin de les trouver dans des publications d'accès souvent très difficile. Joseph Morawski avait promis, en 1921 déjà, une édition critique de tous les contes, mais elle n'a jamais paru. Si l'on désire avoir une vue d'ensemble de la collection, le plus simple, à l'heure actuelle, est presque de se procurer le microfilm d'un bon ms. complet (par exemple A qui est facile à lire).

Je ne vois pas tout à fait les raisons du choix de M. Bornas, mais celui qui vient le premier a naturellement le droit de choisir les textes qui correspondent le mieux à ses goûts personnels. En tout cas les trois contes font tous partie de la deuxième Vie, ne peuvent pas être soupçonnés d'appartenir à la troisième et présentent à peu près les mêmes problèmes de tradition manuscrite. De plus ils sont très représentatifs quant aux thèmes et aux sources: Le n° 43 (Sel) est une vraie Vie des pères qui remonte aux Verba seniorum et où il n'est soufflé mot ni de la Vierge ni du diable. Le thème du n° 64 (Coq) est très répandu dans le folklore de l'Orient et de l'Occident où il s'est développé d'une façon fort compliquée dont M. Bornas a rendu compte avec une grande maîtrise9; dans le conte français des Vies des pères il y a un petit élément mariai à la fin: c'est une image de Notre Dame qui incite l'ermite débauché au repentir. Le n° 69 (Anges), enfin, est un miracle de la Vierge dont les versions latines sont inventoriées dans l'lndex d'Albert Poncelet (nos 1312, 1543 et 1773)10 qu'il aurait été à propos de mentionner.

Le nombre des mss connus a régulièrement augmenté: il est passé de 14 en 1876 (Weber) à 20 en 1879 (Wolter) et à 29 en 1884 (Schwan). Aujourd'hui il faut tenir compte, pour la première Vie, de 38 mss (dont certains ne renferment que des fragments); quant à la deuxième Vie, les 6 mss de Schwan sont passés à 15 dans la liste de M. Bornas.

Il semble que le ms. A (B.N. fr. 1546), qui a inspiré une pleine confiance à Weber, à Wolter, à Schwan et à Morawski et qui a l'avantage d'être complet, doive être définitivement écarté (sauf peut-être pour les 13 contes de la «troisième Vie»). M. Chaurand constate que A «offre, outre les leçons isolées ... et des fautes qui



9: II semble que le thème du coq ne soit pas relevé par Stith Thompson dans son Motif-Index of Folk-Literature, t. I-VI, Copenhague 1955-1958; en tout cas je l'y ai cherché en vain. En revanche, on y trouve le thème des «trois péchés de l'ermite» avec des références supplémentaires: J. 485, cf., sous le même numéro, J. E. Keller, Motif-Index of Mediaeval Spanish Exempla, Knoxville (Tenn.) 1949. Thompson et Keller ont également le thème «Monk seduces girl; then kills her; becomes infedel»: V. 465.1.1.1.

10: Miraciilnriim R V Marine qtine saec. VT-XV latine conscripta sunt index: Analecta Bollandiana, t. 21 (1902), p. 241-360.

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caractérisent un rameau de la famille A-, l'inconvénient d'être incomplet. . . » (p. 168), et M. Bornas a démontré que A abrège méthodiquement - et malheureusement d'une façon très intelligente - non seulement le texte des Vies des pères mais aussi celui des miracles de Gautier de Coinci qu'il contient (p. 46-58).

Pour le conte n° 10 de la première Vie, M. Chaurand arrive au résultat qu'il y a cinq bons mss qui se valent à peu près: B (B.N. fr. 1039), U (Oxford, Douce 150), e (Ste-Geneviève 586),/(B.N. fr. 24301) et / (B.N. nouv. acq. fr. 13521), et il choisit en fin de compte le ms./parce qu'il contient le plus grand nombre de vers (p. 168). Comme M. Chaurand a limité son examen de la tradition manuscrite au conte du Fou, il est probable que ses conclusions ne sont pas définitives et qu'elles seront modifiées par de futurs éditeurs de contes de la première Vie. M. Bornas, qui a travaillé sur trois contes représentatifs de la deuxième Vie, écarte, pour des raisons tout à fait plausibles, quatre des cinq mss susceptibles de servir de ms. de base11 et fixe son choix sur le ms. C (B.N. fr. 23111) qui se trouve être le ms. que Méon avait utilisé en 1823. Malheureusement ce ms. ne contient que 16 contes de la deuxième Vie si bien qu'il est impossible de généraliser les résultats obtenus.

L'édition de M. Bornas, qui contient un excellent glossaire et des notes explicatives bien documentées, semble très soignée et elle a résisté à tous les sondages. Nous possédons donc désormais, pour trois des 74 contes, un guide sûr et qui mérite pleinement de servir de modèle pour les éditions à venir.

PARIS

B. Munk Olsen



11: fi (B.N. fr. 1039), u (B.N. fr. 2094), x (Londres, Collection Phillips), z (B.N. fr. 12483); seuls u et x contiennent tous les 19 contes de la deuxième Vie.