Revue Romane, Bind 4 (1969) 1

La conception de l'homme dans les Tragiques

PAR

SØREN KOLSTRUP

Si les Tragiques comptent parmi les œuvres les plus difficiles à lire que nous ait données le XVIe siècle français, ce n'est pas qu'il soit nécessaire de posséder une érudition vaste et profonde pour y accéder comme c'est le cas p. ex. pour Rabelais ou pour Montaigne, mais cela tient essentiellement aux «défauts» de construction du texte, qui ne connaît ni progression logique ni plan bien arrêté. Malheureusement, on est bien obligé aussi de convenir que la valeur poétique est très variable tout au long du poème.

Le texte est l'expression de la volonté de Dieu qui se manifeste par la bouche d'un seul homme, qui est d'Aubigné. (Misères v. 1-16). C'est un pamphlet religieux, épique et satirique, c'est-à-dire qu'au fond, le poème se soustrait à toute classification de genre. L'existence d'un élément religieux voire dogmatique a pour conséquence une composition éparpillée et divisée, au moins aux yeux d'un lecteur du XXe siècle, car le texte se divise pour ainsi dire en deux parties: La narration et les visions qui se reflètent dans la succession des sept livres et qui forment l'essentiel du texte, et les commentaires, les explications parsemées dans le texte qui prennent la forme soit d'interventions directes de l'auteur soit de discours ou récits mis dans la bouche des personnages, (p. ex. le discours de Montalcino, Feux v. 647-706), soit de références à des autorités religieuses ou philosophiques (oyez chanter Pymandre - Jugement v. 480).

Tandis que le commentaire se tient dans les limites prescrites de l'orthodoxie, la narration éprouve quelques difficultés à se conformer partout aux autorités. Pour saisir la conception de l'homme dans les Tragiques on peut adopter trois méthodes. Premièrement on peut examinerles passages qui sont clairement présentés comme étant théoriques ou dogmatiques; mais généralement on n'y trouve que des lieux communs religieux et philosophiques. Deuxièmement on peut analyser la narration

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qui nous montre la situation de l'homme (ou des hommes), son cheminementdans la vallée de larmes, son attitude envers Dieu et envers le Mal. Enfin on peut essayer d'étudier isolément la peinture de types et de caractères, ou de personnages historiques non fictifs. On pourra constaterdes conceptions de l'homme divergentes dans bien des détails, surtout des divergences entre des éléments appartenant aux parties théoriqueset des éléments pris dans la narration; mais si on tient compte du but immédiat et direct de ces détails (il s'agit le plus souvent d'un but de propagande) en mettant, pour ainsi dire, ces divergences entre parenthèses on arrive à trouver une conception cohérente dans ses grandes lignes.

Dans les Tragiques l'homme se trouve dans un monde divisé, où le trouble a remplacé l'harmonie primitive, un monde où les deux chemins, celui du salut et celui de la perdition, sont clairement séparés. La situation de l'homme est conditionnée par la discorde universelle (Fers v. 183-92) dont les effets sociaux aussi sont désastreux. Pourtant l'homme conserve le souvenir d'une société juste où il vivait en paix avec son Dieu, avec lui-même et avec son prochain (Misères v. 275-90). La description de la division du monde actuel revient partout, aussi sous une forme symbolique ou allégorique: Les deux enfants (Misères v. 97-130), le bateau qui périt parce que l'équipage s'entretue, (Misères v. 179-90); la description la plus atroce est peut-être celle qui nous montre la déesse de la guerre et où l'agression se retourne contre elle-même et se déchire. La discorde universelle détruit l'homme non seulement sur le plan social tout extérieur (la paix avec le prochain) mais aussi l'homme à l'intérieur de lui-même. L'homme se cache sous un masque, il se déguise, se fait hypocrite. L'hypocrisie et la dissimulation atteignent leur apogée à la St. Barthélémy (Fers v. 749-64). Aussi Dieu punit-il les injustes en leur ôtant la possibilité de se dissimuler (Jugement v. 941-48).

Une autre conséquence de la discorde apparaît quand l'homme (et la nature) ne sont plus capables de remplir leurs fonctions véritables: La justice devient injustice, le blé de source de vie se transforme en malédiction parce qu'il est devenu le soutien de la guerre (Misères v. 334). L'homme prend la place de l'animal et l'animal prend la place de l'homme (Misères v. 311-18, v. 325-26, v. 464-69, v. 483-94); c'est le monde à l'envers. L'homme est en proie au désespoir et à l'angoisse, il oublie de se fier à Dieu, il oublie ce à quoi Dieu l'avait destiné. C'est pourtant dans ce monde que l'homme se trouve et c'est ici qu'il faut qu'il fasse son choix.

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II y a une certaine divergence entre les descriptions de l'homme tel qu'il est dans ce monde et les présentations théoriques de la relation Dieu - homme ou de la destination de l'homme. Il y a aussi une divergence fondamentale entre les passages théoriques et la narration enee qui concerne le concept de la prédestination. En dépit de toute orthodoxie la narration implique tacitement le libre arbitre de l'homme, car l'homme peut vaincre la discorde en choisissant d'appartenir aux forces du Bien, et il doit choisir; il ne peut même pas s'y soustraire. Ne pas choisir, c'est choisir le Mal, comme d'Aubigné le prouve dans la conclusion magnifique de Princes. Très souvent d'Aubigné fait prendre à la fonction de l'homme - louer Dieu et combattre pour le Bien - une importance telle que l'homme finit par disparaître aux yeux d'un lecteur moderne: L'homme existe uniquement vu dans son rapport avec Dieu et non pas en relation avec son semblable, l'homme n'est qu'un récipient vide que doit remplir la force de Dieu. L'homme n'est ni bon ni mauvais par sa relation avec son semblable, mais par son appartenance au Bien ou au Mal. Le péché et le vice se trouvent des deux côtés, mais cela ne devient grave que si l'on appartient au Mal.

C'est dans les passages théoriques surtout que l'homme n'est rien par lui-même; à cela correspond, dans la narration, le fait que nous ne rencontrons que très rarement des descriptions de caractères, ou des descriptions de personnages avec tel ou tel comportement social ou psychologique. La seule véritable exception c'est le courtisan (Princes v. 1259-1318). Les personnages historiques non fictifs sont presque toujours transposés sur un plan «surhumain»: C'est particulièrement le cas de Catherine de Mediéis, qui prend l'aspect de l'incarnation terrestre du Diable, ou encore le cas du Cardinal de Lorraine.

Mais les bons aussi sont définis par leur appartenance au Bien, et pour le lecteur moderne la description des martyrs est assez fastidieuse (p. ex. Montalcino, Feux v. 619-710 et Richarde de Castine, Feux v. 718-974). Ce sont des personnages sans relief sauf dans les cas où le doute effleure ces inébranlables champions de Dieu. Partout les hommes se battent entre eux dans une société qui se détruit elle-même.

C'est la même vision que d'Aubigné nous révèle quand il montre l'homme contemplé du dedans. La lutte prend place à l'intérieur de l'homme; il est un champ de bataille où luttent les forces du Bien et les forces du Mal, ou encore les forces du Mal entre elles. Cette lutte intérieure n'exclut nullement l'appartenance à l'un des deux côtés (Charles IX, Gain). Dans un seul personnage il y a une lutte égale entre le Bien et le Mal, c'est chez d'Aubigné lui-même.

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Charles IX

Si le méchant sent le poids de sa mauvaise conscience cela a presque l'air d'irriter d'Aubigné, car le désespoir du méchant ne le mène pas au salut, mais le retient au contraire dans le péché et par là la perdition éternelle est imminente :

Les uns qui de souspirs monstrent ouvertement
Que le fourneau du sein est enflé de tourment;
Les autres, devenus stupides par usance,
Font dormir, sans tuer, la pasle conscience,
Qui se resveille & met, forte par son repos,
Ses esguillons crochus dans les moelles des os.

(Jugement v. 93-98)

C'est cette destruction intérieure que nous retrouvons dans les présentations de Charles IX et de Cain. D'Aubigné hait et craint Catherine, il méprise Henri III; son attitude devant Charles IX est plus complexe: un mélange de dégoût et de pitié, juste assez pour que l'image soit nuancée. Dans Princes (v. 761-72) d'Aubigné raconte en détail comment Charles IX a été élevé dans le but de devenir un bourreau, et il semble que sa cruauté, au moins partiellement, soit quelque chose venu de l'extérieur, que Charles ait dû la forcer à s'installer dans son cœur. Aussi Charles doit-il lutter pour se confirmer dans le Mal lors de la St. Barthélémy où nous sommes en présence d'un jeu entre l'homme, ï>es actions» et son entourage.

Nostre Sardanapale

Ridé, hideux, changeant, tantost feu, tantost pasle
Spectateur, par ses cris tous enroués servoit
De trompette aux maraux; le hasardeux avoit
Armé son lasche corps; sa valeur estonnee
Fut, au lieu de conseil, de putains entournee;
Ce Roy, non juste Roy, mais juste harquebusier,
Giboyoit aux passans trop tardifs à noyer!
Vantant ses coups heureux il déteste, il renie
Pour se faire vanter à telle compagnie.
On voyoit par l'orchestre, en tragique saison,
Des comiques Gnatons, des Taïs, un Trazon.

(Fers v. 945-56)

La description de l'aspect extérieur précède celle de l'âme: le visage
révèle la confusion intérieure entre l'angoisse et l'excitation. Au début
Charles reste passif, et quand, finalement, il passe à l'action cela aboutit

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à une déformation de Tordre naturel des choses: «conseil» versus «putain», ainsi que le jeu de mots sur «juste». Charles fait lui-même l'éloge de «ses coups heureux» (personne d'autre ne le fait), il fait aussi des efforts de cruauté et de blasphème pour se faire accepter. Il y a un drame ironique dans le fait que le roi cherche à se faire accepter et qu'il soit réduit à chercher l'acceptation d'une telle compagnie. Cela jette une lumière sur ce personnage de roi, le plus faible des personnages dans les Tragiques, mais aussi le plus désespéré parce que la faiblesse est incompatible avec la qualité de roi. L'existence ultérieure de Charles continue sur la route tracée à la St. Barthélémy, ce que nous voyons dans Fers v. 1001-18 qui donnent une description historiquement assez correcte: après l'ivresse du sang vient l'angoisse et la destruction intérieure:

Du Roy, jusqu'à la mort, la conscience immonde Le ronge sur le soir, toute la nuict lui gronde, Le jour siffle en serpent; sa propre âme lui nuit, Elle mesme se craint, elle d'elle s'enfuit.

(Fersv. 1021-24)

Que d'Aubigné condamne les actions du roi, cela est bien entendu dans l'ordre des choses, mais cela ne l'empêche pas de suivre la défaillance morale du roi avec exactitude. Charles n'est plus capable de dissimuler, il est incapable de dominer les forces contradictoires de son âme qui finit par éclater.

Caïn

On pourrait voir dans la description de Charles IX, qui s'effondre sous le poids de son conflit intérieur uniquement le récit exact d'un fait historique, mais d'Aubigné fait aussi une interprétation de la vie de Charles IX, il le fait entrer dans sa conception de l'homme voué au Mal, car si nous envisageons la présentation de Caïn, qui, à plus forte raison, est une création de d'Aubigné, même si la Bible fournit quelques détails, nous voyons que cette description a la même structure de base que la précédente:

Ainsi Abel offroit en pure conscience
Sacrifices à Dieu, Caïn offroit aussi:

180 L'un offroit un cœur doux, l'autre un cœur endurci,

L'un fut au gré de Dieu, l'autre non agréable.

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Caïn grinça les dents, pâlit, espouvantable,
II massacra son frère, & de cet agneau doux
II fit un sacrifice à son amer courroux.
Le sang fuit de son front, & honteux se retire
Sentant son frère sang que l'aveugle main tire;
Mais, quand le coup fut fait, sa première pasleur
Au prix de la seconde estoit vive couleur:
Ses cheveux vers le ciel hérissés en furie,
Le grincement de dents en sa bouche flestrie,
L'œil sourcillant de peur descouvroit son ennuy.
Il avoit peur de tout, tout avoit peur de luy:
Car le ciel s'affeubloit du manteau d'une nue
Si tost que le transi au ciel tournoit la veuë,
S'il fuyoit au désert, les rochers & les bois
Effrayés abbayoyent au son de ses abois.
Sa mort ne peut avoir de mort pour recompense,
L'enfer n'eut point de morts à punir cette offense,
Mais autant que de jours il sentit de trespas:
Vif il ne vescut point, mort il ne mourut pas.
Il fuit d'effroi transi, troublé, tremblant et blesme,
II fuit de tout le monde, il s'enguit de soy-mesme.
Les lieux plus asseurés luy estoyent des hazards,
Les fueilles, les rameaux & les fleurs desspoignards,

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Des plumes de son lict des esguilles piquantes,
Ses habits plus aisez des tenailles serrantes
Son eau jus de ciguë, & son pain des poisons;
Ses mains le menaçoyent de fines trahisons:
Tout image de mort, & le pis de sa rage
C'est qu il cerche la mort & n'en voit que l'image.
De quelqu'autre Caïn il craignoit la fureur,
II fut sans compagnon & non pas sans frayeur,
II possedoit le monde et non une asseurance,
II estoit seul par tout, hors mis sa conscience:
Et fut marqué au front afin qu'en s'enfuyant
Aucun n'osast tuer ses maux en le tuant.

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(Vengeances v. 178-216)

Contrairement à ce qu'enseigne le texte biblique, Caïn est ici placé du côté des méchants dès le début: il est «endurci». Comme c'était le cas pour Charles IX la description des effets visibles des actes vient en premier lieu (le sang fuit). Jusqu'au vers 191 Caïn est essentiellement présenté dans sa relation avec Abel et avec Dieu. Caïn et son entourage se redoutent mutuellement, et Caïn vit dans cet état paradoxal et désespérantqui caractérise la peine éternelle, état contradictoire sans issue possible (Jugement v. 981-1044). Seule la fuite panique semble une

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solution, mais la fuite de Caïn ne fait qu'aboutir à un nouveau paradoxe (v. 203-07). Ici la narration atteint à un point culminant quand Caïn devient lui-même le vengeur de son frère, quand son déchirement intérieuret son angoisse se concrétisent dans le danger que représentent ses propres mains. Sa peur de l'entourage entraîne naturellement son désir de mourir, mais la mort est une chose impossible, elle aussi lui échappe, et pourtant le désir de mourir ne diminue pas sa peur devant la mort. Si Caïn ne craignait plus son propre meurtrier, mais au contraire l'attendaitavec patience, il se serait déjà réconcilié avec lui-même et avec Dieu. Caïn et Charles IX fuient dans la peur d'eux-mêmes, condamnés à la solitude et à la malédiction éternelles. Tous deux semblent, dans leur déchirement psychologique, éclater de l'intérieur; tous deux forment un microcosme qui reflète le conflit universel.

D'Aubigné

D'Aubigné parle souvent de lui-même dans les Tragiques, plusieurs passages prenant même l'aspect de véritables analyses de l'homme d'Aubigné, mais il ne s'agit pas d'un portrait puisque la description de l'aspect physique manque tout à fait. Deux thèmes sont ici prépondérants: La lutte du Bien et du Mal dans son âme et le désir subséquent de mourir au monde, que ce soit ici-bas ou dans l'au-delà.

Au début de Misères, d'Aubigné invoque l'aide de Dieu pour qu'il puisse parvenir à dominer sa lutte intérieure et mener à bien la lutte extérieure, c.-à-d. écrire les Tragiques. Mais l'élément programmatique de la description empêche cette lutte de se développer vraiment dans cette partie de l'œuvre (Misères v. 45-48). Quand d'Aubigné regarde en arrière la vie qui fut la sienne la lutte prend bien d'autres dimensions.

J'escris ayant senti avant l'autre combat
De l'âme avec son cœur l'inutile débat,

Prié Dieu, mais sans foy comme sans repentence,
Porté à exploiter dessus moy la sentence;
Et ne faut pas ici que je vante en mocqueur
Le despit pour courage & le fiel pour le cœur.
Ne pense pas aussi, mon lecteur, que je conte
A ma gloire ce poinct, je l'escris à ma honte.
Ouy j'ai senti le ver resveillant & piqueur
Qui contre tout mon reste avoit armé le cœur,
Cœur qui à ses despens prononçoit la sentence
En faveur de l'enfer contre la conscience.

(Misères v. 1067-78)

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Dans les premiers vers de Vengeances le personnage d'Aubigné prend
une grandeur pareille à celle de Charles TX: le corps est une prison, le
Mal est irrésistible dans sa force biologique :

Or je suis un enfant sans aage & sans raison,
Ou ma raison se sent de sa neuve prison;
Le mal bourgeonne en moy, en moy fleurit le vice,
Un printemps de péchés, espineux de malice:
Change-moy, refai-moy, exerce ta pitié,
Rens moy mort en ce monde, oste la mauvaistié
Qui possède à son gré ma jeunesse première;
Lors je songeray songe & verray ta lumière.

(Vengeances v. 31-38)

D'un point de vue historique ou philosophique ceci n'est sans doute pas très original, l'originalité poétique au contraire ne se laisse pas discuter. Nous voyons de nouveau le thème de l'homme divisé et le thème du désir de renaître en Dieu, ces deux thèmes étant liés à l'idée que le Mal doit être détruit, annihilé et non pas changé en Bien. L'âme humaine est ici conçue de la même façon que le chemin de l'homme dans Jugement: L'homme renaît, l'élément mauvais est détruit. Mais l'image que d'Aubigné nous donne de lui-même est celle de l'homme qui n'a pas trouvé sa place dans le monde parce que son âme vacille.

Presque toujours (mais il faut souligner la restriction), l'homme dans les Tragiques est vu en relation avec le déchirement universel. La situation historique (les guerres de religion) n'est qu'une manifestation de ce déchirement qui remonte à l'époque de Caïn. Il y a d'autres aspects dans la conception de l'homme chez d'Aubigné: p.ex. la relation entre le corps et l'âme, le thème de la Grandeur et de la Bassesse de l'homme; mais la définition de l'homme comme un élément dans la lutte entre le Bien et le Mal est le thème central qui permet de grouper tous les autres. L'homme peut avoir choisi le Bien et être totalement du côté de Dieu, il connaîtra alors la paix dans une certaine mesure, mais si l'homme ne choisit pas ce qu'il faut, la lutte s'installe en lui. Si l'homme est du côté du Mal, il peut s'agir de diables «encharnez» ou d'hommes ordinaires mais dont l'âme a été déchirée par les forces du Mal. Car la paix et l'harmonie universelle sont l'héritage des bons, qui l'obtiendront quand ce monde imparfait et divisé aura finalement péri pour laisser la place à l'éternel, à l'inaltérable royaume de Dieu.

Soren Ko Is trun

ÀRHUS